Cyclone à la Jamaïque (A High Wind in Jamaica), réalisé par Alexander Mackendrick.
Royaume-Uni, 1965
Avec James Coburn , Anthony Quinn, Deborah Baxter...

Synopsis : Au XIXe siècle, à la suite d'un terrible cyclone à la Jamaïque, des colons anglais décident d'envoyer leurs enfants par bateau en Angleterre. SpoilAfficherMasquerEn cours de route, le bateau est attaqué par un navire pirate commandé par Chavez. (j'aime pas connaitre un synopsis dans son ensemble avant de voir un film alors je pense à ceux qui n'aiment pas comme moi)

Mon avis : SpoilAfficherMasquerSi au départ j'ai trouvé le découpage et le montage assez chaotique et que j'avais l'impression que la caméra se baladait un peu en roue libre au milieu d'acteurs également en roue libre, je crois que ce côté un peu entre deux eaux de la plupart des éléments du film prend sens au fur et à mesure que l'intention du scénario (au départ pas claire du tout) se révèle. A partir de là, j'ai pardonné la plupart des apparentes approximations constatées au cours du développement (la post synchronisation est assez calamiteuse notamment, en plus des défauts que j'ai ressentis dans le rythme) et j'ai vraiment beaucoup aimé la manière que le film a de se conclure, balayant mes doutes quant à son intérêt à prime abord, et lui faisant prendre tout son sens.
Ceci dit je pense que la réalisation aurait beaucoup gagné à se concentrer un peu plus sur les personnages, quitte à en enlever quelques uns du scénario, notamment les enfants, trop nombreux, ainsi que l'équipage, peut être que ça n'est pas le nombre qui gêne vraiment mais l'errance de la caméra entre ces personnages de second plan, qui ont un peu égaré mon attention pendant toute une partie du film et n'étaient pas utilisés au maximum de leur potentiel, tant du fait de soucis de direction d'acteur/d'écriture que de manque d'efficacité du montage/découpage. Je pense notamment à Coburn qui s'il illumine effectivement le film et son personnage de sa présence (comme tous les films que j'ai vus avec lui) qui est quasiment absent tout le long de la scène du procès (enfin en second plan, absolument pas exploité), et de ce fait cette scène tient à mon avis son efficacité plus à l'écho qu'elle fait au reste du film qu'à sa beauté propre, il y aurait pu y avoir un travail encore meilleur sur les gros plans et les échanges de regards à ce moment, Dieu sait que Coburn a un des visages les plus beaux et expressifs que le cinéma a connus...

Enfin je vous encourage à voir ce film qui a une profondeur insoupçonnée je pense, et m'a personnellement vraiment parlé et marqué malgré ses nombreuses imperfections.

Il y a également une citation dans la section "Commentaire" de la notice wikipédia du film que je trouve complètement juste.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cyclone_%C3%A0_la_Jama%C3%AFque#Commentaire

Premier film vu dans le cadre des échanges cinématographiques, avec, en l'occurrence, le conseil "bonus" de Emmerald.

Film vraiment très intéressant, demeurant par ailleurs de très bonne facture. J'apprécie beaucoup à l'origine Alexandre Mackendrick, qui parvient toujours à mettre en forme un cinéma très intelligent et très offrant envers son public. Dans ce film, le réalisateur montre les rouages entre des enfants et des pirates, chez qui le capitaine devient finalement clairvoyant et attentif. L'intérêt de décrire les relations entre le capitaine et l'aînée est vraisemblablement pertinent, puisque le film se dégage d'un manichéisme peut-être attendu dans ce genre de production pour en faire quelque chose de réaliste, de touchant, mais surtout d'intelligent dans le traitement. La mise en scène, justement, n'offre aucun rapport de domination entre les deux camps : les enfants sont égaux aux pirates, qui eux-mêmes, dans la superstition évoquée à travers le film, retombent en enfance. Le jeu ambiguë du duo est également frappant, notamment par la multiplicité des altercations : le frère meurt, donc leur relation change ; le Hollandais meurt, donc leur relation change encore... mais le duo reste toujours aussi mystérieux, d'une relation entre un père et sa fille au premier abord...

Le long-métrage a beau être un film d'aventures maritimes, il reste paradoxalement terre-à-terre. Les humains priment d'abord sur la mer, les relations sont toutes primordiales, elles représentent les enjeux du film, qui dénotent par conséquent sur un apprentissage des jeunes anglo-saxons sur une "passade" de leur propre vie. Se forger un tel rapport à la vie ne semble guère préoccupant pour les enfants, la scène finale attestant ainsi de cet aspect. Il y aurait une idée de "fatum" finalement, car il s'agissait de suivre leur propre destin, d'où l'espèce de nonchalance générale à l'annonce de la mort du fiston chez les parents. C'est d'autant plus probant puisque le cyclone, aperçu au début du film, sert davantage de représentation métaphorique du voyage des enfants : une catastrophe naturelle initialement, des moments de flottement, pour finalement survivre avec les dégâts, pour retrouver la joie malgré la perte des repères. En l'occurrence, le plan final peut correspondre à cette hypothèse.

En somme, une très bonne œuvre, très intéressante dans la connexion qu'enfants et adultes peuvent trouver. Néanmoins, on peut reprocher un procès quelque peu expéditif, sans véritable artifice émotionnel, ou, du moins, bien trop artificiel pour y croire intégralement. Cependant, rien n'enlève la haute qualité du long-métrage, dans la suite logique de l'œuvre, elle aussi de très haute qualité, d'Alexander Mackendrick.

Ah drôle de coïncidence qu'Emmerald l'ait proposé, il passait justement à la cinémathèque de Toulouse où je l'ai vu.

Dis moi, tu en as pensé quoi de la fin ? Tu trouves tout de même qu'elle est trop expéditive ?

Comme je l'ai dit dans mon post j'aurais aimé que SpoilAfficherMasquerla scène du procès soit plus puissante en insistant d'avantage sur les personnages et les tenants/aboutissants, notamment pour Zac, j'ai trouvé le dialogue entre le capitaine (Quinn) et Zac (Coburn) bien que très/trop court vraiment beau, le dialogue "I don't want to die innocent" suivi de "Common, you must be guilty of something" avec le capitaine qui se marre malgré le côté tragique de ce qui se passe, c'était si beau. Un genre de fulgurance comme j'aime au cinéma. Pour ce qui est de la conclusion avec les enfants qui jouent, le bateau miniature et la musique qui fait écho à celle du début (d'ailleurs les paroles n'étaient pas sous titrées dans ma séance, les non anglophones ont rien du biter à ce qu'elle disait et ça a du leur niquer la compréhension) j'ai trouvé ça parfait, pas expéditif. Donc s'il est question du procès, oui je pense qu'il est trop expéditif mais il a cette conclusion qui me plait particulièrement, et pour la dernière séquence, c'était parfait.

Ah excuse-moi, je n'avais pas fait gaffe ! (bon ok, je n'aime pas lire les "spoilers")

Celui-là il est super chouette ouais. Pas grand chose à rajouter par rapport au premier post du topic mais une preuve de plus (l'autre étant le Grand Chantage) qu'en plus d'être talentueux, Mackendrick avait parfaitement su s'adapter à Hollywood.