Dans cet étonnant documentaire, Alexander Abaturov, suit un bataillon qui s’entraîne en Sibérie et, en parallèle, retrace la destinée de Dima, son cousin de 21 ans, tué au combat au Daghestan. Entretien.
Voici une plongée hallucinante dans l’univers de l’armée russe avec les unités d’élite, les fameuses Spetsnaz. « Le Fils » est, littéralement, un voyage dans un enfer codifié par l’Etat, encadré par la mort, arpenté par les maîtres de la déshumanisation. Le réalisateur de cet étonnant documentaire, Alexandre Abaturov, suit un bataillon qui s’entraîne en Sibérie et, en parallèle, retrace la destinée de Dima, son cousin de 21 ans, tué au combat au Daghestan. Les deux récits s’entrecroisent, se colorant mutuellement : ces jeunes hommes qui sont soumis à de dures épreuves d’apprentissage sont-ils formatés pour leur autodestruction ? Et Dima était-il devenu une machine à tuer
Abaturov ne juge pas, n’émet pas d’opinion sur les engagements en Tchétchénie ou ailleurs (il n’aurait pas eu l’autorisation de filmer, dans le cas contraire), mais, en contrepoint, montre les parents de Dima, la mère en deuil et le père égaré de douleur. Tout le film, du coup, passe dans l’ombre de la mort : ces AK 47, ces rites de l’église orthodoxe, ces visages de soldats fanatisés, cette bataille finale désignent l’essence même de l’être humain, réduit à sa violence première, quasi animale. Pas de voix off, pas de commentaire, rien que de (belles) images pour une étonnante leçon des ténèbres.
Bande annonce: https://youtu.be/MHQBxcoKmyc