Lorsqu'on découvre l'histoire de Florence au tournant des XV° et XVI° siècles on peut se demander s'il ne manqua pas un Machiavel à Savonarole et un Savonarole à Machiavel. Qu'aurait donné l'union, autour d'un même appétit pour le pouvoir, du tribun subjuguant les foules et de l'intelligence froide et calculatrice des rapports de force?

Plutôt que de me lancer dans une uchronie j'aimerais savoir si vous ne pensez pas qu'une telle fusion de l'hyper stimulation émotionnelle des masses et de l’analyse cynique est à l’œuvre à un haut degré de sophistication dans les outils de communication numérique appelés "réseaux sociaux". N'avons nous pas là un outil aussi puissant que dangereux?

Je suis curieux de connaître vos opinions sur cette question d'autant que vous êtes sûrement pour la plupart des individus immergés dans ces sphères techno-politiques.

Pour ceux que ce thème intéresse je viens de terminer un bouquin très simple et rapide à lire, Les ingénieurs du chaos de Giuliano da Empoli - sans surprise un Italien - que je recommande pour sa facilité d'accès et son caractère synthétique et empirique (plutôt à emprunter qu'à acheter). Ce livre décrit le rôle des procédures algorithmiques hypers pointues cachées derrières les figures, entre autres, de Trump, Grillo ou Salvini et, pour ne fâcher personne, dont un précurseur est sûrement Obama qui mena aussi des campagnes très centrées sur l’analyse statistique du comportement des électeurs grâce aux données personnelles numériques.

Merci pour la reference, ca a l'air intéressant.

Je dirais que Savonarole est en effet devenu une sorte d'archétype de la faillite qui survient lorsque la réalité des rapports de force est ignorée, raison pour laquelle il est cité dans Le Prince.

J'ai beaucoup plus de mal avec la formule "il a manqué un Machiavel à Savonarole et (inversement)". L'ensemble de l'oeuvre de Machiavel met surtout en avant la nécessité d'un système politique tout entier encadrant la vie des citoyens et que ceux ci constituent, à savoir la République.

Savonarole eut il mieux compris les rapports de force que ca n'en aurait pas fait un personnage conforme à la pensée de Machiavel. En effet son pouvoir serait resté personnel et charismatique (au sens de Weber). Et ce type de pouvoir est particulièrement instable et précaire car il suffit d'une faiblesse du leader ou d'un elan narcissique de sa part pour que tout se retrouve en peril.

Pour faire le lien avec les réseaux sociaux je crois effectivement qu'ils rendent le paysage politique beaucoup plus marqué par le pouvoir de type charismatique. Les personnages qui les utilisent exercent une emprise personnelle (les partis de Salvini, Trump ou Mélenchon passent au second plan) et entièrement basée sur leur aura et le contact direct avec le public.

Maintenant les caractéristiques des réseaux sociaux (effets de mode, instantanéité, engagement et desengagement rapides....) peuvent aussi rendre ces emprises encore plus précaires. Le Mouvement 5 étoiles qui était devenu l'exemple parfait de la politique 2.0 (mouvement organisé sur une plateforme numérique, leaders connectés...) s'est très vite effondré face à l'épreuve du pouvoir et est maintenant ringardisé par Salvini. Dans leurs cas l'utilisation des réseaux a meme pu les couper de pans de la société car les personnes ne fréquentant pas leur plateforme etc...les voient parfois comme sectaires et fonctionnant en circuit fermé. Le potentiel d'influence via les réseaux sociaux/l'informatique est aussi à nuancer.

Lorsque j'écris qu'il a manqué un Machiavel à Savonarole et un Savonarole à Machiavel je ne propose pas une analyse historique crédible au premier degré : comme tu l'écris la morale hyper rigide de l'illuminé n'aurait pas pu s'entendre avec l'utilitarisme du calculateur. Je mobilisais ces deux personnages plutôt comme des archétypes, ceux du meneur charismatique et du gestionnaire technocrate, et cela pour interroger la place des réseaux sociaux dans la politique.

Ces outils réalisent pour moi l'amalgame de ces deux dimensions : l'émotion (l'économie de l'attention joue énormément sur les stimulations émotionnelles et les nouveaux démagogues profitent absolument de cette disposition) et le calcul (car plus que le contenu qu'ils poposent ce sont les données recueillies et centralisées qui font vivre ces plateformes). Ainsi, l'individu, mis en situation de dépendance psychique et émotionnelle vis à vis de ces réseaux leur fournit quotidiennement des informations qui le rendent toujours plus manipulable et dépendant. Concrètement cela permet de multiplier et de personnaliser, donc d'intensifier, le lien entre la figure charismatique et ses suiveurs. Comme tu le soulignes "les personnages [charismatiques] qui les utilisent exercent une emprise personnelle" plus directe, plus forte, ils semblent se passer d'un appareil partisan classique mais en fait ils sont dépendants d'un autre appareil : celui du traitement algorithmique des données personnelles. Je pense même que ce nouveau type de meneur est moins acteur qu'agit par ces plateformes dont il dépend et qui déterminent absolument actions et communication. En effet le dialogue du meneur avec ses suiveurs va dans les deux sens : l'un ne peut pas dire ou faire ce que les autres refusent, sinon il perd sa place. Aujourd'hui la rétroaction des suiveurs vis à vis des meneurs est immédiate, mais surtout mesurable et détaillable, ce qui entraine dans une compétition politique un alignement des discours sur les attentes du public, quitte à tomber dans la surenchère émotionnelle et le mensonge permanent.

Je ne suis pas certain que cette emprise soit si précaire, comme tu l'affirmes. En effet le M5S est actuellement au pouvoir, il contrôle les mairies de Rome et de Turin et est arrivé premier lors de deux législatures consécutives, il est aujourd'hui absolument intégré au système politique italien puisque allié au PD. Le M5S est pourtant une entreprise privée, bidouillée par un ingénieur informaticien visionnaire (Gianroberto Casaleggio) ayant recruté son Savonarole : Beppe Grillo.

Il faut savoir que Macron a fait sa thèse sur Machiavel et Hegel

On comprend mieux comment il a géré les GJ et l'Europe entre autre qd on comprend ça

Macron n'a jamais écrit de thèse, ce sont deux mémoires de maitrise et de DEA (M1 et M2) sans commune mesure avec le travail requis pour un thèse. Par ailleurs il n'est pas certain que ce soit très signifiant.
Merci quand même pour votre intervention.

Pareil, tu rages, si
derien

T'es génial Bavalo T'es marrant, et touchant aussi. Je t'aime bien en fait.
T'as quel âge? (vraiment ça m'intéresse) Tu veux pas me parler un peu de toi? Qu'est ce que tu fais dans la vie? C'est quoi tes trucs à toi qui te font kiffer (à par raconter nimp' sur internet)? T'es d'où? Plutôt ville ou campagne?

Je fais de l'argent
La musique la drogue les filles
Paris

Le 18 octobre 2019 à 08:14:20 BALAVOASIS a écrit :
Je fais de l'argent
La musique la drogue les filles
Paris

Ah, Paris, c'est sympa mais fatiguant, et puis faut du pognon. Faudrait que j'y monte, faire de l'interim en déplacement histoire de m'en mettre plein les poches pour quelques temps. Perso je connais surtout le quartier de la porte St Denis, j'adore le rue du faubourg st Denis, y a de la bière quasi donnée, de la bouffe de partout, des cafés sympas où lire le journal, de l'ambiance 24h/24h, Gibert au bout de la rue pour les bouquins pas chers... J'y suis jamais resté longtemps mais à chaque fois c'était trippant. Pas sûr que ce soit ton quartier préféré par contre?

Tu fais de la zik alors? Peso jamais pu chanter un peu juste, et j'en écoute pas plus que ça. T'es quel genre de musique toi?
T'es plutôt quelles drogues? Perso j'ai tout arrêté sauf le légal : alcool, cigarette, café.

Quel âge tu fais alors? (perso 27)
Des études?

Je connais bien
Oui, je chante pas mais instruments et electro, j'écoute de tout, du mainstream au metal en passant par le classique
De tout pareil des champ à la md mais pas de cigarette et alcool juste entre amis

Pas d'étude et plus jeune que toi
c'est un interrogatoire?

Uchronie et tribun, je retiens ces deux nouveaux mots ainsi que l'ouvrage. Cimer l'op.