Mes anciens frères,
C'est ainsi qu'arrive la dernière page de mon histoire sur ces terres du Grand-Voyage. C'est sans une larme, sans un remord que je tourne le dos à vos museaux disgracieux et vide de vie, vos squelettes friables de mort de faim et vos vulgaires frasques qui vous auraient valu quelque séjour en hôpital pour frappés si un témoin les avait surprises. Que le Diable vous emporte vils scélérats ! Vous n'êtes pas digne de ma présence, de mon esprit et de ma force, oubliez-moi. Vous n'en serez que moins tristes.
La Vie est derrière la porte que je vais vous claquer au nez en sortant, j'espère vous faire mal. J'espère que la douleur sera une révélation pour vous. La révélation je vous la vais faire de suite : laissez les terres du Grand-Voyage en friche. Elles ne sont que malheur et folie, brûlez-moi cet égout noyé de poix et de rats. Fuyez cette terre hostile à la félicité et gagnez ce Soleil que n'a jamais aperçu ces terres maudites. Adieu, adieu, je ne prolongerai pas plus longtemps cette ultime missive.
Sans un sentiment,
Aln de Lngsl.