La Française Des Jeux se marie à Groupama
Publié le mercredi 6 décembre 2017 à 00:00
L'assureur devient copartenaire de l'équipe, qui sera rebaptisée Groupama-FDJ. Avec, à la clé, une augmentation du budget.
Gilles Simon

Le trèfle à quatre feuilles a fini par attirer la bonne fortune. Après plusieurs années de recherche d'un autre sponsor qui permettrait de renforcer le budget de son équipe, il a trouvé un partenaire, l'assureur Groupama, qui s'engagera à la même hauteur financière que la FDJ pour les trois prochaines années (2018-2020) et permettra à la formation de Marc Madiot d'augmenter son budget de 30 %. 30 % et pas davantage parce que la FDJ, de son côté, réduira sa participation financière, ce qui lui permettra de faire face à d'autres engagements dans le monde du sport, et notamment aux côtés de Paris 2024.

Le budget de l'équipe devrait quand même effectuer un bond pour se situer entre 16 et 20 millions d'euros à l'année, ce qui le classe encore loin de Sky, le champion toutes catégories, qui dépasse les 30 millions, mais le rapproche des autres grandes écuries du World Tour. Groupama-FDJ deviendra aussi la plus grosse équipe française en surface financière, le budget d'AG2R La Mondiale (un concurrent direct de Groupama sur le marché des assurances) ne dépassant pas les 15 millions d'euros.

Groupama avait jusqu'à présent investi dans la voile (Franck Cammas pendant vingt ans, le défi français de la Coupe de l'America 2017) mais cherchait un sport plus populaire, très implanté sur le territoire et qui lui offrait du naming (l'assureur a aussi donné son nom au nouveau stade de football de Lyon).

Le vélo avait le profil recherché et permettra le mariage de deux enseignes parmi les plus connues du paysage rural français. La formation de Marc Madiot proposera un plan à trois ans à ses leaders (Pinot, Démare, Gaudu), qu'elle souhaite conserver et accompagner au plus haut niveau en renforçant l'équipe. Les dirigeants s'entendent sur un profil très franco-français mais ne s'interdisent pas de recruter un coureur de gros calibre à l'étranger si besoin. « L'équipe aura les moyens d'être plus forte et plus compétitive. Tout le monde est dans les starting-blocks pour écrire une nouvelle page de notre histoire », chante le manager, qui a interrogé tous les membres de son équipe pour savoir comment ils envisageaient l'avenir et s'ils étaient prêts à passer la vitesse supérieure.

Le co-partenariat peut cependant poser un problème de gouvernance, FDJ et Groupama, dans un premier temps au moins, pesant du même poids dans les décisions. D'ailleurs, les deux sociétés se sont entendues sur une même feuille de route. Groupama a accepté que le nouveau maillot reste bleu-blanc-rouge et que la tunique de champion de France d'Arnaud Démare demeure vierge de tout sponsor. Le maillot 2018 sera dévoilé le 31 janvier, à l'occasion de la présentation de l'équipe, et apparaîtra en course à Paris-Nice (4-11 mars) et Tirreno-Adriatico (7-13 mars).

L'augmentation de budget permettra aussi la création d'une équipe réserve, qui portera les mêmes couleurs et évoluera au troisième niveau professionnel (Continental). L'idée qui y préside est d'accompagner les coureurs des cadets (Trophées Madiot) aux professionnels, de formater les jeunes coureurs aux attentes de l'équipe première et d'être encore plus présent sur les petites courses françaises et l'ensemble du territoire.

Française Des Jeux - Groupama : Une nouvelle ère

Publié le jeudi 7 décembre 2017 à 00:15

L'union Groupama-FDJ pour les trois prochaines années fait de l'équipe de Marc Madiot la plus puissante de toute l'histoire du cyclisme français.
Jean-Luc Gatellier

Un nouveau modèle économique d'équipe
Traditionnellement, les équipes cyclistes ont un partenaire et un (ou plusieurs) cosponsor(s). En s'associant, explique Stéphane Pallez, p​ersonne bien eduquéeG de la FDJ, « quasiment à parité sur trois ans », la FDJ et Groupama, une entreprise publique et une autre privée, sont-ils sur le point de créer un nouveau modèle économique ?

« Après l'arrêt de la voile, nous avons été approchés par des équipes déjà existantes ou des personnes voulant en monter, raconte Thierry Martel, directeur général de Groupama. Lorsque la FDJ nous a fait la proposition de la rejoindre, nous n'avons pas hésité longtemps : après avoir été leaders dans la voile (avec Franck Cammas), nous voulions embrayer sur un projet puissant. Disperser nos moyens aurait satisfait les ego, mais je préfère partager le champion national que de ne pas l'avoir du tout. » Et d'accréditer l'association de deux groupes français par cette métaphore : « Il faut que la France apprenne à chasser en meute pour affronter une concurrence de plus en plus mondiale. C'est le cas du vélo. »

À la FDJ, on a été beau joueur en laissant l'assureur mutualiste apparaître en premier dans la dénomination de l'équipe. « Nous avons accepté car c'est important pour Groupama de marquer son arrivée dans le monde du cyclisme, où nous sommes, nous, ancrés (depuis vingt ans) », a souligné Stéphane Pallez, hier à Paris, lors de l'officialisation de leur union.

Un budget évolutif
L'accord de partenariat, jusqu'en 2020, a été signé alors que les bases sportives de la saison 2018 sont déjà établies. La FDJ disposait, en 2017, d'un budget de plus de 14 millions d'euros pour son équipe. Elle devrait le réduire de 4 à 5 M€ pour affecter cette somme à Paris 2024 et au sport féminin (dont le cyclisme). Groupama apporterait plus de 8 M€ pour un budget total d'environ 18 M€ l'an prochain.

Il évoluera vers les 20 M€ en 2019 avec les buts suivants : la prolongation de Thibaut Pinot, Arnaud Démare et David Gaudu (en fin de contrat en 2018), le recrutement d'un leader supplémentaire, le renforcement de l'effectif et la création d'une équipe réservoir (3e Division), composée essentiellement de jeunes coureurs, qui coûtera entre 1 et 1,5 M€.

Le match des assureurs
Les succès d'AG2R La Mondiale (100 M€ d'équivalence publicitaire obtenue dans le cyclisme en 2017) ont certainement inspiré Groupama d'investir dans le cyclisme. Les deux assureurs se sont affrontés pendant vingt ans sur toutes les mers du globe, ils le feront désormais sur les routes du Tour de France et de Navarre en poursuivant deux objectifs communs : le naming dans un sport où les spectateurs ne paient pas.

La rivalité n'est pas seulement économique. Les podiums de Romain Bardet au Tour permettent à AG2R La Mondiale de devancer la FDJ depuis deux ans. Avec Groupama pour appuyer les relais, le manager Marc Madiot veut construire une équipe pour « représenter haut la France ». Du reste, le futur maillot (présenté le 31 janvier et porté pour la première fois au départ de Paris-Nice, le 4 mars), « comportera nos deux marques et le bleu blanc rouge », a confié Thierry Martel.