6h55, par l'aube d'un jour d'été. Le soleil chassait la nuit froide qui enveloppait les montagnes, réveillant les oiseaux qui chantaient gaiement. Le vent caressait de sa douce brise les arbres qui trônaient en ces lieux. Rien ne pouvait déranger cette symphonie naturelle. Rien, à l'exception d'une chignole qui passait par là. Le conducteur de la vieille Renault 5 semblait pensif.

- ...

Alors c'est aujourd'hui... je ne sais pas si je fais bien. C'est vrai quoi. Peut-être que je rate de belles choses...

Bof, à quoi bon. C'est pas comme si j'avais déjà eu de la chance dans ma vie. Regarde-toi putain, t'es un déchet. Ta seule réussite est d'avoir obtenu le permis et de conduire une bagnole de merde pour passer le temps

Passer le temps... c'est ce que j'ai toujours fait. Que ce soit à la maison quand j'étais enfant, à l'école, au collège, au lycée... j'ai toujours passé le temps du mieux que je pouvais pour ne pas me lamenter sur mon sort. Passer le temps... pourquoi je ne suis pas normal bordel. C'est vrai quoi, qu'est-ce que j'ai fait pour mériter tout ça. Cette vie de Célestin rejeté et détesté par tous.

Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été seul. A l'école primaire, personne ne voulait jamais jouer avec moi. Alors je jouais aux billes tout seul pour passer le temps. J'étais bon, et les rares fois où je jouais contre quelqu'un, je gagnais toujours. Alors on me détestait encore plus et on disait que je trichais...

Au collège, j'étais la bête de foire. 4 ans... en 4 ans de collège, il n'y a pas eu une seule journée où l'on ne s'est pas foutu de ma gueule. J'étais laid, j'étais gros, intello, tout le monde détestait. Alors j'allais au CDI dès que je le pouvais, pour passer le temps. Et quand il était fermé, je n'avais plus qu'à m'isoler quelque part et à prier pour qu'on ne me remarque pas.

Le lycée ? c'était la même rengaine. On me méprisait, j'étais toujours seul. Au moins, on ne me frappait plus. Mais on se moquait de moi, encore et encore. Dans mon lycée, on n'avait pas accès au cdi pendant les pauses. Alors pour passer le temps, j'allais voir les affiches sur le panneau d'informations et je les lisais plusieurs fois pour faire semblant d'être occupé. Sinon, il y avait une grande cour, alors j'allais dans un coin et je faisais un grand signe de la main en direction de l'autre côté, faire genre que je saluais des potes. Puis je marchais lentement jusqu'à l'autre bout de la cour. Mais il n'y avait personne. Alors j'allais aux toilettes. Je pissais, je me lavais les mains. Puis je repissais à nouveau, pour me relaver les mains. Et je faisais à nouveau un signe de la main pour aller à l'autre bout de la cour... avant de retourner lire le panneau d'informations jusqu'à la sonnerie. Le temps était long, mais ça passait toujours.

Ma famille ? Surement le pire dans l'histoire. J'ai vécu chez mon père, un déchet rsaiste violent à ses heures. Il ne voulait pas de moi, mais était trop lâche pour aller jusqu'au bout. Alors je m'enfermais dans ma chambre, regardant la télé, encore et encore. Le temps passait plus vite quand j'étais dans ma chambre. Il a essayé de me noyer, mais heureusement j'avais appris à nager ce jour-là. Enfin heureusement... ça aurait pas été plus mal finalement

Tandis que Célestin se remémorait sa pénible existence, la voiture parcourait son chemin et arrivait bientôt au plus haut point accessible en voiture

Cela fait à peine un an que j'ai ma voiture... j'adore conduire. C'est génial pour passer le temps quand on y pense. Pendant des heures et des heures, voir le paysage défiler au rythme de nos humeurs. Conduire sans but, sans projet. Mais cette fois, j'ai enfin une destination.

- Allez, il est temps.

Célestin arrivait sur le pic de la falaise. Contemplant une étendue de plaines majestueuses, il ne pouvait s'empêcher de penser à sa réalité "on naît seul, on meurt seul". Un somptueux paysage s'offrait à lui pour mettre un terme à son existence.

C'est quand même beau putain.

Bon, plus qu'à descendre de la voiture. Je vais mettre un peu de musique, ça adoucira les choses

https://www.youtube.com/watch?v=KWc_iEWDdfw

Le jeune homme descendit de son vieux véhicule, lui-même semblait être à bout de souffle.

C'est vachement haut bordel.

Alors ça y'est, c'est la fin... Tout ça pour ça. Quand les kheys parlaient de karma moi j'y croyais, j'espère qu'un jour pour moi la routourne tournerait.

En plus merde quoi, j'ai l'impression d'avoir eu mon quotat d'ennuis pour toute un vie. La solitude extrême, vivre dans la peur de son prochain. Tout le monde qui me rejette. Tout le monde qui se moque de moi ou me méprise. Un père qui veut me tuer, une mère inexistante qui se suicide dans l'indifférence, le reste de la famille alcoolique, un demi-frère délinquant et sdf que j'ai vu 3 fois dans ma vie... Pas de famille, pas d'amis, que des ennuis. Et toi ? Putain ça aurait fait un bon topic sur jvc ça, dommage que j'y ai pas pensé plutôt

Evidemment full puceau cela va de soit, aucune femme ne m'a jamais touché, même me faire la bise semble être digne des travaux d'Hercule pour quelqu'un de normal. Et encore au delà de ça, même le regard est gênant. J'ai toujours cette impression qui me reste du collège, comme si j'étais une bête de foire, tout le monde me regarde mais évite mon regard, dans lequel se refléterait seulement de la pitié. Je sais que je ne suis pas très beau, mais bon je suis pas non plus repoussant à ce point... enfin je crois...

Puis je suis pas timide maladif non plus. La plupart des victimes le sont car elles sont fragiles psychologiquement, elles ont peur de dire quoi que ce soit même dans une conversation on ne peut plus banale, ont peur de se défendre. Elles bégaient, disent des trucs incohérents et marmonnent dans leurs moustaches, à partir de là la fragilité émise est telle qu'elle est perçue par les autres comme un signe de victimisation, et une chose en entraînant une autre, la dégringolade sociale commence. Mais moi, je n'ai jamais eu ce problème. Je parle plutôt normalement, enfin je crois. Alors pourquoi bordel. Je suis trop laid pour qu'on me considère dignement ? Ou bien je suis trop maladroit socialement pour m'en rendre compte ? Putain mais qu'est-ce qui cloche chez moi

Je comprend pas, j'ai jamais causé d'ennuis à personne, j'ai toujours été bienveillant et j'aidais les autres dès que je le pouvais même pour des choses insignifiantes... alors pourquoi personne ne m'a jamais aimé...

Moi tout ce que je voulais, c'était être normal... Avoir une famille aimante, quelques amis, pas besoin de beaucoup, une fille qui m'aime...

Pourquoi personne ne m'aime putain

J'ai l'impression que la seule chose qui ne m'ait jamais voulu de mal, c'est ma petite R5. En conduisant, j'étais apaisé, et même sans savoir où aller, j'avais l'impression de faire quelque chose. C'était la meilleure rencontre qui me soit arrivée. La meilleure chose pour passer le temps.

Autant en finir avec la seule chose que j'aime. De toute façon j'ai pas les couilles pour sauter, autant plonger avec ma voiture adorée

Célestin remonta dans sa voiture et mis le contact, décidé à en finir. Mais sa voiture en décida autrement. Ou plutôt, le moteur qui cala ne lui laissait pas d'autre choix

Bon tant pis, on va devoir sauter. Au moins toi tu survivras, vieille bagnole

Célestin s'approcha de la pointe de la falaise, contemplant une dernière fois le monde qui l'entourait. Et après avoir lancé un ultime regard vers sa voiture

Bon aller, à 3 j'y vais

UN

DEUX

- CÉLESTIN, STOP !!

Juste avant de commettre le pas de trop, une voix assurée stoppa net Célestin, qui recula aussitôt.

- STOP !!

Je rêve ou quelqu'un vient de me parler ?? Ce n'était pas arrivé depuis si longtemps...

Notre héros se retourna et aperçu un...

UN ANGE ???

- Ravi que tu n'aies pas succombé

Non mais je suis en train de délirer là, je suis mort et je suis au paradis alors y'a des anges partout, ou alors je suis en enfer et en plus de continuer ma vie de merde je vais penser que je suis taré et qu'il y a des anges qui se baladent, putain mais je deviens fou ou quoi

- Vous êtes qui ?

- Je suis l'Ange Larry mon garçon

-
-
-
-
- ...

- Et je te rassure, tu n'es pas fou Célestin. Cela fait un moment que je t'observe, et je sais à quel point tu en as bavé dans ta vie. Vois-tu, j'interviens très rarement, uniquement dans les cas les plus désespérés, sans pour autant oublier le mérite. Et je trouve que tu mérites de l'aide, voilà tout. Un peu de chance te fera le plus grand bien.

- Comment ça vous m'observez ? Je n'ai jamais rien vu moi. Puis c'est pas comme si les anges couraient les rues, ça se saurait si un ange se baladait en ville.

- Voyons, tu te doutes bien que si je suis un ange, ma différence ne se résume pas aux ailes dans mon dos. Seules les personnes que j'ai choisi d'aider peuvent me voir, c'est comme ça. D'ailleurs, heureusement que personne d'autre ne se trouve ici, car on te prendrait pour un fou qui parle tous seul.

- Mais je comprend pas... déjà j'ai du mal à y croire mais admettons que vous êtes vraiment un ange, qu'est-ce vous allez changer à ma vie ?

- Pas grand chose en fait. Tu seras toujours maître de ta vie. D'ailleurs en parlant de ça, je dois dire que j'aime bien ton opinion sur le sens de la vie. Passer le temps. Beaucoup pensent que le sens de la vie se résume à la transmission, après tout pourquoi pas. Mais le sens de la vie, c'est surement la question la plus philosophique qui puisse être. En tout cas, il faut passer le temps. Rien ne va changer Célestin. Tu vas toujours devoir passer le temps. Mais tu peux en faire ce que tu veux ! Je serai-là pour te donner un coup de main de temps à autres. Mais je te préviens, inutile de m'invoquer, je viens quand je veux.

- Vous êtes bizarre. Ça vous arrive souvent de faire ça ?

- Pour être honnête, non. Tu es la deuxième personne que j'aide. Je me demande ce qu'il est devenu... Tu sais Célestin, la chance ne résout pas tout. Simplement, comme tu n'en as jamais eu, je vais t'aider un peu.

- Et comment vous comptez m'aider ?

- Je te l'ai dit, tu es toujours maître de ta vie et rien ne changera jamais ça. Alors je veux que tu reprennes ta vie en main. Tu dois passer le temps. Qu'est-ce que tu as envie de faire de ta vie ? Réfléchis bien, car je te donnerai un énorme coup de pouce pour t'aider à avancer vers la voie de ton choix. Réfléchis bien mais pas trop non plus, j'ai des contrats à signer, tu sais même un ange se doit d'assurer ses biens.

Après une rencontre des plus atypiques, Célestin devait faire un choix. Un choix qui, peut-être, changerait complètement sa vie. Mais il savait bien qu'il fallait rester raisonnable et garder les pieds sur terre. Larry n'étais pas un génie magique qui exauçait les voeux, non. C'était l'Ange de la chance qui offrait son aide à notre héros à atteindre son but dans de meilleures conditions: passer le temps. Si la vie ne se résumait qu'à cela, encore fallait-il trouver un moyen agréable de le faire. Qu'allait faire Célestin de son existence ? Comment allait-il passer le temps ? Comment allez-vous passer le temps ? Il était temps de choisir.

Bon Célestin, réfléchis.

Y'a un putain d'ange sorti de nulle part qui veut m'aider à mener une meilleure vie.

Mais qu'est-ce que j'ai envie de faire de mon temps moi bordel, j'en sais rien.

- Célestin je sais que tu es encore sous le choc et que tu ne sais pas quoi demander, mais je n'ai pas toute la journée, presse-toi un peu s'il te plaît.

Bon, reste naturel. Il faut passer le temps. Comment j'ai envie de passer le temps. Puis faut de l'argent aussi sinon je serai vite bloqué. Et merde... qu'est-ce que je veux faire... de la politique ? Mais non bordel qu'est-ce que j'en ai à foutre du peuple, j'ai déjà assez de problèmes comme ça. Reste naturel... je sais. J'aime conduire, c'est la seule chose qui me procure du bien-être et le temps passe beaucoup plus vite. Mais c'est pas assez précis ça. Qu'est-ce que je peux faire de ma vie en conduisant ? Taxi, coursier, pilote, routier... Je serais moins libre et ça risque de vite me faire chier. Et merde je sais pas quoi dire.

- Bon on va pas en faire tout un cinéma, dis-moi ce que tu veux et hop on passe à la suite.

Cinéma... Cinéma... euh

- TRANSPORTEUR !!!

- Plaît-il ?

- Transporter des choses. Des colis, des gens, mais pas dans un milieu très conventionnel si vous voyez où je veux en venir.

- C'est pour le moins... original. Donc tu veux passer le temps en jouant les taxis du crime. Remarque pourquoi pas, après tout on peut gagner beaucoup d'argent alors...

- Mais comment vous allez m'aider ? Je sais pas comment je vais entrer en contact avec des mafieux moi.

- C'est là que j'interviens. Tu risques de te retrouver confronté à une situation du genre très vite. Mais je te conseille de changer de bagnole, là tu risques surtout de te faire buter vu le ridicule de ta voiture

- Mais j'ai pas d'argent moi, comment je vais faire ?

- Tu te débrouilles. Mais dépêche-toi, tu recevras des... instructions dans les 3 prochains jours.

- Mais je vais jamais trouver une nouvelle en 3 jours, c'est impossible, comment je vais faire moi, c'est n'importe quoi.

- Pas mon problème. Sur ce Célestin, je vais te laisser, prépare-toi bien à la nouvelle vie qui t'attend.

Ange Larry disparu aussitôt, laissant Célestin tout penaud. Ce dernier, ayant toujours du mal à réaliser la situation à laquelle il venait d'être confronté, fit les 400 pas en cherchant vainement une solution à son problème, avant de remonter dans sa voiture.

Qu'est-ce que je vais faire moi maintenant...

Transporteur... mais quel con putain, tu t'es pris pour Jason Statham ou quoi.

D'un côté, ce sera une vie plus exaltante, le goût du risque, et puis je serai toujours seul au volant de ma voiture, à voir le paysage défiler. En plus y'a moyen de se faire des couilles en or j'imagine...

Et si ça dérapait... Je sais pas me battre moi, on m'a battu toute ma vie. Comment je vais faire si un client n'est pas content ou juste taré et veut me buter... putain pourquoi j'y ai pas pensé plutôt. En plus je vais faire comment pour me trouver une nouvelle voiture, là j'ai pas l'air d'un pro, la seule chose qui risque de se produire c'est qu'on se foute de ma gueule lorsqu'on me verra arriver pour prendre le colis. Dans quoi je me suis fourré bordel.

Au même moment, alors que le conducteur de la vieille Renault semblait préoccupé par l'ampleur des événements, un accident vînt l'extirper de ses pensées. Une Audi noire venait de heurter le muret sur le bord de la route. La violence de l'impact fut telle que le conducteur traversa le pare-brise et tomba des hauteurs montagneuses, son sort n'était pas un mystère.

Une A8 W12 noire... comme celle du Transporteur...

- Merci Ange Larry.

Notre jeune héros ne se fit pas prier pour s'emparer de son nouveau jouet. Il poussa sa vieille R5 dans la même direction que l'homme avait pris en se faisant projeter de son véhicule. La hauteur était suffisamment grande pour que la chère relique à 4 roues explose au moment de l'impact, ne laissant que décombres et traces inexploitables du défunt conducteur.

Célestin, au volant de sa nouvelle voiture amochée, était sceptique. Si cette rencontre avec Ange Larry n'était pas un rêve, sa vie prendrait un tout autre tournant dans 3 jours. Ce qui signifie donc qu'il ne restait que 2 jours à notre héros avant le début de sa nouvelle carrière. Mais qu'allait-il faire ? Sa voiture était en piteux état, pare-brise brisé, pare-choc avant en miettes, rétroviseurs en sueur, et surement d'autres problèmes sous le capot. Si Célestin s'y connaissait plutôt bien en mécanique, il n'avait de toute évidence pas les compétences requises pour réparer sa trouvaille. Aussi, au vu des dégâts, passer chez un garagiste induirait, comme Pierre Ménès les aime tant, une note bien salée.

Il ne restait donc que deux jours pour se préparer. Mais chaque chose en son temps. Qu'allait faire Célestin en rentrant ?

1) Aller immédiatement chez son garagiste Prolobélix, seul être humain qui semble ne pas le mépriser et avec qui souffle même une légère complicité. Mais faut pas déconner non plus, ça coûtera un max. Toutes vos économies de secours y passeront, mais vous aurez une bagnole comme neuve.

2) Aller acheter un flingue. C'est une sécurité supplémentaire quand on exerce le métier de transporteur. Et on ne sait jamais à qui on peut avoir à faire. Cependant, il ne vous sera pas possible de réparer votre véhicule dans son entièreté. Et si jamais vous étiez poursuivis, avoir des rétroviseurs fonctionnels serait un bon plus. Par contre, vos chances de survie seront bien plus grandes en cas de mauvaise rencontre.

3) Rentrez chez vous sur le champ et faire un topic sur le 18-25 pour raconter votre journée. Peut-être que les kheys sauront vous donner bon conseil.

Bon je sais pas quoi faire, j'ai besoin de conseils. Je rentre faire un topic, j'espère que ça m'aidera.

Notre jeune héros prit la décision d'emmener son nouveau bolide directement chez lui. Un détail contraignant cependant, il fallait passer par le centre-ville et l'apparence de cette voiture était difficilement dissimulable. Aussi, à peine arrivé en ville:

Pin pon pin pon pin pon

Et merde.

- Monsieur, veuillez descendre de votre véhicule s'il vous plaît.

- Euh... oui bien sur

- Qu'est-il arrivé à votre voiture ?

- J'ai eu un accident.

- Un accident. Votre pare-brise est porté disparu, et au vu du pare-choc avant de votre voiture, j'ai du mal à comprendre que vous n'ayez aucune égratignure.

- J'ai eu beaucoup de chance Monsieur l'agent.

- Certainement. Papiers du véhicule s'il vous plaît

- ...

- PAPIERS DU VEHICULE S'il VOUS PLAIT

- Euh t-tenez voilà

- Merci

- ...
- ...
- ...
- ...
- ...

- Très bien, tout est en règle. Ça ira pour cette fois, mais allez faire réparer cette épave dès maintenant d'accord.

- Oui monsieur, j'y vais de ce pas. Bonne journée

Une fois l'agent de police parti, Célestin s'empressa de lire les papiers du véhicule. C'était à n'y rien comprendre. Toutes les informations présentes étaient bien évidemment celles de l'ancien propriétaire. Il n'y avait qu'un seul élément qui vous avait sauvé.

Mais il a la même tête que moi ce con. Enfin pas tout à fait mais y'a une belle ressemblance entre nous. Enfin belle, on se ressemble quoi. C'est vrai que je n'avais pas vu sa tête lorsqu'il fut projeté en l'air avant de faire une chute mortelle. Marc Langlet... tu m'as sauvé la vie. Marc Langlet... c'est comme ça que je vais m'appeler maintenant ? Une fausse identité... Remarque ça peut être utile, si jamais il m'arrive un problème, personne n'aura ma vraie identité. Va falloir que je m'occupe des papiers du coup... Je verrai pour trouver un faussaire quand j'aurai un peu d'argent. Je vais rentrer et faire un tour sur le forum avant de m'occuper de la voiture, on sait jamais.

Aussitôt rentré à la maison:

- Les kheys il m'est arrivé un truc énorme aujourd'hui. J'allais me suicider et là un ange est apparu en me disant que j'aurais de la chance. Puis y'a une voiture qui a eu un accident juste à côté et le mec est mort, du coup j'ai pris sa caisse elle est beaucoup mieux que la mienne. En plus j'ai croisé un flic et j'ai pas eu de problèmes, parce que le type avait la même gueule que moi. Je fais quoi moi maintenant ? En plus je vais peut-être devenir transporteur pour des mafieux dans pas longtemps, aidez moi les kheys je suis perdu, comment je m'en sors ?

- Plasticot : J'ai pas lu mais je nourris.
- Thewitherboss : En pétant
- Moundoh12 : Bien le taré ? Signal gouv bordel, faut l'interner celui-là.
- Trisitoïde : Pas de cul, pas d'aide.
- Bepisse : Baise une femme. Ça réglera tout tes problèmes.
- AlexisFNP : En pétant
- Danone85 : belle fic l'auteur, on y croirait presque
- AhsokaTano : VOY A LA PLAGE SUBIR UN MARÉCAGE

En même temps à quoi je pouvais m'attendre.

- En effet.

- Ange Larry, alors je n'avais pas rêvé c'est bien vous, vous êtes bien réel. Qu'est-ce que je dois faire maintenant ?

- Commence par prendre les bonnes décisions. Au lieu de passer ton temps sur l'ordi, tu aurais mieux fait d'aller directement au garage. Ça t'aurais sans doute épargné le policier, et t'aurais une voiture comme neuve. Je serai pas toujours là pour t'aider tu sais, je m'attendais un peu à ce que tu fasses n'importe quoi alors j'ai fait en sorte que ce soit quelqu'un qui te ressemble qui y passe... Mais la prochaine fois, tu devras assumer les conséquences de tes mauvais choix, aussi infimes soient-ils.

- Alors si j'ai pu m'en sortir c'est uniquement grâce à vous. Mais comment vous faîtes pour prédire les événements comme ça ?

- Disons que j'ai plus d'une tour dans mon sac. Je dois te laisser, j'ai des affaires à régler. Et par pitié, va réparer cette maudite caisse avant qu'elle n'attire trop l'attention.

A peine Ange Larry fut-il parti, Célestin s'empressa d'aller chez son garagiste pour régler le problème.

- Tiens mais voilà le petit Célestin Alors qu'est-ce qui t'amène aujourd'hui ?

- Disons que j'ai une nouvelle voiture, et qu'elle a besoin de tes talents. Elle est garée dehors

- Seigneur... je vais pas te demander ni pourquoi ni comment, je te connais et je sais que t'es pas causant sur ta vie privée.

- Non en effet.

- Bon je vais voir l'étendue des dégats, laisse moi quelques minutes

Pourvu que ce soit pas trop cher...

- Alors j'ai bien regardé, et t'as pas été gâté. En dehors de la carrosserie, du pare brise et des rétros, y'a aussi les freins qui ont été endommagés. J'espère que t'as pas prévu de faire de courses poursuites, tu serais dans la merde sinon

- Non non bien sur. J'en ai pour combien ? Et combien de temps ça prendra ?

- Je sais que t'as un budget limité mon petit, je t'aime bien mais les affaires sont les affaires tu sais. La moindre des choses que je peux faire pour toi, c'est être honnête et te donner plusieurs possibilités, en fonction de ton temps et de ton budget. Si tu veux que je m'occupe de ta voiture, y'a 3 options qui s'offrent à toi:

1) Je répare tout, si t'as assez d'argent bien sur, et faut payer avant tu le sais. Vu l'ampleur des dégats, j'en aurais pour 3 jours. Ça te coûtera 1500 euros.

2) Je peux aussi en faire une priorité et mettre mes gars en renfort, et t'auras ta voiture demain soir. Evidemment tu vas devoir raquer plus, ça te coûtera 1800 euros.

3) Sinon, tu peux aussi choisir de réduire la facture en limitant les réparations. Je m'occuperai du plus important uniquement, et je pourrai le faire en solo. Ça te coûtera seulement 1000 euros, mais faudra choisir entre l'esthétique et le fonctionnel. Dans le cas ou tu choisirais cette option, tu devras choisir entre:
A) Carrosserie, pare-brise, rétros. Elle sera comme neuve. Du moins à l'extérieur. Car les suspensions ne seront pas au top de leur forme, et je te conseillerai de ne pas faire d'excès de zèle sur la route, tes freins ne le supporteraient pas.
B) Je m'occupe des suspensions, des freins et de réparer aussi ton pare-brise. Ta bagnole sera bien fonctionnelle, par contre tu devras te passer de rétros, et ta voiture aura toujours une sale gueule.

- Peu importe ce que tu choisis, choisis bien.

Plusieurs choix venaient de s'ouvrir à notre jeune héros. Il est bon de noter qu'il ne possédait sur son compte en banque que 1800 euros... Soit la somme demandée pour l'option la plus efficace. Allait-il tout dépenser ? Ou bien en garder une partie pour autre chose ? Le Transport est un travail de précision et d'organisation. Organisez-vous bien.

- J'aurai besoin de ma voiture le plus vite possible, donc la 2ème option.

- Entendu mon petit. Tu vas me faire un joli chèque et on s'y met tout de suite avec l'équipe.

- Et voila, avec un autographe en bas comme tu les aimes.

- C'est parfait Célestin. LES GARS, ON SE BOUGE LE CUL ET ON S'OCCUPE DE L'AUDI, HOP HOP HOP !!

- OUI PATRON !

- Bien, ta voiture sera prête demain vers 17h.

- Ca marche, à demain alors.

Bon j'ai plus de voiture, et plus d'argent... plus qu'à retourner chez moi à pieds et attendre que le temps passe.

Le temps passe.

Bon c'est passé plutôt vite, c'est l'heure de retourner au garage.

17h00 pétantes.

- Ah voila mon client préféré ! Comme tu le vois, tout est prêt, tout est payé, on a tout fait, tu peux t'en aller.

- Merci.

Célestin remonta dans sa voiture, sereinement, et mit un peu de musique.

https://www.youtube.com/watch?v=ONoi86Zyj3k

Il pouvait enfin apprécier pleinement son nouveau bolide, qui était il faut le dire, bien plus confortable que cette vieille R5. Merci feu Marc Langlet pour ce cadeau posthume.

Marc Langlet... pourquoi j'y ai pas pensé avant bordel. Si ça se trouve il reste des traces de son cadavre, ou je ne sais quoi d'autre. Là ou ça c'est passé y'a aucune risque qu'une voiture ait remarqué quoi que ce soit, mais on sait jamais, pas envie qu'on remonte à moi pour des conneries de ce genre. Tout doit disparaître.

Le jeune homme se mit donc en destination du lieu de l'accident, une falaise située en plein cœur d'une zone montagneuse relativement isolée. Un paysage naturel à peine perturbé par l'homme, qui n'y avait construit qu'une simple route pour le traverser sans s'en préoccuper plus que ça. Célestin aimait beaucoup venir ici, et même si le sujet de sa dernière balade était suffisamment mortifère pour ne pas s'y attarder d'avantage, c'était toujours un moment de bonheur. Il était rare de croiser la moindre présence humaine sur des kilomètres et des kilomètres de routes sinueuses, laissant au conducteur l'opportunité de vider son esprit et d'abandonner ses soucis par la fenêtre, emportés par une légère brise d'été.

Putain c'est quand même le pied de conduire cette merveille, ça change. Fini les secousses au moindre virage, le volant ne tremble plus, et on s'y sent tellement bien à l'intérieur. C'est encore mieux qu'avant. Peut-être que je suis fait pour être transporteur après tout. Même si le côté risque et action me laisse le doute, j'espère que je ne tomberais jamais sur des fous. Surtout que j'ai délibérément choisi d'investir tout ce qu'il me restait dans cette voiture, alors si jamais j'étais confronté à une situation dangereuse, je devrais me débrouiller sans arme. Qui vivra verra... bon je suis arrivé, plus qu'à se garer sur le côté et escalader jusqu'en bas.

Alors voyons voir... à part l'épave de ma Renault on dirait qu'il ne reste plus rien. Ma pauvre voiture... enfin j'imagine que je n'avais pas le choix, la garder intact m'aurait sûrement causé des problèmes. Tiens c'est quoi là-bas dans le buisson.

Célestin dégagea un peu les feuilles avant d'apercevoir le cadavre de Marc. Celui ci était bel et bien mort, mais se situait un peu trop loin de l'explosion de la voiture, son corps était pratiquement intact.

Et merde... Si jamais quelqu'un le découvrait, il appellerait surement la police et une enquête serait ouverte... Je dois m'en débarrasser.

Sans perdre de temps, notre héros remonta en voiture et retourna chez lui afin de prendre une pelle et un seau.

Mais non pas de seau, je vais pas faire des pâtés de sable putain. La pelle suffira.

Une fois retourné sur les lieux de l'accident, célestin remarqua une petite bosse dans une poche du pantalon de la victime. Il s'agissait simplement de son portefeuille, qui contenait entre autres, sa carte d'identité et 90 euros en liquide. Ainsi qu'une carte bancaire, une carte d'accès à une salle de sport, et un petit papier sur lequel était écrit des informations...

Samedi matin, devant la maison, ne pas ouvrir le colis. Destination 47 Rue de la Paladine, 12h00.

Je vois... En fait c'est donc ça l’événement dont parlais Ange Larry. Et maintenant je comprend. Quand il me disait nouvelle vie, il ne pouvait pas être plus précis. A vu d'oeil, il devait avoir 15 ans sur sa photo d'identité... même si l'on ne ressemble pas énormément aujourd'hui, personne n'aurait le moindre de doute sur une photo datant de l'adolescence, j'ai pu changer de visage tout en restant familier. Alors c'est donc ça la nouvelle vie qui m'est destinée... Je vais bel et bien devenir transporteur. Et dorénavant, je m'appelle Marc Langlet. Même si au fond je me considérerais toujours sous ma vraie identité. Au moins, je peux tout recommencer à zéro. Bon je vais enterrer ce brave homme.

Après s'être attelé à la tâche, célestin retourna chez lui. Enfin, presque. Si maintenant il pouvait se balader en tant que Marc Langlet, et que tout ses papiers étaient en règle... il avait aussi une maison.
'''Mais bien sur... en plus va falloir que je me demmerde pour trouver où est-ce qu'il habite, puisque ma première mission débutera à la maison de ce type. Enfin... chez moi du coup. Bon la nuit va pas tarder à tomber, je vais rentrer chez moi pour cette fois et prendre le strict nécessaire. Je vais en profiter pour faire le plein aussi, ça m'évitera les mauvaises surprises samedi, heureusement qu'il avait de l'argent sur lui. Je chercherai sa maison demain. '' '

Si Célestin y voyait déjà plus clair sur sa situation, il restait un détail important à régler. Trouver sa nouvelle maison. Si il échouait, il passerait à côté de la mission, et tirerait un trait sur sa carrière de transporteur. Pire encore, on ne pouvait imaginer quel genre d'ennuis lui arriveraient si la mission n'était pas effectuée. Il était donc crucial de trouver l'emplacement de cette maison... Mais comment ? Il ne restait plus qu'un jour pour accomplir cette tâche.

J'ai une idée pour trouver son adresse, je m'en occuperai demain. Pour le moment, voyons ce que je vais emporter avec moi.

https://www.youtube.com/watch?v=06cvLKfShO0

Alors voyons voir... couteaux de cuisine, il a surement du matériel mais bon, c'est important pour cuisiner dignement, on est français où on ne l'est pas. Puis un couteau dissimulé entre mon siège et le levier de vitesses, ça pourrait servir. Mes papiers, mieux vaut ne pas les laisser traîner. J'ai une nouvelle identité, je vais laisser cet appartement comme ça, sans donner aucune nouvelle, à force de ne pas payer le loyer un huissier viendra et la procédure sera engagée. Personne ne pourra me retrouver, Célestin sera donc considéré comme disparu. Une bonne chose de faite. Je vais prendre mon briquet aussi, au cas ou j'aurai besoin de faire du feu. Mes vêtements, mon rechargeur... c'est tout je crois, c'est pas comme si j'avais grand chose d'important. A moins que... je me demande si je dois la prendre ou non...

Enfin de compte, c'est la seule chose qu'il me reste de mon enfance. Le seul vestige d'un instant de bonheur... C'est décidé, j'emporte mon épée à 349 euros avec moi.

Voila, j'ai fait le tour. C'est l'heure de dormir, ma dernière nuit dans ce petit taudis douillet. J'espère que Langlet a une demeure un peu plus décente.

Le lendemain matin...

Le temps passe si vite... Déjà l'heure de dire au revoir à mon chez moi. Mais il le faut. C'est la seule chose qui puisse me sauver. J'espère juste qu'on ne fera jamais le lien entre ma nouvelle vie et mon ancienne... A moins que... Oui, j'ai trouvé.

D'abord ma petite R5, ensuite mon petit logement... Ca me fend le coeur, mais je dois le faire.

Célestin roula à nouveau en direction de la falaise, au pied de laquelle il avait enterré le corps de Marc Langlet la veille. Il déterra le corps et le roula dans des draps, avant de le mettre dans le coffre de sa voiture. Il retourna alors chez lui et après plusieurs vérifications, ouvra le coffre. Le gaillard devait peser dans les 80kg, le transport fut difficile et particulièrement stressant, car le moindre regard extérieur aurait pu tourner au drame. Une fois rentré dans son immeuble, notre jeune héros déposa le corps dans son lit.

L'argent que tu m'as laissé pour faire le plein... Il y en avait un peu trop. Alors j'ai pris l'initiative de prendre un peu d'essence en plus, je te devais bien ça. Je te laisse mes papiers d'identité, tu les emporteras avec toi. Adieu mon ami.

Célestin dispersa l'essence aux quatre coins de son appartement, prenant soin d'asperger toutes matières facilement inflammables. Sauf sa petite biblothèque.

Je vais avoir besoin d'un petit laps de temps pour partir sans éveiller les soupçons...

Célestin plaça ses livres de sortes à ce que le feu se propage de bas en haut de sa bibliothèque. Il plaça des torchons humides au pied du meuble afin d'être sur que le feu n'entre pas directement en contact avec l'essence. Il fixa ensuite une petite cordelette en haut de la bibliothèque, qu'il relia au mur de l'autre côté de la pièce. Il attacha enfin quelques feuilles de papier le long de cette cordelette, qui s'enflammeraient instantanément avec cette dernière. Les papiers tomberont dans l'essence, déclenchant ainsi l'ultime requiem de son passé. Le briquet brilla de sa plus belle flamme, démarrant ainsi le processus orchestré par notre héros, qui ferma la porte à clé et remonta en voiture. Il alla se garer sur le parking situé à une centaine de mètres de là pour, quelques minutes plus tard, observer l'enfer s'accaparer des dernières traces de son existence.

- Adieu, Célestin.

Cette fois, c'était la fin. Célestin n'était plus. Les restes de corps calcinés dissimulés dans les cendres ne pourront amener qu'à une seule conclusion: Célestin était mort, brûlé dans son sommeil.

J'espère que les voisins auront le temps de s'enfuir avant que l'incendie ne se propage... Je n'aime pas l'idée de tuer des innocents, mais quand la situation l'exige, il faut savoir se salir les mains pour assurer sa réussite. C'est comme ça que je dois penser dans ma nouvelle vie. Après tout à quoi bon être bienveillant avec tout le monde, cela ne m'a attiré que des ennuis. Dorénavant, je ne serais bienveillant qu'avec ceux qui le méritent. Les autres, ils n'ont qu'à pas me faire chier, et tout ira bien.

Bon, il est temps de trouver ma nouvelle maison à présent. Je vais regarder au dos de sa carte d'identité, avec un peu de chance...14 rue des Bougnadaires célestes. Bien voyons voir ce qu'en dit google maps... C'est à l'autre bout de la France, de toute évidence il a déménagé entre temps, puisque le code postal sur la plaque d'immatriculation de sa voiture correspond bien à notre département. Je n'ai plus qu'une solution du coup, direction la salle.

Arrivé sur place, un trentenaire baraqué d'un mètre soixante-quinze environ vous accueillit avec le sourire

- Salut Marc, ça fait deux semaines que t'es pas venu, faut pas relâcher les efforts hein. 8 hours arms workout la prochaine fois que tu disparais comme ça. Mais dis-moi y'a un truc qui a changé chez toi non ? Laisse moi deviner t'es allé chez le coiffeur.

- Ahah oui oui c'est ça, j'y suis allé la semaine dernière.

- Bien. Alors que me vaut ton retour, tu te décides à reprendre l'entraînement ? Pour la séance bras c'est quand tu veux.

- Non désolé je n'ai pas le temps aujourd'hui, ce sera pour une prochaine fois. Là je viens juste car j'ai changé de numéro de téléphone, donc j'aimerai juste le modifier sur ma fiche.

- Très bien mon pote je te donne ça.

Tandis que Célestin prenait connaissance des informations présentes sur la fiche d'abonné, le gérant se préparait un énorme shaker. Tel un Gégé s'enfilant des Saint-Jacques, il ne pu résister à la tentation et se l'enfila d'une traite.

- And I can't...wait.

- Désolé pour l'anglais, de vieilles habitudes. Bon on a ton nouveau numéro c'est cool, et je préviens, si t'es pas revenu la semaine prochaine, je te ramène par la peau des ischios et tu feras du curl jusqu'à en gerber.

Un peu plus loin, un habitué écoutait la conversation et surenchérit:

- Jusqu'à en crevayyy !

- Vous en faîtes pas, je compte bien revenir m'entraîner pour de bon. Je vais avoir besoin d'être plus fort.

Célestin quitta la salle, l'adresse écrite sur la fiche bien en tête.

Alors, 43 rue Tarène, c'est parti. Ce nom me dit quelque chose d'ailleurs... bon peu importe, direction ma nouvelle maison.

Cette rue se situait à quelques minutes seulement du centre ville, dans un petit lotissement au charme bucolique, fait étonnant pour une grande ville de ce genre. Le 43 rue Tarène se profila enfin devant les yeux de notre héros. C'était une vieille bâtisse avec un cachet indéniable, même si cette atroce guirlande de lilas faisait tâche.

On dirait un peu la maison de mamie, du moins de ce que je m'en souvienne. C'est beau. Y'a même des transats pour bronzer dans le jardin, et la maison est plutôt grande... Y'a pas à dire ce type avait la belle vie. Belle bagnole, belle baraque, il devait surement avoir une grosse bite aussi... Bref, je vais fouiller un peu partout pour passer le temps.

Passer le temps... J'avais presque oublié, c'est demain que ma mission commence. D'après ce qui est écrit sur le petit papier, il y aura un colis à ma porte demain matin, pas d'heure par contre. J'aurai juste à faire le trajet et tout ira bien, inutile de s'inquiéter.

Célestin commença donc ses recherches. Il en apprit ainsi beaucoup sur la vie de l'ancien maître des lieux. Souvenirs de jeunesse, photos de famille, fiches de paie; Marc était cuisinier dans un restaurant 1 étoile encore récemment, sa démission ne datait que de deux mois. Ce qui signifiait chômage gratuit pour notre cher protagoniste. La vie était quand même bien faite. Concernant le présent, il n'y avait rien de particulier à noter. Pas de travail, pas de cercle social. Ses parents étaient tout deux décédés et il était également fils unique. Il semblerait que Langlet était complètement seul, lui aussi. A la différence que lui, ne devait pas en avoir l'habitude. Peut-être était-il en dépression ? Si ça se trouve, ce n'était pas un accident, mais un suicide. En tout cas, Célestin pouvait désormais dormir sur ses deux oreilles. Nouvelle identité, nouveau logement, et aucun problème en vue. La seule chose dont il avait à se préoccuper était le début de sa carrière de transporteur. La journée passa rapidement, à fouiller l'intégralité de la maison. Il y avait beaucoup de matériel de cuisine, ce qui n'était pas étonnant pour un ancien chef étoilé, et à votre plus grand plaisir. Vous trouviez également quelques billets cachés dans une pochette. Mais aucune trace d'arme cependant. Si la situation dégénérait, il n'y aurait qu'un couteau pour se défendre. Quoiqu'il en soit, il était l'heure d'aller se coucher. Demain annonçait le véritable début d'une nouvelle vie.

Samedi matin, 10h00

10h00 ????

Bordel de merde pas le temps de se préparer, les fringues et en route.

Célestin était angoissé. Peut-être que la simple hypothèse d'être en retard à sa première journée de "travail" mettait sa vie en danger, alors il n'y avait plus une seconde à perdre. A peine sorti du lit et aussitôt habillé, il ouvra la porte et ramassa une petite valise d'une légèreté surprenante, on aurait juré qu'il n'y avait rien dedans.

Y'a rien dedans ou quoi ? Ca me donne presque envie de l'ouvrir... Mais non je vais pas tout faire foirer, je suis pas con à ce point là quand même. Je vais la mettre dans le coffre

Bon je dois être là-bas pour midi pile, ça va. Je m'arrêterai faire une petite pause à mi-chemin, histoire de prendre un petit-dej..

Célestin roula sans excès de zèle, en respectant les limitations de vitesse. Il était inutile d'aller trop vite, être en avance ne servirait à rien. L'heure, c'est l'heure. Le transport est un travail de précision, et être en avance pourrait être aussi nocif qu'un retard pour le client. La première moitié du trajet se passa sans encombre, notre jeune héros prit donc le loisir de s'accorder un petit quart d'heure de pause à la première station-service venue.

Y'a pas à dire, les cappuccinos qu'on trouve en station service sont quand même pas mauvais. C'est cher, mais on se sent voyageur. En tout cas si c'est ça la vie de transporteur, je signe direct. J'ai juste à faire le taxi d'un point A à un point B. Alors pourquoi j'ai un mauvais pressentiment...

https://www.youtube.com/watch?v=EGxyGcZ5jsY

Célestin profita du temps de pause qu'il lui restait pour jeter à nouveau un oeil sur sa destination. Il lui fallait quitter l'autoroute dans une quarantaine de kilomètres et se diriger au cœur d'une zone campagnarde. C'était bien trop facile. Il reprit la route et roula encore une bonne demi-heure. Il était maintenant 11h20, et il ne se situait plus qu'à une vingtaine de minutes du point de livraison. Un détail attira cependant son attention.

Je rêve ou y'a une voiture noire qui me suit depuis que je suis reparti de la station ?

Notre jeune héros avait remarqué cette voiture lors de son départ de la station. La voir partir en même temps que lui était relativement suspect, mais pas assez pour s'en inquiéter d'avantage. Mais cela faisait une trentaine de minutes qu'il avait reprit son chemin, et cela ne semblait plus être le fruit du hasard.

Bon de toute façon je dois prendre la prochaine sortie d'autoroute, je verrai bien si elle me suit encore.

Célestin tourna donc et s'engagea sur des routes plus calmes. La voiture noire en fit de même. Cette fois, c'en était sur, il était suivi. Un sentiment d'inquiétude commença à s'immiscer dans son esprit.

Et si le colis était prisé par des gangsters ? Ou si il y avait un affrontement entre bandes rivales ? Ou peut-être est-ce juste un piège visant Marc Langlet pour je ne sais quelle raison ? Putain je commence à flipper là, pourvu que je n'ai pas de problème. En plus j'ai clairement surestimé le temps de livraison, il me reste à peine 10 minutes de trajet pour arriver là-bas et il n'est que 11h35. L'heure c'est l'heure, je dois respecter le contrat. Je vais tenter le tout pour le tout, on ne sait jamais. Je vais me garer sur le bas-côté pour m'arrêter pisser, j'espère que la voiture derrière continuera son chemin.

Mais il en fut autrement. A peine Célestin se mit à ralentir pour se déporter sur la droite, que la personne qui le suivait en fit de même. Célestin descendit de son véhicule et pissa dans le fossé comme si de rien était, avant de remonter. Il s'apprêtait à repartir lorsque l'autre conducteur descendit à son tour de son véhicule et se mit en marche vers sa direction.

Bon Célestin, reste calme. C'est peut-être une simple coïncidence. Il n'a pas l'air armé, c'est déjà un bon début.

- Je peux vous aider ?

- Peut-être oui. Je vais aller droit au but, c'est ce qu'il y a dans votre coffre qui m'intéresse.
- Comment ça ? Je ne vois pas de quoi vous parlez.
- Bien sur que si vous le savez. Vous transportez une valise qui ne vous appartient pas à ce que je sache. Ouvrez votre coffre et discutons si vous le voulez bien.
- Je regrette Monsieur, mais je ne vois absolument pas de quoi vous parlez.
- Me prend pas pour un con gamin. Donne moi cette putain de valise, ou je te flingue.

Une situation regrettable venait de heurter notre jeune héros. L'apprenti transporteur fut confronté à la dure réalité de son métier et de ses nombreux risques. Il lui fallait réagir, sans quoi seule la mort l'attendrait.

1) Obéir à l'homme et ouvrir le coffre. Il faut dire que l'arme qu'il pointait sur vous était un argument particulièrement persuasif.

2) Il faut fuir, le plus vite possible, quitte à échouer votre première mission. Votre survie était prioritaire, vous ne vouliez prendre aucun risque. Enfin si vous démarriez assez vite pour qu'il n'ait pas le temps de vous tirer dessus.

3) Vous repensiez au couteau que vous aviez glissé à droite de votre siège. Tuer ou être tué... mais vous n'auriez pas droit à l'erreur.

https://www.youtube.com/watch?time_continue=168&v=icL2UXlFlHk

L'homme tenait toujours son arme braquée sur votre tête. Il vous fallait réagir, vite. Tout vos neurones étaient en ébullition, cherchant désespéramment la solution miracle pour résoudre le problème auquel vous étiez confronté.

- Bon c'est pour aujourd'hui ou pour demain ? T'as 3 secondes pour réagir.

Soit je donne la valise et j'échoue ma mission...

- UN !

Soit je prend le risque de fuir, mais je peux y passer...

- DEUX !

- Ok, ok ! Je vais ouvrir le coffre. Le temps d'enlever la clé et d'enlever ma ceinture...

- Bien. Tu as f

Sans même lui laisser le temps de finir sa phrase, Célestin s'empara du couteau qu'il avait posé juste à côté de son siège d'une main, et attrapa le poignet de l'homme avec l'autre en lui bloquant la main au plafond. Ce dernier tira, brisant la fenêtre de la porte côté passager. D'un geste adroit et vif, le jeune conducteur planta son couteau dans l'avant-bras de son persécuteur qui poussa un cri de douleur et lâcha instantanément son arme. Il ouvrit alors violemment sa porte, projetant suffisamment son ennemi pour avoir le temps de s'emparer du pistolet et, sans même réfléchir, lui tira une balle dans le crâne. La cible fut neutralisée et tomba raide morte sur le côté de la route.

Bon... je fais quoi maintenant ? J'ai pas le temps d'enterrer le corps, je serai en retard. Putain mais qu'est-ce qu'il y a dans cette valise pour qu'un inconnu veuille me tuer ? Bordel j'aurai jamais pensé réussir un truc comme ça, j'ai bien géré...

Pas de temps à perdre, il n'y a aucune preuve ici de toute façon, je vais garder le flingue avec moi, ça peut toujours servir. Je vais laisser le cadavre ici à côté de sa voiture, de toute façon y'a aucune raison pour qu'on remonte jusqu'à moi. C'est pas le tout mais j'ai perdu quelques minutes, il est temps de reprendre la route et de finir ma livraison. J'espère que mon client ne se posera pas trop de questions à la vue de ma fenêtre cassée.

Célestin reprit la route, sans trop se soucier de ce qui venait de se produire. Il venait de faire preuve d'un sang-froid exemplaire, et cela ne lui échappa point, à tel point que sa confiance s'en renforça solidement. Il savait maintenant qu'il était capable de réagir face à une situation critique, et que si cela devait arriver, il tuerait par sang-froid sans la moindre hésitation. Ce n'était pas un sentiment de plaisir, mais plutôt celui d'un acte accompli, la satisfaction d'avoir pris les mesures qui s'imposent dans le seul et unique but de réussir sa mission. Cette sensation, il ne l'avait pas connu, ou du moins de manière insignifiante: c'était de la fierté. Pour la première fois de son existence, Célestin était fier de lui. Il n'en fut que plus déterminé dans la poursuite de sa carrière.

Alors, je tourne ici et... ça y'est, 47 rue de la Paladine, c'est ici. Pile à l'heure.

Garé à côté du portail principal, notre jeune héros observait les lieux avec une certaine fascination. Si c'était là la demeure de quelqu'un qui devait faire appel à un transporteur, et par conséquent de quelqu'un lié à des affaires illégales d'une manière ou d'une autre, il fallait avouer qu'une aura apaisante se dégageait de la propriété. C'était une splendide maison d'architecte de deux étages, sublimée par la quiétude d'un jardin d'inspiration japonaise. 12h00. Un homme à l'allure soignée bien qu'exposant un crâne dégarni ouvra la porte et marcha en votre direction d'un pas franc et assuré.

- Vous êtes à l'heure, bravo. Je vois que votre fenêtre a eu quelques petits problèmes.

- Disons qu'un individu s'intéressait beaucoup au contenu de votre valise. Il n'est plus un problème à présent.

- Je vois, beau boulot mon vieux. Tu es jeune, t'as quoi, 20 ans ? C'est rare de voir des gens de ton âge dans ce genre de boulot.

- Il faut bien un début à tout.

- Tu as raison mon petit. Tu sais j'avais commencé ma carrière comme toi, au volant d'une voiture à livrer des colis pour des mafieux plus ou moins réglos. C'était le bon vieux temps. Belle voiture d'ailleurs.

- Merci.

- Hey, relax. Tiens je vais te montrer un truc. Je suis sur que tu crèves d'envie de savoir ce qu'il y a dans cette valise que tu transportes. Si t'as pas déjà regardé bien sur.

- Le contrat indiquait: ne pas ouvrir le colis. Le contrat c'est le contrat, je n'y ai pas touché.

- Ahh ah ah, tu me plais bien toi.

L'homme alla prendre la valise dans le coffre de votre voiture, et revint devant vous en vous montrant le contenu de la valise.

- Mais...

- Et oui, y'a rien dedans.

- Mais ça servait à rien alors ?

- Bien sur que si. Vois-tu mon garçon, l'homme qui te suivais était ma cible. La valise n'était qu'un prétexte, je voulais qu'il vienne directement à moi sans se douter de quoi que ce soit. Pour te résumer l'histoire, ce type a violé et tué la femme d'un de mes clients. Le problème, c'est qu'il s'est surement renseigné et aurait pu me reconnaître. Alors j'ai embauché un transporteur qui devait apporter une preuve laissée sur la scène de crime, et j'ai laissé "fuiter" l'information au dernier moment. Ce n'était que du bluff, mais ça l'a suffisamment inquiété pour qu'il tombe dans mon piège.

- En gros vous êtes en train de me dire que vous avez failli me faire tuer juste pour que ce type vienne à vous.

- C'est ça. Enfin pas tout à fait car pour être honnête, je pensais qu'un jeune transporteur, nouveau dans le métier, aurait pris la décision de ne surtout pas s'arrêter et d'arriver au point de livraison coûte que coûte, peu importe ce qui se passe autour de lui. Si ça peut te rassurer, j'attendais avec un sniper à l'étage, mais quand je t'ai vu arriver tout seul je suis descendu. Je n'aurai jamais pensé qu'un novice se mette au meurtre directement

- Bah c'était lui ou moi, donc le choix était vite fait.

- Tu m'as impressionné. J'avais utilisé un intermédiaire pour t'embaucher sans même te connaître, à la base tu n'étais qu'un pion pour attirer ma cible. Mais je sens qu'on pourrait travailler tout les deux, je suis sur que tu pourrais devenir excellent dans ce domaine.

- Ce domaine, comment ça ?

- L'assassinat.

- Euh... j'ai tué ce type parce que je n'avais pas d'autre solution, mais je ne sais pas si j'en ferai une vocation non plus.

- Tu sais si je te dis ça, c'est parce que moi aussi j'ai été transporteur comme toi. Mais on se lasse vite, et surtout, on peut vite se retrouver face à des situations qu'on ne contrôle pas. J'ai fait de mon mieux pour gravir les échelons dans l'organisme pour lequel je travaillais et je suis devenu flingueur. Tueur à gage si tu préfères.

- C'est intéressant mais j'ai un peu de mal à... enfin pas vous croire mais à vous cerner. On se connait depuis à peine 5 minutes, je sais même pas comment vous vous appelez, et vous me balancez que vous êtes tueur à gage, enfin c'est pas courant comme conversation quoi. C'est pas un peu risqué comme révélation à un inconnu ?

- Pas vraiment. Tout dépend de toi. Mais je sais que tu es de la même espèce que moi. Ça saute aux yeux.

- Comment ça de la même espèce ?

- Ce n'est pas une science exacte, juste un ressenti, une intuition. Un 6ème sens si tu veux. Tu es seul, tu as eu la vie dure, alors tu t'engages dans ce genre de métier pour donner un sens à ta vie et passer le temps de la façon qui te semble être la plus intéressante. Tu n'as que 20 ans et c'était ta première course, pourtant tu n'as pas hésité à tuer pour assurer ton succès. Comme si une petite voix dans ta tête te disait "choisis la 3, tue-le !"

- Comment vo...

- Je te l'ai dit, je le ressens c'est tout. Les gens de notre espèce sont rares. La plupart du temps, il restent enfermés dans leur bulle et s'isolent car ils n'arrivent pas à affronter leurs blessures. D'autres se suicident. Et il reste une infime partie qui décide d'agir et de changer les choses. Ces gens-là ont un potentiel extraordinaire. Et si ils arrivent à l'exploiter comme il faut, ils deviennent les meilleurs dans leurs domaines respectifs. J'étais comme toi à ton âge, même si j'ai commencé un peu plus tard. Mais l'ascension est longue et difficile, j'aurai pu économiser beaucoup de temps avec l'aide de quelqu'un. C'est aussi pour ça que je te révèle tout ça. Tu m'inspires confiance. Quand je te regarde, j'ai l'impression de revoir ce que j'étais il y a 20 ans. Bien sur, tu n'es pas obligé de me croire. Je sais très bien à quel point il est difficile de faire confiance aux autres quand personne ne nous à jamais fait confiance.

- ...

- Moi c'est Franck. Et toi ?

1) Vous vous appelez Marc Langlet.
2) Pourquoi ne pas lui faire confiance ? Il vous a bien confié son véritable métier, et semble être d'une honnêteté admirable avec vous. Vous vous appelez Célestin.
3) Vous ne répondez pas et vous vous barrez. Trop risqué de faire confiance à un client, mieux vaut faire cavalier seul, quitte à passer à côté d'une opportunité unique.

- Marc. Marc Langlet.

- Enchanté mon pote. Je te sers un verre ?

- Pourquoi pas.

- Bien, j'espère que t'aimes le whisky, parce que j'ai que ça. Mais je voudrais éclaircir un point. T'as fait quoi du corps de celui qui te suivait ?

- Il pointait son flingue sur moi donc j'ai fait comme si j'obéissais, il a relâché un peu son attention et en enlevant ma ceinture j'ai pris le couteau que j'avais planqué à côté, je lui ai planté dans le bras et il a lâché son flingue. Du coup je lui ai tiré une balle dans le crâne, voila en gros comment ça c'est passé.

- Intéressant, j'aurai aimé voir ça. T'as du cran gamin. Et t'as fait quoi du corps ?

- Je l'ai laissé sur la route.

- J'espère pour toi que t'as pas laissé de trace. Enfin c'est ce que je dirais en temps normal. Là j'ai besoin du corps pour avoir la preuve de son décès, je me chargerai de tout ça. Tu m'emmènes sur les lieux de "l'accident" ? On prendra un verre plus tard.

Célestin accepta sa requête. Il ne savait pas trop quoi penser de cet homme qu'il venait de rencontrer. Peut-être était-ce là le début d'une amitié ? Peut-être que Franck ferait un excellent mentor après tout ? Si Ange Larry était à l'origine de cette rencontre, peut-être était-ce son dernier coup de pouce pour vous aider dans le début de votre nouvelle vie ? Pourquoi toutes ces questions ? Pourquoi le ciel était-il bleu ? Pourquoi vous aviez besoin de dormir ? Et si c'est le feu du soleil qui a nourri le blé qui nous nourrit, pourquoi le soleil ne nous nourrit-il pas ?

Tant de questions vous taraudaient l'esprit, jusqu'à ce que vous arriviez à destination.

- Ah ouai, tu l'as pas loupé celui-là.

- Faut croire que j'ai du potentiel.

- Faut croire. D'ailleurs, j'aimerai bien te voir à l'oeuvre. J'aurai une petite mission à te confier, rien de bien dangereux avec une bonne préparation, et puis je serais là pour t'aider. Pour tout te dire, c'est juste une livraison, un peu plus difficile que celle que tu viens de faire. Ça te branche ?

- Je marche. C'est quoi le plan ?

- Je t'expliquerai ça tout à l'heure, avant de commencer on va passer chez mon garagiste, histoire de changer la vitre pétée et d'ajouter un petit supplément à ta caisse.

- Quel genre de supplément ?

- Le genre de supplément qui te permet de changer de voiture sans en changer, si tu vois ou je veux en venir. Bon passe le volant, je vais t'emmener chez le meilleur mécano du coin. Au moins tu peux compter sur lui, il peut tout arranger au black. On va installer un support pour changer ta plaque d'immatriculation en conduisant, ça fait très james bond mais crois-moi c'est souvent utile dans ce métier

Franck vous emmenait donc chez son garagiste "d'affaires". A ce moment, vous vous sentiez... bien. Il n'était pas facile de poser des mots sur un état d'esprit que vous ne connaissiez pas jusqu'à présent. Et tout autre mot se trouverait être superflu tant la simplicité de ce moment vous paraissait fabuleuse. Un instant comme vous n'en aviez jamais vécu. Même si vous le connaissiez à peine, cet homme vous inspirait de la confiance. Vous vous imaginiez déjà comme le fils qu'il n'avait jamais eu, et lui le père que vous n'aviez jamais eu. Cette situation était réconfortante. Jamais personne ne s'était occupé de vous, et lui semblait incarner cette personne dont vous aviez tant besoin. Mais ces rêves de bonheur et de simplicité s’effondrèrent à l'instant ou vous vous rendiez compte de l'endroit ou vous veniez d'arriver. Son garagiste. Votre garagiste.

- Tiens mais c'est ce bon vieux Franck, qu'est-ce qui t'amène là ? Oh mais t'es pas tout seul à ce que je vois, c'est pas commun, fais voir avec qui tu te promènes. Mais c'est Célestin ! Putain de merde, si un jour on m'avait dit qu'un duo comme ça viendrait chez moi, je l'aurai pas cru. Comment vous vous êtes connus tout les deux ?

- ...
- ...
- ...
- ...
- ..?

- Tu m'expliques Marc ? Ou Célestin ? Enfin c'est quoi ce bordel ?

- Euh je.. euh...hum hum

- Parle.

- C'est compliqué...

- Vous m'expliquez ?

- J'attend que ça moi aussi. J'aime pas vraiment l'idée qu'un type avec qui je traine soit un traitre ou quelqu'un qui veut me descendre en douce.

- Jamais je ferai ça Franck... Désolé si je t'ai menti sur mon nom. Mais c'est pas un vrai mensonge. Je vais pas raconter toute l'histoire maintenant ce serait trop long, mais pour résumer j'ai pris l'identité d'un type qui me ressemblait. Il a eu un accident y'a pas longtemps et maintenant j'ai pris sa vie, en détruisant la mienne. Tout ce qui existait sur Célestin a disparu, et tout ce qui existait sur Marc n'a pas changé.

- Ca me paraît un peu louche quand même ton excuse.

- Je peux t'emmener faire un tour si tu veux des preuves. Mon logement brûlé, l'endroit ou il y a eu l'accident, l'endroit ou j'ai enterré son cadavre. Mais tu peux me faire confiance, je te le promet

- C'est bon, je te crois. Mais tu me raconteras l'histoire un de ces 4 ok ? Et je ne veux plus jamais de mensonge. Tu comprendras que pour faire confiance à quelqu'un, la vérité a son importance, surtout pour quelqu'un comme moi.

- Oui, encore désolé.

- Maintenant, tu te doutes que je rechignes un peu plus à te faire vraiment confiance. Alors je vais te proposer un truc. T'es pas obligé d'accepter bien sur. Mais si c'est le cas, alors tu ne me reverras pas. Si je dois te faire confiance, j'ai besoin de savoir que tu es quelqu'un de confiance. Et que je puisse compter sur toi même dans des situations plus difficiles. T'es encore débutant donc je vais pas te demander la lune, mais c'est simple. Tu vas faire la mission dont je t'ai parlé tout à l'heure... mais solo. Je vais juste te donner les instructions, et tu devras te débrouiller pour accomplir ta tâche. T'en penses quoi ?

- Ça me va. Je me suis engagé pour ce genre de missions de toute façon. Autant commencer maintenant.

- Bien. Prolobélix, tu lui installes la plaque tournante ok ? Et retapes sa vitre aussi, c'est moi qui paye.

- Ça marche, tant qu'on me paye moi tu sais bien.

- Célestin, je te fais confiance. Si tu réussis ta mission, on repart à 0 et on oublie tout. Si tu échoues, on ne se connait plus, j'espère que tu me comprends.

- Oui, je vais faire de mon mieux.

- C'est ce que je voulais entendre. Je t'ai écris les instructions sur ce papier, prend le. Ah j'oubliais, voila l'argent de ta course de ce matin. Moi je rentre chez moi. Quand Prolobélix aura terminé, tu rentreras chez toi et tu t'organiseras pour la livraison de demain. Je compte sur toi.

Franck sortit de la voiture et disparu rapidement, vous laissant seul et pensif. Une fois les réparations terminées, vous décidiez de rentrer à la maison et d'établir un plan d'action. Sur le papier étaient écrits ces mots :

Demain, place Ruquier, 15h00. Se garer devant la maison au toit rouge, être prêt à partir. Une personne. Poursuite probable.

C'est tout ? Mais comment je suis censé m'organiser moi ?

C'était là une question particulièrement pointue. Qu'entendait Franck par "préparation" ? Que deviez-vous faire ? Il vous avait donné 500 euros pour votre première mission, et vous ne saviez même pas quoi en faire. Les garder pour vous et vous faire plaisir ? Les réinvestir pour votre mission de demain ? Mais comment ? Il vous fallait réfléchir, et vite. Ou alors, vous pouviez toujours décider de ne pas vous en soucier et suivre le proverbe "advienne que pourra".

1) Utiliser l'intégralité de l'argent pour la préparation de votre course. Vous ne savez pas encore, mais vous trouverez bien comment.

2) Vous faire plaisir un max. Vous en avez marre d'être puceau, vous irez vous taper une escort toute la soirée.

3) Vous faire plaisir, d'une autre manière. Vous êtes objectivement dégueulasse, une tenue élégante ne vous ferait pas de mal.

4) Rien, et attendre que le temps passe. Qui sait ce qui pourrait se passer. En plus vous ne savez pas quoi faire de votre pognon, vous le garderez pour plus tard.

- Et voilà Célestin, la plaque tournante est prête. T'auras juste à déclipser des deux côtés, y'a des petits boutons faut juste faire une pression en même temps. Ou sinon, je peux t'ajouter la version électrique, t'auras juste à appuyer sur un bouton et ça changera de plaque tout seul. Si t'as l'argent bien sur, Franck n'a payé que pour la version basique. Ça te coûtera 200 euros, je te le fais en 20 minutes, alors ?

Bon, de toute façon, j'ai eu de l'argent et je sais pas quoi en faire, autant l'utiliser pour me préparer du mieux que je peux.

- C'est d'accord

Le garagiste se mit au travail de suite. Dans le même temps, vous vous interrogiez sur votre futur. Et qu'entendait Franck par "préparation" ? Et si vous deviez tuer quelqu'un ? Si vous faisiez votre carrière dans le transport, ou même le meurtre programmé, il est évident qu'il vous faudra des armes.

- Vu qu'on sait dans quoi on trempe... je peux te poser une question ?

- Bien sur

- Tu sais ou je pourrai me trouver des armes ?

- Evidemment. En fait, tu peux même y faire un tour, c'est la boulangerie à 50m.

- Une boulangerie ? Mais c'est quoi le rapport ?

- Aucun. C'est bien pour ça qu'à moins d'avoir des contacts, personne n'aurait la moindre idée d'aller fouiller là-bas. Bon t'attends pas à un musée d'armement, mais y'a tout le nécessaire. Comme tu es avec Franck je peux te faire confiance, mais tu imagines bien que ça doit rester un secret. Pas question d'en parler à qui que ce soit.

- Merci du renseignement. Je prend mon sac dans la voiture et je vais y jeter un coup d'oeil pendant que tu termines.

- Oh j'oubliais, fut que tu saches quoi dire, sinon tu te contenteras du pain. Dis leur que tu viens chercher les chocolats de Prolobélix, ça suffira. Et amène moi un croissant, ce sera pour l'info.

Vous vous rendiez ainsi sur les lieux en une petite minute. C'était une simple boulangerie sans la moindre extravagance, quelques clients faisaient la queue pour acheter leur pain quotidien et quelques viennoiseries. Puis vint votre tour.

- Bonjour Monsieur, vous désirez ?

- Bonjour, je viens chercher les chocolats de Prolobélix.

- Oh très bien, on vient de les finir il n'y a plus qu'à les emballer, suivez moi. Tiffany, tu me remplaces à la caisse.

- D'accord patron !

Elle est mignonne...

Le propriétaire des lieux vous emmena dans son atelier de confection. Une cuisine de boulanger, mêlant la modernité des confections de pâtisseries sophistiquées au charme rustique d'un four à bois ancestral.

- Belle boutique, ça a du charme en tout cas. Le four à l'ancienne ça doit faire venir les clients.

- Tu as raison mon petit, c'est un argument solide pour la réputation de notre boulangerie, c'est d'ailleurs ce qui en fait son originalité et sa popularité. Les gens sont toujours admiratifs de notre pain cuit au feu de bois. Mais comme tu viens de la part de prolobélix, je peux te dire que ce four à une autre utilité.

Le boulanger ouvrit la porte de la réserve à bois. Zigzaguant entre les piles de buches et de branches, il finit par déplacer une palette de petit bois et ouvrit une trappe qui se situait en dessous, vous invitant à le rejoindre. En dessous, se trouvait une petite cave complètement coupée du reste du monde, dans laquelle se trouvait quelques étagères et caisses remplies d'armes en tout genre, allant des munitions de petit calibre aux balles blindées pour sniper, en passant par différents types de grenades et autres accessoires.

- On est arrivé. Alors, de quoi à tu besoin ?

- Pour être franc, il ne me reste que 300 euros, je peux avoir quoi pour ce prix-là ? Avec les munitions bien sur

- Forcément ça limite le choix. Je peux te proposer un petit pistolet tout simple, rien d'extravagant, calibre 9mm. Suffisant pour neutraliser quelqu'un, en visant bien après tout une balle peut suffire. Mais ne compte pas jouer les rambos avec ça. C'est une arme de débutant, qui peut néanmoins se trouver très pratique dans certaines situations. Je peux te proposer ce petit Glock là, avec un chargeur de 10 balles pour 250, j'attend d'être livré pour avoir plus de munitions. Ou bien j'ai celui-là aussi, avec un chargeur 19 cartouches, et avec une petite boite de 50 balles pour pile 300. J'ai aussi des grenades comme tu l'as vu, classique à 50 euros l'unité, bombe collante à 150, j'ai même des explosifs à distance plus ou moins longue selon le prix que tu peux mettre. Qu'est-ce que tu désires ?

- Je vais prendre le petit Glock à 250, avec les 10 cartouches dans le chargeur. Et une grenade simple.

- C'est parfait, ça fera donc 300 euros.

- Tenez.

Les deux hommes effectuèrent la transaction, célestin glissa ses nouveaux jouets dans son sac de sport.

Sport... ça me fait penser au gars de l'autre jour qui a dit qu'il viendrait me botter le cul si je revenais pas m'entrainer la semaine prochaine. On est samedi, demain j'ai ma mission, faudrait que j'y pense après. Après tout ç ne me ferait pas de mal de go muscu

- Oh j'allais oublier, je peux vous prendre un croissant ? C'est pour le garagiste

- Aller, cadeau de la maison, bonne journée jeune homme

Vous retourniez chercher votre voiture, à côté de laquelle se tenait fièrement votre garagiste préféré.

- Ah mais je vois que tu m'as ramené un croissant, brave petit. Que serait une pause café sans croissant.

- Du coup j'ai eu tout ce que je voulais, c'est génial. Au fait comment ça marche du coup la plaque tournante ?

- Bah c'est très simple, on a installé un système électronique relié au support de ta plaque. T'auras juste à appuyer sur le petit bouton noir discret à côté de l'allume cigare, et l'autre plaque prendra la relève. La première plaque c'est cadeau, compris dans le tarif. Mais je te conseillerai d'élargir ta collection, et d'en changer régulièrement, il faut prendre ses précautions. Bien sur dès que tu es en honnête citoyen, tu gardes ta plaque attitrée. Ais toujours la bonne plaque d'immatriculation associée aux papiers de ton véhicule, sinon tu auras des problèmes en cas de contrôler. L'autre plaque, c'est le joker à changer le plus souvent possible. Compris mon pote ?

- J'ai compris oui, merci pour tout. Bonne journée chef

Après vous avoir salué, l'homme retourna s'asseoir pour finir son café. Quant à vous, il était temps de rentrer à la maison et de planifier un peu votre prochaine excursion.

Bon voyons voir, je ferai mieux de relire le papier de Franck.

Demain, place Ruquier, 15h00. Se garer devant la maison au toit rouge, être prêt à partir. Une personne. Poursuite probable.

Alors place Ruquier... je vois, c'est dans le centre-ville. Poursuite probable... pas de destination finale. Ça me paraît assez clair, le type va prendre quelque chose à quelqu'un, et cela ne va pas plaire à ce quelqu'un. J'ai regardé en street view et la maison au toit rouge est une maison toute simple d'un particulier, j'imagine que cela exclu la police, d'ailleurs ça m'aurait étonné que Franck me donne du fil à retordre avec la police, d'autant plus que je débute... Donc il va falloir que je sème le type qui nous suivra coûte que coûte. Au pire si les choses dégénèrent, j'ai mon flingue et ma grenade. Reste à décider de la meilleure façon de s'échapper demain. Le transport est un travail de précision.

1) Dès que le client sera dans votre voiture, vous foncerez et vous tenterez de le semer à travers la circulation.

2) Ou alors, vous chercherez plutôt à sortir de la ville et irez dans les falaises. Comme ça si vous ne l'avez pas semé d'ici-là, vous pourrez le tuer avant que cela ne devienne un problème trop grave.

3) Vous n'avez pas envie de vous faire chier. Dès que l'homme sera dans votre voiture, vous attendrez de voir son poursuivant monter dans la sienne. Et à cet instant, vous lui balancerez à votre grenade à la gueule. Boum, plus de voiture, plus de poursuivant, plus de problèmes. Ça semble être facile.

C'est décidé, j'essaierai de semer nos poursuivants en allant vers les falaises en dehors de la ville. Si jamais je n'y arrive pas, je pourrai toujours régler le problème à l'abri des regards indiscrets.

Le lendemain, 14h30

Bon, c'est l'heure. En route ! Je vais mettre un peu de musique, j'espère que ça ne dérangera pas le client. J'ai toujours aimé conduire avec de la musique en fond, c'est bon pour le sang-froid apparemment.

https://www.youtube.com/watch?v=lDGQoGQmvdQ

Oh j'allais oublier, la plaque, ce serait bien que je vérifie quand même. Le numéro de cette voiture commence par FS, et si j'appuie sur le petit bouton à côté de l'allume-cigare... allons voir dehors... ZX - 057 - DT

Aya, ça fait 23 points au Scrabble, cimer Prolobelix

Putain je pense déjà comme un vieux, j'ai passé trop de temps chez mamie quand j'étais petit. Bon cette fois on y va.

Vous arriviez sur les lieux, 14h55. La place était pratiquement déserte, à peine trois pelés et un tondu qui se promenaient le long des petits commerces. Il faut dire que la place Ruquier était loin d'être un lieu touristique, son activité financière se résumant principalement aux poivrots qui y faisaient leur tournée quotidienne des bars. De l'autre côté de la rue se trouvait la maison au toit rouge, et par chance, une place libre se trouvait juste devant. Vous vous gariez et, à 15h00...

- Ah vous êtes là, parfait, démarrez vite !

Sans même réfléchir, vous démarriez sous ses ordres. De toute façon, c'était bien là votre mission : escorter votre client loin de tout danger. L'homme, qui tenait simplement un petit sac, vous interpellait de par son physique. C'était un colosse de deux mètres de haut bien bâti, vêtu d'un simple jean, d'un t-shirt et d'une veste en cuir noire. Au même moment, vous aperceviez dans votre rétroviseur un homme sortir en trombe de la maison, probablement la "victime". Un petit homme d'à peine un mètre soixante aux cheveux gras. AH ! s'écria-t-il en sentant la colère lui donner une envie de vengeance.

- J'VAIS T'FAIRE COURIR MOI ROUQUIN ! PD !!

Le petit homme monta immédiatement dans sa voiture, une berline allemande qui pouvait aisément faire concurrence à votre chère Audi. C'était à se demander comment un homme si négligé avait les moyens de s'offrir ce genre de voiture, il devait avoir gagné cette somme plus ou moins légalement.

- Surtout ne pensez pas que je suis du genre à me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais pourquoi est-il aussi en colère ?

- Je lui ai pris quelque chose de compromettant.

- Du genre ?

- Du genre à expliquer les raisons de sa fortune. J'ignore si vous le connaissez ou non, mais cet homme est assez connu pour avoir remporter une immense somme d'argent d'un jeu télévisé.

- Je ne regarde pas vraiment la télé. Mais ou est le problème avec ce type dans ce cas ?

- Voyez-vous, la raison de sa fortune est toute autre. Sa victoire au jeu n'est qu'une façade derrière laquelle il se protège pour expliquer sa fortune. En réalité, cet homme est passé maître dans l'art du trafic d'être humains, principalement d'enfants. Evidemment il en profite également pour assouvir ses dessins les plus noirs.

- C'est dégueulasse. Mais sans vouloir vous vexer, pourquoi fuir ? Avec votre carrure, vous n'auriez aucun mal à le neutraliser.

- On m'engage pour voler, pas pour tuer. De cette manière j'ai la protection de la police et de la justice. Même si je travaille pour un organisme privé.

- Je vois.

Les deux hommes continuèrent leur conversation pendant un long moment, Célestin en avait presque oublié son but initial. Fuir celui qui le poursuivait. Ce dernier était toujours à vos trousses et ne vous lâchait pas d'un mètre, il vous fallait absolument réagir.

Bon, plan B... on va aller vers les falaises...

- Même si ce n'est pas dans vos habitudes, vous avez déjà tué quelqu'un lors d'une mission ?

- A vrai dire oui, plusieurs personnes même. Ça ne me gêne pas de te le dire, si mon patron t'as engagé, c'est que toi aussi tu trempes dans ce domaine.

- Et qu'est-ce que vous faîtes quand vous tuez quelqu'un ? Vous laissez le corps sur place comme si de rien était, vous faites passer ça pour un accident, vous le signalez au patron ?

- Ca dépend du contexte. Les cas ou je dois tuer sont rares, alors quand c'est le cas, je peux faire passer ça comme légitime défense en général. Mais si vous me posez la question, j'imagine que vous n'allez pas vers les falaises par hasard. Ne vous en faites pas, je ne dirai rien. Tout ce qui m'importe, c'est que vous me débarrassiez de lui. Comme il est médiatisé, ce serait plus problématique pour moi de le tuer alors si vous voulez qu'on s'en débarrasse, il faudra le faire disparaître.

Les deux voitures se dirigèrent donc vers la zone montagneuse, approchant de la fin du périple. Nostalgique, Célestin se remémora la scène d'il y a quelques jours. Après tout, pourquoi pas le faire disparaître ici. Il rejoindra votre vieille R5, un peu de compagnie ne lui fera pas de mal.

- Et voilà, terminus tout le monde descend.

- Cette fois je te tiens mon salaud, tu vas me rendre mes clés usb sinon je vais te faire ta fête.

- Ne bougez pas.

- T'es qui toi ? J'ai pas de temps à perdre avec un gamin de ton genre, fous moi le camp ou je t'éliminerai si tu me gènes.

L'homme sorti un couteau de sa poche, voilant à peine la haine qui émanait de son visage. Vous sortiez votre nouveau jouet de votre poche.

- Désolé, mais c'est moi qui ait la plus grosse aujourd'hui.

- Je... Ne tirez pas je vous en prie. Comprenez moi, si mon business est révélé au grand public, c'est toute ma vie qui est foutue en l'air. S'il vous plait... Si ça arrive, je vais devoir me suicider, je n'aurai pas le choix, pitié faites un effort !

- On va gagner du temps alors.

PAN

D'une balle entre les deux yeux, Célestin terrassa son ennemi en une fraction de seconde. Comme si tuer était inscrit dans ses gênes. Comme si, du haut des 20 ans, il avait déjà accumulé une expérience suffisante pour tuer de sang-froid en toutes circonstances. L'homme tomba net, et il ne restait plus qu'à se débarrasser du corps et du véhicule. Comme une impression de déjà vu, notre héros installa l'homme au volant de sa voiture, et après quelques manœuvres, le poussa du haut de la falaise, donnant ainsi un peu de compagnie à sa veille compagne motorisée.

- Beau boulot. Même si j'aurai préféré voir ce type aller en prison, le monde est un peu plus sur maintenant. J'ai été ravi de travailler avec vous. Si l'occasion se présente, je serai ravi de faire appel à vos services. Moi c'est Borniole, et vous ?

- Marc. Ravi d'avoir fait votre connaissance.

- Inutile de me ramener, je vais appeler un taxi au bout de la route. A plus Marc

- Au revoir Borniole

Quel nom de merde...

Sans que vous ne vous en soyez rendu compte, cette petite expédition avait duré plus longtemps que prévu. Vous décidiez de rentrer à la maison. Votre mission étant terminée, vous attendiez d'être en dehors du champ de vision de borniole pour changer de plaque d'immatriculation. Même si il a l'air fiable, mieux vaut garder ses distances et ses secrets. Comme le disait si bien Ange Larry :

- Toujours avoir deux tours d'avance

Quoiqu'il en soit, à peine étiez-vous rentré chez vous...

Drrrrrrring

- J'ai vu que t'as réussi ta mission, bien joué mon pote. Passe chez moi tout à l'heure, faut qu'on discute.

- D'accord Frank, je range mes affaires et j'arrive.

- Super, à tout à l'heure

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Quelques jours auparavant...

- Monsieur Langlet, suivez-moi. Et pas d'histoires.

- ...

Dans quoi je me suis fourré...

- Vous savez pourquoi vous êtes ici, n'est-ce pas ?

- ...

Pourquoi j'ai fait ça...

- Vous savez, je suis quelqu'un de magnanime. Tout au long de ma carrière, je n'ai cessé d'être clément avec les autres, même quand il s'agit d'argent.

- ...

- Mais quand on tue l'un de mes meilleurs éléments, venu uniquement pour récupérer mon dû, vous comprendrez que je me dois d'être impitoyable.

- ...

- Quoiqu'il en soit, j'ai récupéré mon argent, et vous êtes ici. GARDES !

- Oui patron ?

- Emmenez ce jeune homme à sa cellule. Monsieur Langlet, je vous accorde le temps d'une nuit de réflexion, vous serez exécuté demain à l'aube.

- ...

Le garde escorta Marc à la partie souterraine du bâtiment. Arrivés devant la cellule.

Heureusement que j'ai toujours mon petit scotch dans la poche...

Au moment d'entrer dans sa cellule, Marc posa discrètement un petit bout de scotch dans la partie creuse du verrou. Le garde referma la porte et s'en alla.

Bien, je vais attendre la nuit pour partir en douce.

N'empêche, quelle poisse... Je pensais enfin avoir sauvé ma peau...

Plus de famille, plus d'amis... Mais au moins, une nouvelle vie. Nouvelle maison. J'ai même réussi à me trouver un premier job de transporteur pour recommencer à zéro.

Mais maintenant... je suis coincé. Je n'ai plus aucune ressource, j'ai tout utilisé pour acquérir les bases de ma nouvelle vie... Je ne pourrai pas m'en sortir cette fois.

Bon je n'entend plus aucun bruit, il fait nuit dehors. C'est l'heure d'y aller.

Marc ouvrit la porte sans aucun mal, le verrou ayant été bloqué par le morceau de scotch qu'il avait posé. Le bâtiment était petit, et il n'eut aucun mal à s'échapper discrètement. Il rentra chez lui, dans cette charmante petite maison de campagne qu'il avait acheté pour poser les bases de sa nouvelle vie. Mais il ne pouvait dormir. Il en était incapable. Rongé par l'inquiétude et la peur. La peur d'être traqué chaque jour, chaque heure, par chaque individu.

Je ne pourrais jamais supporter ça toute ma vie. Et je n'ai pas les moyens d'y échapper. Je préfère en finir moi-même, au moins je ne souffrirai pas. Qui sait ce que ce fourbe d'Illata pourrait me faire si il retrouvait ma trace.

Je vais aller vers les falaises. Là-bas je ne rencontrerai personne et puis au moins, il y aura une belle vue.

Ma belle voiture, une Audi A8 W12. Dire que ça fait à peine une semaine que je l'ai, j'aurai tellement aimé en profiter d'avantage.

Bon j'approche, je vais aller au pic, ça fera une belle fin.

Et merde, c'est qui le type là-bas ??? Bon je doute qu'un type en R5 me veuille du mal, mais je ne tiens pas à prendre d'autres risques. Je vais me jeter directement en roulant, je passerai par dessus la barrière.

ADIEU MONDE CRUEL

Sous la violence de l'impact, le pare-brise de la voiture céda. Marc fut expulsé de la voiture et tomba dans le ravin, heurtant le sol si violemment qu'il n'en eu ressenti aucune douleur, l'impact fut fatal. Marc Langlet n'était plus.

Sur le pic de la falaise, un jeune homme observait l'horizon, pensif. Le bruit de l'accident attira son regard, il se rapprocha de la voiture.

Une A8 W12 noire... comme celle du Transporteur...

- Merci Ange Larry.

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Dans un petit bâtiment en pierre, le lendemain. L'aube se levait, la lumière réchauffait l'atmosphère légèrement sinistre des lieux. Un homme aux cheveux grisonnants s'était levé du pied gauche.

- Vous n'êtes qu'un incapable, Veron.

- Excusez-moi monsieur Illata, mais je ne sais pas comment il a fait pour s'échapper !

- Silence ! Vous serez fouetté pour purger votre peine. Et vous pouvez dire adieu à votre boulot tranquille, vous serez de corvée vaisselle et ménage désormais. Maintenant, hors de ma vue !

J'ai besoin d'un de mes meilleurs éléments pour régler ce problème...

- BORNIOLE !!!

- Qu'y a-t-il patron ?

- J'ai un travail pour vous. Je veux que vous me débarrassiez d'un certain Marc Langlet. Faîtes attention, il est peut être très dangereux, ne foncez pas tête baissée.

- Je m'en occupe.

- Bien, je vais vous transmettre son dossier. Je compte sur vous.

A peine après avoir raccroché, Célestin s'empressa de prendre ses clés et de monter en voiture. Une légère excitation bourdonnait en lui. Imaginant l'esprit de certains de ses lecteurs, l'auteur ne put s'empêcher de préciser que le sentiment d'excitation n'était pas réservé qu'au sexe, dans le but d'y éviter toute allusion concernant la relation Célestin-Franck. No Homo, disait-on en ces temps. Quoi qu'il en fût, et malgré la récence de cette rencontre, notre jeune héros vouait déjà une certaine admiration envers celui que tout semblait désigner comme son mentor. C'était peut-être trop tôt, mais il n'en avait que faire. Au fond de lui, il savait qu'il pouvait lui faire confiance. Il ne saurait l'expliquer, mais il en avait la quasi-certitude. Franck et lui formeront un duo soudé. C'est avec cette vision des choses qu'il s'empressa de rejoindre la demeure de, il l'espérait, son nouvel ami.

Pour une fois... j'ai l'impression de pouvoir compter sur quelqu'un. J'espère ne pas me tromper.

Arrivé sur place, Franck vint l'accueillir, toujours vêtu d'une simple chemise légèrement cintrée et d'un pantalon de costume bleu marine, parfaitement taillé. On devinait aisément son bon goût pour le textile. Fait rare dans notre société bercée par la décadence et le mauvais goût général.

- Ravi de te revoir, d'autant plus que tu as encore géré la situation d'après ce que j'ai entendu. Allez entre !

- Belle maison.

- J'ai fait de mon mieux.

Lorsque vous entriez dans la maison de Franck, vous arriviez dans un grand salon mêlant le charme de l'ancien à la modernité de meubles de belle facture. Vous trouviez une grande bibliothèque en bois massif, à côté de laquelle se situait une petite table sur laquelle trônait une platine vinyle blanche, sublimée par un système hifi des plus modernes. Dans un autre coin de la pièce, une cheminée crépitante apportait une note rustique bien choisie, près d'un fauteuil en alcantara d'un moelleux inimitable. Enfin, vous aperceviez également, dans un autre coin, un large canapé en cuir faisant face à un home cinéma qui faisait envie. Lecture, musique, cinéma, on peut dire qu'en ces 3 domaines, Franck faisait preuve de bon goût. Il sortit d'une petite réserve un autre fauteuil en alcantara, identique au sien, et l'installa en face, juste séparé par une petite table basse qui, on le devinait facilement, était pratique pour prendre l'apéro.

- Bon tu dois t'en rappeler, j'ai que du whisky. Je ferai les courses un de ces quatre. Je te le sers comment ?

- Sec, avec un glaçon, ça ira.

- Parfait. J'avais prévu de mettre du laxatif dans ton verre si tu m'avais demandé un whisky coca ou une abomination du genre, me voila rassuré de savoir que malgré ton jeune âge tu n'es pas trop atteint par la décadence de notre société.

- C'est pas mon genre non. Après on peut faire des bons cocktails tu sais. T'as déjà bu un old fahsioned ?

- Pour être honnête non, la cuisine c'est pas trop mon truc. J'aime bien la bonne bouffe mais j'ai jamais été bon cuisinier. Puis comme j'ai de l'argent je paye, c'est plus simple. Même si je reconnais que c'est chiant de sortir si j'ai envie d'un petit cocktail et de deux-trois abuse-mouchent fait maison quand je mate un film.

- Je peux t'apprendre tu sais. La cuisine c'est la seule chose que je connais bien, même si j'ai beaucoup été limité par l'argent. Mais maintenant j'ai une grande cuisine dans ma nouvelle maison, je vais pouvoir m'amuser. On peut même commencer ce soir pour la première leçon.

- Pourquoi pas après tout, ça me changera. Tu proposes quoi pour l'apéro ?

- Old Fashioned, rien de plus simple. Bon par contre il faut de l'angostura.

- Angostu quoi ? connait pas.

- Je m'en doutais. Bon écoute je vais chercher ça chez moi, j'en ai pas pour longtemps.

- Extra, je t'attend. Et te casse pas la tête pour la bouffe par contre, j'ai des cacahuètes et du saucisson, à l'ancienne.

Si un jour on m'avait dit que j'apprendrai à un tueur sympa comment faire un cocktail... au moins c'est gratifiant d'apprendre quelque chose à un type comme lui.

- Me revoilà, hop hop en cuisine.

- C'était rapide. Une orange sérieux ? Tu vas pas me faire un whisky jus d'orange quand même ?

- Tu te coucheras moins bête ce soir.

Célestin débuta la préparation du Old Fashioned. C'était un cocktail très simple à réaliser, et qui avait pourtant toujours son effet. Il commença par déposer un carré de sucre au fond du verre, avant de l'imbiber de 2 traits d'angostura et de l'écraser. Il versa ensuite du bourbon qu'il avait ramené de chez lui, et versa des glaçons. Enfin, il découpa un large zeste d'orange qu'il plongea dans le cocktail. Et voilà, c'était prêt.

- C'est vachement bon ton truc.

- Ça marche toujours sur les amateurs de whisky. On peut le faire avec de l'eau gazeuse aussi, mais perso je préfère comme ça.

- Faut vraiment que tu m'apprennes à cuisiner. http://image.noelshack.com/fichiers/2019/16/1/1555346765-imageedit-9-97150164

- On s'occupera de toi, t'en fais pas.Vu que c'est toi qui me donne les missions, suffit de me dire quand t'es libre et on se fait une session cuisine.

- Ton idée me plaît bien, j'y penserai. De ton côté, je peux t'aider niveau vestimentaire si tu veux. Le prend pas mal, mais c'est pas terrible. Enfin t'es habillé normalement comme tout le monde. Mais bon tu serais mieux avec un 3 pièces bien taillé et surtout, des vraies chaussures. Parce que bon la mode des baskets...

- Euh o-oui je veux bien un coup de main à ce niveau. Faut dire que je me suis jamais intéressé à la mode non plus

- On s'en fout de la mode, c'est pour les femmes ça. Un bon costume de qualité, avec des bonnes chaussures en cuir, c'est classique, ça passe partout, et t'as belle allure. Crois-moi, ça t'ira comme un chef.

Les deux hommes continuèrent leur discussion longuement, passant par de nombreux sujets n'ayant aucun rapport entre eux. Les paroles s'échangèrent au rythme d'écoulement de la bouteille de whisky qui trônait sur la table basse. Cuisine, travail, sport, actualité, tout y passa. Jusqu'à ce que la conversation tourne autour de la vie privée de chacun.

- Sinon, j'en sais pas plus que ça sur toi. Je crois à ton histoire d'identité avec Marc Langlet, mais qu'est-ce qui t'as amené à tout ça ? Tu étais quoi avant ?

- Y'a pas grand chose à dire sur moi, de positif en tout cas. J'ai eu une enfance de merde, j'étais une victime à l'école, j'étais seul à la maison chez mon père. C'était un connard, il passait son temps à me mettre des baffes dès que je disais un truc de travers, il a même déjà essayé de me tuer, bref c'était pas génial. Quand j'ai fini le lycée je me suis barré rapidement, je me suis inscrit à la fac mais ça m'a vite fait chier et je passais mon temps à glander. Au moins c'est là que j'ai appris à cuisiner. Puis au bout de quelques mois je me suis trouvé un petit boulot de merde pour payer mes factures, j'ai passé le permis et je me suis acheté une vieille R5 d'occasion. J'ai toujours été seul, ça me pesait vraiment, mais je me suis repris en main à ce niveau et ça va mieux. Après tout on naît seul, on meurt seul. Pour être honnête je voulais me suicider quand j'étais au plus bas, mais c'est à ce moment-là que ce type, Marc Langlet, s'est ramené et a eu un accident. Alors j'ai pris sa voiture, puis sa vie. Et j'ai brûlé tout ce qui existait sur moi, y compris mon appart. Et quand j'avais vu le message indiquant la première mission que tu m'as donnée, même si elle ne m'était pas destinée à la base, j'ai voulu tenté ma chance.

- Et tu as eu raison de le faire, Célestin. D'ailleurs, c'est troublant maintenant qu'on y revient. Célestin ou Marc ? Je comprend que pour tout ce qui concerne ta vie tu choisisses de donner ton nom officiel maintenant, Marc Langlet. Mais moi qui te connais, ça me fait bizarre. D'ailleurs c'était le cas de Prolobélix l'autre jour aussi. Comment je dois t'appeler maintenant ?

- C'est vrai que je n'ai pas encore tranché. Dans ma tête, je suis toujours Célestin. J'ai peur que si je continue à le penser, ça finisse par créer un quiproquo. Surtout avec mon nouveau métier. Je pense qu'il est temps de tourner la page pour de bon. Je vais vraiment m'appeler Marc désormais. Ça me permettra de tirer un trait sur mon passé.

- Alors ça marche, Marc. Va falloir que je m'y habitue mais ça va le faire.

- Et toi alors ? Comment t'en es arrivé là ? Tu faisais quoi quand t'étais plus jeune ?

- Hey, je suis toujours jeune hein, à 40 ans on est pas encore vieux. Et pour te répondre, c'est plus ou moins le même parcours que toi. J'ai commencé aussi sur un coup de chance, j'étais bon et j'ai gravi les échelons. Quand j'étais gosse, je n'avait pas de famille, j'ai grandi dans un centre pour orphelins. Puis j'ai été adopté vers 8 ans. Celui qui était devenu mon père était un sacré taré. En fait, c'est de lui que j'ai tiré mon expérience. Il fréquentait aussi ce milieu du crime organisé, et il m’entraînait déjà à être plus fort, mener des filatures et manier les armes avec précision quand j'avais à peine 15 ans. Il s'est fait assassiné quand j'avais 18 ans. Alors comme toi je m'étais trouvé un petit boulot, un petit studio pour survivre. Et dès que j'ai trouvé l'occasion, je me suis lancé dans le transport, et le meurtre peu de temps après.

- On a des vies atypiques faut bien le dire

- Ça c'est clair. On dirait que ça t'as rendu plus fort en tout cas. Ça se sent quand tu parles de ton enfance. Plutôt que de te lamenter, tu énonces juste les faits, sans plus d'histoire.

- Bof, ça sert à rien de s'apitoyer sur son sort. Y'a un chef étoilé que j'ai beaucoup suivi à une période, Thierry Marx, qui parlait des incarcérés qu'il essayait de remettre dans le droit chemin avec la cuisine. Lors de l'entretien, sa devise était "votre passé, on s'en fout. Nous ce qui nous intéresse, c'est votre avenir."Je crois que ça m'a inspiré.

Franck et Marc continuèrent encore leurs discussions. Si bien qu'il fut assez tard, notre jeune héros décida de rentrer chez lui.

- J'ai passé une super soirée Franck, merci.

- De rien mon vieux, et merci pour la recette du Old Fashioned, je m'en referais. Demain j'ai rien de prévu, je vais glander un peu et me lire un bouquin avec un peu de bonne musique. Si tu as envie de passer, hésite pas.

Marc rentra chez lui, légèrement titubant car il faut bien le dire, la bouteille y était passée. Il s'endormit rapidement.

Le lendemain, lundi, 13h00.

13h ???

Bordel j'avais pas dormi autant depuis des lustres. Enfin bon je suis rentré que vers 2h je crois mais quand même...

Bon, qu'est-ce que je vais faire cet aprem moi.

1) Après vous être rafraichi le visage, vous décidez de retourner chez Franck pour lui donner un cours de cuisine. Vous êtes assuré de passer un bon moment, et peut-être aura-t-il des choses à vous dire.

2) Vous vous souvenez de votre visite à la salle de sport la semaine dernière. C'est décidé, cet aprem, vous allez commencer l'entraînement. Go muscu et là on existe.

3) C'est une idée comme une autre, mais pourquoi n'iriez vous pas au domicile du type que vous avez tué lors de votre dernière mission, lorsque vous étiez avec Borniole. Peut-être y trouverez vous des choses intéressantes ? Si encore vous arrivez à infiltrer la maison.

4) Rien. Attendre patiemment. Chez vous. Que le temps passe.

Bon c'est décidé, je vais go muscu. Devenir plus fort ne me fera que du bien, et j'en aurais certainement besoin de toute façon. En plus en début d'après-midi la salle devrait être tranquille, ça évitera la corvée de tourner à 5 sur un banc et de s’asseoir sur la trace de sueur des autres.

Je ne dirai pas que je suis une larve, mais bon les débuts vont être difficiles. J'espère ne pas passer pour un gros fragile en tout cas.

Arrivé à la salle, l'homme trapu et kolossalement musclé qui vous avait accueillit l'autre jour vous remarqua immédiatement.

- Ahhhh, je savais que tu reviendrais Marc. Alors c'est bon cette fois tu vas te lancer ? Je te préviens, t'as pas intérêt à arrêter au bout de 2 semaines.

- Je suis là pour ça. Alors, c'est quoi le programme pour aujourd'hui ?

- Pour commencer, je t'ai préparé un PPL de 3 jours, histoire de t'habituer aux mouvements et d'avoir une fréquence relax.

- Un pépé aile ? Je connais un peu les exercices en musculation mais faut m'expliquer.

- PPL, Push Pull Legs. 3 séances dans la semaine. Aujourd'hui, c'est lundi, chest day oblige, tu feras donc la séance push. Tu travailleras donc les pecs, les épaules, et les triceps. J'ai noté les exercices, le nombre de séries et de répétitions sur cette fiche, prend-la. Pour les charges, et bien ça dépend de toi, mais laisses tomber ton ego. Tu débutes, donc n'aie pas honte de prendre des poids plus légers que ce que tu arrives à soulever pour bien apprendre les mouvements. Si tu as besoin d'aide, tu n'as qu'à m'appeler. Sur ce bonne séance, pour moi c'est l'heure de mes 4 scoops.

- Merci.

Sans plus tarder, vous vous dirigiez vers l'espace poids libres pour travailler le premier exercice conseillé par le coach : le développé couché aux haltères. Par chance, votre intuition fut bonne puisqu'en ce début d'après-midi, la salle était très peu active, seuls quelques habitués - on le devinait par leurs carrures épaisses - s'exerçaient à bonne intensité. L'espace poids libres disposait de 3 bancs réglables, et de paires d'haltères allant de 2 à 50 kilos. Les deux bancs les plus à gauche étant occupés, vous installiez donc votre serviette sur le plus à droite, près de la fenêtre. Après un léger échauffement articulaire, vous passiez donc aux choses sérieuses. Sans connaître votre force actuelle, vous décidiez à tâtons de prendre la paire de 20 kilos par main. Un sentiment de honte s'immisça immédiatement en vous lorsque, après vous être mis en position allongée sur le banc, vous étiez incapable de lever les haltères une seule fois. Un peu gêné, vous regardiez les deux autres hommes à côté de vous, qui, pour votre plus grand soulagement, étaient tous deux en plein effort et n'avait pas remarqué votre échec. Vous optiez, plus sagement, pour 15 kilos par main.

Hmpffff... Bordel j'y arrive mais c'est galère...

Bon, 5 répétitions à 15 kilos, sachant que je dois normalement en faire 10... Pas le choix, je vais baisser à 12 kilos, ça devrait le faire.

Ainsi, vous arriviez donc à conclure votre première série complète de couché aux haltères, avec 12 kilos par main. L'habitué situé directement au banc le plus proche de vous regardait la scène, avec un léger air condescendant. C'était un homme court et trapu, possédant tout de même un niveau remarquable. Sa face disgracieuse contrastait avec son corps bodybuildé. Il vous observait de par ses yeux globuleux et à peine symétriques. La vision de faiblesse que vous offriez lui inspira un sentiment de supériorité, lui procurant dans le même temps une envie irrépressible de se moquer de vous.

- Bah alors le nouveau, on vient à la salle juste pour ça ? Tu devrais rester chez toi et t'entrainer avec des packs d'eau à ce stade-là.

Blessé dans votre égo, vous n'accordiez cependant pas d'importance à ses propos. Enfin, pas suffisamment pour abandonner. Mais vous ne pouviez pas supporter l'idée d'être pris pour un faible, pas vous. Vous reposiez la paire de 12 à sa place, avant de reprendre la 15. Le mélange d'angoisse et de colère vous boosta, et, alors que vous peiniez à les soulever 5 fois à votre essai de tout à l'heure, vous les souleviez directement 10 fois. Cette fois, vous étiez réellement concentré.

- C'est pas avec ça que tu vas progresser. Prend au moins 20 sinon ça sert à rien.

Toujours dans cet état de concentration, d'angoisse et de haine grandissante à l'égard de votre voisin de banc, vous repreniez les haltères de 20 kilos dans vos mains. Mais cette fois, il n'y avait pas photo. Vous étiez trop faible, ces haltères étaient trop lourds pour vous et vous parveniez à peine à effectuer une seule répétition, d'une qualité d’exécution lamentable.

- Bah alors on arrive pas à soulever 20 kilos ? La salle c'est pas fait pour toi, c'est fait pour les hommes forts. Retourne jouer au foot, la muscu c'est pas pour les grosses tapettes !

- Non mais tu vas la fermer toi

L'autre homme qui s'entraînait près de vous se releva. C'était un homme court et trapu également, mais possédant une musculature extraordinairement développée. A vue d’œil, la bête devait peser dans les 120 kilos. Il regardait celui qui se moquait de vous dans les yeux, dans lesquels on pouvait ressentir un sentiment de frayeur à peine dissimulé. Vous regardiez la scène, passif.

. . .

- Non mais tu te fous de la gueule du monde ou quoi. Tu vas vraiment faire chier un jeune débutant qui vient là pour apprendre et progresser ? Il doit avoir à peine 20 ans, on voit bien qu'il n'a jamais poussé de sa vie. Et au lieu de l'encourager tu te moques de lui et tu le pousses à soulever des poids difficiles pour lui alors qu'il ne maîtrise pas encore le geste, BALTRINGUE ?

- D-désolé yoyo...

Tel un enfant que l'on venait de réprimander, l'homme à la tête biscornue prit sa serviette et s'empressa de s'installer sur une machine à l'autre bout de la salle, pour ne plus avoir à faire face à l'homme qui venait de l'humilier à voix haute.

- Désolé pour lui, il est un peu simplet. Moi c'est Chris, mais tout le monde m'appelle Yoda.

- Moi c'est Marc. Merci de m'avoir... défendu.

- T'en fais pas pour ça. C'est la première fois que tu t'entraînes ? J'ai presque fini, si tu veux je peux t'aider, apprendre les mouvements tout ça.

- Je veux bien oui, avec plaisir.

C'est ainsi que Célestin, dorénavant Marc, ou encore vous par soucis de narration, accomplit sa première séance avec l'aide de Yoyo. Ce dernier prit le temps de lui expliquer chaque mouvement, de faire une démonstration pour chaque exercice, et de répondre à ses questions. Une fois pectoraux, deltoïdes et triceps congestionnés, Marc salua Yoyo et le remercia sincèrement pour son aide. Comme Chris était un passionné qui s’entraînait tout les jours, les deux hommes avaient convenus qu'ils se reverraient donc mercredi après-midi, pour une nouvelle séance. Notre héros rentra donc chez lui pour se laver. Il y avait bien des douches là-bas, mais il ne se sentait pas encore prêt pour se laver dans un lieux public, même s'il s'agissait de cabines individuelles. Une fois rentré à la maison et rincé de la tête aux pieds, il put observer qu'il fut 16h37. Se demandant quoi faire pour passer le temps, il décida de faire quelques courses dans le but d'instruire une nouvelle leçon culinaire à Franck. En partant, il lui semblait apercevoir dans le rétro une camionnette noire garée derrière les buissons, près de sa maison.

- Bof, sans doute un plombier ou un truc du genre.

Le trajet jusqu'au domicile de Franck se fit de la manière habituelle. En frappant à la porte, ce dernier lui ouvrit et l’accueillit avec le sourire bienveillant qu'on lui connaissait.

- Content de te revoir mon vieux. T'as bien cuvé j'espère

- Carrément, j'ai même été à la salle cet aprem.

- C'est une bonne idée ça, ça te fera pas de mal. Oh mais je vois que t'es pas venu les mains vides.

- Comme t'avais l'air intéressé, je me suis dit qu'une nouvelle leçon de cuisine te ferait plaisir. Du coup ce soir c'est boeuf bourguignon, il est 17h donc si on s'y met maintenant, ce sera bon ce soir.

- Extra, allez en cuisine

- C'est donc parti pour la leçon du jour. Au menu ce soir, boeuf bourguignon.

Marc commença par préparer une marinade express pour condimenter la viande, un bon kilo de paleron. Il coupa sa viande en gros cubes qu'il plongea tout d'abord dans de l'eau gazeuse riche en bicarbonates, afin d'attendrir la chair. Pendant ce temps, il éminça carottes, oignons, champignons, échalotes, et prépara des les lardons (il était bien évidemment exclu d'utiliser des lardons en barquette, c'était un crime envers la gastronomie française). Les deux hommes faisaient moitié-moitié à chaque tâche, permettant un meilleur apprentissage des bases à Franck. Après avoir laissé tremper la viande dans l'eau gazeuse pendant un certain temps, il la plongea dans la marinade express pour une heure - un vin de bourgogne, dans lequel on versait l'oignon, les échalottes, bouquet garni et poivre. Pendant ce temps, les deux hommes prirent quelques verres, inaugurant la nouvelle bouteille que le quarantenaire avait acheté. Une fois la marinade express terminée, il suffisait de saisir la viande uniformément avant de la réserver, pour ensuite faire suer l'oignon et les échalottes. Une fois cela accompli, on versait les carottes, puis disposait les cubes de viandes à nouveau dans la cocotte, avant de singer la préparation.

- Qu'est-ce qu'un singe vient foutre là-dedans ?

- C'est le terme qu'on utilise quand on farine la viande dans la cocotte. Ça permet de bien lier la sauce.

- On se sent cuisinier.

Après avoir singer la préparation, toujours à feu vif, Marc versa le vin ayant fait office de marinade dans la casserole et le porta à ébullition, afin de le flamber. Une fois cela fait, il versa tant pour tant de fond brun, et couvra la cocotte de son couvercle. Il n'y avait plus qu'à attendre quelques heures, à feu doux, que la magie opère. Un peu avant la fin, il ferait revenir les lardons et les champignons, qu'il n'utiliserait qu'au moment du service, dans l'idée de ne pas en faire une bouille sans mâche.

- Ça fait beaucoup d'étapes quand même.

- On a rien sans rien tu sais. Et puis franchement, on peut faire encore mieux, je suis loin d'être un expert du bourguignon.

Les deux compères passèrent ainsi la plus grande partie de la soirée à discuter autour d'une bonne bouteille de bourbon, toujours accompagné du doux crépitement de la cheminée au feu de bois. Le ragoût était largement réussi et plaisant au palais, et c'était avec le ventre bien rempli que vous vous décidiez à rentrer.

- Merci pour le cours Chef, c'était très instructif, faudra que je m'entraîne à la refaire celle-là aussi. J'ai un nouveau contrat à remplir, ça te dit d'apprendre sur le terrain ?

- J'en serai ravi.

- Parfait, alors rejoins-moi demain matin au centre-ville, on fera un peu de shopping. Un professionnel se doit d'avoir une tenue irréprochable. Et je t'apprendrai deux trois ensuite pour te préparer.

- Ca marche, bonne nuit Franck.

Toujours plein de bons sentiments, vous rentriez chez vous. Vous ne vous étiez pas senti aussi épanoui depuis... depuis jamais en fait. C'était le première période de votre vie ou vous étiez heureux de vivre. Ou le temps n'était plus une corvée. Passer le temps n'était plus devenu un problème à résoudre, mais un plaisir continu. Vous vous couchiez, serein, apaisé, un léger sourire sur le visage. Vous fermiez les yeux.

- Bonsoir Marc.

Sans même avoir le temps de comprendre ce qu'il se passait, votre tête fut couverte par un sac. Un coup vous fit porté au visage, vous terrassant instantanément.