Bonjour,
Je dois faire une petit exposé cette semaine sur le cinéma coréen, plus particulièrement, sur les polars ou thriller, donc j'aimerais savoir si vous pourriez me donner quelques idées de comment le décrire.
Niveau films, j'ai de quoi faire. Je vais présenter, Memories of murder, la trilogie Vengeance, the chaser, I saw the devil et sans doute The Stranger (que je viens de voir et qui est comment dire étrange).
Donc en gros comment pourrais je décrire le polar coréen (récent, depuis les années 2000) ?
Merci par avance . :na:
P.S. : si un admin passe par la et pense que ce n'est pas le bon endroit ou poster ma question, merci de rectifier mon erreur.
D'abord il faut se rendre compte que si le polar coréen est un genre très populaire, il n'est qu'une partie de leur cinéma. La plupart des grands films coréens des vingt dernières années sont plutôt signés de la part de personnes comme Im Kwon-Taek, Lee Chang-dong, Kim Ki-duk, Hong Sang-soo, Jang Seon-wu etc. qui font plutôt du cinéma d'auteur intimiste. A l'exception notable de Memories of murder, le polar coréen a rarement donnés des films pleinement convaincants ; en revanche, ils se sont particulièrement bien exportés. On peut estimer que la Corée reprenait une sorte de place vacante laissée par le déclin spectaculaire du cinéma de Hong-Kong (les deux partagent une inclinaison pour le mélange des genres et la dramatisation exacerbée), tout comme les films de Lav Diaz prennent un peu le relais du cinéma nippon d'auteur moribond.
Une particularité assez fréquente dans le polar coréen est que la majorité des réalisateurs sont fréquemment leurs propres scénaristes : Bong Joon-Ho, Park Chan-wook, Na Hong-jin ont écrit la majeure partie de leurs films. Ca me semble expliquer le déséquilibre entre le sens visuel réel de ces films et le côté portnawak de leurs narrations (des films comme Old Boy, Mother ou The Murderer sont quand même un peu écrits avec le cul, même si les fans de Bong vont tous débarquer en hurlant au sacrilège).
Autre particularité : la violence extrême et la récurrence de l'arme blanche. Ca s'explique très bien par la lourdeur de la répression anti-armes à feu en Corée, genre on te choppe avec un flingue c'est dix ans ferme. Les persos de polars se battent au marteau, à la batte, au couteau à sashimi, à l'arc ou à la serpe mais pratiquement jamais à l'arme à feu. Autre point récurrent : l'idiotie de la police. Le fait est que la Corée du Sud a subi en trente ans autant de changements politiques que la plupart des pays Occident connaissent en un siècle, d'où un fort déséquilibre des niveaux d'instruction et une moquerie fréquente des flics bouseux considérés comme des crétins incompétentes. Un film comme A Hard day tient complètement de la tirade anti-flics.
Globalement je remarque aussi que le polar coréen est en général plutôt nihiliste, il est rare d'y trouver beaucoup de personnages très sympthiques. L'héroine de Blood Island est une insupportable connasse, celui de The Chaser un maquereau. Sympathy for mr vengeance montre des anarchistes devenir involontairement meurtriers, New World ou A Hard day suivent d'absolus anti-héros. La classe politique y est à peu près toujours corrompue (a ce sujet, le récent Truth Beneath, réalisé par une ancienne collaboratrice de Park Chan-wook, semble tout à fait intéressant).
Enfin, il faut rajouter deux choses. D'une part la censure locale est une des plus permissives au monde d'où certains plans, plus fréquemment pour le pire que pour le meilleur, d'une complaisance absolue - coucou I Saw the devil -. D'autre part, le succès du polar coréen tient aussi du soutien gouvernemental à l'industrie du cinéma local, à grand coups de subventions et de protectionnisme économique.
Putain j'ai personne pour faire mes exposés à ma place moi.
Buzz en forme
Très intéressant sinon, c'est assez éclairant.
Y avait quand même peut être moyen de lâcher un merci, kanon (je préfère Nikon).