Sweet!

Sweeet

LA SWEET

Hop hop hop on se dépêche de pondre la suite l'op

CHAPITRE XII: La main du diable

Mes excuses pour le retard, j'avais une peine à purger et de toute façon moins de temps... j'ai quand même créé un nouveau compte en attendant.

Le deux derniers trimestres me sont dans l'ensemble moins douloureux, excepté sur le plan scolaire. En revanche, je file un mauvais coton: je suis obnubilé par le désir d'en mettre plein la vue aux autres pour me faire ma place au soleil. Et les autres l'ont bien compris. Je deviens le dindon de toutes les farces, mais à tout le moins un dindon intégré.

"JC c'est quand que tu mets des mains un peu ?"
"Bah j'en ai déjà mis..."
"La piscine ça compte pas, on fait style c'est des accidents à chaque fois..."
"Ouais mais au moins y'a pas la couche de vêtements !"
"Mais t'as pas compris, le but c'est qu'elles te prennent en flag justement ! Y'en a qui aiment crois pas, elles te sourient et tout !"
"Genre qui ?"
"Le style Marion, Valentine, ou même Cécile, pour elles c'est bon délire ça passe crème !"
"Ouais JC attaque un peu, impose-toi, c'est pas le tout de te branler !" (genre eux ils baisaient, des barres)
"Regarde y'a Cécile pas loin, mets-lui en une, montre-lui que t'es un vrai !"
"Cécile ? Mais... ça craint un peu quand même. C'est pas la plus cool..."
"Mais c'est bon elle va rien te faire ho ! Tu risques quoi ? Vas-y on te regarde !"
"Bon..."

Cette très saine pratique s'était quelque peu banalisée, l'arrivée des beaux jours aidant. Mais pas au point de court-circuiter les rapports de caste, et à ce titre je n'avais pas la légitimité d'un bellâtre comme Alexis ni celle d'une grande gueule comme Boris. Un pécore de la Beauce s'apprêtait à outrager Catherine de Médicis , et il ne voyait pas le problème.
Je m'avance furtivement en direction du groupe de Cécile. Merde, c'est vraiment histoire de les impressionner, parce qu'avec son jogging la charge érotique est nulle, même pour un Hypolithe. Ses interlocutrices m'ont remarqué... c'est le moment de lancer l'assaut. Paf !..
Je bats aussitôt en retraite en accélérant le pas sans pour autant me mettre à courir, sinon ça fait tapette.

"Connard ! Viens là !"
"Mais quel porc celui-là !"
"Un obsédé en plus, dégueulasse !"
"Ok je viens te chercher alors !"
J'en mène pas large. Elle me rattrape et me prend le bras.

"Viens un peu là-bas derrière, faut qu'on règle ça"
"Comment ça ?"
Elle m'entraîne dans un de ces coins discrets réservés aux galochages et autres bastons, déserts en temps normal.

"Tu t'es pris pour qui là ?"
"C'est bon j'rigolais..."
"C'était pas drôle, bouge pas"
"Hein ?"
"Bouge pas je te dis. Je vais pas laisser passer ça, attends c'est normal non ?"
"Hmmmmm"
Et là elle m'assène une claque, que je ne qualifierais pas de solide, mais une claque quand même. Le sentiment d'humiliation prend très nettement le pas sur la douleur physique.
"Ne recommence plus jamais. Et t'avise pas non plus de le faire à une autre."
J'étais à la torture, j'avais l'impression d'être son petit cousin de six ans... pourtant je ne peux pas m'empêcher de sourire. C'est quand même autre chose que les pisseuses de service dégoulinantes de niaiserie. Puis question puissance de frappe, on était assez loin de Tyson.
"C'est ça, fais genre ça t'amuse. T'arriveras à rien comme ça."
Virginie (une pionne) nous débusque:
"Qu'est-ce que vous faites ici ? Cécile ça va ?"
"C'est rien on discutait juste d'un truc."
"Mouais. Retournez dans la cour..."

Autres temps autres moeurs les kheys... ces outrages étaient encore considérés comme relativement bénins et ne rameutaient pas France 3 régions. Quant au Net il balbutiait. Ce qui ne nous empêchait pas de nous exposer à des représailles sanglantes... Surtout moi.

La cloche sonne, je rejoins la classe dans un semblant de dignité. Les mecs sont hilares.

"Y'a eu quoi elle t'a roulé une pelle alors ?"
"Rien qu'en te voyant avancer sur elle comme un déterminé j'étais mort !"
"Oh JC en vrai personne lui a jamais mis de main, c'était pour te motiver on a dit ça"
"Même pas à la piscine ?"
"Même à la piscine Cécile je la tente pas. T'es un cramé."
Je suppose que j'avais gagné un genre d'estime... Cécile me regardait en coin en souriant. J'aurais juré que ce regard n'était pas entièrement hostile.

Je ne me laissais plus intimider depuis un moment par les grandes bouches, conscient qu'ils n'étaient clairement pas de taille dans la perspective d'une confrontation physique qui ne me faisait plus peur (je vous raconterai le déclic)... Désormais ils devaient "ruser" pour me mettre dans l'embarras.
Mais j'avais encore bien du mal face à la virilité d'une Cécile. Autant vous dire qu'après ça le pacte de non-aggression initié par l'épisode des boucles d'oreille aura vécu. Elle ne me fera plus de cadeau, auréolée de son statut de 9/10 et protégée par son sexe (le code d'honneur s'appliquait déjà: on tape pas les gonzesses. Même si un Romain était toujours susceptible de déraper).

A la sortie Fabrice vient à ma rencontre:

"Alala JC, n'importe quoi toi."
"Oh ça va je regrette pas, y'a rien eu"
"Rentre pas dans leur délire, ils veulent juste te prendre pour un con"
"Ouais je sais mais bon..."
"Un jour faudra que tu en dégommes un, fais-moi plaisir avant la fin de l'année stp" (JC le pokémon...)
"On verra, faudrait qu'ils me poussent à bout déjà"
"Au fait, même moi j'ai jamais touché son cul à Cécile !"

Petite élipse de plusieurs mois, histoire d'encore un peu mieux cerner le numéro:

Nous sommes en juin, le conseil de classe est passé, l'ambiance est détendue. Le pire est derrière nous. On fait la queue au self, burgers-frites au menu, c'est la fête. Je sens alors une main m'agripper le derrière, mais solide la pogne, la vraie paluche bien scabreuse qui aurait mérité son #MeToo. Quel est le con qui ?.. Je me retourne:

"Pourquoi t'es tout rouge ?"

"Tu fais quoi sérieux ?"

"Quand je pense qu'ils t'ont fait passer... t'as eu de la chance."

"De la chance de quoi ?"

"Ben t'es nul. Tu méritais pas. On m'avait fait redoubler l'an dernier alors que j'étais pas aussi mauvaise que toi."
(Komturaj connasse)

"Ben toi t'as pas eu de chance alors" (JC maître-es répartie face aux nanas...)

"Ouais ouais. Allez va manger, là-dessus t'es bon au moins."

"Fais un peu de sport cet été JC ça te fera pas de mal, je vérifierai à la rentrée je veux que ce soit un peu moins mou tout ça." (y'aurait eu tellement de trucs à répliquer à ça bordel, façon Zlatan... )

Une chance dans mon malheur: aucun témoin auditif. Que des grands qui devisaient quelques mètres devant nous sans prêter attention à la scène.

Elle savait pour en avoir été témoin que j'étais capable de laisser libre court à mon impulsivité. Code d'honneur ou pas, ses procédés n'étaient pas sans risque... Cette épouvantable garce ne manquait pas d'aplomb dans son genre.
Sans recul et totalement à la ramasse en décryptage des comportements féminins, je n'interprétais cet aimable échange que comme une énième tentative de me mettre plus bas que terre. Mais il y avait autre chose, de l'orde du "shit test", pour reprendre les termes de la littérature consacrée.
Cécile a voulu éprouver le nouveau JC, un peu moins Célestin, un peu plus sûr de lui. C'est mon paquet qu'elle avait agrippé. Et elle n'y a trouvé que deux petites noix ramollies.
J'ai un souverain mépris pour les petites dindes sans âme qui se contentent de glousser aux vannes des kékés, mais le panache d'une Cécile méritait une certaine considération. Je ne serais guère surpris qu'elle soit devenue "quelqu'un" (au moins une domina ). Ou alors c'était juste une petite connasse, allez savoir. Quoi qu'il en soit, je sais gré à toutes ces mégères en herbe de m'avoir mis à rude école si tôt: elles m'auront dépouillé de ma naïveté et fait gagner un temps précieux. Même si quelques ratés seront encore à déplorer...

Merci l'auteur ! Bonne suite ! Allez sweet!!

Merci chef !

Retrouve la et baise la bordel
Sweet

CHAPITRE XIII: L'éveil

Revenons quelques instants au cœur de l'hiver. Histoire de parler un peu d'autre chose que de gonzesses. Et qu'est-ce qui marque les esprits adolescents en-dehors des filles ? Les confrontations physiques avec leurs semblables bien sûr.

Il est aux alentours de 13h, Je digère tranquillement sur un banc en compagnie de Romain et de Gaylord, on cause de Majora's mask et de ce putain de temple de la grande baie. Peinards.
Nous voyons s'approcher un petit groupe de mecs de 4e.

"Oh bougez de là les merdeux, on veut s'asseoir au soleil !"
Gaylord est chaud pour se lever (il y a peu de choses à dire sur lui, il n'a aucun trait de caractère qui le distingue particulièrement, n'est ni très drôle ni très malin, il est ce que vous appelleriez un PNJ), Romain commence à râler pour de pas trop perdre la face. Moi je ne dis rien, mais je commence à bouillonner.

"Oh vous êtes sourds ? Vous comprenez pas le français ?"
"Allez bougez ou on vous bouge..."
Etrangement, si j'ai encore du mal à réagir aux facéties de mes camarades de classe, je monte beaucoup plus facilement en pression face à des grands. Le sentiment d'injustice me met rapidement hors de moi, et quoi de plus déloyal qu'un gros lard de 4e qui s'amuse à terroriser des gars de 6e ? Je serre les poings et les dents, je tremble de rage. Gaylord s'est résigné, et Romain malgré quelques récriminations de pure forme lui emboîte le pas. Je reste seul figé sur le banc, le regard dans le vide.

"Oh les gars on a un rebelle là"
"Alors comme ça il se rebelle le merdeux ?"
Olivier leur meneur est une grosse masse, mais essentiellement une boule de graisse. Mais grand et gros ça suffit pour faire place nette dans un collège, surtout un collège de ce genre. Il improvise alors une sanction humiliante: il crache son chewing-gum dans sa main et me l'étale dans les cheveux. La ligne rouge est allègrement franchie, je ne m'appartiens plus.

Je lui saute à la gorge, serrant mes mains aussi fort que possible autour de son cou de phacochère. C'est mou et poisseux. Il se débat à grand peine, ce type n'est qu'une grosse larve bien baveuse n'ayant pas la moindre idée de ce qu'est une embrouille qui dégénère. Il parvient à me repousser mais je tiens bon et l'entraine au sol avec moi, il tombe le premier et me sert d'amorti.
Il est à ma merci. Sa grosse figure rougie de fils à papa est totalement à découvert, je ne peux pas laisser passer cette occasion. Conservant ma main gauche plaquée au niveau de sa pomme d'Adam, je lui assène deux directs coup sur coup avec toute la puissance dont j'étais capable. Heureusement pour lui comme pour moi, sa tête ne heurte pas le sol trop violemment sur les impacts... ma technique restait très rudimentaire. En m'y prenant mieux les choses auraient pu très mal tourner. Et surtout Greg déboule à tout vitesse , alerté par des nanas que ce genre d'exhibition rebutait (pas de weshettes excitées par l'odeur du sang dans ce bahut). Il m'arrache à la mêlée, mais je trouve encore le moyen d'expédier un coup de pied dans les grasses côtes de porc.de l'autre trou du cul.
J'étais possédé, Greg est contraint de me porter et reçoit l'aide d'élèves de 3e. A partir de ce moment je n'ai plus de souvenirs très clairs, je hurlais et je bavais comme un dogue de Bordeaux. Je suis dispensé d'une visite chez le CPE: Greg est conscient qu'il faut d'abord me calmer. C'est un grand et solide gaillard assez austère, extrêmement fort, et suffisamment psychologue pour avoir compris ce qui se jouait ici. Pour ma part j'étais complètement ailleurs, je mis de longues minutes à redescendre et je n'ai plus la moindre idée de ce qui m'a été dit.

Je serai suspendu deux jours, parce qu'il fallait bien marquer le coup. Plus tard j'apprendrai que les parents d'Olivier avaient voulu demander des comptes aux miens , mais le collège avait su calmer le jeu..Mon père m'a pour ainsi dire félicité, il n'était pas un chaud partisan des maximes du Christ...
Le contact avec le groin d'Olivier occasionnera à ma main droite quelques douleurs à froid, heureusement que je n'avais pas visé la mâchoire auquel cas il aurait fallu recoudre. Lui a abondamment saigné et chialé sa race devant tout le monde.
Je dois lui dire merci pour une chose: le chewing gum étalé sur ma touffe me contraindra à changer de coiffure. Exit la raie au milieu Palmito© et bonjour la brosse militaire. Je ne suis pas plus beau comme ça, mais j'ai l'air moins neuneu.

A partir de ce moment mes chers collègues de 6eC commencèrent à agir avec plus de circonspection à mon endroit, ce qui n'empêchera pas les perfidies... surtout lorsqu'ils se rendront compte que quand je ne suis pas dans cet état second, je reste peu ou prou le même blaireau de suiveur quêtant la popularité. Des filles trouvent le moyen de me faire la morale... merde, pourquoi ces brindilles d'une tête et trente kg de moins que moi s'acharnent à me prendre pour leur petit frère ? De toute façon avec elles je resterai encore Célestin pendant de longues années. Il est infiniment plus facile de s'imposer auprès des autres mâles que de devenir un partenaire potentiel.

J'ai eu une crainte: celle d'avoir aiguisé les couteaux d'autres grands, qui auraient pu avoir envie de me tester à leur tour pour le fun. Mais j'avais surestimé tout ce beau monde, qui n'avait aucune envie de se salir... les bahuts de petits bourges présentent certains avantages, et je commençais à les entrevoir. Fabrice avait raison.

Le 22 janvier 2020 à 10:16:16 JunkersJu287 a écrit :
Retrouve la et baise la bordel
Sweet

Je la recroiserai bien des années plus tard dans des circonstances fortuites, mais bien trop brièvement pour que ça aboutisse... mais c'eut pu !

excellent clé continue comme ça

Énorme ce chapitre... Comme Olivier ahah !

Sweet

la sweet l'op !!

Le 22 janvier 2020 à 22:20:16 JeanCeline1 a écrit :

Le 22 janvier 2020 à 10:16:16 JunkersJu287 a écrit :
Retrouve la et baise la bordel
Sweet

Je la recroiserai bien des années plus tard dans des circonstances fortuites, mais bien trop brièvement pour que ça aboutisse... mais c'eut pu !

Mais quel dommage
En tout cas ce chapitre road to alpha me plait sweet!

Gogo sweeeet

Excellent risitas pour l'instant. N'abandonne pas khey stp.

CHAPITRE XIII: D'un Célestin l'autre

Ma métamorphose prématurée présentait un réel avantage: mon acné s'estompait déjà alors même que mon année de sixième n'était pas encore achevée.
Quand la plupart seront touchés de plein fouet, mon épiderme sera celui d'un mannequin Gilette.
En attendant, un autre problème se fait jour: du duvet orne désormais mes joues et mes lèvres. Et croyez bien qu'à douze ans, personne ne trouve ça classe du tout, encore moins attirant. Ce sont les minets qui ont la côte, pas les hommes des cavernes... et mon aspect massif n'arrange rien.
Dès la rentrée suivante je serai initié aux joies du rasage... sentir l'after shave en 5e est un plaisir de fin gourmet.
Etrangement je ne me serais rasé comme un bonhomme que pendant ma première adolescence, ayant rapidement troqué le rasoir pour la tondeuse afin d'arborer en permanence la sacro-sainte barbe de trois jours, ce cheat code intemporel. Mais pour l'heure, le succès attendra...

Mai ouvre la saison des bombes à eau (on ne se crache pas la flotte dessus ici ), je ne suis évidemment pas convié à ces sauteries dont toute la saveur réside dans leur mixité. J'éprouve envers Alexis et les autres une jalouse de plus en plus palpable, j'ai très envie de m'en faire un pour délit de belle gueule. Après une récréation de 16h mouvementée et tandis que nous remontons dans le plus grand désordre, un Boris trempé me bouscule par inadvertance en voulant échapper à l'athlétique Caroline. Sweetheart est en retard. Moi qui cherchais un prétexte...

"Oh excuse-toi je suis tout mouillé à cause de toi"
"Hein ? Il veut quoi lui ?"
"C'est bon JC fais pas ton relou..."
"Viens ici et excuse-toi"
"Olala... bon vas-y Boris fais-lui plaisir qu'il arrête de casser l'ambiance"
"D'où je vais m'excuser, j'ai pas fait exprès on s'amuse c'est tout, il fait le chaud pour rien là"
"Je fais le chaud moi ? T'en veux une c'est ça ?"
"Mais t'es sérieux ?"
"Haaaa y'a embrouille les gars venez on leur fait de la place !!!"
"Je vais te défoncer..."
"Mais ça va pas toi ? Ca t'arrive de rigoler un peu, sérieux faut te détendre !"
Je ne supporte plus de voir s'agiter cette petite gueule de 2be3 sous mon nez, et j'ai attendu ce moment trop longtemps. Le coup de poing dans l'estomac part tout seul, l'effet de surprise en décuple les effets. Il est plié en deux. Je me rends compte immédiatement de ma connerie... je me fige raide comme un piquet sans rien dire, j'ai l'air fin.

"T'es dingue ou quoi !? T'es content de toi là ?"
"Quel taré celui-là !"
"Et pour rien du tout en plus, JC t'es complètement débile !"
"La vie pour toi c'est taper les gens, tu règles tout comme ça !?"

Bien sûr, le statut de Boris n'était pas étranger à cette réaction unanime. Certains ont droit à plus d'égards que d'autres, ne nous mentons pas.
Il n'empêche que groupies ou non elles étaient dans le vrai. Voilà une démonstration de force totalement gratuite, stupide et contre-productive. Sans doute un des épisodes dont j'ai eu le plus honte. La quintessence
du rageur. Il fallait que je déverse le trop plein de rancœur accumulé, et c'est tombé dans un moment de légèreté et de bonne humeur qui ne s'y prêtait aucunement... alors que je m'étais montré incapable de le mettre au pas dès septembre, pour des motifs autrement plus valables. Notons la lâcheté d'un Alexis, très peu prompt à venir défendre son super pote.
Sweetheart arrive, les filles n'ont pas de scrupules à lui raconter la scène avec force détails. Je me prends l'avoinée du siècle... j'aime beaucoup cette prof, aussi ai-je un mal fou à encaisser le sermon. Je me retiens difficilement de pleurer, je voudrais disparaitre, me volatiliser instantanément. Mes oreilles chauffent pendant toute l'heure et mes jambes flageolent.

La cloche retentit, mais mon supplice n'est pas terminé.

"Tu vas pas t'en sortir comme ça, tu vas avoir des problèmes"
"Ouais et t'as intérêt à te calmer maintenant, sinon on te fera virer"
"Il est pas mort Boris hein..."
"Ouais ben ça aurait pu ! On sait jamais ! Et..."
Je me casse sans attendre la fin du film, je suis profondément saoulé et je n'écoute plus rien. J'aperçois Cécile en bas des escaliers, manquait plus qu'elle tiens...

"JC c'est marrant j'avais pas remarqué mais t'as de la moustache haha, faudrait te raser !"

Chef-d'oeuvre de hors-sujet. Un phénomène je vous dis... elle a le mérite de me faire sourire.
Fabrice me rattrape dehors... Lui est devenu un vrai khey lors de ce dernier trimestre.

"T'as fait de la merde là quand même..."
"Je croyais que tu voulais que j'en défonce un de l'équipe, ben voilà..."
"Pas comme ça hein, y'avait que dalle là, t'es parti tout seul... bon après t'inquiète, la prof elle est cool."
"Ouais enfin là elle avait bien la mort !"
"Y'aura rien fais-moi confiance."
"Tu te rappelles le début de l'année ? Tu me cassais bien les couilles toi aussi..."
"Putain ouais, je me demandais si t'allais réagir, ça me mettait une petite pression, je délirais bien"
"Imagine ce serait parti en live..."
"T'as bien fait de rester tranquille, je sais me taper moi, pas comme l'autre gros porc que t'as fumé l'autre jour !"
" Au fait c'est bon tu passes cette fois non ?"
"Ouais mais bon... je suis un peu un cas désespéré t'as vu, je vais changer de collège. Ils en peuvent plus de moi ici."
"Sérieux ?"
"He ouais. Je vais bouger en ville, à Emile Zola..."
"Ce sera pas le même délire."
"Je sais, y'aura moins de bourges déjà... je passerai vous voir des fois gros"
"Ha bah ouais normal ho !.. mais ça va faire bizarre"
"Laisse-les gens de la classe te faire la gueule au pire, ça se tassera. C'est bientôt fini de toute façon"

J'avais déjà le moral dans les chaussettes, mais alors apprendre que Fab quittait le collège c'était le pompon.

Sweerheart aura effectivement le bon goût d'étouffer l'affaire, et Fabrice n'y aura pas été pour rien. Il est resté après tout le monde pour plaider ma cause, je ne sais pas ce qu'il a raconté. Je l'apprendrai de la prof.

La fin de l'année se passe, une partie de la classe observe une stricte quarantaine à mon encontre. La partie féminine surtout, ce qui ne me change guère de d'habitude. Même Alexis n'est pas spécialement froid avec moi, quel tocard lui aussi. Je me tiens soigneusement à l'écart de toutes les festivités de fin d'année en restant chez moi. Parallèlement à cela mes parents divorcent: je n'en suis pas mécontent, j'en avais plein le cul d'entendre gueuler le soir après m'être couché. Qui plus est la garde sera partagée. Ce qui m'emmerde le plus est le déménagement (enfin au pluriel dans mon cas), je n'aime guère être bousculé dans ma routine.

Un bilan annuel s'impose, et il n'est pas reluisant:

-Résultats scolaires: Très mauvais, surtout en regard des attentes initiales...
-Socialisation: Autre point noir. Je suis en mesure de me faire respecter, voire plus en tirant sur la corde (et en ne craignant pas les sanctions), mais me faire apprécier est une autre paire de manches. On ne se fait pas des amis en cognant. On s'en fait en étant fun, léger, en phase avec son temps, débordant d'entrain et d'énergie. Je suis très loin du compte ! En plus Fabrice se fait la malle...
-Aspect extérieur: En amélioration du fait du recul de mon acnée, et de ma paire de Air Max. Je m'affine également petit à petit, mon visage se creuse. Sur le plan capillaire je commence à me trouver. Perdre un peu de couenne ne serait pas du luxe...
-Performances sportives: Difficiles à évaluer dans le sens où je peux parfois être très bien placé selon la discipline... mais dans l'ensemble je manque vraiment d'endurance et d'adresse. Pour l'endurance ça s'arrangera, par contre je conserverai à vie mes deux mains gauches.
-Filles: Une Bérézina. Ce qui n'a rien de déshonorant à un tel âge, mais je ne raisonnais pas de la sorte sur le moment. Du reste je me focalisais sur les plus bitchy , passant complètement à côté des perles que recelait ce bahut. Car oui, bon nombre de ces gamines étaient des amours, parfaitement éduquées et respectueuses d'autrui en plus de n'avoir rien à envier physiquement aux autres. Mais trop discrètes probablement, pas assez cotées sur le marché.
"L'âge bête" n'est pas une expression en l'air les kheys.

Point positif, je ne tombais jamais "amoureux" au contraire de certains. Je me bornais à des attirances, attirances parfois très fortes, mais jamais au point de me taper une fixette sur une nana particulière. Je me rattraperai...

Nonobstant mon échec scolaire en gestation, je ne craignais pas l'année à venir. J'avais tort. Mon prétendu nouveau moi n'a appris qu'à montrer les muscles, ce qui est la condition sine qua non pour qu'on vous foute la paix, mais absolument pas une preuve sociale.
Je n'étais pas perçu comme un héros, mais comme un gros con impulsif et pas drôle dont il valait mieux se tenir éloigné. J'étais incapable de graduer mes réactions, passant de la plus grande passivité à la crise de nerfs sans aucune transition.

En somme une sorte d'hybride, un Célestin déter, qui ne se laisse plus marcher sur les pieds mais toujours aussi dépourvu d'intelligence sociale.

Je passe sur mes vacances à la mer, deux mois à glander et à bronzer... MAIS ! Je roule une pelle à une 6/10 de quinze ans complètement torchée , après avoir tapé l'incruste à la soirée du pote d'un cousin. Ou plutôt c'est elle qui me la roule, je me laisse guider. Un sacré goût de vodka/orange, mais me voilà un HOMME bordel (j'ai fait style d'avoir quatorze ans). Je suis en kiff tout le mois d'août sur une touriste parisienne blonde, mais elle préfèrera mon cousin, beau gosse sportif au teint caramel. L'histoire de ma vie d'alors.