---- Prologue ----

« Voulais-je vraiment une fin pareille ? »

De violentes détonations continuèrent de résonner de manière rythmée dans ce grand hall aux verrières criblées et fissurées, où la pluie s'infiltrait lentement, dissolvant le sang recouvrant le carrelage blanc. L’alarme incendie masquait le bruit du déluge ainsi que les quelques cris occasionnels. Les arroseurs automatiques étaient hors de fonction, pour une raison qu'il ne pouvait savoir.

D'une main fébrile, arrivant difficilement à garder le téléphone encore dans les mains sur lequel l'enregistrement était encore en cours, du moins d'après le minutage encore affiché à l'écran, il commençait à avoir une nausée alors que la vision semblait se troubler. Mais il put tout de même lire les chiffres sur le portable indiquant l'heure entre les gouttelettes de sang aspergées dessus.

17:36

La foule s'était déjà dispersée depuis bien longtemps dans ce grand hall numéro 6 où étaient allongés plusieurs corps sans vie ainsi que les blessés. Les derniers cris avaient fait place aux coups de feu répétés en réponse aux dernières tentatives d'attiser la pitié de la part des quelques blessés, espérant obtenir une grâce des ravisseurs.

« Qui va préparer le dîner maintenant ? Que va-t'on raconter à ma famille ? »

Peu à peu, des bruits de pas se rapprochèrent. Malgré la vision floue, il avait encore conscience de ce qui était en train d'arriver.

Mais aussi du sort inévitable qui l'attendait. Devant lui, un homme s'approchait d'un pas lent. Pointant son long fusil d'assaut, - un Zastava M70AB2 d'Ex-Yougoslavie - le canon droit vers la nuque d'une femme rampant pour sa survie, une nouvelle détonation se fît entendre.

Une fraction de seconde avait mis fin à une vingtaine d'années d'existence. Un filet de sang s'était brutalement échappé au niveau du nez à cause de l'angle, avant que le corps sans vie ne s'effondre au sol à la manière d'un mannequin en plastique bousculé dans un centre commercial.

La douille tomba sur le carrelage, émettant un son métallique caractéristique. Mais il n’entendit pas grand chose, notamment à cause du sifflement aux oreilles, provoqué par la violence de la détonation.

Les pas s'approchèrent. Il ne pouvait voir que les jambes de l'homme qui allaient en sa direction. Un lourd gilet d'où des fils de couleurs dépassaient, probablement signe qu'il était chargé de PETN ou dérivé ainsi que l'arme dans la main, toujours dirigée vers le sol.

L'heure de son jugement venait d'être arrivée. La fin, l'achèvement de cette courte vie où sa dernière étape n'était rien d'autre qu'être un banal étudiant.

La personne leva sa Kalashnikov d'Europe de l'Est. En face de ses yeux, il vit l'embout au trou noir dirigé droit dans sa direction.

« Adieu. »

Mais soudain, un hurlement se fit entendre. Une personne se jeta droit vers l'homme armé, l'emportant au sol avant d’enchaîner avec de nombreux coups de poing.

- Tu ne touches pas à mes potes comme ça sale merde !

Trois coups de feu furent tirés. La personne avait sorti son pistolet, tirant droit dans le ventre et celui qui tenta de le sauver fut arrêté net dans ses actions, tout en étant surpris par la puissance des balles.

L'homme se releva avant de se frotter le pantalon avec une main, tout en rangeant le pistolet. Puis reprenant le fusil qui était tombé au sol, il le pointa vers lui. Sans même avoir le temps d'imaginer quoi que ce soit d'autre, alors qu'il avait déjà, à cause de l'hémorragie, l'impression d'être sur un nuage, le noir complet s'installa.

---- Chapitre I ----

Les cigales chantaient déjà depuis bien longtemps en cette chaude matinée d'été. Le temps humide nuançait cependant l'aspect agréable de ce début de journée.

De temps à autre, un puissant courant d'air soufflait sur les arbres ce qui fit agiter leurs feuillages. Certaines cigales se turent de manière éphémère dans ces moments, avant de reprendre leur chant quotidien en quête de femelle.

- Remilia ! Remilia !

Des bruits de pas précipités résonnèrent sur le sol en bois de la grande maison traditionnelle d'architecture orientale. Et soudainement, une grande femme à l'allure élégante apparut devant une pièce, la main posée sur la porte coulissante ouverte histoire de prendre son souffle.

- Je...

Une main posée contre la poitrine, la concernée poussa un grand soupir avant de lâcher un léger sourire.

- Qu'y a-t-il Anok-Chan? lâcha-t-elle, assise à l'ombre alors qu'elle était en train de contempler le jardin après s'être fraîchement servi du vin.

- Ça y est, nous sommes au complet.

Sans attendre, le duo se dirigea en direction de la grande salle où était normalement posé un futon. Et alors qu'ils firent coulisser la porte, une personne encore endormie était visible.

- Hop hop hop !

Encore plongée dans le sommeil, il fallut beaucoup d'essais pour finalement réussir à réveiller la marmotte afin de la libérer de l'emprise de Morphée.

- Que... hmmm... hein ?
- Allez on se réveille.
- Mais qui êtes-vous ? Et... où suis-je ?
- C'est moi, Anok !  
- Comment ?

Remilia en profita alors pour saisir un miroir posé sur un petit tiroir en bois dans le coin de la pièce. S'approchant avec l'objet en question, elle le tint en face du visage.

- ...
- Bonjour Thane. J'espère que tu as bien dormi.

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Une jeune fille ravissante aux yeux bleus et aux cheveux blonds étaient en train de contempler la chambre dans laquelle le réveil venait d'avoir lieu.

Assise sur le rebord du sol surélevé, typique des maisons traditionnelles, elle regardait à travers l'une des grandes ouvertures avec ses deux compagnons Shangai et Hourai.

Soudain, l'une des poupées tomba en arrière avant de bondir pour se relever, son arme à la main. La fille regarda alors Shangai d'un air interrogatif.

-  ?
- En haut. Tu sais, si ton amie tombe en arrière et regarde en haut, il faudrait peut-être d'abord lever la tête. dît-elle d'une voix amusée.
-  Je le sais.
- Sinon j'imagine que c'est la dernière personne qu'on attendait.
- Effectivement. C'est bien Thane. Mais j'ai comme l'impression que quelque chose ne va pas dans cette histoire. Une chose étrange. Comme une incohérence. Notamment sur ce qui s'est passé avant les 3 derniers mois, il y a comme je dirais... un grand vide. Tu vois ce que je veux dire par là Kud ?

À ce moment, Kud bondit du toit avant de se réceptionner sur le gravier du jardin. Se frottant les habits, elle retira ses chaussures avant de monter sur le plancher, sous le regard inquiet des deux poupées.

- On en avait déjà discuté avec Remilia. Je pense que notre réponse ne se trouvera pas ici en tout cas. Mais sinon oui, nous sommes tous comme on dit... rah, j'avais le mot sur le bout de la langue.
- Amnésique ?
- Voilà, merci j'avais eu un trou de mémoire.

Pendant un instant, ils contemplèrent le réveil de Thane, qui venait d'apparaître trois mois après le premier arrivant. Ils étaient tous apparus ici progressivement. La première personne arrivée était Remilia en même temps qu'Eclea. L'ordre d'apparition ne pouvait être le fruit du hasard, mais personne n'était capable de dire la raison. Une amnésie collective régnait sur l'ensemble du groupe. Thane allait-elle apporter une meilleure clarification sur la situation actuelle ?

- Elle fait un peu doyenne avec Anok quand-même.

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- Remilia ? Enfin je voulais plutôt dire... la vraie Remilia Scarlet ? Au final Gensokyo existe vraiment j'imagine.

Subitement, Remilia se tourna vers Anok qui était tout aussi étonné par la réponse.

- Gensokyo... Thane, tu ne disais pas cela en tant qu'idéal de vie au-delà de la mort ? Je n'arrive pas à être certaine, mais ça me vient presque naturellement. J'ai comme une certitude que tu l'avais dit à un moment ou à un autre. Par contre cet endroit ne ressemble pas vraiment à Gensokyo, il y a bien trop de différences.
- Je pense que oui... mais étrangement je n'ai pas l'impression de l'avoir déjà dit en public. Je n'arrive pas à avoir une vision précise des choses d'avant mon réveil maintenant que j'y pense.

Une légère pause animée par les cigales s'installa.

- Eh ? C'est la première fois que j'ai un trou de mémoire pareil. Je n'arrive vraiment pas à me souvenir d'avant mon réveil.
- Ça ne sert à rien de stresser, nous sommes tous dans la même situation ici.

Retirant la mince couverture, Thane se leva avant d'ouvrir ses deux mains. Faisant alors mouvoir ses doigts, elle regarda de nouveau le miroir qui était cette fois posé sur une table basse située à côté de la couverture faisant office de lit.

Doucement, elle fit passer ses doigts dans sa chevelure blonde bien soyeuse. Puis finalement, ouvrant son éventail qui était présent sur elle depuis le début pour une raison qui lui était inconnue, elle s'en servit pour se rafraîchir.

- Une amnésie collective ?

La jeune vampire resta pensive pendant un moment, toujours en train de repenser aux paroles de Thane en rapport avec Gensokyo. C'était un nouvel élément qui venait s'ajouter à ce puzzle qu'ils tentaient de résoudre en étant aveugle, tout en n'ayant même pas idée de l'endroit où étaient les pièces.

- On pourrait dire les choses comme ça Thane. Nous n'avons aucun souvenir des événements ayant pu se passer de manière directe avant notre réveil. Mais pour une raison qui nous est inconnue, nos relations d'un point de vue social semblent être naturelles. Comme si nous avions tous vécu ensemble depuis toujours malgré le fait nous ne sommes apparus ici qu'à une période récente.
- Donc d'après cette approche, la première hypothèse pour pouvoir expliquer ce phénomène est qu'on serait morts dans notre vie précédente, du moins si on s'en tient à ce que j'ai pu dire. C'est exact ?
- Cela est fort probable. Mais encore une fois cela ne reste que des hypothèses. En revanche, si nous sommes bien morts, je crains que nous ayons en quelque sorte un problème.

Kud et Eclea s'approchèrent afin de saluer Thane, quand soudain Free apparut à la porte.

- Je... Faites comme si je n'étais pas là.
- Free, Kud et Eclea !

Le vent se leva de nouveau, faisant agiter les portes ainsi que les fenêtres de la maison.

- Donc pour en revenir à la discussion, quel serait le problème de ce raisonnement ?
- Si l'hypothèse de l'après-vie est bien réelle, les éléments qui caractérisent notre présence ici me fait plutôt penser au concept du purgatoire. Car il n'y a aucun jugement, ni but dans cet endroit. J'ai déjà essayé de faire un tour ailleurs, il n'y avait pas grand monde. Cependant je n'ai pas cherché à aller plus loin que 3 heures de trajets afin de plutôt préparer une expédition. Nous sommes exclus du cycle de la vie et de la mort, ou simplement de la réincarnation si on garde cette théorie. Mais pour quelle raison? Cela je l'ignore. Mais le fait que le mot "Gensokyo" ait donné un tel effet sur ma mémoire ne doit pas être une chose totalement anodine. Même si nous avions déjà lancé cette hypothèse, ce qui vient de se produire pourrait être considéré comme étant une preuve pour appuyer cette théorie.

Free intervint alors dans la discussion.

- De mon côté j'en ai profité pour aller explorer par la voie des airs plus loin. Et il m'a semblé voir quelque chose ressemblant à une ville à l'horizon. Je ne suis pas certaine de la nature de la chose, mais bon cela me semble être l'explication la plus logique. On ne peut pas être les seules ici quand même !
- Tu n'as pas dit de faire comme si tu n'étais pas là ?
-
- Si cela est vrai, faudrait aller voir là-bas non ? On aura peut-être notre réponse.
- Laissons d'abord Thane se reposer puis partons voir ensemble au pire non ? Cela me semble être une meilleure idée. Surtout que ce n'est pas à côté je crois bien.
- Non, je suis bien curieuse d'aller voir les alentours personnellement. Honnêtement, on pourrait partir quand vous voudrez.
- Après le repas vous va dans ce cas ?

Le groupe semblait être d'accord là-dessus. Et ce fut alors que Kud demanda à Thane.

- Et toi, ce sont quoi tes pouvoirs ?

Le fait d'utiliser les fameux "pouvoirs" en question semblait être déjà naturel. Machinalement, elle parvint à créer contre toute attente, un portail sous ses pieds et débouchant sur le mur adjacent.

Tombant alors dans le trou, elle sortit du mur avant d'atterrir sur le tas de futons qui était posé dans le coin de la pièce.

-
- Ça doit être pratique pour tout faire en restant dans son lit. Je suis jalouse. Par contre les yeux sur les bords du portail font peur quand-même.
- Thane, essaie de créer un portail vers les montagnes extrêmement éloignées là-bas, que tu vois par la fenêtre. demanda Eclea.

Plusieurs essais furent nécessaires avant de se rendre compte que cela était impossible.

- Je n'y arrive pas. Ça ne veut pas fonctionner.
- Je vois. Alors toi aussi tes pouvoirs sont limités pour une raison quelconque, malgré le fait que tu aies la certitude de pouvoir l'activer.
- Par contre je peux faire ça.

Créant de nouveau un portail, elle passa sa main à l'intérieur avant de s'emparer de quelque chose. Soudainement, elle fit sortir un long fusil anti-matériel Barrett M107A1, suivi d'une mitrailleuse PKM et de diverses autres armes. Mais très vite, une sensation étrange commençait à l'envahir, suivie de tremblements et de troubles de la vision.

- Je...

Le portail se referma. Posant alors une main sur son front, elle s'adossa contre le mur avant de respirer un grand coup.

- C'est mieux que tu t'habitues aux limites de tes pouvoirs. Histoire d'être prête au pire. Et je ne te conseille de ne pas faire confiance aux armes conventionnelles. Les créatures d'ici sont bien plus dangereuses.

L’eau et la braise entrèrent en contact, émettant alors de la vapeur très vite rendue visible par la condensation.

Une fois la source de chaleur éteinte, une fille ayant l’apparence assez fine mais habillée de manière élégante avec un tablier par-dessus, prit dans ses mains le grill avant de l’approcher près d’une grande planche en bois.

Déversant alors la viande cuite à point encore fumante, elle remit l’outil au-dessus du fourneau.

Elle s’imaginait déjà être en train de gratter les restes carbonisés sur le métal plus tard. Néanmoins, elle appréciait ce qu’elle faisait.

Certes, elle n’avait commencé à cuisiner que depuis très récemment. Mais d’un autre côté c’était en réponse à Anok, après que ce dernier ait transformé en semelles la dernière chasse.

« Tu n’as qu’à cuisiner toi, si tu penses pouvoir faire mieux ! » lui avait-elle dit. C’était en réponse à cela qu’elle était plus ou moins devenue la cuisinière, même si son travail consistait juste à trier les fruits et légumes, les nettoyer puis enfin s’occuper de dépecer les animaux avant de les faire cuire.

D’un geste du bras, elle s'essuya la sueur sur son front. Et prenant le grand plateau dans les mains, elle sortit de la petite pièce située en-dehors de la maison, qui était à la fois la cuisine et l’incinérateur à déchets. Suivant le chemin composé de plusieurs dalles en pierre espacées jusqu’à l’un des petits escaliers de trois marches donnant sur la maison, elle arriva bien vite au niveau du salon où était en train d’attendre le reste du groupe.

Déposant le repas sur la grande table basse, elle s’assit à l'extrémité de cette dernière, le dos tourné à l’entrée grande ouverte.

- Voilà c’est prêt. J’espère que je n’ai pas trop carbonisé la surface de la viande, c’est dur de contrôler une cuisson sur du bois.
- Je ne pense pas que nous soyons vraiment en mesure de critiquer, nous ne sommes pas forcément meilleur. Néanmoins, le fait que tu décides de toujours vouloir cuisiner seule est un point que je ne peux pas comprendre.
- Je me sens plus à l’aise seule. Puis au vu de la taille de la cuisine, je pense qu’il vaut mieux éviter d’être trop nombreux. Surtout en cette chaleur.

Kage était de nature assez solitaire lorsque cela concernait la réalisation de certaines tâches pouvant êtres effectuées de manière individuelle. Ce n’était pas non plus une personne vraiment très bavarde quand il s’agissait des conversations de manière plus générale.

- Tu es sûre que tu n’as pas besoin de repos Thane ? Surtout que les lieux sont assez sympathique, tu pourrais peut-être tenter de te familiariser avec le milieu.
- Vous comptez déjà partir ?
- On dirait bien oui.

Entre deux bouchées de viande, Thane répondit d’une voix nonchalante.

- Ne vous inquiétez pas pour moi, je n’ai aucun problème avec l’idée de partir dès la fin du repas.
- Tu sais bien que je reste assez perplexe sur l’honnêteté de ton choix. Car je me demande bien si tu l’as pris de ton plein grès ou si on contraire, c’est la pression sociale qui t’a motivé à prendre la décision.
- Too far.
- Ne vous en faites pas j’ai dis.

Le repas fut terminé assez vite, notamment à cause de son aspect brut sans réels accompagnements. Après tout, ce n’était pas un groupe de chefs étoilés et ils devaient faire avec ce qu’ils possédaient.

- Vous avez un plan en ce qui concerne le déplacement en direction de la ville ?
- On comptait prendre un sentier qui semble être abandonné depuis des lustres. Mais faudra marcher pas mal de temps.
- Et par les airs ?
- C’est à première vue plus facile, mais sur de longues distances c’est plutôt fatigant pour certains. Et tout le monde ne peut pas voler je rappelle. On peut toujours en prendre un quand on vole, mais cela requiert encore plus d’efforts. Puis on ne sait pas à quelle distance est la ville.
- En gros on se jette dans l’inconnu, c’est ça ?
- Oui.
- Je ne m’attendais pas à une réponse positive. Sinon Thane, tu stockeras les provisions dans un de tes mondes. Hein ?
- En gros je sers de garde-manger.
- Oui et d’armurerie.
- Merci, je me sens TRÈS touchée.

Après avoir terminé le repas, le groupe termina les derniers préparatifs avant de partir en excursion. Il n’y avait en réalité pas grand chose à préparer. C’était surtout une question de bien verrouiller portes et fenêtres, afin d’éviter d’avoir de la pluie ou des éléments extérieurs qui s’infiltrent dans la maison.

Et bien vite, le groupe prit la route en direction de l’endroit indiqué par Free. Personne ne savait ce qui les attendaient.

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Malgré un début de matinée qui semblait être ensoleillée, le ciel présageait une mauvaise augure.

Des cumulonimbus de taille massive se dirigeant vers leur direction, alors qu’ils venaient à peine de s’engager dans une grande forêt de bambous. Un chemin en pierre, abandonné depuis bien longtemps où les emplacements de lanternes étaient parfois effondrés sur le côté, enlisé dans la terre.

- Pourquoi tu te fatigues à porter une arme alors que tu peux en sortir une n’importe quand ?
- Car comme ça si jamais j’en ai besoin, je n’aurai qu’à la pointer vers ma cible et tirer avec.
- Si des balles suffisent à abattre la chose en question, je pense que tu peux nous faire confiance pour qu’on se charge de la tâche.
- En réalité, mieux vaut expliquer vite fait ce qui attend à ceux qui n'ont pas encore voyagé non ? Même si j’étais trop occupée à manger des baies en étant allongée sur mon futon. Ça ne m'a pas empêchée de participer à un combat mais bon.
- C’est varié. Mais certains sont assez grands et résistants. Je me rappelle en avoir vu un ressemblant à un ours, bipède et résistant aux sorts qu’on tentait de lui lancer. Au final il aura fallu que Remilia combine son sort dont je ne sais plus le nom invoquant des chaînes explosant après avoir attaché la cible. Suivi de l’aide d’Anok qui a arrêté d’après ses dires l’écoulement du temps pour immobiliser sa cible et tirer ses lames.
- Fais confiance à tes pouvoirs aussi. Crois en l’âme des cartes.
- Tu parles de ces choses ? demanda Thane en sortant de nombreuses cartes.
- Je ne pense pas qu’elles soient nécessaires pour toi. Du moins en comparaison c’est surtout Kage qui en est la plus dépendante.

Un pont en arc de longueur modeste ne dépassant pas les 20 mètres se dressait non loin d’eux, enjambant une petite rivière qui s’écoulait dans cette forêt.

Partiellement recouvert de verdure, il était dans un état proche à celui du chemin.

- Pourquoi Kage en particulier ?
- Elle n’a pas vraiment de pouvoirs spécifiques. Et les cartes lui permettent d’avoir un moyen de pouvoir faire face aux créatures diverses ainsi qu’aux potentiels vrais ennemis qu’on pourrait se faire. Néanmoins, elle possède une compétence plutôt unique et que je trouve vraiment intéressante.
- Qui est ?
- Le fait d’avoir une perception du temps bien plus lente que les autres.
- Ce n’est pas un peu chiant au quotidien ?
- Enfin plutôt je peux ralentir ma propre perception du temps quand j’en ai envie, et pour la durée que je veux. J’ai ainsi deux fois plus de temps pour réfléchir, moi la grande détective. Oui je ne suis pas forcément très perspicace mais j’aime bien faire la détective. Je trouve cela amusant. Et surtout, je suis la seule personne qui ne semble pas être influencée par l’arrêt du temps d’Anok. Ce qui est quand même très utile. Pas vrai Granok ?
- Gomen, c’était trop tentant d’essayer de piquer un peu ta part.

Une route étroite pavée de pierres diverses d'origine volcaniques, tracée entre des murets arrivant au niveau des hanches sillonnait une forêt de bambou dont on ne pouvait en voir la sortie.

Ces vestiges du passage de l'Homme luttaient de manière acharnée contre le temps, où Mère nature s'était rangée de son côté. La verdure reprenait lentement le dessus, avec la mousse qui avait déjà commencé à vaincre de nombreuses pierres posées autrefois par une société aujourd'hui défunte.

La forêt était vraiment calme. Voire même beaucoup trop. Même si la nature avait repris le dessus, il y avait des détails qui manquaient. Notamment l'absence de gazouille d'oiseaux. Ou encore le chant inexistant des cigales, malgré la saison.

Soudain, une bourrasque se mît à souffler sur le groupe. Les longs pousses de bambou se mirent alors à s'agiter, émettant un bruit qui était à la fois relaxant, mais aussi inquiétant.

La méfiance venait de s'installer au sein du petit groupe qui accrurent leur vigilance.

- Cela me semble être beaucoup trop calme.
- Oui. D'ailleurs regardez là-bas, il y a quelque chose ressemblant à un temple.

Eclea était en train de pointer du doigt un Torii qui se dressait fièrement de sa couleur orange vive, au bout du chemin de pierre. Et derrière cette porte, se trouvait des ruines.

Pas des ruines classiques avec des maisons en bois. Non, loin de là. La description correspondait plutôt à des vieux immeubles abandonnés, partiellement effondrés et définitivement inutilisables ou invivables. C'était des logements destinés aux mineurs ou aux travailleurs divers, construits à la hâte pour conter la demande forte de personnes peu fortunées à la recherche d'un éventuel Eldorado.

- Vous pensez que c'est une bonne idée d'y aller?
- On n'a pas trop le choix pour rejoindre la ville je pense.

Toujours aussi vigilant, le groupe traversa le Torii avant de se retrouver dans un milieu désolé, mais semblant en même temps être assez hostile.

Le vent se mît de nouveau à souffler. Des grincements métallique se firent entendre, venant des machines ainsi que des divers infrastructures en métal abandonné sur les lieux. Ils étaient en plein milieu de la grande cour sans aucun signe de vie.

Mais Kage avait un très mauvais pré sentiment sur les alentours.

- Il y a quelque chose qui ne va pas. C'est vraiment trop louche.
- Nous pensons un peu tous la même chose je pense.

Thane s'empara soudainement de son IWS 2000 qu'il sortit à une main d'un portail apparu au bon milieu de nul part.

Épaulant l'arme, trois puissantes détonations résonnèrent sur le béton suivi du bruit des étuis de gros calibre qui venaient de s'écraser contre le bitume craqueler, émettant alors un bruit métallique distinct. Et ce fut un grand silence qui s'installa de nouveau.

- Tu as vu quelque chose ?
- Une cible hostile. Il est r-
- Hmmm?

Kage se tourna alors vers Anok qui tenait dans sa main sa montre. Sans attendre, la jeune détective sortit de sa veste un ASh 12.7 doté d'un modérateur de son dessus.

Retirant le cran de sûreté, elle visa droit dans la tête d'une horrible créature aux allures d'un loup, mais en bien plus féroce. Pressant alors la détente, plusieurs balles partirent avant de s'arrêter en plein milieu de leur vol.

- Arrêt du temps. À mon tour.

Anok en profita pour ajouter une rafale de dagues qui s'arrêtèrent en plein vol, entre les balles de Kage. Puis subitement, le temps reprit son cours normal.

La monstruosité fut projetée contre un mur, vaporisant son sang contre la surface grisâtre avant de tomber au sol, criblée de balles ainsi que de dagues.

- Amulette de Hakurei !

Free se lança dans les airs en plein milieu d'une rafale d'amulettes qui s'écrasèrent sur plusieurs cibles précises.

- Il y en a d'autres qui arrivent, et ils sont nombreux !
- Bon, on va avoir du boulot. Par contre, ils sont bien trop rapide pour qu'on puisse les voir. Fiez-vous à vos sens.
- Parfait. Go!

Thane engagea le nouveau chargeur dans son long fusil anti-matériel avant de disparaître et réapparaître sur l'ancien château d'eau rouillé.

- Deux d'entre eux, près de la pelleteuse à 5 heures de ta position Remilia !

Deux créatures noires étaient en train de se jeter en direction de Remilia. Malgré les amulettes lancées par Free, les bêtes étaient bien trop rapides pour pouvoir l'atteindre à temps.

Les gueules grandes ouvertes, ces monstres ayant élu ces ruines en tant que propriété s'étaient probablement installé ici il y a fort longtemps. Et c'était sûrement leur lieu de vie qu'ils venaient de pénétrer. Dans un sens, le groupe jouait un peu le rôle des envahisseurs.

Le mal était dans tout les cas déjà fait.

Plusieurs nouvelles détonations retentirent. Kage, tenant son fusil à l'horizontal afin d'utiliser le recul pour toucher plus de cibles venait de lancer un déluge de plombs en direction des créatures figés dans les airs.

Puis subitement, le temps reprît son cours normal et les bêtes furent déviées et plaquées contre le sol, abattus par la détective.

- Je pense qu'il est l'heure de punir ces infâmes créatures à travers mon Berceau de Dracula.

D'un coup, un aura rouge se mît à dégager de Remilia qui s'élança à une vitesse phénoménale sur les bêtes. Ces dernières furent pulvérisés sur le coup, sans même laisser un temps de répit. Et de loin, cela ressemblait plutôt à un immense boulet de canon, ou un laser plutôt qu'une attaque quelconque.

Quelques instants plus tard, Remilia apparût à côté de Thane, les ailes grands ouvertes.

- Maintenant goûtez à votre châtiment suprême, et soyez condamnés par ce misérable destin qui vous attend.

Une détonation sortant de l'IWS se fît entendre, sciant une bête en deux. Juste après, une rafale de chaînes déferlèrent dans la cour de l'immeuble.

- Fantôme du Grand Guignol.

Entre ces chaînes, une nuée de projectiles criblèrent toutes les surfaces des immeubles dont certains s'étaient effondrés suite à la violence du combat.

- Et ma barrière alors ?

La grande partie des créatures se firent encercler par un champ de force infranchissable. Beaucoup étaient totalement déboussolées.

Il ne fallut pas attendre longtemps avant que de multiples détonations n'ébranlèrent toute la zone, faisant effondrer les immeubles et soulevant le sol.

Kud quand à elle, avait évité les nombreux projectiles avant de se tenir fièrement en plein milieu de la cour.

- Inversement de la hiérarchie !

De multiples rayons mortels émises par Kud tournèrent autour d'elle, sciant tout sur leur passage et arrêté que par les structures en béton encore restantes, qui se firent creuser à chaque passage.

Une nouvelle série d'explosions ainsi que de détonations résonnèrent. Et après un bon moment, la poussière se dissipa, laissant alors apparaître le groupe.

BLAM

Levant son revolver au canon encore fumant, Kage ouvrit le barillet du RSh 12 laissant alors tomber les étuis sur le sol. Deux d'entres elles s'arrêtèrent sur la flaque de sang qui était en train de se former devant le crâne de la bête qu'elle venait d'abattre.

Insérant les 5 cartouches dans le barillet, elle baissa légèrement sa tête en rangeant l'arme.

- C'était la dernière.

Marchant sur les décombres d'un pas assuré, Thane était en tête du groupe avec son long fusil dans les mains.

Le sol n'était qu'un mélange de gravats ainsi que de mobiliers détruits, emportés et pulvérisés par l'effondrement. Désormais, à part le bruit du vent soufflant entre deux grands poteaux électrique tenant à peine debout, il n'y avait plus grand chose. Excepté peut-être quelques véhicules abandonnés, oxydés avec le temps et découpés en plusieurs morceaux par la dernière attaque de Kud.

Le pied posé sur ce qui était autrefois le toit d'un appartement de cinq étage, Thane contempla le paysage se dressant en face, juste derrière la cour, qui était en réalité situé au bord d'une falaise abrupte.

- Sacré vue.

Un immense échangeur autoroutier rongé par la végétation se dressait en face, se démarquant des milliers de bâtiments tombant tous progressivement en ruine.

Soudain, une nuée d'oiseaux décolèrent d'un arbre avant de disparaître derrière les ruines d'un ancien gratte ciel.

Contemplant le pont, elle baissa le fusil avant de lever sa tête.

Une structure colossale d'une échelle quasiment planétaire était visible, en orbite proche de la Terre.

- C'est quoi ce truck ?
- C'est une Volvo.
- Non je parlais de ce truck, pas le camion.
- Le nouveau lieu de vie pour les anciens habitants de cet endroit je présume.

Un moment de calme s'installa, avant d'être brutalement interrompu par un cri bestial venant de derrière.

Posant un genou au sol, Thane mit en joue son fusil et Kage fît de même.

- Granok !
- Je peux pas !

Un énorme nuage de poussière était en train de s'intensifier, alors que les pas des créatures faisaient vibrer le sol.

- Qu'est-ce que tu fais ? Dépêche toi !
- Je... Je n'arrive pas à faire quoi que ce soit !
- La même ! 'fais chier c'est pas possible !
- C'est aussi mon cas. Nous sommes incapables d'utiliser une quelconque compétence. Notre destin se repose sur vos compétences en tir.
- Hein ?
- Feu !

L'arme fermement tenue dans ses mains, Kage retira le cran de sûreté avant de tirer une première rafale en direction des bêtes en train de charger.

Les tirent retentirent, faiblement atténués par le modérateur de son monté sur le canon. Utilisant le viseur point rouge, elle avait le réticule posé sur la première bête en tête, ressemblant à un rhinocéros mélangé à un éléphant.

Mais les effets furent très limités. Voire même totalement inefficace.

Passant une main sur un nouveau chargeur, elle chassa le précédent en tapant dessus. Insérant ce dernier, elle tira le levier d'armement avant de vider celui-ci dans le tas.

Thane enchaîna sur plusieurs tirs avec son IWS 2000. En vain.

- Pas de chance, on va tous mourir.
- Ferme-là, moi je ne veux pas mourir comme ça.
- Qu'est-ce qu'on fait ?
- On n'a rien à perdre !

Kud poussa alors Granok dans le vide, avant de pousser Remilia. Free lâcha un soupir puis finalement, tout le monde se jeta dans le vide alors que la brume masquait la visibilité en contrebas.

Un signal sonore se fît entendre. C'était un bruit strident mais répété à plusieurs reprises. Des cliquetis métalliques résonnèrent, tandis que des vibrations se firent ressentir. Et très vite elles s'intensifièrent.

De nouveau, le signal sonore résonna. Mais cette fois bien plus longuement. Et surtout bien plus fort.

- Thane !

Brutalement, elle fut plaquée contre le mur. Et immédiatement, le vent s'engouffra emportant sa longue veste et ses cheveux masquant partiellement sa vue.

Une longue traînée de lumière sous des claquements métallique défila à toute vitesse devant ses yeux avant de disparaître en laissant deux points rouges qui se perdirent dans l'obscurité.

Un calme s'installa, où un doux son d'écoulement d'eau ainsi que le vrombissement de ce qui devait être un système électrique avaient remplacé toute cette agitation temporaire.

Avec ses doigts, elle repassa ses longs cheveux dorés en arrière avant de contempler pendant un instant les alentours.

Une odeur de graisse industrielle et d'huile de moteur rodait dans ce tunnel éclairé par les quelques néons vissés sur les murs.

- M...merci Kud.
- Si je m'étais réveillée un peu plus tard... je préfère ne pas savoir.
- Où sommes-nous ?

Baissant son regard, elle vît qu'elle était revêtue d'un trench coat noir ainsi qu'une écharpe. Et le temps était désormais plutôt froid, comme lors d'une soirée de fin d'automne, visible à travers la buée sortant à chaque expiration.

- Ça, je n'en ai aucune idée Thanou.

Une voix se fît entendre.

- KUD ! THANE ! Vous êtes là !

Se tournant vers le côté, elle aperçut Eclea, Free ainsi que tous les autres qui s'étaient retrouvées. Et eux aussi portaient des habits tenant beaucoup plus chaud.

De nouveau, une autre corne à air retentit dans le tunnel, avant de voir une nouvelle rame défiler à toute vitesse dans le tunnel.

- Quelqu'un a une idée de l'endroit où nous sommes ?
- Non aucune.
- On n'était pas au bord d'une falaise de base ?
- Oui, maintenant que tu le dis, ça me revient en tête.

Léger blanc. Les événements récents semblaient être assez confus dans le groupe.

- Nous venions de combattre des bêtes sauvages avant de prendre la fuite. Puis nous nous étions jetés dans le vide, en direction des ruines d'une grande ville pour les fuir car le combat ne pouvait être gagné. Du-moins c'est ce dont je pense me rappeler.
- Je rejoins ce que dit Remilia, maintenant qu'elle le dit je m'en souviens bien.

Elles se regardèrent entre elles, avant de se décider assez rapidement.

- Ne restons pas ici, discutons ailleurs. Je n'ai pas vraiment envie de me faire faucher.
- Quelqu'un a une idée de l'endroit où nous sommes ?
- On dirait que c'était un train japonais.
- C'est exact, on dirait les EMU des métros nippons. J'ai pu voir quelques caractères japonais sur l'affichage de la locomotive de queue.

Anok se mît à marcher dans une direction que les autres se mirent alors à suivre.

- J'ai faim moi par contre, je ne reste pas là. Au fait quelqu'un aurait une idée de ce qu'on fait ici ?
- Ça, je n'en ai pas la moindre idée.
- Personne n'est en mesure de te répondre Anok-chan je pense.

Marchant sur le sol bétonné, le groupe arriva assez vite au niveau des escaliers menant vers le quai d'une station déserte, où étaient présentes deux silhouettes sombres au loin, assises sur un banc.

Montant les marches, Thane détourna légèrement la tête, ébloui par les puissants néons éclairant la station alors qu'elle venait de s'habituer à l'obscurité.

Le train ayant pour destination...

- On devrait d'abord tenter de savoir exactement où nous sommes plutôt que de nous déplacer à l'aveugle non ?
- Cela risque d'être compliqué.

Free pointait du doigt un panneau sur lequel il n'y avait rien d'écrit. En réalité, tout panneau censé indiquer quelque chose était vide. De même que les personnes sur les bancs qui se retrouvèrent n'être que des silhouettes noires. Comme des ombres vivantes.

- Ça n'a pas de sens.
- Rien n'a eu du sens depuis le début.
- Et moi j'ai faim, on mangera comment ?

Une petite mélodie suivie de la voix d'un homme à travers les hauts parleur se firent entendre, avant de se faire masquer par le bruit de la rame entrant dans la station.

Dans ce train presque vide, les quelques occupants n'étaient que des silhouettes noires, donnant parfois l'impression qu'elles les observaient.

Les portes s'ouvrirent, accompagnés de quelques voix qui se perdirent entre le bruit du radiateur et du moteur.

- On...monte ?
- On n'a même pas idée de l'endroit où ça mène.
- Au pire ça nous permettra de réfléchir et éviter de rester au même endroit trop longtemps.

Entrant dans la rame, elle observa pendant un instant l'intérieur. Sur les écrans, il n'y avait qu'un tracé de la ligne, montrant leur position par rapport à cette dernière. Mais il n'y avait aucun nom. Ni indication réelle autre que par rapport à la ligne circulaire. Du moins cela ressemblait à une ligne circulaire au vu de l'ovale sur le plan.

Au fond, sur les places réservées aux personnes prioritaires, une ombre était assise sans rien faire d'autre.

Fermeture des portes. Fermeture des portes.

Les portes se fermèrent. Puis après un léger instant, la rame fut secouée avant de se mettre à prendre de la vitesse.

Free s'assît alors sur l'un des bancs avant de respirer un grand coup.

- Et maintenant ?

Ouvrant les yeux, elle vit une foule monstre en train de se bousculer dans la rame. Levant sa tête, elle aperçut des gens plongés dans leur portable.

Bayant un coup, elle se frotta un oeil avant de se retourner pour regarder à travers la fenêtre. Elle vit alors une immense ville s'étirant à perte de vue. Mais le panorama fut très vite masqué par une succession d'immeubles tous aussi grand les uns que les autres.

Gare d'Ueno. Gare d'Ueno...

Elle tendit une main avant de l'ouvrir. Examinant sa longue veste, elle resta pensive pendant un léger moment avant de lâcher d'une voix faible.

- Kud ? Remilia ?

Une personne se mît alors à la regarder, avant de se replonger dans son portable.

Merci de faire attention à la fermeture des...

Elle n'avait aucune idée de ce qui venait d'arriver. Perdue là, en plein milieu d'une immense ville.

Tokyo. Mais qu'est-ce que je fais à Tokyo ? D'ailleurs... comment j'ai pu savoir que c'était Tokyo ? Ce nom me semble être abstrait...

Prochaine station, Akihabara. Akihabara. Descente à gauche. Terminus, merci de descendre à la prochaine...

- Akhiha...bara?

Entre la foule, elle aperçut alors Anok encore en train de dormir avec Free qui fixait en direction de Thane. Elle avait l'air d'être tout aussi perdue dans cette rame.

Progressivement, le train se mît à décélérer. L'inertie eut toujours son effet de faire perdre l'équilibre de deux ou trois personnes, notamment à cause de la foule compacte empêchant de s'accrocher à une barre ou poignée quelconque.

Ouverture des portes.

Alors qu'elle venait de se lever de son siège, elle sentît subitement une main. Ou non, deux bras la prendre fermement.

- Thane !
- Kud, t'es là aussi !
- Remilia est là-bas, qu'est-ce qu'on fait ?
- Je ne vois pas d'autre choix que de descendre, c'est le terminus comme l'a dis le monsieur.

La rame était en train de se vider quand soudain Eclea apparût à son tour entre deux personnes en train de franchir les portes.

- On dirait presque que toute cette histoire n'est qu'un mauvais rêve.
- Ça n'a vraiment plus aucun sens. Pourquoi on se retrouverait en plein milieu d'ici là, soudainement ? Et c'était quoi cette histoire de silhouette noire ?
- Ou peut-être que tout est lié.
- Je ne suis pas vraiment sûre de ce qui se passe. Néanmoins faudrait-il peut-être trouver un endroit où résider et mettre les choses au clairs ?
- Si ça se trouve à notre réveil, on sera de nouveau dans un énième endroit méconnu.
- Voyons, il ne faut pas toujours voir les choses de manière aussi pessimiste.

Posant les pieds sur le quai de la station, le petit groupe s'engouffra dans les escaliers menant vers la sortie.

- Euh... j'imagine qu'on n'a pas de ticket.
- Pas de quoi ? Je ne vous entends pas dît Kud qui venait de sauter par-dessus la portique.
- Kud ! Derrière toi !

Un homme portant un képi se tenait debout à côté.

- Bon on n'a pas trop le choix j'imagine.

Sautant par-dessus les portiques automatiques, elles s'enfuirent toutes en direction de l'endroit où il y avait le plus de foule, dans l'espoir d'être perdue de vu par les agents.

- Putain je suis morte. Et j'ai faim.
- Il y a sûrement une explication logique et rationnelle du pourquoi et du comment nous sommes arrivés ici.
- Tu sais Thane, parfois il peut arriver que des événements aient lieu sans que tu puisses savoir comment. Et encore moins logique ou rationnel de ton point de vue.
- Oui bon on ne va pas se retrouver sauvagement dans cette ville comme ça, par magie non plus hein.
- J'approuve. Il doit y avoir une raison. Ou sinon ce doit être un sacré rêve qu'on est en train de faire.

Arrivant dans une ruelle un peu plus calme où un petit groupe de touriste était en train de passer, Free se tourna vers le groupe.

- Vous n'avez pas l'impression... que ce monde. Pas forcément cette ville mais ce monde semble être familier ? Que ce soit les visages, l'architecture... Comme si nous avions déjà vécu dans un endroit similaire, sans que ce soit identique.
- Oui. D'ailleurs moi j'ai comme une impression de déjà-vu pour cette ville. Je pense, voire même je suis sûre que je suis déjà venue ici avant. Mais... comment cela pourrait-être possible ? J'ai encore cette amnésie du premier jour.

Thane leva légèrement la tête avant de contempler le ciel. Un avion était en train de passer, laissant derrière-lui une longue traînée.

- Nous sommes définitivement venus de cet endroit. Enfin plutôt de ce monde.
- Monde ?
- Il y a beaucoup trop de choses familiers. Beaucoup trop d'impression de déjà-vu, contrairement à la ville désertique.
- Et si la ville en ruine n'était rien d'autre que cette ville dans le futur ?
- C'est possible en effet.

- Waaaa vous êtes trop kawaii ~
- Eeeeeh?
- Les hommes.