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Sujet : [Fic] Slavetale

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erosdog erosdog
MP
Niveau 10
11 août 2018 à 23:32:20

3

La confusion était palpable. Personne ne bougeait, personne ne comprenait ce qu’il se passait. C’était comme si un obus venait de tomber devant eux, les privant de tous leurs sens jusqu’à ce que la poussière ne se dissipe.
Seulement, cette fois, il n’y avait pas de poussière, mais simplement leur propre choc. Fidget fut le premier à reprendre la raison, ramené à la réalité par son corps rompu et son doigt endolori à force de presser si fort la gâchette vide.
La première chose qu’il remarqua fut le silence. Après les coups de feu qui lui vrillaient encore les tympans, c’était presque irréel.
Vint ensuite le goût amer de l’adrénaline mêlée de poudre et de peur. Il lâcha son arme, de toute façon inutile, et ses bras ballants retombèrent le long de son corps.
Mais il ne ressentait rien d’autre. Pas de douleur. Il ne ressentait plus rien.
Et c’est ensuite qu’il le vit. Ses yeux ne se posèrent pas d’abord sur le cadavre au sol, mais sur l’énorme giclure de sang qui souillait le mur. Les traces rouges bariolaient le béton gris, coulant en motifs macabres, décorés çà et là d’impacts de balle. Sa première pensée fut de s’étonner que le liquide se répande si facilement, puis ses yeux suivirent le chemin tracé par la gravité, et la réalité vint le frapper de plein fouet.
Il avait tué un homme.
Tandis que les autres se tâtaient pour s’assurer de n’avoir pas reçu balle perdue, Fidget contemplait les yeux révulsés de sa victime. Alors que Skye reprenait forme humaine, heureusement saine et sauve, il constatait qu’on ne pourrait plus jamais en dire autant de l’homme allongé là. Alors que la louve tentait de le réconforter en prenant une expression rassurante, il ne voyait que l’expression de surprise tordue de douleur sur le visage déjà livide du mort.
-Fidget ? Fidget ! L'appelait une douce voix féminine au loin. Le lion n’était pas tant choqué de son acte que de la facilité avec laquelle il l’avait commis. Son esprit ne cessait de lui répéter qu’il s’était simplement défendu, qu’il avait fait ce qu’il fallait, qu’il avait sauvé les autres, qu’il était un héros. Mais désormais qu’il avait pris une vie il ne pouvait s’empêcher de penser qu’il ne valait pas mieux qu’eux. Il ne valait pas mieux que les humains qui tuaient à tout-va. Bien sûr, lui avait tué pour se défendre, mais un meurtre restait un meurtre, peu importe ses motivations. À l'entraînement, rien ne l’avait préparé à cette sensation.
Skye parvint peu à peu à l’arracher à sa torpeur. Il n’entendait pas ce qu’elle disait, mais il savait qu’il devait se remettre au travail. Le contretemps était écarté, il devait accomplir sa mission. Il la regarda, plongeant ses yeux dans les siens, n’osant par honneur s’avouer ce qu’il cherchait dans ce regard si apaisant.

La louve avait fait le tour de la salle en se relevant. Le choc était visible sur le visage de ses équipiers, mais ce n’était rien à côté de l’expression de son amant. N’accordant qu’un regard dédaigneux au cadavre - bon débarras- elle s’approcha doucement du lion. Elle avait beau le secouer, l'appeler, crier ou murmurer, il n’y avait aucune réaction. Ses paroles ne semblaient pas l’atteindre.
Et puis il tourna lentement la tête vers elle, et la louve ne put qu’imaginer l’ampleur de ce qu’il devait vivre. Son regard était différent ; égaré, apeuré, suppliant. Il cherchait en elle un support, un phare auquel se raccrocher. Elle fut transportée quelques mois en arrière - non, c’était en réalité il y avait à peine plus d’une semaine - quand elle lui avait lancé le même regard sur un banc au bord d’un étang. Il l’avait aidé, il avait été ce soutien dont elle avait si cruellement besoin. Alors, elle lui devait bien ça.
La louve plongea à nouveau dans les méandres de son âme. C’était de plus en plus facile, mais le trouble rendait la navigation tumultueuse. Tâchant de retrouver le lien qu’elle partageait avec Fidget, elle s'aperçut que celui-ci était différent, atrophié, perturbé. Cela lui fit un choc ; c’était une chose si unique qu’elle partageait avec lui, si précieuse, jamais elle n’avait senti quelqu’un d’autre de la même façon, pas même ses propres parents ! Alors si elle venait à le perdre, ce serait insupportable.
Mais, instinctivement, elle savait ce qu’elle devait faire. Si elle ne pouvait l’apaiser de l’extérieur, la louve était certaine que cela fonctionnerait. Les sentiments seraient bien plus intenses, bien plus purs.
Alors Skye se concentra sur tout l’amour qu’elle ressentait pour Fidget, tous les bons moments qu’elle avait passé avec lui, comment il avait été la seule chose positive dans une vie de misère. Puis la louve pressa tout ce bonheur, tout ce bien-être, vers le lion, exploitant du plus qu’elle pouvait cette communion entre eux.
Fidget eut l’impression qu’on l’entourait dans un doux cocon, chaud et confortable. Il se sentait si à l’aise tout d’un coup, ses inquiétudes paraissant soudain si loin, comme si elles avaient été écartées de lui par une force supérieure. Il était inondé de sentiments positifs, qui formaient un îlot sur lequel il put trouver refuge.
Finalement, il revint à la réalité, pour trouver Skye accroupie face à lui. Son cœur fit un bond dans sa poitrine, il ne pouvait exprimer toute la reconnaissance et tout l’amour qu’il ressentait pour elle en cet instant. Leur union n’avait dû durer que quelques secondes, mais il avait l’impression qu’elle l’avait choyé et protégé durant des jours entiers.
-Ça va mieux ? Lui demanda-t-elle, et le lion hocha la tête.
-Merci, murmura-t-il.
-De rien, tu m’as sauvé la vie. Fidget se renfrogna. Oui, il l’avait sauvée, elle qu’il chérissait plus que tout. Mais il ne pouvait y prendre la moindre fierté...
Toutefois, leur moment à part ne put durer plus longtemps, car leurs compagnons étaient déjà en train de reprendre du service. Il était trop tard pour nettoyer, alors autant boucler la mission le plus vite possible. Les quatre autres monstres s’occupèrent de la machine, tandis qu’eux furent chargés de raccompagner le prisonnier libéré.
Fidget et Skye se rapprochèrent du cervidé. Ils l’avaient totalement oublié. L’adrénaline avait été si prenante que le monstre s’était tout bonnement fondu dans le décor. Il était encore là, figé en plein milieu de la pièce, quand le couple l’approcha.
-C’est bon, lui dit Skye. Tu es en sécurité maintenant, ça va aller.
Pas de réponse.
-Tu peux parler maintenant, il est mort, ses ordres ne s’appliquent plus.
À nouveau, ses paroles restèrent sans réponse.
Soudain, le monstre se mit à trembler, et s'effondra sur le sol. Fidget et Skye se précipitèrent sur lui pour l’aider. Mais son visage était tordu de douleur. Les deux amants l’allongèrent, et Fidget sentit un liquide chaud couler le long de ses doigts. Priant pour se tromper, il constata avec horreur que sa fourrure avait viré au rouge. Il fit signe à Skye, qui se précipita pour tenter d’apercevoir les blessures.
-Où est-ce que tu as mal ? Demanda-t-elle au monstre.
-Au ventre, parvint-il à articuler au prix d’un énorme effort. Son front perlait de sueur et le sang commençait déjà à imbiber ses vêtements.
Faisant signe à Fidget de l’aider, la louve retira le haut de la victime, le déchirant à moitié. Tant pis, se dit-elle, il n’en aurait plus besoin là où il allait. Ils peinèrent tout d’abord à voir la blessure dans la fourrure maculée, mais le lion repéra finalement deux petits trous assez proches dans l’abdomen. Ceux-ci se trouvaient au niveau du flanc droit, et même si aucun des deux n’avaient de connaissances anatomiques, ils se doutaient que ce n’était pas très bon signe.
-C’est rien, ça va aller, mentit-elle. Tu peux marcher ?
-Non, haleta le monstre. Évidemment qu’il ne pouvait pas marcher, à quoi est-ce qu’elle pensait ?
Il fallait faire quelque chose pour stopper l’hémorragie. Le sang s'écoulait par pulsations, imbibant de plus en plus les poils de la victime. La louve avisa la pile de vêtements en lambeaux. Cela ferait l’affaire.
Elle s’empara d’un gros bout de tissu qu’elle replia plusieurs fois sur lui-même, puis appuya sur la blessure. La douleur arracha un hurlement au cervidé, mais Skye tint bon.
Toutefois, ils ne pouvaient pas le laisser là, il fallait le transporter jusqu’au camion. Fidget se leva pour chercher de quoi les aider, et tomba sur une sorte de diable au plateau allongé. Ce n’était pas le mieux, mais ça ferait l’affaire.
Traînant le chariot jusqu’au blessé, il demanda à Skye de l’aider à le porter dessus. La démarche arracha un nouveau cri au monstre, mais cela l’approchait aussi de la salvation.
Laissant un filet de sang dans son sillage, le couple se pressa de retracer son chemin. Tant pis pour la discrétion, les coups de feu avaient de toute façon déjà dû alerter tout le voisinage. Ils courraient dans la terre détrempée ; un gros orage s’était déclaré pendant qu’ils étaient retenus à l’intérieur, et les roues se bloquaient dans la boue, ralentissant leur progression. La louve pesta, quand elle avait souhaité qu’il pleuve, elle ne pensait pas à ça.
Malgré tout, ils arrivèrent tant bien que mal au grillage. À côté du camion se tenait leur chauffeur, fusil à la main et visiblement à cran. Il parut rassuré en les voyant arriver, mais il se tendit à nouveau en entendant les gémissements du blessé.
-Que s’est-il passé ? Demanda-t-il en pianotant prestement sur le boîtier de la porte.
-Il y avait un humain armé, expliqua Fidget. Il nous a pris par surprise, mais on a réussi à le tuer.
-Bordel de merde, jura-t-il.
Une fois que le monte-charge eut atteint le sol, ils se dépêchèrent d’y faire monter la civière improvisée. Le chauffeur tambourina ensuite contre la paroi, ce qui fit sortir le docteur en trombe. Il resta bouche bée face au cervidé à l’agonie, puis reprit le contrôle de lui-même et accourut pour les aider.
-Il y a d’autres blessés ? Demanda le chauffeur.
-Non, juste lui, répondit Skye.
-Qu’est-ce qu’il lui est arrivé ? Fit le docteur alors que la plateforme remontait.
-Balle perdue, je pense, continua la louve. On s’est fait tirer dessus et il était au milieu
Le médecin hocha la tête en demandant aux autres de l’aider à déplacer le blessé sur la paillasse du bloc opératoire. Celui-ci cria à nouveau, mais ses plaintes avaient perdues en intensité.
-Quel type d’arme ? Les interrogea le docteur qui s’afférait déjà au-dessus de la victime, un pli soucieux en travers du front. Il était en train d’attacher tout un tas d’appareils qui se mirent à biper de façon inquiétante.
-Fusil à pompe, précisa Fidget.
Son interlocuteur ne répondit rien, concentré sur sa tâche. Il tâchait pour l’instant de repérer les points d’entrée, et remarqua avec soulagement que les plombs étaient ressortis de l’autre côté. Il n’avait pas le matériel pour les extirper, et s’en retrouvait donc fort aise.
-Viens m’aider, fit-il au chauffeur. Le monstre semblait déjà savoir quoi faire, et ils se mirent donc immédiatement au travail. Fidget et Skye décidèrent de les laisser, ne souhaitant pas être une présence gênante.
En ressortant, ils prirent quelques secondes pour souffler. La mission avait complètement déraillé, et ils n’osaient même pas penser aux conséquences. Ce qui était certain, c’était qu’ils ne ressortiraient pas de sitôt, ni eux, ni le camion. Ils devraient faire très attention en rentrant, et la jouer profil bas durant quelques temps.
Soudain, Fidget repensa à son arme qu’il avait abandonnée sur les lieux. Celle-ci mènerait inévitablement les flics sur leur piste, et il devait retourner le chercher.
-Merde, mon fusil ! Reste ici pour monter la garde, dit-il à son amante. Je reviens.
Elle sembla sur le point de protester, mais se ravisa ;
-Fais vite, l’implora-t-elle tout du moins.
Fidget voulu rajouter quelque chose, mais son sang se glaça en entendant une sirène au loin. Déjà ? Comment était-ce possible ? Il n’y avait plus une seconde à perdre !
Bravant son envie de fuir immédiatement et le bras de Skye qui tenta de le retenir, Fidget détala dans les méandres du labyrinthe métallique. Il suivit les traces du chariot et retrouva l’entrée du bâtiment, arrivant aussi tendu qu’hors d’haleine.
La scène de crime était encore plus sordide qu’il ne le pensait, et il s’empressa de ramasser son arme. Tant pis pour les douilles qui jonchaient le sol, il n’avait pas le temps. Rebroussant chemin, il tomba sur les autres membres de son escouade qui sortaient de l'entrepôt, une lourde caisse posée sur la machine qu’ils s’efforçaient de pousser.
Au vu de leurs expressions, eux aussi avaient entendu la sirène qui se rapprochait inexorablement, tel un glas sonnant de plus en plus fort. Se rappelant de la difficulté qu’il avait eue à pousser le chariot, Fidget courut pour aller les aider. Ils ne diraient pas non à une paire de bras en plus, et de toute façon rien ne lui servait de les ignorer puisqu’il devrait les attendre pour partir.
Malgré ses forces disparues, Fidget donna tout ce qu’il lui restait, puisant dans ses derniers retranchements. À force de couler dans ses veines, l’adrénaline perdait de son effet, et il ressentait pleinement les supplications de ses muscles. Mais il ne pouvait pas s’arrêter, il ne pouvait pas abandonner, il devait rester déterminé. Plus rien ne comptait que cette caisse, tout le reste avait disparu autour de lui.
Même à cinq ils peinaient à faire avancer le convoi. La caisse était plus que lourde, et la machine s’enlisait sans cesse si bien qu’ils la faisaient plus glisser que rouler. Les sirènes étaient de plus en plus proches, ce ne serait qu’une question de secondes.
Au moment où Skye les vit arriver au grillage, elle se précipita pour les aider. Bien que minime, son apport était toujours appréciable. La plateforme était déjà descendue, ce n’était plus que l’affaire de quelques mètres.

erosdog erosdog
MP
Niveau 10
11 août 2018 à 23:34:00

4

Derrière eux retentirent des crissements de freins et des bruits de portière qui claquent. Le son parvenait de l’autre côté de la casse, néanmoins ils savaient tous que d’ici quelques secondes les flics seraient là. Leurs muscles se bandèrent dans un dernier effort pour hisser la cargaison sur le monte-charge, mais ils avaient oublié la lenteur de celui-ci. Chargée à ce point, la machine peinait visiblement alors qu’ils ne pouvaient rien faire d’autre que ronger leur frein et prier. Le moteur vrombit, ils n’attendaient plus que ça.
Et soudain Skye se détacha du groupe et fonça vers le grillage. Fidget vit son action comme dans un rêve, incapable de comprendre l’incohérence de sa démarche. La louve s'engouffra sous le grillage, leva son arme, et tira de multiples salves dans les allées vides, couvrant le son du tonnerre de sa pluie de balles. Les détonations réveillèrent le lion. Qu’est-ce qu’il lui prenait bordel ? Autant crier leur position !
Il y eut d’autres tirs en réponse, et lorsque son chargeur fût vide, Skye revint prestement au camion. La plateforme était levée, la cargaison rentrée, on attendait plus qu’elle.
La porte se referma dans son dos alors que retentissaient encore des tirs dans la décharge. Le véhicule parti à toute allure, le bruit de sa fuite couvert par celui des coups de feu. Fidget se tourna vers elle, il était sur le point de s’évanouir mais lui lança tout de même un regard confus.
-Je voulais… nous faire gagner du temps, haleta-t-elle, aussi épuisée que lui. S’ils croient qu’on leur tire dessus… ils vont pas avancer… et du coup on peut partir.
Le lion s’effondra contre le mur, totalement insensible à l’inconfort qui l’avait tant gêné à l’allée. Il ne pouvait que reconnaître l’intelligence de la démarche, et la remercier d’y avoir pensé.

L’atmosphère se détendit quelques rues plus loin. C’était terminé, ils l’avaient fait, et ils étaient encore en vie. Des cris de joie s’élevèrent dans la cabine, les soldats extériorisant toute la tension de la soirée. On se félicita, on s'applaudit, toutefois Fidget était trop fatigué pour faire autre chose que sourire bêtement. Un frisson le traversa, celui de l’excitation qui s'apaisait doucement. Ses muscles le brûlaient, son crâne était vrillé de violents maux et il sentait un goût métallique au fond de sa bouche, mais rien de tout cela n’avait d’importance. Ses yeux étaient doucement en train de se fermer, il avait bien mérité un peu de repos.
Skye parvint à se traîner jusqu’à lui, et se blottit contre son flanc. Le lion réunit la force de l’entourer de son bras. Il était bien ici. Après la soirée qu’il avait passé, le sol de métal froid prit de tressautements lui paraissait le siège le plus douillet de la Terre.
Quelques minutes plus tard, le médecin fit son apparition dans la pièce. Il faisait preuve d’une retenue toute professionnelle et n’osait se prononcer, mais avoua toutefois qu’il avait de bon espoirs. Une nouvelle salve d'applaudissements agita le camion, et on félicita le monstre. Les soldats étaient également heureux pour la victime ; ils comprenaient bien que le pauvre bougre n’était pour rien dans cette histoire, et il avait même réussit à leur conférer un avantage en ne révélant pas tout. Et puis, il était l’un des leurs maintenant, ils se devaient donc de le soutenir.
Le silence retomba ensuite, chacun prenant un peu de repos, bercés par les aléas de la route, rêvant du lit qu’ils allaient bientôt retrouver.

Toutefois, leur pause fut de courte durée.
Le camion s’arrêta brusquement. Personne n’y prêta vraiment attention jusqu’à ce qu’un bruit de portière ne se fasse entendre. L’atmosphère se raidit d’un coup, les dormeurs se réveillèrent, et tous retinrent leur souffle ; il était beaucoup trop tôt pour qu’ils soient déjà de retour à la base.
On entendit le bourdonnement de la fenêtre qui s’ouvrait. De là où ils étaient, les monstres ne pouvaient rien voir, mais les parois fines ne faisaient guère obstruction aux paroles.
-Police, veuillez couper le moteur.
Les passagers se regardèrent alors que le toussotement du moteur que l’on arrêtait les secouait. Ils se regardèrent, ne trouvant nul répit dans les yeux des autres. Il n’y avait plus rien à faire, juste attendre, ils ne pouvaient plus fuir.
-Vous savez pourquoi je vous arrête ?
-Non monsieur, répondit la voix visiblement tendue du chauffeur.
-On nous a signalé un cambriolage qui a mal tourné pas loin d’ici.
-Je n’ai rien à voir là-dedans monsieur.
-C’est ce que nous allons voir.
Les flics avaient donc réussi à suivre la trace du camion ? Ils étaient pourtant sûrs d’avoir fui avant que quiconque n'ait pu atteindre l’autre côté de la décharge. Est-ce qu’un témoin les avait signalés ? Est-ce qu’il y avait des caméras ? Ils avaient pourtant vérifié…
Les graviers crissèrent sous les pas de l’agent. Qu’est-ce qu’il pouvait bien trafiquer ? Fidget parvenait à savoir plus ou moins où il se trouvait, mais cela ne servait qu’à alimenter sa peur. Si seulement il avait mieux su se servir de sa magie, peut-être aurait-il pu visualiser son âme, ou alors peut-être qu’ils auraient pu le neutraliser. Non, à quoi pensait-il ? S’ils faisaient quoi que ce soit, des renforts arriveraient avant qu’ils n’aient le temps de réaliser leur connerie.
-Papiers du véhicule.
Il y eut un froissement dans la cabine, puis un silence durant lequel personne n’osa respirer de peur d’interrompre la concentration de l’officier.
-Qu’est-ce que vous transportez ?
-Du matériel médical.
-Dans un camion comme ça ? Demanda de flic, suspicieux de l’état du véhicule.
À l’intérieur tout le monde était suspendu aux échos de la conversation. Pourvu que la situation ne dégénère pas. Non, ils avaient un alibi, un plan, tout allait bien se passer.
-Vous savez monsieur l’agent, ce sont juste des caisses. On peut les mettre dans n’importe quoi.
-Mhmm. Où allez-vous ?
-Dans une clinique à l’Ouest de la ville.
-Et vous venez d’où ?
-Du nord.
-Vous pouvez me justifier tout ça ?
-Bien sûr.
Jusque-là, tout semblait fonctionner. La tension dans la voix du conducteur s’était apaisée, et on s’autorisa même à se détendre à l’arrière. Toutefois, chacun prenait garde à se faire le plus petit possible.
-Tenez, fit le chauffeur. Sur ces papiers il y a tout écrit. La compagnie qui m'emploie, mon itinéraire, les adresses de livraison et de départ.
L’agent l’écoutait sans répondre, sûrement occupé à vérifier les documents dans le moindre détail. Fidget pria pour que la résistance ait pris soin de faire des faux les plus officiels possibles.
-Tout m’a l’air en ordre, marmonna l’officier. Je peux jeter un coup d’œil à votre cargaison ?
Tout le monde se raidit. C’était eux la cargaison. Imperceptiblement, un soldat se mut pour atteindre son fusil. Sans bruit, il le leva contre son épaule et visa la porte de son canon. C’était une mauvaise idée, mais ce n’était pas comme s’ils pouvaient en débattre.
-Vous savez monsieur, il n’y a rien de très intéressant là-dedans.
Les bruits de pas reprirent, mais Fidget n’aurait su dire dans quelle direction l’officier se déplaçait. Néanmoins, il devait se rendre à l’arrière car le chauffeur reprit ;
-Vous pouvez me faire confiance quand je vous dis que c’est pas la peine. Mon patron va me tuer, littéralement, s’il voit que quelqu’un a fouillé dans le coffre.
L’argent ne répondit rien. Ça y était, ils s’étaient réjouis trop vite. Plus question de revenir dans la résistance désormais, ils étaient officiellement des fugitifs. Fidget profita de cette dernière seconde de paix pour faire le deuil des espoirs qu’il avait osé nourrir. Résigné, il fouilla la pièce du regard, cherchant ce qu’il pourrait bien emporter durant leur fuite. Un scalpel, son fusil et de l’eau, même pas de provisions. Il chercha le regard de Skye pour lui dire à quel point il était désolé de n’avoir su la protéger, de n’avoir su lui offrir la vie paisible qu’elle méritait. Il profita de cet instant de répit, car c’était probablement son dernier.
Le monstre qui tenait son arme ajusta sa prise. Un bruit se fit entendre sur le cadenas de la porte.
-Ce n’est pas comme si je pouvais vous mentir, lui cria le chauffeur dans un dernier espoir, la crainte dans sa voix claire comme le jour.
Il y eut une seconde de flottement. Fidget pouvait presque sentir la lourde main du flic s’attarder sur la serrure. La tension était telle qu’il crut que son cœur allait exploser.
À nouveau le gravier craqua sous les bottes de l’agent. Le son s’éloigna et Fidget dû retenir un énorme soupir. L’officier marcha jusqu’à la cabine du conducteur, et lui dit ;
-Qu’est-ce qu’il y a vraiment là-dedans ?
-Je vous l’ai dit, du matériel médical, balbutia le chauffeur.
-Alors pourquoi tu as aussi peur sale bête ! Gueula le policier en frappant sur la carrosserie.
-Parce qu’il va croire que j’ai essayé de le voler ! De faire quelque chose à la marchandise ou je ne sais quoi ! Répondit le monstre au bord des larmes.
-Tu lui expliqueras.
-Il ne me croira pas monsieur l’agent, fit le chauffeur dont la voix trahissait son état de perturbation.
-Je croyais que tu ne pouvais pas mentir.
-Je ne peux pas, mais voyez, si vous ne me croyez pas, comment est-ce que lui me croira ? Vous devez me croire, vous savez bien que les monstres sont obligés d’obéir aux humains. Je ne peux pas vous mentir sur ce que je transporte, même si je le voulais !
Il y eut un silence. Très long. Que se passait-il ? Pourquoi personne ne disait plus rien ? Est-ce qu’il était en train de revenir ? Est-ce que le conducteur était sain et sauf ?
À nouveau le bruit de portière retentit comme un éclair dans la nuit. Un moteur s’alluma à quelques mètres d’eux, et une sirène s’activa. Les deux tons se firent plus graves, signe qu’ils s’éloignaient.
Fidget n’osait le penser ; est-ce qu’il était parti ? Les occupants se regardèrent, avant de s’affaisser en se laissant aller à la baisse soudaine de pression. La menace était passée. C’était fini. Tout allait bien se passer.
Pourquoi les avait-il laissé partir ? Est-ce que l’argumentaire du chauffeur l’avait convaincu ? Est-ce qu’il avait eu une trop longue journée ? Avait-il eut pitié du monstre ? Hâte de rentrer chez lui ? Hâte d’en finir ? S’était-il douté de la vérité ? Avait-il décidé qu’il n’en avait que faire ? Que le mec de la casse le méritait ? Supportait-il secrètement la cause des monstres ?
Fidget ne connaîtrait jamais la réponse à ces questions, mais il eut tout le temps du retour pour se les poser. Le reste du trajet se passa sans encombre, bien que personne n’osa se relâcher complètement. Ce ne fut que quand ils furent tous arrivés sain et sauf, quand on eut fini de décharger le fruit de leurs efforts, quand la nouvelle recrue fut totalement prise en charge et que Fidget se retrouva lové dans les bras de Skye qu’il ne réalisa vraiment que tout était fini. Qu’il ne courait plus de dangers. Pour ce soir du moins. Et dire que ce n’était que leur première mission...

Message édité le 11 août 2018 à 23:34:19 par erosdog
fessedespirou fessedespirou
MP
Niveau 6
11 août 2018 à 23:49:27

olàlà :hap:

SheogorathEV2 SheogorathEV2
MP
Niveau 14
12 août 2018 à 03:03:59

Ceci est un commentaire constructif.

Steellar Steellar
MP
Niveau 10
15 août 2018 à 12:37:30

C’est le chapitre qui m’a le plus tendu, t’as géré comment toujours

erosdog erosdog
MP
Niveau 10
28 août 2018 à 21:28:23

Voici le nouveau chapitre, j'espère qu'il vous plaira :)
Malheureusement, le rythme déjà assez faible va peut-être diminuer encore davantage. L'année dernière je m'étais inquiété au moment de la rentrée de ne plus avoir suffisamment de temps ; pour rien apparemment. Seulement cette fois je rentre en prépa et la charge de travail sera donc bien plus conséquente.
Je ferai tout mon possible pour trouver un maximum de temps à consacrer à Slavetale, cependant il se peut que mes efforts ne soient pas suffisants. Dans ce cas, je préfère l'annoncer tout de suite.
Je vous laisse profiter du chapitre. N'oubliez pas de me donner votre avis à la fin, il compte !

Chapitre 28 :

Undyne sentit la brûlure agréable du thé bien chaud se répandre en elle de bon matin. La guerrière enviait un peu l'énergie dont bénéficiaient les buveurs de café, mais elle était incapable d’ingurgiter la mixture amère. Tant pis, le thé était très bien. L’eau remettait son corps en marche, cela la réveillait suffisamment.
Enfin, suffisamment pour ne pas s’endormir sur la table. Elle restait tout de même plongée dans sa tasse, répondant par micro syllabes aux babillements d’Asgore qui semblait au contraire déjà en pleine forme.
-Hm ! fit le roi en reposant sa tasse. S’il y a bien une chose qui me manque de sous terre, c’est le thé. Fait maison à base des fleurs du jardin, c’était quand même autre chose.
-Hmhm, acquiesça Undyne.
-Cela dit, reprit-il, je ne peux pas me plaindre. C’est mieux que de rien avoir. Mais, quand même, j’espère qu’on saura retrouver cette saveur. Il faudra que j’aille me renseigner sur comment ils font leur thé, peut-être qu’il y a moyen d’améliorer ça.
Il lui donnait mal au crâne. Ça faisait bien longtemps que l’énergie matinale l’avait quittée, et elle s’étonnait que ce ne soit pas le cas de tout le monde. Peut-être que ça revenait en vieillissant ? Pas qu’elle trouvait Asgore vieux bien sûr, mais, quand même, il n’était plus tout jeune.
-Qu’est-ce que tu as prévu de faire aujourd’hui ? Lui demanda-t-il finalement.
Depuis qu’ils étaient arrivés, une sorte de routine avait eu le temps de s’installer. Ils s’étaient très vite fait à ce nouveau mode de vie ; ce qui était étonnant, elle aurait au contraire cru que ce qu’ils avaient vécu les empêcherait de se sentir à l’aise où que ce soit. Mais, peut-être que cela était dû au fait de voir plein d’autres monstres vivre leur vie tranquillement. Elle ne savait pas, il faudrait qu’elle demande à Alphys ; c’était sûr qu’elle avait une explication.
-Rien de particulier.
-Donc tu vas passer la journée avec Alphys j’imagine ?
Undyne rougit légèrement, c’était si évident ? Elle avait pourtant essayé de rester discrète ; elle ne voulait pas qu’on l’accuse de privilégier sa vie privée à ses obligations. Mais Asgore était comme un père pour elle, elle ne pouvait rien lui cacher.
-Elle a presque finit de réparer Mettaton et… enfin, quand elle est prise dans un projet… il faut quelqu’un pour veiller sur elle, balbutia la guerrière pour tenter de se justifier.
-Oui c’est sûr, fit le roi avec un sourire bienveillant, je comprends totalement.
Undyne regarda la pendule au mur.
-En parlant de ça, il va falloir que j’y aille. Elle doit déjà être en train de travailler. Je la connais, si je ne lui dit rien, elle va encore bosser jusqu’à tomber littéralement de fatigue.
-C’est pour ça qu’elle a besoin de toi. Vas-y, j’avais presque fini de toute façon.
-À tout à l’heure ! Le salua-t-elle en emportant sa tasse pour la remplir, et en en prenant une deuxième au passage. Le roi rit dans sa barbe, se rappelant de bons vieux souvenirs.

-Je peux entrer ? Demanda Undyne en frappant contre la porte de l’atelier, mais aucune réponse ne lui vint. Alphys s’était installée dans un endroit plus grand que son petit cube de verre pour ramener Mettaton à la vie, et elle devait encore être trop absorbée pour l’entendre.
La guerrière entra en soupirant. La pièce était faite de plaques de métal marron, presque couleur rouille, liée entre elles par de gros boulons. C’était un choix étonnant compte tenu du modernisme des autres parties de la base, mais on s’y faisait.
La femme poisson posa les deux mug encore fumants sur un comptoir et se rendit dans la pièce adjacente, là où son amante travaillait. Comme elle s’y attendait, Undyne la trouva affairée sur un plan de travail.
Restant dans l’encadrement quelques instants, elle prit plaisir à la regarder, si absorbée qu’elle en oubliait le monde extérieur. C’était ça qui lui avait tant plus, cette passion qu’elle investissait dans tous ses projets.
Alphys se retourna pour attraper quelque chose et sursauta, poussant un hoquet de surprise.
-U-Undyne ? s’écria-t-elle. Je t-t’avais pas entendue ! Tu m’as fait peur.
-Excuse-moi, répliqua la guerrière en s’approchant de son amante. Je n’ai pas voulu te déranger.
Elle lui posa un baiser sur les lèvres, et fut toute heureuse de voir un petit sourire se dessiner sur le visage embarrassé de la scientifique.
-Je t’ai apporté du thé.
-M-merci.
-Alors, tu en es où aujourd’hui ?
-J-j’ai presque terminé !
Alphys travaillait corps et âme sur le robot depuis plusieurs jours maintenant, et Undyne ne pouvait qu’admirer son dévouement sans faille. Eût-elle elle-même été en charge de remettre en marche la machine, Mettaton n’aurait eu aucun espoir de revoir la lumière du jour.
-Et tu as réussi à résoudre le problème que tu avais hier ?
Undyne n’avait absolument rien comprit à ce que la scientifique lui avait raconté, mais elle avait bien vu que cela la chiffonnait. Et bien qu’elle ne puisse être d’une grande aide, elle espérait qu’Alphys était parvenue à une solution. Tout ce qu’Undyne avait retenu, c’était que la neutralisation du collier ne se faisait pas comme sur un monstre normal. Pourquoi ? Elle aurait bien été en mal de l’expliquer.
-Je crois. J’y ai réfléchi, et je pense qu’en réalité le collier n’a pas pris. I-Il est fait pour marcher sur des monstres dont l’âme est exposée, mais ce n’est pas le cas de Mettaton. Il a juste dû essayer de tromper l-les humains, jusqu’au moment où ils s’en sont aperçus et ont décidé de le démonter en pensait que ça le tuerait. J-Je sais pas trop à quoi c’est dû, mais j’ai des hypothèses. C-c’est un peu compliqué mais...
-D’accord, mais du coup tu as une solution ? Abrégea Undyne. Ce n’était pas qu’elle ne voulait pas écouter son amante ; même quand elle n’y comprenait rien, elle était tout simplement heureuse d’écouter sa voix passionnée et si charmante. Elle était juste pressée de savoir, et n'avait accessoirement pas envie que son cerveau soit réduit en compote de bon matin.
-Oui, ça devrait être tout simple. M-Mais je vais avoir besoin de l’isoler au moment de l’allumage pour tester ça.
-C’est à dire ?
-T-Tu peux me donner un coup de main ?
La lézarde tira un drap dans un coin de la salle, et Undyne put découvrir une sorte de gros compartiment en métal caché dessous. On aurait dit une sorte de long cylindre posé horizontalement, coupé si bien que la face touchant le sol était plate. Sur une des parois se trouvait un écran, et des sillons lumineux se propageaient dans le métal. Enfin, la machine disposait d’un petit hublot, et on pouvait voir que l’intérieur renfermait une couchette ainsi qu’un petit espace où se tenir debout pour travailler. Undyne était trop grande pour se redresser là dedans, mais cela devait convenir pour Alphys. La guerrière resta sans voix quelques instants, certaine que cela n’était pas là la veille.
-C’est quoi ?
-Une machine pour isoler M-Mettaton du monde extérieur. C’est une version p-plus grande de ce que l’on a autour du cou si tu veux, e-et plus efficace.
-Mais ça va te servir à quoi ? Enfin je veux dire, tu vas pas juste le laisser là-dedans ?
-Non ! C’est juste pour travailler dessus le temps de voir ce que d-donne son collier.
Undyne hocha la tête. D’après ce qu’elle voyait, ça avait l’air d’être une machine plutôt compliquée.
-C’était pas là hier. T’as fait ça quand ? Demanda-t-elle.
Alphys eut un petit rire gêné ;
-J’ai trouvé la solution hier soir, alors, hum… J-J’ai pas réussi à dormir et donc… j’ai construit ça cette nuit ? Avoua-t-elle d’une toute petite voix.
-Quoi ? S’écria Undyne, aussi préoccupée que surprise. T’as pas dormi de la nuit ? Mais, Alphys, tu peux pas faire ça ! Tu dois dormir !
-J-je sais ! Plaida la scientifique en flanchant légèrement. M-mais je pensais que tu savais, v-vu que je s-suis pas venue dans la c-chambre cette nuit.
-Je pensais que tu étais juste allée tu coucher plus tard que moi et que tu t’étais levée plus tôt. Alphys… Tu peux pas ne pas dormir, tu dois dormir, c’est important.
-Je sais, e-excuse-moi.
-C’est pour toi que je dis ça… Enfin, tu vas réussir à tenir la journée ?
-O-oui, j’ai déjà fait des nuits blanches, ça va.
Undyne grommela pour toute réponse. C’était le problème ; Alphys était trop souvent si passionnée qu’elle en oubliait de manger ou dormir. Ce n’était pas sain, mais Undyne ne pouvait pas être derrière elle en permanence, la guerrière ne voulait pas lui donner l’impression de la forcer à faire quelque chose. Mais en même temps c’était pour son bien. C’était vrai ce qu’elle avait dit à Asgore, il fallait quelqu’un pour veiller sur Alphys…
-bref, pourquoi est-ce que tu as besoin de moi ?
-I-Il faut déplacer la machine et… j’ai peur de pas y arriver toute seule…

De l’autre côté de la base, Adalric et Asgore préparaient la suite des évènements. Maintenant que le robot était presque réparé, il fallait agir vite. Toutefois, le fiasco de la mission précédente était une grosse épine dans le pied ; ils devaient laisser passer un peu de temps pour que l’histoire se tasse. S’ils réattaquaient tout de suite, les humains auraient plus de facilité à tisser des liens qui viendraient resserrer les mailles du filet. Pour l’instant, la situation était relativement calme, et il fallait que cela continue.
De toute façon, tout n’était pas entièrement au point. Les scientifiques et ingénieurs travaillaient d'arrache-pied, mais prenaient un temps péniblement long. Néanmoins, encore une fois, ils préféraient jouer la carte de la sûreté. Et cela impliquait de fabriquer de l’équipement infaillible. Ils n’avaient qu’une seule chance, alors ils avaient intérêt de réussir.
-Il faut quand même trouver un moyen de rentrer dans les locaux, dit Adalric.
-Pourquoi est-ce qu’on ne peut pas faire ça à distance ? Rétorqua le roi. Ce sera beaucoup plus simple non ?
-Pas vraiment. On a déjà étudié la possibilité, et le signal serait trop instable. Il faut qu’on obtienne un accès depuis l’intérieur, ou sinon on aura que quelques secondes d’antenne.
Asgore acquiesça, cherchant une solution alternative. Mais ils avaient fait le tour du problème, ils n’avaient pas d’autre choix que d’envoyer quelqu’un à l’intérieur.
-Qu’est-ce que tu suggères alors ? Demanda-t-il.
Le corbeau se leva et se mit à faire les cent pas.
-On doit envoyer quelqu’un poser un de nos boitiers. C’est presque prêt, et ça nous donnera le contrôle total. Donc on doit rentrer par effraction.
-Oui, j’imagine que ce n’est pas possible d’engager un de leurs monstres ou de faire recruter quelqu’un.
-Non, on a fait l’erreur une fois, et tu vois bien ce que ça a donné. Malgré leur sympathie, on ne peut absolument pas faire confiance aux monstres asservis. Et si on envoie quelqu’un de chez nous, ce sera forcément un libre déguisé, ce qui est encore plus risqué ; s’ils lui mettent un collier, il révèlera tout sur nous.
-Alors ce sera un commando, répondit le roi. Pas trop gros, ils doivent rester le plus discrets possible.
-Et pas de renforts de l’extérieur, signala Adalric. On a déjà utilisé la méthode du camion la dernière fois, donc on ne peut pas s’en resservir.
-Un commando agile donc, et expérimenté pour pouvoir entrer et sortir seul. On ne parle pas de soldats normaux là.
-Non en effet, il nous faut des monstres avec l’expérience du terrain. Deux ou trois, grand maximum.
Le roi voyait un plan se mettre en place peu à peu dans son esprit. Il n’avait pas encore les détails en tête, mais cette ébauche était mieux que le grand vide qu’ils avaient jusqu’à maintenant.
-Des anciens membres de la garde royale, suggéra-t-il.
-Très pertinent. Mais cela limite notre choix.
-Undyne - évidemment -, toi, hum… Je ne crois pas qu’un des membres de l’unité canine de Snowdin nous ait rejoints ?
-Détrompe toi, Dogaressa et Geater Dog. Mais, sans son mari elle n’est pas vraiment la même et… disons que Greater Dog n’est pas forcément la personne qui me vient à l’esprit si je cherche à être discret.
-Il faudra que j’aille les voir à l’occasion… Marmonna le roi. Mais du coup on peut en effet les rayer de la liste.
Asgore soupira.
-Ce n’est pas vraiment ce que j’espérais… Reprit-il. On peut rajouter Sans également.
-Le squelette ?
-Oui.
-Mais, il n’était pas scientifique ? Demanda Adalric. En tout cas, c’est ce qu’il fait en ce moment.
-C’est une histoire compliquée, mais à ta place je ne sous-estimerais pas sa magie.
-Hmpf… Eh bien, je crois que la décision est vite prise alors. Nous ne pouvons pas nous y rendre toi et moi, le commando sera donc composée d’Undyne et de Sans… Peut-être que nous devrions nommer quelqu’un d’autre ?
-Au contraire, je pense que les deux pourront très bien travailler ensemble, fit le roi. Mais ils ne diraient pas non à un soutien externe cela dit.
-Par radio ? Ils seront très vite repérés, Asgore.
-Je ne pense pas. C’est une véritable usine à ondes l’endroit où ils se rendent. Bon courage pour tenter d’intercepter un message si on ne sait pas quoi chercher.
Adalric réfléchit quelques instants, un pli soucieux sur le front.
-Oui, ça peut marcher. Je vais en parler à nos ingénieurs, voir s’ils peuvent construire quelque chose.
-Bien, fit Asgore. Tiens-moi au courant quand tu as du nouveau, je te laisse réunir tout le monde pour le briefing.
-Bien sûr, répondit le corbeau, comprenant qu’ils en avaient fini.
Le roi sortit de la salle et les pensées d’Adalric se tournèrent vers une autre des nombreuses préoccupations qui l’accablaient. Il soupira, il allait devoir monter une nouvelle mission d'approvisionnement, et celles-ci étaient toujours un casse-tête sans nom…

erosdog erosdog
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Niveau 10
28 août 2018 à 21:29:44

2

Un plateau dans chaque main, Undyne s’arrêta devant la porte de l’atelier, perplexe. Elle se demandait comment elle allait bien pouvoir faire pour ouvrir la porte. Foutues poignées rondes. Qui avait eu l’idée d’installer ça ? Finalement, elle se résolut à poser l’un des plateaux au sol, en espérant que le ménage avait été bien fait.
-Alphys ? C’est moi ! Cria-t-elle en entrant, ne sachant si sa bien-aimée l’entendrait depuis l’intérieur de la machine.
Se frayant un chemin au travers des clés à molettes et autres pièces de métal jonchant le sol, la monstre se faufila jusqu’à un établi relativement dégagé pour se débarrasser de son chargement.
L’énorme sarcophage trônait en plein milieu de la pièce, et servait de grosse caisse aux crépitements du fer à souder. La guerrière toqua à la fenêtre pour attirer l’attention d’Alphys, et lui fit signe que le repas était servi. La scientifique se débarrassa de son attirail protecteur avant de la rejoindre, haletante et couverte de sueur. Undyne devait bien avouer qu’elle avait un peu chaud tout d’un coup, à moins que ce ne soit qu’à cause des machines ?
Pour se changer les idées, elle invita Alphys à prendre place sur le tabouret, se contentant elle-même d’une caisse qui traînait là.
-I-Ils ne t’ont pas posé trop de p-problèmes ?
-Non, ça a été, ne t’en fais pas. De toute façon, c’est pas comme si j’allais les laisser m’empêcher de t’apporter à manger, dit-elle en souriant.
En voyant son amante engloutir le contenu de son assiette, Undyne se demanda depuis quand elle n’avait rien avalé et soupira intérieurement. Un jour, il faudrait vraiment qu’elles aient une discussion sérieuse à propos de ça. Elle savait bien qu’Alphys était plus préoccupée par son esprit que son corps - ce qui lui allait très bien si on lui avait demandé son avis -, mais ce n’était pas une raison pour le négliger totalement au point de ne pas dormir ni manger. Ce n’était pas bon, elle ne pouvait pas réfléchir correctement ni être en bonne santé !
Enfin, se dit-elle, inutile de se répéter encore et encore les mêmes choses…
-Tu as bien avancé ? Demanda-t-elle.
-O-oui ! Il ne lui manque q-que quelques pièces. Je devrais pouvoir le rallumer aujourd’hui. T-tu veux rester ?
-Bien sûr ! Répondit gaiement Undyne. Ça me fait plaisir. Tu as besoin d’un coup de main ? Ajouta-t-elle.
-P-pas vraiment. C’est compliqué et… C’est moi qui l’ait c-construit donc je sais où tout va, et… et j’ai pas fait de plans et…
-D’accord, pas de soucis. C’est toi la pro, fit Undyne en souriant.
Quoi de mieux que de passer l’après-midi à ne rien faire à côté de sa bien-aimée ? Elle pourrait contempler sa passion de tout son saoul et voir toute la joie sur son visage quand Mettaton s’allumerait. Non c’était bien mieux que de faire des pompes.

-J’m’ennuie…
-Moi aussi…
Frisk et Monster Kid étaient avachis contre l’un des murs de la cour, complètement désœuvrés. Autour d’eux, quelques autres âmes en peine tentaient également de trouver une occupation, en vain. Décidément, les journées sans cours étaient encore plus interminables que celles avec.
-Qu’est-ce qu’on fait ?
-J’en sais rien…
Ils poussèrent un soupir, ayant épuisé toutes les activités qui leur venaient à l’esprit. La balançoire allait cinq minutes, idem pour la corde à sauter ou le ballon. C’étaient des jeux pour les gamins, ils avaient passé l’âge. De toute façon, ils n’aimaient pas le groupe qui avait actuellement la balle. Tout cela les laissait bien en peine de tuer le temps, et ils se languissaient donc désespérément depuis bien trop longtemps.
-J’ai une idée, fit pensivement Monster Kid. Mais il faut qu’on arrive à sortir d’ici.
-Sortir ? De la base ? Lui demanda Frisk, perplexe. Cela dit, ce n’était pas une si mauvaise idée.
-Non ! T’es dingue ? Je veux dire sortir d’ici, de l’école.
-Ah… Répondit Frisk, un poil déçue.
-Suis-moi, fit le petit reptile en se levant.
Franchissant la cour en quelques secondes, les deux enfants se glissèrent dans l’un des couloirs déserts, priant pour ne pas tomber sur l’un de leurs professeurs. Ils se dépêchèrent d’arpenter les allées trop familières à leur goût pour atteindre la porte. Si seulement ils pouvaient prendre ce chemin plus souvent…
À leur grand désarroi, ils durent se précipiter derrière l’angle d’un mur en voyant que l’entrée était gardée. Un monstre était assis à côté de la porte. Ses yeux étaient rivés dans un livre, mais il serait impossible de sortir sans qu’il ne les voie.
-Qu’est-ce qu’on fait ? Chuchota Frisk, s’en remettant à l’expertise de son ami.
-Attends une seconde, répondit-il en passant un œil dans le couloir.
Il y avait une porte à quelques mètres d’eux, qui donnait sur l’entrée et sur la pièce juste de l’autre côté du mur.
Le monstre n’eut même pas besoin de tester la cloison, sachant parfaitement qu’elle était fine comme du papier. Fermant les yeux pour se concentrer, il tenta de percevoir ce qu’il pouvait bien y avoir de l’autre côté. La salvation se présenta sous la forme d’un petit clou planté dans le mur, auquel était accrochée une ficelle qui soutenait un cadre. Monster Kid n’avait aucune idée de ce que ce pouvait être, mais en revanche ce qui était certain c’était que l’objet ferait un gros bruit en tombant. Surtout vu tout le fatras qu’il sentait en dessous.
-Qu’est-ce que tu fais ? Lui demanda Frisk tout bas.
-Observe et attend, répondit fièrement le monstre en se concentrant sur sa magie. La science était un peu incertaine, et il dû s’y reprendre à plusieurs fois, mais enfin il sentit que le bout de métal perdait prise et se délogeait.
Il y eut un gros fracas de verre brisé et d’objets renversés dans la pièce d’à côté. Monster Kid émit un juron inaudible. Il ne voulait pas causer autant de dégâts, et il n’avait pas prévu que le cadre serait en verre. Les deux jeunes se plaquèrent contre le mur alors que l’adulte dans l’entrée sursauta.
-Qu’est-ce que- ! S’exclama-t-il.
Aïe, ils n’avaient pas intérêt de se faire prendre.
Heureusement pour eux, le professeur se rendit directement dans la salle sans jeter un coup d’œil dans le couloir. S’il l’avait fait, ils se seraient fait prendre directement. Saisissant leur chance, les deux complices se faufilèrent jusqu’à la porte qu’ils franchirent le plus silencieusement possible. Personne ne s'aperçut de rien, et on blâma le mur pas assez solide.
-Ouf, s’écria Monster Kid quand ils furent assez loin. C’était moins une !
-C’est clair, préviens moi la prochaine fois que tu fais un truc comme ça !
Les couloirs de la base étaient plutôt vides à cette heure, mais de toute façon, personne ne leur prêta grande attention. Les soldats ne voulaient pas être ceux qui causeraient des problèmes pour rien. Ils partaient du principe que si les jeunes se trouvaient là, ils devaient avoir une raison. C’était tant mieux.
Monster Kid les guida dans le dédale qu’il connaissait bien mieux que Frisk. Il refusait de lui dire où ils se rendaient, prétextant une surprise, et elle n’avait aucun moyen de deviner. La jeune fille tâchait donc de se remémorer le chemin. Si cet endroit valait vraiment la peine de les faire sécher, il devait être vraiment exceptionnel.
Ils parvinrent finalement devant une porte anonyme. Seul un écriteau “accès interdit” contrastait avec sa blancheur fade. Évidemment, se dit-elle. Il l'emmenait dans un coin où ils n’avaient pas le droit d’aller. Toutefois, il n’y avait pas de poignée sur la porte ; sûrement pour empêcher les petits malins comme eux de l’emprunter.
-Et maintenant ? On fait quoi ? Demanda Frisk.
-Faut vraiment que tu apprennes à penser comme un monstre, lui rétorqua Monster Kid.
-Qu’est-ce que tu veux dire ?
-Avec la magie !
Et, pour illustrer ses propos, on entendit un petit déclic de l’autre côté de la plaque métallique. Le monstre regarda à droite, puis à gauche, et la seconde d’après la porte se refermait derrière eux.
-Bravo, grommela Frisk.
-Boudes pas. Viens, on y est presque.
Le corridor était différent. On avait économisé sur la peinture en laissant les murs nus, la lumière ne venait que de quelques ampoules pendouillantes, et des tuyaux courraient le long des murs, gouttant ou laissant échapper quelques traits de vapeur par endroits.
-On va où ? Demanda Frisk.
-Plus que quelques secondes, répondit mystérieusement le jeune monstre. Il l’entraîna plus loin dans le couloir si étroit qu’il les forçait à procéder en file indienne. Elle avait l’impression de s’éloigner de plus en plus du réel, d’arpenter les coulisses de leur monde, accompagnée par l’excitation de l’interdit et de l’inconnu.
Les tuyaux les menèrent jusqu’à une grande salle. Celle-ci était parsemée de panneaux de contrôle et autres valves de maintenance. Les boyaux métalliques s’enfonçaient dans le sol, et Frisk s'aperçut que la vaste majorité de celui-ci était en fait un immense grillage, recouvrant une sorte de gigantesque machine à l’étage inférieur. Elle resta bouche bée quelques secondes, avant de demander ;
-Qu- Qu’est-ce que c’est ?
-J’sais pas, mais ça a l’air cool.
-On dirait un grand réacteur… Comme dans le CORE…
-P’t’être. Mais c’est pas ça que je veux te montrer.
Dans le coin opposé de la salle se trouvait une échelle. Mais au lieu de descendre vers la machine, ils grimpèrent jusqu’au plafond, où donnait une bouche d’aération. Malgré son physique, Monster Kid fit preuve d’une agilité surprenante et dégagea la grille, invitant Frisk à se faufiler dans le passage exigu tandis qu’il refermait derrière eux.
Alors qu’elle progressait, la jeune fille pouvait sentir un courant d’air de plus en plus fort devant elle. Lui parvenait également le battement inquiétant d’une hélice. Elle se demandait où est-ce que Monster Kid était en train de l’emmener, mais elle sentait qu’elle n’allait pas tarder à le découvrir.
Soudain, le conduit déboucha sur une énorme ouverture, un cylindre de plusieurs mètres de diamètre. Le sol était recouvert d’un épais grillage, et juste en dessous tournaient frénétiquement les pales qu’elle avait entendu de si loin. Frisk posa un pied hésitant sur la structure, prise de l’inquiétude irrationnelle que la structure ne cède sous ses pieds.
-Vas-y, l’encouragea son ami. Je viens tout le temps, c’est résistant.
L’humaine s’engageait un peu plus franchement, et en effet, la protection ne grinça même pas sous son poids. Le jeune monstre la rejoint quelques instants plus tard, et ils s’assirent près du mur. Le vent tracté par le rotor restait relativement faible, et ils ne souffrirent donc pas excessivement du froid. Cependant, la température avait soudain baissé, bien plus qu’elle n’aurait dû à cause du ventilateur.
De plus, il faisait bien clair pour un endroit que personne n’était censé visiter. La lumière était presque aveuglante comparée aux lampes électriques des souterrains. Et pour cause ; en levant les yeux Frisk resta interdite face au spectacle qu’elle n’avait pas observé depuis des semaines. Au-dessus de sa tête, à plusieurs dizaines de mètres, elle pouvait voir le bleu-gris du ciel hivernal.
Elle aurait difficilement cru qu’elle ressentirait les sentiments qui la traversaient en ce moment. Sans qu’elle ne s’en soit rendue compte, la surface lui manquait énormément, et voir ce ciel était à la fois apaisant et revigorant. C’était un rappel qu’il y aurait un jour où ils pourraient tous vivre en paix à l’extérieur. Elle frissonna en pensant à toutes les générations de monstres qui s’étaient succédées sans jamais avoir droit de voir ce spectacle.
-Tu comprends pourquoi je voulais garder la surprise ? Lui demanda Monster Kid, et elle hocha longuement la tête.
-Je sais que c’est bête, reprit-il, mais j’aime cet endroit.
-Non je… je comprends. C’est… c’est beau…

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Niveau 10
28 août 2018 à 21:30:09

3

Les deux amantes fixaient la machine ronronnante. Elles étaient assises sur un établi au milieu d’outils et de flaques d’huile, leurs jambes pendouillant dans le vide.
-Qu’est-ce qu’on attend ? Demanda Undyne.
-Que les batteries terminent de se recharger et que le logiciel s’initialise correctement.
-Ah… Acquiesça Undyne.
La pendule au mur indiquait dix-neuf heures passées, et la guerrière devait avouer qu’elle comprenait qu’Alphys puisse perdre la notion du temps. Elle-même était restée là toute la journée à jouer avec des écrous et des circuits électriques - elle avait même réussi à allumer une diode ! - sans voir l’heure tourner.
Après un bon moment, la machine émit un petit bruit. Alphys descendit de son siège et se précipita pour pianoter sur l’écran, retenant son souffle. Tous les voyants étaient au vert, alors elle initialisa la séquence d’activation.
On entendit un bruit de décompression, et une épaisse fumée blanche envahit la pièce. Au travers de sa toux, Undyne put entendre une voix métallique si caractéristique s’élever de la brume.
-Oooh oui !
Un fort déclic retentit et une ombre se détacha du brouillard. On put entrevoir le reflet rose et gris du métal alors que le nuage se dissipait. Comme Undyne avait pu le constater au cours de la journée, Alphys n’avait conservé que la forme humanoïde du robot.
Mettaton émit un gémissement de plaisir ;
-Aaah, ça fait du bien de sortir de là. Merci Alphys d’avoir sauvé mon corps déliciiieux !
-D-De rien M-Mettaton.
La fumée finit de disparaître pour révéler son corps flambant neuf. Le métal soigneusement lustré brillait, son armure luisait sous l’effet de sa magie réveillée et les traces de la réparation étaient totalement invisibles. Alphys avait fait un travail de génie.
Le robot prit la pose, arbora un sourire de tombeur et s’exclama ;
-Bonsoir beautés et gentes dames ! Bienvenue dans résurrection du robot tueur ! Le suspense est... mortel !
-M-Mettaton, calme toi s-s’il te plait.
-Me calmer ? S’écria le robot. Voyons Docteure, je suis enfermé là-dedans depuis bien trop longtemps ! Mon système me dit que j’ai passé quatre cent vingt-neuf jours, onze heures et trente-six minutes en veille, je me fais du souci pour mon fan club !
-Alors tu vas être déçu, lança Undyne. Tes “fans” t’ont foutu dans cette boite je te rappelle.
-Allons Undyne. Tout ceci fait partie du spectacle ! Mais, vous n’avez toujours pas vaincu ces humains ? Aïe aïe aïe, j’espère au moins que vos épisodes fillers sont de qualité, parce que là toute la série repose dessus !
-Mettaton ! S-Sois sérieux !
-Mais je le suis Alphys. Vous êtes toujours aux prises avec les humains ?
Le robot regarda autour de lui.
-Et quel est cet endroit ? Ça manque d’éclairage !
-Justement, tu ferais bien de te réjouir que ce soit pas fini, parce que c’est pour ça que tu es là, expliqua Undyne avec une pointe d’exaspération dans la voix.
-Que veux-tu dire ? Hors de question que je salisse mon nouveau corps avec… ça, dit Mettaton en faisait un mouvement de main dégoûté. Puis il s’examina rapidement et ajouta ; au passage, beau travail Alphys.
-Urgh, pourquoi est-ce que tu l’as pas laissé au fond de sa caisse ? Se plaignit Undyne. Enfin bref, je sais pas ce qu’on veut de toi, mais Adalric et Asgore veulent te voir.
-Adalric ? L’interrogea le monstre.
-Le chef de la résistance. Tu peux pas télécharger ce qu’il s’est passé ces cinq dernières années avec ton corps de robot si parfait ?
-La résistance ? Voilà qui promet d’être intéressant ! S’extasia Mettaton en ignorant la remarque. Mais, depuis quand Asgore est réalisateur ?
Undyne grogna à nouveau mais Alphys les entraîna tous à l’extérieur avant que Mettaton n’ait le temps de l’exaspérer davantage. Elle les guida ensuite jusqu’au commandement, ayant promis à Adalric de l’avertir au plus vite.

Dehors, la nuit était tombée. Frisk et Monster Kid admiraient le ciel étoilé au travers de leur petite ouverture. Les deux enfants n’avaient aucune idée de l’endroit où ils se trouvaient, mais ce devait être dans un coin perdu car la voûte céleste fourmillait d’étoiles en tous genres. Leur fenêtre était minuscule, et pourtant ils pouvaient voir plus d’astres qu’ils ne pouvaient en compter.
En somme, le spectacle était magnifique.
Ils ne parvenaient à en détacher les yeux. C’était une des rares fois où ils pouvaient vivre une telle expérience ; Monster Kid en avait été privé durant la majorité de sa vie, et Frisk n’avait jamais vu qu’un ciel pollué grisâtre dans sa ville natale.
Face au froid nocturne qui s’était déclaré, les deux amis s’étaient rapprochés. Ils se tenaient l’un contre l’autre, frissonnants, mais prêts à souffrir pour glaner quelques secondes supplémentaires. On les cherchait sûrement en bas, mais ils inventeraient quelque chose.
Ils avaient parlé de tout et de rien, avant que la conversation ne meure pour laisser place à un état méditatif de contemplation. Toutefois, Monster Kid brisa le silence ;
-Frisk, est-ce que je peux te poser une question ?
La jeune fille se tourna vers lui, arrachant son regard au ciel pour le poser dans celui solennel du monstre.
-Oui ?
-Comment c’est la vie à la surface ? Comment est-ce que nous vivrons une fois que tout cela sera terminé ?
Frisk prit quelques secondes pour réfléchir. Elle poussa un soupir et reporta ses yeux sur les étoiles.
-C’est… spécial. On peut tout faire, mais on n'a pas le droit de faire plein de choses. C’est un peu comme la vie sous terre, j’imagine, mais en plus vaste et plus libre. On n'est pas limité à quelques régions, on peut aller où on veut, voir des milliers de choses différentes, rencontrer plein de gens.
Monster Kid hochait lentement la tête.
-Mais tout n’est pas parfait, reprit-elle. Il y a des difficultés, des moments tristes, et tout. C’est pas le paradis, mais à côté de l’Underground, ça s’en rapproche pas mal. Enfin… Aujourd’hui, c’est probablement le pire endroit sur Terre, mais on peut changer les choses, on peut créer un monde où chacun pourra profiter comme il veut de la surface.
-Mais qu’est-ce qu’on peut y faire exactement ? Qu’est-ce que tu me conseillerais de faire en premier.
La jeune fille réfléchit pendant quelques secondes.
-Je ne sais pas. Tout me paraît si naturel… À côté de vous, je ne sais pas ce que j’ai la chance d’avoir et ce que l’on partage. Mais tu peux par exemple aller pique-niquer et t’allonger dans l’herbe, sentir le soleil brûler sur ta peau et le vent te rafraîchir, ou au contraire observer le ciel et les étoiles. On a même des télescopes, pour les voir encore mieux.
Elle voyait sur le visage de Monster Kid qu’il était déjà en train de rêver à tout ce qu’il pourrait faire. De s’extasier sur toutes les nouvelles possibilités, radicalement différentes de tout ce qu’il avait connu jusqu’à aujourd’hui.
Mais elle vit aussi, en contraste, toute la souffrance qu’il avait vécue. Et cela la révoltait. Si elle avait pu effacer tout ce qu’il s’était passé, elle le ferait sans hésiter. Elle aurait tout fait pour épargner ce sort aux monstres auxquels elle tenait. Et, pendant un temps, elle avait eu ce pouvoir. Si seulement elle avait su… Si seulement elle avait mesuré sa chance en cet instant…
Mais cela la remplissait de détermination. Ce sentiment dévorant d’injustice la poussait à se battre jusqu’au bout pour offrir aux monstres le monde qu’ils méritaient. Si elle ne pouvait changer le passé, elle était bien déterminée à changer le futur.

Steellar Steellar
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29 août 2018 à 14:08:18

Oh mon dieu je viens d'avoir une révélation sur ce qu'il pourrait très probablement se passer à la fin

SheogorathCDC SheogorathCDC
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29 août 2018 à 18:33:18

Le 29 août 2018 à 14:08:18 Steellar a écrit :
Oh mon dieu je viens d'avoir une révélation sur ce qu'il pourrait très probablement se passer à la fin

Oh mon dieu, Steellar a une révélation, tous aux abris ! https://image.noelshack.com/fichiers/2017/18/1494186889-978725vault13slidingdoor.jpg

Steellar Steellar
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29 août 2018 à 18:44:12

Le 29 août 2018 à 18:33:18 SheogorathCDC a écrit :

Le 29 août 2018 à 14:08:18 Steellar a écrit :
Oh mon dieu je viens d'avoir une révélation sur ce qu'il pourrait très probablement se passer à la fin

Oh mon dieu, Steellar a une révélation, tous aux abris ! https://image.noelshack.com/fichiers/2017/18/1494186889-978725vault13slidingdoor.jpg

:hap:

SheogorathCDC SheogorathCDC
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30 août 2018 à 01:40:09

:hap:

Steellar Steellar
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09 septembre 2018 à 13:16:34

Aller c'est cadeau, un petit faux espoir :hap:

SheogorathCDC SheogorathCDC
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09 septembre 2018 à 16:59:10

Le 09 septembre 2018 à 13:16:34 Steellar a écrit :
Aller c'est cadeau, un petit faux espoir :hap:

Albatar :hap:

Steellar Steellar
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09 septembre 2018 à 17:12:45

Je me disais que le forum était un peu trop inactif, et puis peut être que ero m'aurait trollé en en pondant un juste après

SheogorathCDC SheogorathCDC
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09 septembre 2018 à 20:20:57

Si seulement [[sticker:p/1lmk]]

erosdog erosdog
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13 septembre 2018 à 11:08:14

Hey, nouveau chapitre :D
Il a mit un peu de temps à venir, pas du tout parce que j'ai oublié de le poster ou quoi hein ( ͡° ͜ʖ ͡°)
Profitez bien, et n'hésitez pas à me donner votre avis à la fin, il me fait toujours plaisir.

Chapitre 29 :

Johanna reposa la petite plante en plastique sur le bord de son bureau. Cela faisait dix minutes qu’elle en frottait les feuilles, totalement perdue dans ses pensées, et cela ne renvoyait pas vraiment l’image d’une employée très impliquée. Pas qu’il n’y ait grand monde pour la surveiller... Mais tout de même.
Elle chercha du regard de quoi s’occuper, mais son bureau était complètement vide ; que ce soit le réel ou le virtuel. Le téléphone était également muet comme une tombe, la porte scellée comme celle d’une crypte et la lumière aussi vacillante que la torche d’un aventurier perdu. Elle était enfermée dans ce tombeau, où elle allait mourir d’ennui.
Pourtant, Johanna avait plein de choses à faire. Ou plutôt, une chose en particulier de laquelle découlerait tout un tas d’évènements. L’humaine jeta un regard en coin - à la fois intrigué et terrifié - à la petite clé USB au fond de son sac. L’aluminium sobre lui donnait un air banal, c’était un objet comme un autre, personne n’y ferait attention.
Mais l’humaine frissonnait aux conséquences de l’acte qu’elle s'apprêtait à commettre. Ce n’était pas vraiment son rayon, on lui avait simplement dit de la brancher et de s’en tenir au plan. Toutefois il ne fallait pas être un génie pour réaliser que ce minuscule objet si insignifiant avait le pouvoir de changer le monde.
Est-ce qu’elle avait vraiment envie de le faire ? C’était un acte irréversible. Est-ce qu’elle avait vraiment envie de tourner cette page de l’histoire, de lier son nom à cette rébellion, pour toujours ? Et, surtout, pour le meilleur comme pour le pire ?
Oui, indéniablement.
Oui, il ne pouvait en être autrement. Elle devait le faire, ce n’était même pas discutable. Elle avait proclamé vouloir la vengeance ; c’était désormais le moment de transformer ces paroles en actes.
Johanna se saisit de la clé, contemplant durant quelques secondes ses reflets ordinaires. Son ordinateur était une grosse tour, faite d’un plastique jauni qui devait dater des années deux-mille. Le port était bien visible sur le châssis, indiqué par le symbole caractéristique.
Mais alors qu’elle s'apprêtait à commettre son crime, quelqu’un frappa à la porte. Johanna sursauta, et en lâcha la clé qui vint rebondir au sol. Un instant elle crut être prise en flagrant délit, avant de se rappeler qu’elle était juste une secrétaire lambda branchant un périphérique quelconque.
L’humaine se baissa pour rattraper la clé et la mettre de côté, avant de prendre une seconde pour regagner son calme.
-Entrez, croassa-t-elle.
Victor ne se fit pas plus prier et entra, s’avançant devant le bureau.
-J’ai essayé de vous joindre au téléphone mais vous n’avez pas répondu, fit-il d’un air passablement agacé.
-Ah bon ? S’étonna Johanna. Pourtant, elle n’avait pas touché à l’appareil. C’était peut-être pour ça qu’il était si silencieux cela dit…
-Je pensais que mon père donnerait au moins du matériel qui marche à ses employés, marmonna Victor. Enfin, du coup je suis venu vous voir en personne.
Johanna hocha à la tête.
-À quel sujet ? Demanda-t-elle.
-Eh bien, je voulais vous informer que je sors aujourd’hui.
Victor ne faisait pas souvent appel à elle, mais lui qui s’était au départ montré si froid avait pourtant rapidement pris l’habitude de la tenir informée de ses agissements.
-Très bien, répondit Johanna en prenant note. Où allez-vous ?
-À l’anniversaire d’un ami.
-Hum hum, et à quelle heure ? Est-ce que vous voulez que je vous le rappelle ?
-Non ça ira, j’y vais maintenant.
-Maintenant ? S’étonna Johanna.
-Oui oui, confirma Victor. D’ailleurs, j’emmène Vaillance avec moi.
Johanna haussa un sourcil, et le jeune homme expliqua donc ;
-C’est l’un de nos monstres.
-Vous avez le droit ?
-Quelle question, il m’appartient, j’en fais ce que je veux, non ?
-Oui, bien sûr, approuva Johanna à contre cœur.
-Ça va être amusant. On leur fait faire des tours et tout, j’adore ! Que c’est excitant !
-J’aimerais être à votre place ! Tâcha de s’enthousiasmer Johanna malgré son écœurement. Et dire qu’elle avait cru un instant qu’il n’était pas si mauvais dans le fond… Mais en réalité, ce n’était qu’un de ces sales fils de riches pourri-gâtés.
-C’est noté, ajouta-t-elle finalement. Amusez-vous bien.
-Merci, au revoir.
-Au revoir, le salua-t-elle alors qu’il refermait la porte derrière lui.
Johanna se sentit mal pour ce pauvre Vaillance, et se demanda de quel genre de tours Victor parlait. Il lui avait semblé déceler un sous-entendu dans ses paroles, un non-dit qu’il lui aurait caché. Or elle connaissait pertinemment l’étendue de la perversion de certains humains, et par conséquent... eh bien… Elle plaignait vraiment le monstre...
Mais bon, avec Victor occupé à elle ne savait quoi, elle avait tout le reste de la journée pour accomplir sa mission. Personne d’autre ne viendrait la déranger. Johanna rattrapa la clé USB et, ragaillardie par son dégoût, la brancha sans plus d’hésitation.

Au début, rien ne se passa. Johanna fixa l’écran quelques secondes, pourquoi est-ce qu’il restait allumé ? Pourquoi est-ce que tout avait l’air de marcher correctement ? Normalement, l’installation était censée se passer toute seule non ?
Puis d’un coup tout vira au bleu. Des lignes incompréhensibles défilèrent à une vitesse vertigineuse, et tout s’éteignit. Johanna tenta de rallumer l’ordinateur, sans succès. C’était donc ça ? Bon...
L’humaine passa ensuite à la seconde phase du plan. Voyant que son matériel ne fonctionnait plus, elle appela naturellement le service informatique, leur expliquant comme une employée soucieuse que tout s’était soudain arrêté sans qu’elle ne comprenne pourquoi. On lui promit d’envoyer quelqu’un, et Johanna prit soin de débrancher la clé pour la cacher quelque part.
Un gros homme à la chemise couverte de carreaux rouges qui n’avaient d’égal que ses joues empourprées fit irruption dans la pièce quelques minutes plus tard. Il procéda à quelques manipulations de base, mais voyant qu’il ne parvenait à rien, il décida d’emporter la tour avec lui. C’était ce sur quoi comptait Johanna, et ce fut donc avec plaisir qu’elle approuva son idée.
Une fois qu’il fut parti, l’humaine se laissa retomber dans son fauteuil avec la satisfaction d’un travail rondement mené. Malheureusement, cela voulait aussi dire qu’elle était de nouveau contrainte de chercher quelque chose pour tuer le temps, ce qui promettait d’être d’autant plus difficile.

En regagnant son bureau, José se dépêcha de poser le boitier sur une table. Il lui fallut un moment pour reprendre son souffle ; il n’était plus habitué à transporter des choses lourdes comme ça.
-Putain, encore une conne de secrétaire qu’a fait planter son PC, dit-il à son collègue.
Celui-ci lui répondit d’un “hum hum” désintéressé, visiblement trop concentré sur son propre écran. C'était un jeune fraîchement embauché et pourtant il avait déjà pris l’habitude des radotages de José.
-J’en ai marre qu’elles aillent sur des jeux à la con ou je sais pas quoi toute la journée, reprit ce dernier. Après c’est qui qui doit réparer leurs conneries ? Certainement pas elles hein.
À nouveau, il ne reçut pour seule réponse qu’une vague monosyllabe.
-Eh oh Martin ! Tu m’écoute ?
Le jeune se retourna, mettant de côté ce qu’il était en train de faire.
-Oui j’t’écoute, mais j’suis occupé là.
-Nan mais quand même. Quand est-ce qu’on pourra enfin leur bloquer l’accès à toutes ces conneries ?
-J’en sais rien, et j’m’en fout.
-Pfff, p’tit con, répondit José en secouant la tête avant de se mettre au travail.
Étant donné que l’ordinateur ne démarrait pas, il commença par ouvrir le boitier pour vérifier que tout était en ordre. Sait-on jamais, elle aurait pu renverser du café à l’intérieur ou quelque chose comme ça et croire que “c’était pas grave parce qu'elle avait épongé vite”.
Toutefois, tout avait l’air en ordre. Aucun composant n’était noirci ou collant, ni même poussiéreux. Au contraire même, la machine avait l’air toute neuve. C’était probablement une de celles que Martin avait changé récemment.
José entreprit ensuite de refaire quelques branchements, renouveler les câbles, voire même tester d’autres composants. Mais rien n’y faisait, l’écran restait désespérément vide. Pourtant, les ventilateurs tournaient ; signe que le courant passait et que les câbles étaient mis correctement.
En désespoir de cause, il essaya de changer le disque dur, en en installant un petit de test à la place. L’écran s’illumina alors immédiatement, et José jura à voix haute.
-Sérieusement ? Forcément qu’elle a foutu un virus dessus. Quel con de pas y avoir pensé avant.
-Qu’est-ce que tu dis ? Demanda Martin.
-Rien. File-moi le câble là-bas.
La corde vola dans la pièce, et le technicien connecta le disque dur défectueux à son propre ordinateur. Prenant les précautions d’usage, il lança plusieurs logiciels d’analyse et constata qu’effectivement, sa prédiction était correcte.
-Comment est-ce qu’elle a fait pour en foutre autant ? Maugréa-t-il.

Au bout d’un long moment, il avait réussi à restaurer la majorité des données. Pour aller plus vite, il avait fait appel à une des sauvegardes antérieures, constatant avec soulagement qu’elles n’étaient pas corrompues. Il y aurait sûrement quelques pertes, mais quelqu’un d’aussi incapable ne méritait pas qu’il passe son temps à se battre contre les dernières traces de l’infection.
Il remonta ensuite toutes les pièces manquantes, fit un dernier test d’allumage, et rapporta son bien à la secrétaire ignorante, en pensant bien à se munir d’un chariot cette fois. Johanna se montra toute reconnaissante et le remercia chaudement d’avoir été si rapide. Cela apaisa un peu sa frustration, mais sans plus.
En voulant se remettre au travail, José fut toutefois surpris de constater que l’intranet de l’entreprise lui demandait de s’identifier à nouveau.
-T’as touché au réseau ? Demanda-t-il à Martin.
-C’est ton boulot ça, j’suis pas fou non plus.
Ne s'inquiétant pas davantage, le technicien rentra ses identifiant en blâmant une mise à jour ou autre erreur logicielle. C’était embêtant, surtout vu la complexité du mot de passe pour éviter les intrusions, mais ce n’était pas non plus la fin du monde. Ça arrivait de temps en temps.
Pour se récompenser du bon travail qu’il avait fait, José s’offrit un petit quelque chose à boire. Il avait reconverti un vieux boitier en glacière puis l’avait planqué sous son bureau, si bien que les rares inspections de conformité ne décelaient rien d’anormal. Il se félicitait encore de son intelligence.
Au même moment, à quelques kilomètres de là, quelqu’un se frotta les mains en voyant la bêtise dont il venait de faire preuve.

erosdog erosdog
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13 septembre 2018 à 11:09:17

2

Victor retrouva Vaillance à l’étage des monstres, puis l’entraîna dans l’escalier de service. Le monstre lui demanda comment s’était passée sa matinée, et Victor se vanta d’avoir trouvé un prétexte bien sordide pour justifier leur sortie, ce à quoi ils rirent tous deux. Ils avaient décidé de sortir la veille, et c’était même Vaillance qui avait suggéré l’idée de donner un tel type d’excuse, toutefois Victor avait décidé de tenir secret le lieu du rencard.
-Où est-ce que tu m’emmène ? Demanda donc Vaillance alors qu’ils prenaient la porte de service. Habituellement, ils évitaient de parler une fois dehors, mais les deux amants étaient encore à une distance raisonnable du véhicule.
-Tu verras, répondit le jeune homme.
Victor s’engouffra au travers de la portière ouverte, laissant son amant passer juste après. Le chauffeur referma derrière eux puis vint prendre place au volant.
Le trajet se fit en silence, les deux passagers jouant leur rôle en regardant défiler les grandes tours, qui se muèrent peu à peu en petits immeubles puis en maisons modestes à mesures qu’ils approchaient de l’extérieur de la ville. Aucun des deux ne passait souvent par ici, et c’était plutôt dépaysant en contraste avec leur milieu habituel.
Finalement, l’horizon de façades fit place à un terrain plus naturel. Le chauffeur roula encore sur une petite distance avant de bifurquer vers l’océan. Malheureusement, la tour Copperheinmer n’avait pas vue sur le large, et ils étaient donc obligés de s’éloigner à défaut de pouvoir s’y rendre dans la ville, le littoral étant occupé par le grand port.
Quand la voiture s’arrêta, ils se trouvaient sur un parking désert au béton à moitié transformé en sable. L’océan était caché derrière des rangées d’arbres, à peine visible au fond d’un sentier effacé par le temps.
-Merci, fit Victor au chauffeur. Vous pouvez rentrer, nous vous ferons signe quand nous souhaiterons repartir.
-Bien monsieur Copperheinmer, répondit-il avant de faire demi-tour, laissant le couple complètement seul. À des lieues à la ronde même.
Ils s’engagèrent sur le chemin sablonneux qui menait à la plage, tâchant de se frayer un chemin au travers de la flore envahissante.
-Comment tu connais cet endroit ? Demanda Vaillance.
-Je suis déjà venu plusieurs fois, avant.
-Avant ? S’étonna le monstre.
-Quand j’étais plus jeune, avec ma mère.
À la façon dont Victor prononça ces mots, Vaillance sut que c’était un sujet difficile. Étonnamment, il ne s’était jamais interrogé sur le fait que le jeune homme vive seul avec son père. Il s’était fait la réflexion mais… il n’avait jamais pris le temps de vraiment plus creuser. Cela dit, était-ce vraiment le moment ?
-Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Demanda-t-il néanmoins.
Victor soupira ;
-Quelque chose de classique, j’imagine. De tout bête. Mon père et ma mère se sont séparés, ça s’est mal passé, et... disons que mon père s’est servi de moi pour se venger. Il a utilisé son argent pour obtenir la garde et puis… eh bien, cela fait un moment que je n’ai pas revu ma mère, quoi.
Le jeune homme regardait droit devant lui, et Vaillance n’insista pas davantage. Mais il comprenait maintenant à quel point la rancœur dans la famille Copperheinmer était bien plus profonde qu’une simple histoire de monstres. Brièvement, Vaillance se demanda si Victor n’avait pas adopté cette vision par pure opposition avec son père. Non, il était naturellement bienveillant.
Lorsqu’ils arrivèrent enfin en vue du large, Victor reprit la parole ;
-Excuse-moi de ne pas t’emmener au coucher du soleil, ça aurait été plus romantique.
-C’est très bien comme ça je t’assure, murmura Vaillance en gardant les yeux rivés sur l’horizon. C’est… c’est rare que je puisse voir la mer et… C’est déjà très beau comme ça.
-C’est vrai, c’est impressionnant.
-Oui, c’est… si grand…
Ils restèrent tout deux assis un moment, dans un état de contemplation qui se teinta bientôt de mélancolie. Il aurait été vain de prétendre que c’était une visite à la plage comme une autre, que chacun connaissait déjà parfaitement l’immensité de l’océan.
Mais ils tâchèrent vite d’oublier cette idée. Ils n’étaient pas venus ici pour se morfondre, bien au contraire. Ils voulaient s’amuser ensemble, ils voulaient prendre du bon temps, profiter un peu de l‘un de l’autre tant que cela était possible.
-Tu veux aller te baigner ? Demanda Victor.
-Mais, j’ai pas pris de maillot de bain, protesta son amant. Enfin, pas que j’en aie un mais…
-Pas besoin de maillot de bain, répondit Victor en lui lançant un regard suggestif. Je connais un coin plus intime un peu plus loin.
Comprenant ce qu’il voulait dire, Vaillance sourit à son tour ;
-Qu’est-ce qu’on attend alors ? J’espère qu’elle sera bonne.
-On a de la chance, il fait beau aujourd’hui, fit Victor en se mettant en marche. Peut-être qu’il fera moins froid dedans que dehors.
-Au pire, il faudra qu’on se tienne chaud, rétorqua Vaillance.
-Dans ce cas, j’espère qu’elle sera glaciale.

Loin sous la surface, Mirabelle reçu la notification qu’elle attendait depuis des heures, et c’est tout excitée qu’elle se rua devant son poste. La monstre avait bien tenté de s’occuper avec autre chose, mais elle ne parvenait à divertir son esprit de cette préoccupation si cruciale, et elle envoya donc balader sans regret le projet sur lequel elle travaillait.
La rhinocéros jeta également sa collation au loin, se rappelant avec culpabilité que ce n’était pas très bon pour sa santé, mais blâmant sa race pour son embonpoint. Elle se replaça correctement sur son siège, prenant quelques secondes pour se concentrer pleinement, avant de rentrer dans le vif du sujet.
Un moment, elle avait douté que l’opération ne marche. Elle n’était pas sûre que l’humaine ait le cran. Mais Mirabelle devait avouer qu’elle avait été mauvaise langue.
La monstre ouvrit tout d’abord sa messagerie pour avertir les membres de l’opération, et en profita pour glisser un petit message à Alphys. La lézarde allait faire partie de ceux qui se casseraient la tête à éplucher ce qu’elle était sur le point de récolter, alors elle pouvait bien lui laisser un petit temps de préparation.
Ensuite, elle alla voir à quel point l’infiltration s’était bien passée. L’historique transmit par le mouchard était assez obscur, mais pour elle qui l’avait conçu c’était un langage des plus clairs. Constatant avec soulagement qu’elle n’avait déclenché aucune alarme, Mirabelle enclencha la seconde phase du plan.
Exploitant les identifiants récupérés, la monstre se connecta à l’intranet de l’entreprise en remerciant le ciel que Copperheinmer Industries ait lésiné à ce point sur la sécurité interne. Néanmoins, il ne fallait prendre aucun risque, et elle procéda attentivement en explorant le réseau.
L’avantage des autorisations de “J0s3_secu” était qu’elle pouvait aller à peu près où elle voulait. Les informations sensibles étaient cryptées - elle allait s’attaquer à ça dans un instant - mais visibles. Comme tous les postes du réseau. Et surtout, ce qui l'intéressait le plus : le serveur mail.
Afin de s’assurer que ce fameux “j0s3” ne s'aperçoive pas que l’on usurpait son identité, Mirabelle créa un nouveau compte plus discret et dupliqua les autorisations d’accès. Puis elle effaça ses traces et s’attaqua à sa véritable mission ; triturant les entrailles du serveur mail, la monstre parvint à implanter un message à l’air tout à fait innocent - à peu de chose près le même que ceux que Johanna envoyait régulièrement et légitimement -, mais au contenu dévastateur. Elle était assez fière d’avoir réussi à cacher son programme sous la forme d’un document banal et demanda la bénédiction des dieux de l'ingénierie sociale avant de compléter l’envoi. Expéditeur, T.Johanna ; destinataire, C.Oscar ; objet, rapport hebdomadaire. S’il ne tombait pas dans le panneau, Mirabelle était prête à rendre son T-shirt de meilleur pirate de la résistance.
De tout façon, il lui allait trop petit…
Pour fêter ça, elle alla rechercher quelque chose à grignoter. Et à boire aussi, il faisait vraiment chaud avec tous ces ordinateurs.

L’eau était effectivement plutôt froide.
Le printemps n’était là que depuis très peu de temps, et ça se voyait. Vaillance frissonnait, sa fourrure qui le protégeait habituellement du froid s’étant retournée contre lui. Victor quant à lui, qui n’avait pas vraiment de poils, arrivait à peu près à s’en sortir s’il restait statique. Mais les vagues chassaient sans cesse la fine pellicule tiède qui se formait autour de ses membres, et il regretta un instant sa suggestion.
Toutefois, bien que son corps le maudît, ses yeux étaient aux anges. Vu le froid, le plus intéressant n’était pas très visible ; néanmoins le reste était tout aussi alléchant.
Malgré tout, ils mirent fin à la baignade improvisée aussi vite qu’ils s’y étaient adonnés, décrétant d’un commun accord que l’eau était bien trop froide. Toutefois, même sortis, ils ne purent que se sentir stupide face à l’étendue de leur bêtise : ils n’avaient rien pris pour s’essuyer, et étaient donc contraints de grelotter de froid en attendant de sécher.
Heureusement pour eux, le ciel était largement dégagé, et le soleil brillait d’une lueur faible mais constante. Les deux amants trouvèrent donc une pierre où s’asseoir, et patientèrent en grelottant que l’eau daigne s’évaporer.
Ils se blottirent l’un contre l’autre pour combattre l’hypothermie, la peur de crever sur cette plage leur passant plusieurs fois à l’esprit. Mais la météo fut d’autant plus clémente et le soleil redoubla bientôt d’intensité. Le zénith avait pourtant été atteint depuis longtemps, mais les mystères du climat les dépassaient tous deux largement.
Ils échangèrent quelques paroles au travers de leurs mâchoires claquantes pour tenter de faire passer le temps plus vite, et constatèrent quand ils furent enfin secs que le rendez-vous avait un peu tourné court. L’envie de se pavaner au naturel leur était passée depuis un moment, et ils se dépêchèrent donc de renfiler leurs vêtements.
-C’était pire que de se baigner à Snowdin, marmonna Vaillance.
-Snowdin ? L’interrogea Victor qui l’avait entendu en s’approchant.
-Oui, c’était la région enneigée de l’Underground. Enfin, je sais pas si c’était vraiment de la neige mais… En tout cas il faisait vraiment froid.
-C’était genre, comme en montagne ?
-Sûrement, j’imagine, répondit Vaillance en hochant les épaules. En tout cas, il y avait un grand lac gelé.
-En permanence ? S’étonna Victor
-Oui. Des fois y avait des gens qui s’y baignaient. Je l’ai fait une fois ; on scie un bout de glace, on l’enlève, et on peut se baigner. Mais, crois-moi, je l’ai jamais refait.
-C’était comme une attraction touristique ?
-Hum hum, si on veut. Les gens y allaient souvent en vacances oui.
-Ça a l’air sympa, j’aurais bien aimé pouvoir voir ça.
-Moi aussi. J’aurais bien aimé pouvoir t’emmener là-bas…
Les deux amants se turent un instant, regardant loin au large. Un jour, peut-être, ils seraient libres de visiter ce qu’ils voulaient…
La conversation reprit sur un autre sujet, revenant bientôt à la joie d’être ensemble. Ils étaient là, tous les deux serrés l’un contre l’autre. C’était tout ce qui comptait, non ? L’après-midi s’écoula ainsi doucement, le souvenir de leur baignade ratée s’évanouissant bientôt face à l’ardeur de leur sentiments.

erosdog erosdog
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Niveau 10
13 septembre 2018 à 11:10:09

3

Oscar était un homme occupé.
Par conséquent, il passait le plus clair de son temps loin du bureau. Le travail de gestion et de management était délégué, de fait il n’avait pas vraiment de raison de rester dans la tour. Au contraire, il était plus important pour lui de déjeuner avec des gros clients ou actionnaires, ou bien de fomenter quelques campagnes de lobbying.
Toutefois, il devait bien s’occuper de la quantité astronomique de mails qu’on lui envoyait. Et - pur caprice personnel - il préférait faire ça assit dans un bon fauteuil, sur un clavier plus efficace que celui minuscule et donc inutilisable de son téléphone.
C’est ainsi qu’il venait de s’installer. La lueur du soleil en plein déclin se reflétait dans les façades de la ville, inondant la pièce de la douce et chaude lumière. Oscar constata que sa secrétaire avait fait du bon travail, mais, conformément à ses instructions, il lui restait quelques correspondances à gérer lui-même.
Au milieu de celles-ci, il en trouva une qui sortait de l’ordinaire. Les quelques instants qui lui firent nécessaires pour replacer le nom ne le rendirent que plus attentif. Récemment, il avait nourri la suspicion que son fils lui cachait quelque chose d’important, et il s’était naturellement mit en tête de découvrir quoi.
Mais les services de celle qu’il avait engagée le décevaient. Il s’était épargné les détectives privés et autres professionnels ; ces gens-là trouvaient toujours quelque chose, et c’était bien là le problème. Toutefois, Oscar restait persuadé qu’il lui fallait juste un peu plus de temps. Quoi que Victor cachait, il ne pourrait pas continuer éternellement.
Le document demandait une autorisation pour être ouvert, qu’il accepta sans plus y penser, et il le parcourut rapidement. Malheureusement, la recherche restait infructueuse. Tout était des plus banal, et il se demanda un instant si son fils n’avait pas réellement une vie si pathétique. Non, impossible. Et si c’était le cas, il serait probablement encore plus déçu.
Oscar transféra le message dans le dossier correspondant, et passa à la suite. Il lui restait encore pas mal de choses à traiter avant la fin de la journée, et il avait hâte d’être débarrassé de cette corvée pour consacrer son temps à quelque chose de plus utile.

Mirabelle était de plus en plus excitée. Ça avait marché ! Il avait ouvert le document et son logiciel avait pu s’infiltrer tranquillement. À nouveau, toutes les alarmes étaient restées silencieuses, et la dernière phase du plan était prête à exécution.
Le but de la mission était de récupérer les données secrètes de Copperheinmer Industries, afin d’en apprendre plus sur leurs outils et, ultimement, de plier les colliers à leur volonté. C’était ironique, grâce au même homme qui les avait tous asservis, ils allaient pouvoir se libérer.
La monstre entreprit un rapide tour du propriétaire, et constata avec résignation que - comme on pouvait s’y attendre - l’entreprise disposait d’une quantité astronomique de données ; plusieurs centaines de téraoctets attendant patiemment d’être exploités. Là-dessus, plus de quatre-vingt-dix pour cent leur étaient totalement inutiles, mais aucun moyen de savoir ça à l’avance. Ce serait aux analystes de concevoir des algorithmes de tri.
Non, son rôle à elle était simplement de récupérer les données brutes, ainsi que les clés de cryptage. C’était mieux pour consulter les dossiers chiffrés.
La seconde partie était toute simple, et elle l’avait techniquement déjà complété. En tant que PDG, Oscar avait la clé passe-partout. Il suffisait donc de la lui voler de la même façon qu’elle avait obtenu les identifiants du service de dépannage. Dès qu’il voudrait accéder à un document, il serait obligé de la rentrer, et ce serait dans la poche.
Non, ce qui était ennuyeux, c’était de tout récupérer. Enfin, plus qu’embêtant, ce serait surtout très long. Même si Copperheinmer Industries avait la fibre, à quelques dizaines de gigas par seconde, c’était quand même près d’une semaine d’utilisation non-stop. Et cette durée était de toute façon trop belle pour être réaliste.
Premièrement parce qu’afin de masquer toute trace, les serveur de réception se situaient un peu partout dans le monde - principalement dans des pays dont les lois étaient plutôt vagues, et qui ne coopéraient pas spécialement avec la nation dans laquelle évoluait Copperheinmer Industries - ce qui réduisait considérablement la bande passante sur le chemin. Et deuxièmement parce qu’utiliser la connexion de façon si ostentatoire éveillerait forcément des soupçons. Mirabelle avait déjà prévu de tromper les programmes de surveillance, bien sûr, mais les faux résultats lus devaient rester cohérent avec le ressenti des humains. Essentiellement, s’ils exploitaient toute la bande passante disponible, les employés de plaindraient d’un internet lent, ce qui forcerait le service informatique à mener l’enquête, et ils s’apercevraient alors de la différence entre les résultats des logiciels et les résultats réels. Ce qui à son tour déclencherait la sonnette d’alarme, et mettrait en péril toute l’opération. À vouloir être trop gourmand trop vite, ils n’obtiendraient rien.
Raisonnablement, il leur faudrait plusieurs semaines. Raison de plus pour s’y mettre au plus vite. Mirabelle mit en place une première configuration, discrète de jour mais plus agressive la nuit quand personne ne serait là pour en voir les conséquences, sachant pertinemment qu’elle devrait surveiller et ajuster chaque jour afin d’avoir le meilleur rendement. La pression de sa mission lui apparut clairement d’un seul coup : durant les trois ou quatre prochaines semaines, sa vie serait entièrement dévouée à ce flux de données, qui en retour déterminerait tout le reste de sa vie.
Mirabelle soupira. Elle se sentait à la hauteur, mais c’était une tâche bien importante qui pesait sur ses pauvres épaules. La monstre tapa quelques commandes, lança le téléchargement, et attendit. Elle n’avait rien d’autre à faire de toute façon, alors elle avait intérêt d’apprendre à aimer ça.

erosdog erosdog
MP
Niveau 10
13 septembre 2018 à 11:14:11

Bon l'apparition d'une nouvelle page a encore foiré donc je poste dans l'espoir de résoudre le problème.

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