Je sais bien que la chose n'est pas inédite, mais personnellement je n'ai jamais essayé d'écrire en étant ivre.

J'aimerais savoir ce que vous en pensez ?

Mon problème c'est que lorsque j'écris, je reste une heure sur la même page, repassant encore et encore sur les mêmes phrases jusqu'à obtenir quelque chose de correct. J'ai l'impression de perdre en authenticité, quand je me relis je n'ai même pas l'impression d'avoir écrit ce que j'ai sous les yeux. Je m'attarde sur des choses sans importances, c'est obsessionnel. Il m'arrive de faire des recherches de plusieurs jours pour m'assurer qu'un détail que je mentionne est vraisemblable alors que c'est un détail sans la moindre importance dans le cadre de mon récit.

Évidemment, je ne termine jamais rien. À ce jour j'ai seulement réussi à achever une nouvelle.

Vous pensez que ça peut « débloquer » d'écrire sans être parfaitement lucide ?

Je sais pas, je reste personnellement extrêmement dubitatif sur la validité de toutes ces expériences de lâcher-prise qu'on a voulu nous vendre d'écrire sous l'influence de.

Le procédé n'est pas neuf, rappelons-nous que c'est déjà comme ça que Rabelais prétend travailler dans son prologue bien connu à Gargantua, et il a produit des tas d’œuvres "mensongères" dans leur exposé au moins puisqu'on sait factuellement grâce à la philologie qu'elles ont bénéficié d'un travail de correction et de recorrection. Typiquement je pense à la Mescaline de Michaux, à ce cliché qui veut que Maupassant ait écrit fou sous l'influence de son traitement au souffre, à l'ethos de pochetron entretenue par Bukowski et j'en passe et des meilleures.

Peut-être que l'état d'ivresse permet de faire naître des images, des idées, des associations originales qui ne nous seraient pas venues autrement et qu'on peut les coucher sur support, comme on peut, sur le moment, pour les retenir. Pourquoi pas. Reste qu'il y a toujours un travail à claquer derrière de reprise de son texte, encore et encore, entreprise qui me paraît difficilement pouvoir être effectuée hors d'un état de concentration à peu près satisfaisant.

Mais en soi, rien ne t'empêche d'essayer. Après si tu cherches du témoignage, je n'écris pas très bien - c'est une litote - quand je suis sobre mais alors quand je suis bourré...j'ai retrouvé de mon dernier séjour à amsterdam des pages de carnet notées après avoir traîné au bar, y avait notamment un croquis de moulin nazi et celui d'un tube en verre rempli d'eau pour nager vers la lune mais rien de guère plus sérieux. Peut-être que ça se fait, j'en sais rien, mais perso c'est pas mon truc.

Non ça aide peut-être à se prendre pour Bukowski, pour un génie incompris ou un poète tourmenté, mais je ne pense pas que l'on soit plus authentique lorsque notre cerveau est sous l'emprise de psychoactifs, au contraire.

Mais bon, tu devrais essayer et voir le résultat plutôt que de nous demander

Cela dépend surtout de toi. Personne ne réagit de la même manière. Pour moi, par exemple, l'ivresse apporte de la sincérité à mes écrits. C'est assez intéressant, j'écris souvent la nuit après quelques verres, sans m'arrêter, et je ne reprends le texte que le lendemain voir le surlendemain. Parfois il n'y a rien à changer. Tu ne deviens pas plus idiot quand tu es saoul, parfois plus lucide, plus enclin à certains sentiments, mais pas idiot. Cela n'enraye pas ta pensée. Enfin bon, essaye !

C'est vrai merci, je tenterai à l'occasion

Tu ne deviens pas plus idiot quand tu es saoul, parfois plus lucide, plus enclin à certains sentiments, mais pas idiot. Cela n'enraye pas ta pensée. Enfin bon, essaye !

Faudrait peut-être décrire l'ivresse parce que je connais peu de personnes (moi le premier) qui deviennent pas débiles une fois bien bourrées. Après si pour toi être saoul c'est juste ne pas être dans totalement dans son état normal, je peux comprendre cette vision.

bof. Je pensais aussi que l'alcool m'aiderait à trouver des idées ou à me fondre dans le personnage de l'écrivain tourmenté, qui cherche à dépasser ses limites. Déjà, les idées ne me viennent jamais dans ces moments là, ce sentiment jouissif d'ivresse emporte tout. Peut-être faut-il moins boire. Les rares idées que j'ai eues se sont avérées "mauvaises", une fois l'état de sobriété retrouvé. Ensuite, je pense que ton blocage est le résultat de plusieurs causes que tu dois trouver pour pouvoir les analyser et les dépasser sans user d'alcool, aide artificielle, éphémère et dangereuse. Boire quand on écrit pour glisser lentement vers l'alcoolisme est exactement le contraire de l'effet initial voulu ; la libération par l'alcool conduit à la dépendance. Finalement, la seule libération, c'est l'écriture (lolol). Demande-toi pourquoi tu te dresses des barrières, pourquoi tu t'empêches d'avancer.

Le 20 mai 2017 à 13:27:49 E-180 a écrit :

Tu ne deviens pas plus idiot quand tu es saoul, parfois plus lucide, plus enclin à certains sentiments, mais pas idiot. Cela n'enraye pas ta pensée. Enfin bon, essaye !

Faudrait peut-être décrire l'ivresse parce que je connais peu de personnes (moi le premier) qui deviennent pas débiles une fois bien bourrées. Après si pour toi être saoul c'est juste ne pas être dans totalement dans son état normal, je peux comprendre cette vision.

Oui, ivresse n'est peut-être pas le bon mot. Je parle plutôt de ce moment d'entre deux, avant que cela ne dérape et que l'on entre dans un état ou il devient impossible de pondre quoique ce soit de valable. Quelques bières, ou quelques whiskies ; juste une légère péridurale de l'esprit et tu couches sans trêve tout ce qui s'agite entre tes deux oreilles. Après, cela marche pour l'un, par forcément pour l'autre.

Tous ces gens qui jettent leur expériences personnelles comme une donnée scientifique sur l'écriture sous influence. Aussi inutile et moralisateur qu'un Baudelaire dans ses Paradis Artificiels. Écris, bois, ne bois pas, mais cantonne toi à tes propres ressentis sans tenir compte de la morale des autres.

Ou tu peux choisir de m'envoyer chier également.

Ca m'est arrivé une fois. J'étais bien bourré même, trop pour taper sur ordi (ce que je n'aime pas trop de toute façon) et donc j'ai noté quelques idées sur un calepin.

A mon réveil j'étais incapable de me relire.

L essentiel est de favoriser un contexte qui permet une concentration maximale. Selon les personnalites ca sera dehors ou son bureau etc. Pas d elements exterieur qui deconcentrent ....tv ...bruit. l alcool dilue la concentration... il faut un certain talent pour arriver a produire du contenu de qualite dans cet etat...