Être l'unique personne, parmi tous les êtres humains de la Terre, qui a accès à son cœur et à son corps est un poids bien trop lourd. Sur la totalité de l'espèce humaine, je suis le seul qui ait ce droit sacrosaint de pouvoir l'approcher assez près pour goûter chaque parcelle de son intimité. Elle refuse à l'Humanité les privilèges qu'elle m'accorde ; je suis l’Élu mais je n'ai pas les épaules pour supporter cela. En une parole, en une geste, je peux redevenir un simple mortel à ses yeux, un humain parmi la masse de ceux qui ont l'interdiction de lui faire ce que je pusse lui faire jadis. Pire, je devinerais même un « ex » ; un être à oublier, une tâche dans l'histoire de cette personne. Le couple me ruine et pourtant je vis pour lui ; je le déteste mais je dois vivre sous sa couverture pour ne pas croupir sous celle de la solitude. Ma paranoïa naturelle me pousse, en couple, à agir dans l'optique de ne pas la perdre ; oubliant que la seule chose à faire est d'aimer et de profiter. C'est ce qu'elle fait sans se poser trop de question. Je n'ai pas cette chance. Ma tête est remplie de calculs, d'anticipation de quelque complot contre moi. Je vois tous mes couples comme des conspirations pour me détruire : on fait semblant de m'aimer pour me faire une affreuse blague, pour me dire au bout de quelques temps, une fois amoureux, que tout était une manipulation pour me rendre triste, me pousser à la dépression.
Telle est ma condamnation, le bonheur m'est interdit.
Message édité le 20 février 2019 à 07:35:29 par Dechilleus