CONNEXION
  • RetourJeux
    • Tests
    • Soluces
    • Previews
    • Sorties
    • Hit Parade
    • Les + attendus
    • Tous les Jeux
  • RetourActu
    • Culture Geek
    • Astuces
    • Réalité Virtuelle
    • Rétrogaming
    • Toutes les actus
  • RetourHigh-Tech
    • Actus JVTECH
    • Bons plans
    • Tutoriels
    • Tests produits High-Tech
    • Guides d'achat High-Tech
    • JVTECH
  • RetourVidéos
    • A la une
    • Gaming Live
    • Vidéos Tests
    • Vidéos Previews
    • Gameplay
    • Trailers
    • Chroniques
    • Replay Web TV
    • Toutes les vidéos
  • RetourForums
    • Hardware PC
    • PS5
    • Switch
    • Xbox Series
    • Overwatch 2
    • FUT 23
    • League of Legends
    • Genshin Impact
    • Tous les Forums
  • PC
  • PS5
  • Xbox Series
  • PS4
  • One
  • Switch
  • Wii U
  • iOS
  • Android
  • MMO
  • RPG
  • FPS
En ce moment Genshin Impact Valhalla Breath of the wild Animal Crossing GTA 5 Red dead 2
Etoile Abonnement RSS
Forum
  • Accueil
  • Actus
  • Tests
  • Vidéos
  • Images
  • Soluces
  • Forum

Sujet : [Fic] Au coeur de la tempête

DébutPage précedente
1  ... 56789101112131415  ... 26»
Page suivanteFin
TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 31
18 mars 2019 à 21:55:39

Le 08 mars 2019 à 12:30:38 ODST-01 a écrit :
Salut, il reste encore beaucoup de truc avant de rattraper l'ancienne version?

Désolé, j'avais pas vu :hap:

En terme de chapitres, une grosse moitié. En terme de chapitre effectifs (que je vais re-rédiger), une dizaine tout au plus :ok:
L'arc de Daguefilante va rester tel quel (avec corrections évidemment), et la suite suivra dans la foulée.
Je refais juste la partie qui précède ça et on est bons :ok:

EsZanN EsZanN
MP
Niveau 25
19 mars 2019 à 00:01:15

:cute:

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 31
15 mai 2019 à 21:54:39

Alors alors.

Je suis finalement en vacances. Ce qui veut dire qu'à part MHW, Outward, les sorties entres potes et les séries, j'ai du temps à reconsacrer à l'écriture.
Je voulais vraiment finir l'année de façon régulière et je suis plutôt satisfait du nombre d'heures que mon cerveau peut désormais enchainer devant la reproduction des grenouilles et autres joyeusetés biologiques.
Me voilà donc plus résolu que jamais à rattraper ce foutu retard.

On se revoit d'ici peu pour le chapitre 22, qui a visiblement tenu plus d'heures sur mon téléphone qu'aucun de mes persos à l'écran avant que je ne sois atteint de rerollite aigue :hap:

EsZanN EsZanN
MP
Niveau 25
15 mai 2019 à 21:57:31

Le 15 mai 2019 à 21:54:39 TheEbonyWarrior a écrit :
Alors alors.

Je suis finalement en vacances. Ce qui veut dire qu'à part MHW, Outward, les sorties entres potes et les séries, j'ai du temps à reconsacrer à l'écriture.
Je voulais vraiment finir l'année de façon régulière et je suis plutôt satisfait du nombre d'heures que mon cerveau peut désormais enchainer devant la reproduction des grenouilles et autres joyeusetés biologiques.
Me voilà donc plus résolu que jamais à rattraper ce foutu retard.

On se revoit d'ici peu pour le chapitre 22, qui a visiblement tenu plus d'heures sur mon téléphone qu'aucun de mes persos à l'écran avant que je ne sois atteint de rerollite aigue :hap:

Enfin ! :noel:

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 31
20 mai 2019 à 17:48:29

Chapitre 22

Sirius parcourut les rangs ennemis du regard, tandis que les lignes de combattants se fracassaient l'une contre l'autre dans un mugissement de cris guerriers et de boucliers entrechoqués.
Plissés pour percer le voile de cendres envahissant la plaine, ses yeux à l'éclat spectral firent deux à trois fois l'inventaire des forces. Très vite, son attention se retrouva accrochée à Ja'Hiza. La chatte se défendait bien. À peine l'assaut lancé, elle s'était rué vers son camarade nordique, quelques mètres plus loin, et le protégeait désormais avec une hargne sans commune mesure. Quelques coups échangés, et un deuxième bandit venait s'écrouler à côté de son premier assaillant, l'échine fendue comme un rondin de bois.

L'Astre sourit, déformant son faciès en une grimace atroce. Car au dessus de sa bouche, le lambeau de chair qui lui servait autrefois de nez n'était plus. Seuls deux sinus béants trouaient son visage, comme les abîmes fumantes d'une bête monstrueuse emplie de revanche farouche. Ses longs cheveux noirs, ses yeux glacés et sa teinte pâle supplémentaient à merveille cette marque de guerre, contribuant à faire de son visage un terrain aussi froid, sombre et mutilé que les champs de bataille dont les restes couvraient encore Bordeciel. Sirius était à l'image de sa terre natale : fermé, glacial, impitoyable. Et aujourd'hui ne ferait pas exception à la règle. L'ennemi périrait en dépit de ses suppliques, le laissant vainqueur d'un combat remporté d'avance.

Seul, à l'arrière des lignes, là où aucun carreau ni sortilège ne viendrait le chercher, Sirius se tenait debout, scrutant les faits d'armes et les erreurs de sa troupe. La plupart ne valaient guère mieux que la piétaille commune, mais certains s'affirmaient comme de futurs guerriers.
S'il s'était brièvement illuminé à la vue du combat, son faciès avait peu à peu recouvré son caractère impassible et funeste. Caïus l'aurait diverti davantage s'il avait pu faire durer les choses... mais les ordres avaient été clairs, et les discuter ne lui appartenait pas. Malgré la faiblesse actuelle des défenses ennemies, il fallait faire vite avant que les choses ne se compliquent. Les Compagnons pouvaient surgir d'une minute à l'autre, et son groupe n'était pas en mesure de leur faire face en l'état actuel des choses.
Finalement, son seul véritable regret était de ne pas avoir trouvé chaussure à son pied en terme d'adversaire. Irileth n'était pas venue sauver son camarade capitaine, cette fois. Bientôt, peut-être la verrait-il... Le bréton savoura joyeusement cette perspective, car elle était bien la seule à pouvoir le divertir autant que ne l'avait fait la petite khajiit.

Devant lui, les rangs des défenseurs venaient de céder sous la percée d'une dizaine de malfrats, qui scindèrent les forces de la garde en deux. Littéralement étouffés par la masse assaillante, les soldats du plus petit groupe tombèrent bientôt un par un, genoux écorchés, poignets entaillés et troncs lacérés. Sur les remparts, les surplombant de plusieurs mètres, les étendards de la cité claquaient furieusement au vent, toisant les troupes en déroute de leur grandeur impuissante.

Il ne put s'empêcher de ricaner.

- Observez, Balgruuf ! Observez votre terre se gorger du sang de ces hommes rendus si faibles par votre oisiveté ! À se reposer sur Jorrvaskr, vous en avez perdu la ténacité qui faisait de vous le souverain légitime de cette cité. Et bientôt, très bientôt...

Un sifflement aigu alerta son oreille. Quelques mètres devant lui, un carreau se ficha dans la butte de terre, décrochant quelques mottes de terre qui vinrent rouler en contrebas.
Il laissa les débris guider son regard. Abstraction faite de leur écrasante domination, les pertes n'en demeuraient pas moins conséquentes du côté de ses hommes. Pour chaque adversaire s'écroulant, un cadavre allié s'en venait également embrasser la terre de sa joue vide de vie. Rien d'extravagant à cela, décidément. Ils n'étaient pour la plupart que des fils de gens ordinaires, animés par le dépit d'avoir vu leurs pères et leurs mères labourer une terre qui ne leur appartenait plus. Une fois le cuir d'un fourreau entre les mains, les plus militants s'étaient empressés de rejoindre sa cause. Et les autres n'avaient pas tardé en voyant leurs amis s'élancer vers la poursuite de leur vain idéal, fût-ce celui-ci motivé par la vengeance.
D'un signe de la main, il fit signe aux archers dispersés autour de la scène de combat. Huit cordes claquèrent, et, un instant plus tard, ce furent six corps ennemis supplémentaires prêts à gratifier les Divins de leur arrivée en Aetherius.

- C'est une belle bataille que nous avons là...

Le sang du bréton se glaça en entendant l'inconnu dans son dos. Cette voix s'élevant de derrière lui ne lui était pas étrangère.
Transit par un effroi que seule une personne en ce monde était à même de lui inspirer, il fit volte-face, tête baissée, déjà prêt à ployer le genoux.

- Quel plaisir de vous voir en ces lieux, Elaz...

Il s'arrêta au milieu de sa phrase. Ce n'était pas lui. Lorsque ses yeux croisèrent les pupilles rose carmin de l'individu, la honte et l'intérêt s'éveillèrent du même coup en son for intérieur.
Là où il s'attendait à trouver un tout autre homme se tenait un elfe, embaumé de pied en cap d'un manteau noir thalmori dont les pans s'agitaient au rythme du vent comme les ailes d'un gigantesque oiseau de proie. Figé par la stupéfaction, il mit près d'une seconde avant de dégainer.

Il avait bien failli s'agenouiller devant un parfait étranger. Un haut-elfe, qui plus était. Un profond dégoût monta en lui, mais se retrouva rapidement étouffé par un autre sentiment, plus indescriptible encore. En dépit de tout, il lui semblait connaître cet imposteur. Car, non content de posséder la même voix de celui auquel il pensait avoir affaire, cet Altmer partageait bel et bien certains de ses traits. Un visage fin, vide de toute cicatrice ou imperfection, au teint de bronze et aux lèvres si fines qu'elles en paraissaient presque fantomatiques. Seul son nez arqué et ses sourcils, trop bien dessinés pour ceux d'un humain, venaient rompre la troublante illusion que ses autres traits rendaient presque réelle.
L'individu n'avait pas fait le moindre mouvement depuis sa première phrase, pas plus qu'il n'avait réagi devant la menace de sa lame.

- À qui ai-je l'honneur ? lâcha Sirius d'un ton acerbe.

L'Altmer ne répondit guère, et se contenta de fixer son épée d'un air amusé.

- Les présentations n'ont pas été faites, et vous me menacez déjà avec votre jouet ?

Derrière l'inconnu, trois silhouettes venaient de se scinder des ombres enfumées du lointain. La première était celle d'un jeune khajiit, suivit de près par une elfe noire et un nordique guère plus âgés.
Puis Sirius réalisa avec un déplaisir certain que ce qui se trouvait derrière eux n'était pas la forme d'un bâtiment rongé par les flammes. Il s'agissait de femmes, d'enfants et de vieillards, regroupés en un troupeau serré par le poids de la peur. Pas de doute possible : ces familles étaient celles qu'il avait fait enfermer et garder dans la grange voisine.

Il dissimula une moue dégoûtée en remarquant le sang tachant les vêtements du petit trio, puis regarda de nouveau l'elfe. Une chose était sûre : en libérant les otages retenus par ses hommes, ces quatre arrivants venaient de compromettre l'exécution de ses directives.

- Je pensais faire face aux Compagnons, et non à une bande de petites vipères sournoises, ironisa l'Astre en baissant lentement son épée.

- Tactique et courage sont les inséparables facettes d'un dé gagnant, rétorqua l'étranger. Et, pardonnez-moi la légèreté d'une telle précision, mais je n'ai pas eut l'occasion d'intégrer l'ordre de Jorrvaskr.

- Dommage. Vous n'aurez donc jamais la chance de le faire.

L'Astre de pencha sans quitter du regard son adversaire avéré. Sa main rencontra la surface froide et ferreuse de son masque tombé au sol, puis vint l'appliquer sur son visage, qui disparu à la vue de ses opposants sur l'image d'un rictus cruel.
Il n'eut qu'à claquer des doigts pour que sa robe s'illumine et se mette à changer. L'habit se couvrit d'un éclat immaculé, puis se mit à enfler de façon irrégulière à mesure que chacune des fibres qui le composaient se métamorphosaient à un point extrême. Les coutures se changèrent en rivets, le tissu en acier, et ce fut bientôt un plastron complet qui se trouva sur ses épaules.
Parmi les villageois rassemblés en une file peureuse derrière ses opposants, certains visages se couvrirent d'effroi en reconnaissant l'apparence de celui qui avait pris les vies de leurs proches. Éclatant dans la lueur brumeuse de la matinée naissante, l'Astre leva une main vers l'Altmer, le mettant au défi d'approcher.

Les trois adolescents avaient ouvert de grands yeux face au phénomène, et un haussement de sourcil aux airs admiratifs était même venu déranger la mine impassible de l'elfe. Visiblement impressionné, il parla pour la seconde fois.

- Je m'appelle Névérar. Vous êtes le Sirius dont on m'a parlé, j'imagine ?

- Ma réputation a souvent la confortable habitude de ne pas me précéder, tiqua le bréton derrière son masque. Puis-je savoir de quelles lèvres indiscrètes une telle information vous est arrivée ?

- Allons bon... il ne fait nul doute que vous vous feriez une joie de les sceller pour de bon si je commettais l'erreur de vous répondre. Soyez sans crainte, les quatre personnes que vous avez devant vous sont probablement les seuls avertis que vous aurez le loisir de croiser.

- Parfait, mon nom mourra donc avec vous !

Sirius bondit, vif comme le vent. Sa claymore fendit l'air en une fraction de seconde, émettant un sifflement furieux sur sa trajectoire.
L'elfe recula prestement de côté, laissant la lame passer à un cheveu de lui. L'instant suivant, la seconde main de l'assaillant se retrouvait déjà grippée autour de son autre épée, qui fusa immédiatement dans sa direction. De nouveau, Névérar s'exécuta au dernier moment, et l'air vibra de plus belle sous la force du coup manqué.

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 31
20 mai 2019 à 17:50:04

Contemplant la scène à une distance de quelques mètres, Renji, Rurick et Nemira retenaient leur souffle. L'acte s'était joué en une demi seconde, mais trahissait un degré de maîtrise et de compétence si démesurément éloigné du leur qu'il leur semblait avoir assisté à l'intégralité d'un duel. D'un côté comme de l'autre, les gestes, les appuis et les positions successivement adoptées en ce cours laps de temps semblaient si parfaites que ce bref échange avait d'ores et déjà pris des allures de ballet. Et il ne faisait aucun doute qu'au moindre faux-pas, la danse mortelle couvrirait de rouge le sol du sang de leur étrange camarade.

Celui-ci ne faisait pas mine de vouloir contre-attaquer, et évita trois frappes supplémentaires sans dégainer ni adopter de posture offensive. Au quatrième assaut, l'une des lames de Nahkriin mordit le visage de l'elfe, traçant un sillon rouge sur sa joue.
Les deux opposants bondirent en arrière au même moment, rompant la cadence déjà soutenue de leur affrontement. Névérar fit glisser son annulaire le long de la blessure, contempla son sang d'un air curieux, et humecta son doigt du bout de sa langue. Il hocha la tête, avant de dire d'un air satisfait :

- Vous êtes bon. Brillant, je dirais même. Le médiocre épéiste que je suis ne saurait vous apporter la fin glorieuse à laquelle vous aspirez.

L'Astre agita fermement la pointe de sa lame pour en chasser les quelques gouttes d'hémoglobine qui s'y étaient accrochées.

- Je répugne de devoir salir ma lame du sang d'un beau parleur comme toi. Tu es rapide, mais ta place est dans une taverne, elfe.

- Seriez-vous mécontent de l'héritage qui coule dans mes veines au point d'oublier que vous en partagez l'essence, bréton ? Vous avez le cœur d'un nordique, mais votre style de combat est bien celui d'un homme de l'Ouest. Qui est votre maître d'armes ?

- Était, le corrigea Sirius. Mais la réponse ne vous intéresse guère, j'imagine. Tout ce qui vous obnubile est de faire en sorte que votre ami puisse se glisser dans mon dos pour s'en prendre à moi ou mes hommes, n'est-ce pas ?

Une forme floue surgit dans son dos, alors que Shazam se jetait sur Sirius.
Arborant une attitude d'un calme exemplaire, celui-ci se baissa in extremis, évitant un coup mortel, puis roula sur le côté en balayant l'air d'une frappe horizontale qui coupa court à l'assaut suivant. Le rougegarde suspendit sa frappe en sentant la lame de l'Astre lui chatouiller la gorge, et sourit d'un air admiratif.
Il s'était déplacé parmi les ombres sans faire un son. Même au moment de frapper, le moindre de ses gestes, avait été parfaitement dissimulé de manière à ne laisser aucune chance au hors-la-loi. La fumée masquait son odeur, le vent couvrait ses pas, et sa chaine s'était déployée avec la grâce d'un serpent, invisible à sa proie jusqu'au dernier instant. Pourtant, ce criminel avait senti le coup venir. Pas seulement celui-ci, mais le suivant également, puisqu'il avait contre-attaqué avant même que l'assaut suivant ne survienne réellement.

- Pardonnez la méprise de mon acolyte, lâcha le rougegarde. Vous n'êtes pas brillant. Vous êtes excellent.

- Et vous êtes d'une impolitesse incroyable. Attaquer un homme en pleine conversation ? Quelle idée barbare...

- Barbare ? explosa Rurick non loin de là. Pas plus que d'incendier un village en massacrant tous les hommes valides sur votre chemin !

Shazam leva une main apaisante dans sa direction.

- Pas de quoi s'alarmer, l'ami. Le principal est que nous soyons arrivé à temps pour désamorcer la situation sans effusion de sang.

Le rire métallique de Sirius déchira le silence de son écho sinistre.

- Sans effusion de sang ? Avez-vous regardé autour de...

Le regard du bréton croisa finalement celui du guerrier. En apercevant les pupilles brûlantes du vampire, il ricana de plus belle.

- Allons, mais vous vous moquez de moi ?! Après les lycans, voilà venir les suceurs de sang ! Vous les Compagnons êtes véritablement des engeances fascinantes !

Étonnamment, le rougegarde lui rendit son sourire de bonne grâce.

- Il est parfois dur d'appréhender avec rationalité ce qui vous échappe, et plus encore lorsque ces choses vous entourent constamment à votre insu. Certaines choses vous dépassent, Sirius. Aussi fort que vous soyez, vous n'êtes pas omniscient. Et vous haissez cela.

L'Astre disparu si vite de là où il se trouvait qu'un œil non averti aurait juré contempler deux de ses exemplaires : un à sa position initiale, et l'autre à deux doigts du Compagnon. Le son d'une chaîne en mouvement résonna brièvement, puis plus rien. Dépossédée de son timbre narquois caractéristique, la voix du criminel sussura à l'oreille du vampire comme un souffle de caveau.

- Oh. Alors, c'est ainsi...

Malgré son air calme, Shazam s'était retrouvé contraint de préparer sa parade. Sa chaine s'était enroulée autour de son poignet à l'instant où le bréton s'était mit à bouger, laissant son dernier maillon trouver l'accroche de son majeur. Lorsque Nahkriin s'était retrouvé sur lui, il avait tenté de prévoir l'attaque suivante, mais rien n'était venu.
Le bréton s'était contenté de lui souffler ces mots à voix basse.

La clameur de la bataille s'était interrompue. De leur position, nul n'aurait su dire quel camp avait triomphé.
Lentement, Sirius s'écarta du rougegarde, savourant la victoire que représentait l'expression d'inconfort suscitée chez ce dernier.

- Puisque nous voilà parvenu au stade des attaques personelles, reprit le hors-la-loi, peut-être peux-tu m'expliquer ce que tu fais ici en plein jour ? Sitôt cette fumée dissipée et le soleil revenu, tu t'écroulera au sol pour t'y tortiller de douleur comme un asticot. Pourquoi courir un tel risque ?

Shazam se gratta l'arrière du crâne avec un rire gêné.

- Et moi qui tentais simplement de vous éclairer... Je pensais bien faire, vous savez ? Enfin, gardez votre colère pour d'autres. Je ne suis pas votre adversaire.

Sirius regarda Névérar du coin de l'œil.

- Lui ? Ne me fais pas rire. Il vient d'abandonner. Et même si tel n'était pas le cas, il n'a pas d'arme.

- Le terme est inexact, mais vous avez raison sur une chose, lâcha l'Altmer. Ce n'est pas à moi que mon camarade faisait allusion.

Lorsque les yeux de Renji croisèrent ceux de ses deux amis, ils comprirent tous les trois du même coup ou le Compagnon avait voulu en venir.

- Une minute, s'exclama Nemira. Shazam, qu'est-ce que...

- Notre présence à moi et Névérar est attendue ailleurs. Nous ne pouvons nous attarder, et encore moins courir le risque de nous retrouver immobilisés ici. Désolé, mais ma mission passe avant tout le reste, vous y compris.

Stupéfait, le trio dévisagea longuement le rougegarde, ne sachant quoi répondre. Il s'apprêtait à les livrer en parture à un tueur endurci. Ils étaient peut-être trois, mais chacun d'eux savait que le nombre importait peu passé un certain fossé de maîtrise.

- Je ne vous abandonne pas à votre sort, ajouta Shazam comme pour s'excuser. Vous avez les capacités de le retenir, faites-moi confiance. Sachez que Rigel et les autres comptent sur vous.

Ces mots sonnèrent creux à leurs oreilles.
Nahkriin pivota vers eux avec un sourire dissimulé.

- Eh bien ! Tout ceci m'embête, mais je ne pourrais probablement jamais vous empêcher tous les cinq de quitter les lieux. Puisque vos deux camarades semblent vouloir éviter toute confrontation avec moi, c'est donc par vous que je commençerai !

- Ce sera peut-être bien l'inverse, cracha Nemira en se mettant en garde, poings levés en une posture martiale.

- Vous avez peur, je le vois bien. Soyez rassurés : je serai parti depuis longtemps à leur retour, et vos pathétiques vies avec !

- Tu penses qu'ils seront tes dernières victimes de la journée ? rit Shazam. Détrompe-toi, Sirius. Tu vas devoir te battre pour ta vie d'ici quelques instants.

Le sourire du bréton ne fit que s'élargir. Même à visage couvert, il apparaissait clairement qu'il n'était pas le moins du monde gêné par ce brusque revirement de situation.
L'instant suivant, le rougegarde et l'elfe s'éloignaient sans un regard pour les quatre belligérants, prudemment suivis par la quinzaine de villageois anxieux qu'ils avaient libéré.
Puis, sans qu'un mot ni un regard n'ait besoin d'être échangé, Rurick, Nemira et Renji se jetèrent sur l'Astre.

Ce dernier était rapide. Pourtant, la charge simultanée de trois adversaires conscients de ses capacités n'était pas quelque chose à prendre à la légère. Notant l'écart d'enjambées entre ses adversaires, il recula d'un mètre et demi, cherchant à ce que le plus rapide l'atteigne avant les autres.
Il n'en fut rien. En dépit de leur taille et leur conditions physiques différentes, les recrues progressaient exactement à la même vitesse. D'un coup, ils furent sur lui.

L'épée courte de Rurick plongea vers le flanc du criminel. Le geste était grossier, et il n'aurait normalement eut aucun mal à s'effacer pour lui sectionner le bras sans effort. Mais l'arc du jeune khajiit était là, à bout portant, tourné dans l'exacte direction où il pensait bouger pour contre-attaquer.
Profitant de l'infime instant de réflexion de son adversaire, Nemira ne s'encombra pas d'une feinte, et passa dans son dos pour frapper, poignard levé.
Voyant que le malfrat n'avait d'autre choix que de s'avancer pour éviter d'être blessé, Renji fléchit les genoux, réaffirma sa prise sur son arc, et lâcha la corde.

Aucun des trois amis n'atteint sa cible.

Au moment fatidique, Sirius bascula en arrière, s'activant à une vitesse incompréhensible. Un violent coup de talon percuta la mâchoire de Rurick, dépassant l'allonge de sa lame de plusieurs centimètres. La flèche de Renji glissa le long de son plastron sans l'effleurer alors que son corps s'immobilisait parallèlement au sol, et se perdit dans le lointain avec un sifflement faiblard. Enfin, la main gantée du bréton vint balayer la jambe de la Dunmer avec une force si grande qu'il l'envoya valser par terre, coupant court à son assaut. Dans son élan, le hors-la-loi dégaina de la main gauche, et se réceptionna juste à côté de Rurick, encore sonné.
Le fil de sa lame grinça contre celle du nordique, tout juste assez vif pour ramener son épée contre lui. L'impact fut si fort que celle-ci lui échappa des mains, l'envoyant à la renverse. Nemira se releva, trop tard pour anticiper la suite. Lorsque le bréton tendit une main dans sa direction, un flash de lumière fusa vers elle. Une douleur inimaginable s'empara d'elle, contractant les muscles de son visage en une expression de souffrance déchirante. Aucun cri ne franchit le seuil de ses lèvres, et elle s'effondra de nouveau, cette fois pour de bon.

La deuxième flèche de Renji vint trouver l'articulation de son genoux, et pénétra légèrement la maille. L'Astre fit volte-face, levant sa lame pour frapper. Sans tenir compte de sa blessure, il bondit en avant, à une vitesse bien trop élevée pour être celle d'un homme carapaçonné de pied en cap. Avant que la recrue ne puisse bouger, l'ennemi était là, le dominant de sa taille impressionante.
Rurick bondit au-dessus de lui dans un hurlement guerrier, et percuta l'ennemi de plein fouet avant de le saisir à bras-le-corps. Malgré la respectable carrure du nordique compte tenu de son âge, Nahkriin ne sembla même pas secoué par le choc, et ne ralentit pas en sentant la recrue s'accrocher à lui. Voyant que son assaut n'avait pas provoqué l'effet escompté, Rurick dégaina sa dague. À l'instant où la lame du criminel s'apprêtait à fendre l'échine du khajiit, le coutelas du nordique s'enfonça de trois bons centimètres dans le col de son gambison, l'interrompant brusquement.
Avec un grognement, il saisit le Compagnon par le cou d'une seule main. Le jeune homme sentit une force invraisemblable le hisser dans les airs, avant que le bréton ne lui assène un incroyable coup de genoux. Une douleur sourde se répandit dans tous le corps de Rurick, alors que l'éclat de la conscience quittait son regard, le laissant choir inerte dans les cendres comme une poupée de chiffon.

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 31
20 mai 2019 à 17:54:42

Un frisson dérangeant retourna l'estomac de Renji. Le son du métal tordu provenant de l'armure de son ami résonna longtemps dans sa tête, semblable au tintamarre des cloches résonnant encore dans l'immensité des plaines. Ses deux amis avaient mordu la poussière à peine quelques secondes après le début de leur assaut. L'adversaire le toisa silencieusement. Une tâche rouge s'aggrandissait lentement sur le bord de son épaule là ou le nordique était parvenu à l'atteindre, mais la plaie était probablement superficielle vu la qualité de son équipement. Ils se trouvaient complètement submergés. La dernière fois qu'il avait senti ses entrailles se nouer de la sorte remontait à son affrontement contre Frognir. Mais cette fois, le bréton ne semblait pas disposé à jouer avec sa vie. Cette fois, il y mettrai fin dès que l'occasion s'en présenterait.

Alors que l'effervescence confuse de ses pensées lui emplissait le crâne, Sirius se remit à avancer vers lui.
Puis ce fut le noir complet.

<><><>

« Tu as peur ?  »

Le khajiit sursauta. Ses yeux papillonèrent, impuissants face à la noirceur qui l'entourait. Il ne sentait plus rien. Rien que la voix pénétrante qui venait de s'adresser à lui.

« Pas maintenant, implora-t-il. S'il te plaît, pas maintenant...»

« Quel meilleur moment que l'imminence de sa propre mort pour affronter ses vieux démons ?  »

La seconde voix, moins acerbe et moins froide que la précédente, fit remonter une multitude de sensations, de goûts et d'images en son fort intérieur. Aucune d'entre elles ne lui évoqua quoi que ce soit d'agréable.

« Rouge, murmura Renji. C'est toi ? »

« Qui d'autre ?  »

« Je l'ignore. Cela... Cela faisait si longtemps... »

La première voix ricana.

« Nous ne t'avons pas quitté, Ri'Drassa. Nous étions simplement... las de devoir nous faire entendre.»

« Quant à toi, Noir, tu ne m'avais pas manqué.»

« De vilaines paroles, rétorqua le timbre grave quelque part sur sa gauche. La dernière fois que nous avons parlé, tu accordais encore du crédit à nos conseils. »

- Regardez où vos conseils m'ont mené ! s'écria le khajiit à voix haute. Montrez-vous, maintenant.

Renji cligna des yeux. Cette fois, il put découvrir ce paysage désolé familier qu'il n'aurait jamais pensé revoir un jour.
Sous ses pieds, le sable s'étendait jusqu'aux quatre coins de l'horizon sans la moindre inégalité, masqué par une fine mare de sang lui arrivant jusqu'aux aux chevilles. Le rouge couvrait le sol sablonneux aussi loin que l'horizon pouvait permettre de le constater, comme si cet endroit n'avait été qu'un vaste champ de bataille dépouillé de ses participants. Çà et là, quelques arbres morts émergeaient de ce terrain sinistre, mordant le ciel de leurs ramifications nues aussi noires que l'ébène.

Il leva la tête. En réalité, il ne pataugeait pas dans du sang, mais dans une eau translucide à la teinte rougie par le reflet de la voûte céleste. D'énormes nuages noirs voguaient lentement dans l'atmosphère, tandis que des milliers d'éclairs incarnat traversaient leur envergure démesurée d'arcs crépitants. Par endroits, le dôme grondant se fendait, révélant l'étrange surface rocheuse se trouvant bien au-delà des nuages.

« Masser semble haute ce soir, ricana Noir »

« Oui, mon frère, laissa échapper l'autre dans un soupir. Notre temps ici s'écoule avec une lenteur alarmante. Pourtant, cela doit bien faire deux lunes que nous croupissons dans cet endroit maudit.»

Le khajiit savait par expérience que leurs mots étaient vrais. Plusieurs jours pouvaient s'écouler dans le monde réel sans qu'une seule heure ne passe dans ces plaines inanimées. Tout semblait figé, interrompu, dans ce décor apocalyptique que rien ne venait jamais perturber. Il était un parfait intrus en ces lieux; des pieds baignant dans cette mare infinie aux yeux cherchant vainement la manifestation physique de ses interlocuteurs dans l'immobilisme alentours, pas une part de lui n'appartenait à ce monde.
Soudain, il réalisa qu'il était entièrement nu. Un bref élan pudique lui fit ramener les mains contre son entrejambe. Après quelques secondes, le caractère vain de son geste le frappa, et il se retrouva de nouveau bras ballants. Ces deux êtres faisaient partie de lui. Se cacher d'eux était aussi inutile que d'éviter de croiser son reflet dans un miroir. Même s'il avait voulu leur dissimuler quoi que ce soit, il savait par expérience que toutes ses tentatives étaient vouées à l'échec.
Il n'aimait pas cet endroit. Il n'en avait pas peur, mais il ne l'aimait pas. Tout ici le mettait mal à l'aise, comme s'il se retrouvait piégé dans cet enfer pour des fautes qu'il n'avait pas commit.

Un mouvement attira son attention. En face de lui, deux aspérités venaient de se former dans le sable, écartant l'eau autour d'elles. Très vite, elles se muèrent en bosses, puis en petits monticules. Les formes continuèrent de s'allonger jusqu'à le dépasser d'une poignée de centimètres, avant de s'affiner par endroits pour prendre forme humanoïde. L'une conserva la teinte ocre du sol, tandis que la seconde continua de s'assombrir, virant à un noir charbonneux.
Les deux silhouettes demeurèrent figées, comme pour lui laisser le temps de les reconnaître. Aucune ne portait de vêtement, excepté un masque sans traits faisant disparaître leurs visages derrière une forme ovale d'un blanc immaculé.
À gauche, Rouge, et sa peau intégralement noire. À droite, Noir, et sa carnation aussi écarlate que les étincelles déchirant le ciel.

Plus jeune, il s'était fréquemment retrouvé convoqué dans cet endroit étrange. Au fil du temps, il s'était amusé à nommer ses deux seuls résidents de façon contraire, pour les agacer autant que pour se les approprier. Après tout, il ne les avait jamais vu autrement que comme l'expression de son inconscient.
Cette fois, tout ceci lui effleura à peine l'esprit. Chaque infime fraction de son être était concentrée sur les faces invisibles des deux choses. Ils le fixaient, nul besoin de croiser leurs regards hypothétiques pour en être convaincu.

Après une durée qui aurait pu être l'affaire de quelques minutes comme d'une semaine entière, Noir tendit la main vers lui.

- Nous rejoindras-tu ?

Cette même question, encore et toujours. Chaque fois qu'il parvenait ici, l'esprit lui demandait la même chose. Il s'agissait néanmoins de la première fois que cet échange survenait si tôt dans leur conversation.

- Non. Mon temps n'est pas encore écoulé.

Rouge soupira.

- Tu regrettera cet acharnement comme nous l'avons regretté avant toi, Ri'Drassa... Pourquoi une telle réticence ?

- Assez d'interrogations. Ne pensez-vous pas qu'il est maintenant à moi de formuler les miennes ?

Les silhouettes se turent.

- Pourquoi avez-vous mis tout ce temps à vous montrer ? Je commençais presque à douter de votre existence.

- As-tu perdu la foi ? Nous avons toujours été là pour toi.

- Dans ce fort, vous étiez pourtant bien sourds à mes appels !

La voix du khajiit traversa le silence avec une intensité décuplée. Un éclair déchira le ciel avec un craquement assourdissant, hérissant sa fourrure. Rouge et Noir ne cillèrent pas le moins du monde. Leurs regards, en revanche, s'étaient faits d'autant plus pesants.

- Étaient-ce des appels ? firent-ils d'une même voix. Ou des suppliques dénuées d'espoir ?

Quelques souvenirs lui parvinrent. Contre la pierre froide et humide du donjon, piégé seul avec Frognir entre ces larges murs, il avait silencieusement prié pour l'intervention des deux êtres en sa faveur, comme cela avait autrefois été le cas. Rien n'était jamais venu. Rien que le vide et le silence

- Je voulais me battre.

- Mensonge, rétorqua Noir. Tu voulais survivre.

- Une prétention démesurée pour un chaton ignorant comment se défendre, ajouta Rouge. Pensais-tu pouvoir disposer de nous à ta guise ?

Renji parla avec difficulté, la gorge soudainement sèche :

- Vous êtes moi.

La silhouette écarlate rit froidement.

- Nous étions toi. Jusqu'à ce que nous faisions comme toi l'erreur de penser pouvoir affronter le monde. Désormais, nous voilà pris au piège, ici, en compagnie de tes pensées les plus sombres.

- Alors je vous ramènerai avec moi.

- Ta voix est gangrénée par le doute, Ri'Drassa. Qu'espères-tu nous apprendre, à nous qui savons plus de toi que tu n'en connaîtra jamais à ton propre sujet ?

- Encore ce nom, souffla le khajiit en serrant les crocs. Vous savez qu'il n'est pas le mien.

- Non, mais il est le nôtre, à tous les trois.

La recrue se tourna vers Noir. Avec un mélange de frustration et de tristesse, il remarqua que ses contours se dissolvaient lentement dans le lointain.

- Vous allez partir, lâcha-t-il. Encore une fois. Avant, nous passions davantage de temps ensemble.

Deux sourires lui répondirent silencieusement.

- Tu n'es pas prêt à nous rejoindre, mais tu hésites, fit Rouge en se fondant lui aussi en une forme floue. Sache que nous reviendrons bientôt.

- Attendez, j'ai besoin de votre aide ! cria Renji. Sans vous, Sirius va...

Les deux êtres avaient disparu. Tandis qu'un blanc aveuglant surgissait à l'horizon sous la forme de l'astre matinal, tout se mit à vaciller. Le ciel s'ouvrit comme un rideau de scène, chassant les nuages comme la flamme d'une bougie, et les lunes se volatilisèrent en quelques secondes, emportées par l'éclat surpuissant du soleil naissant.
Alors que sa vision se brouillait et que ses genoux cédaient sous son poids devenu insupportable, les deux voix retentirent une dernière fois, directement dans sa tête.

- Ta première erreur fut de penser que nous ne nous manifestons qu'en réponse à ta volonté. Ta seconde, quant à elle... est de croire que nous ne sommes pas déjà en train d'intervenir.

<><><>

La lame de Renji raya la plate de Sirius juste au-dessus de la poitrine, manquant de peu sa gorge. Le bréton répliqua d'un puissant coup de crâne qui heurta le chat de plein fouet, mais ce dernier, sourd à la douleur, brandit de plus belle sa dague. Le fil de l'acier se teinta de rouge en creusant la pommette du criminel, qui avait décalé son visage au dernier moment pour se soustraire au coup de poignard destiné à emporter son œil.

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 31
20 mai 2019 à 17:59:51

Assis à quelques mètres de là, Rurick et Nemira contemplaient d'un regard désemparé la scène se déroulant devant eux. Cela faisait bien dix minutes que le khajiit avait entamé le combat contre son adversaire. Et, depuis quelques passes d'armes, il leur avait même semblé que leur ami commençait à prendre l'avantage face au Manmer.
Devant la vivacité hors du commun de la recrue, ce dernier s'était débarrassé de sa claymore, et menait désormais le combat à l'aide de sa seconde épée, plus courte et maniable. Toutefois, l'acharnement de Renji portait lentement ses fruits. Les premiers échanges les avaient tous deux inquiété. Les mouvements du Compagnon, bien qu'extrêmement vifs, leur avaient tout d'abord semblé très maladroits, comme s'il étaient ceux qu'un homme longtemps alité faisant ses premiers pas. Mais plus l'affrontement progressait, plus ses gestes se faisaient habiles et précis. En conséquence, la fréquence des blessures qu'il recevait s'était raréfiée, et l'air goguenard du malfrat avait rapidement laissé place à un silence mortifié synonyme d'intense concentration.
Au cours des derniers instants, Renji n'avait pas été touché une seule fois, et avait même porté quatre frappes successives à son adversaire.

Sirius n'avait pas pour objectif de laisser la cinquième arriver. Alors que le khajiit préparait l'assaut suivant, il claqua dans ses mains.
Précédée d'un flash de lumière intense, une explosion silencieuse projeta le félin plusieurs mètres en arrière, soufflant la poudreuse au sol jusqu'à en découvrir l'herbe jaunie.
D'une réception parfaite, le khajiit se releva pour foncer. Il s'immobilisa net en apercevant la terre autour de lui se craqueler sous une couche de givre. Levant vivement les yeux, vers le bréton, il comprit en voyant sa main plaquée contre le sol.

Il bondit en arrière au dernier moment, alors qu'une série de pointes glacées longues comme des lances jaillissaient de sous ses pieds pour l'empaler. Atterrissant un peu plus loin, il contempla les stalagmites larges comme des troncs qui avaient ouvert la terre en deux. Un tel sortilège nécessitait une maîtrise avancée des arcanes. Ce Sirius n'était pas un simple amateur, loin de là. En réalité, son talent pour la magie était tout aussi effrayant que ses aptitudes physiques hors du commun.
Prudent, le khajiit recula de quelques pas, observant les mouvements de son adversaire.

Profitant de la maigre fenêtre de répit qui lui était accordée, le malfrat soupira péniblement.
Ce n'était pas normal. Cette bleusaille lui tenait tête mieux que ne l'avaient fait un vétéran de l'armée et deux adeptes reconnus de Jorrvaskr. D'autant que cette recrue lui était clairement apparue comme la plus faiblarde des trois. Certes, il était concevable qu'un expert puisse se faire passer pour plus faible qu'il ne l'était vraiment. Mais un gosse ? Non, il avait senti l'odeur de la peur et de l'appréhension avec certitude en s'approchant de lui. Impossible de feindre quelque chose d'aussi viscéral que la crainte, pas devant lui.
Et ces mouvements... Il lui semblait réellement affronter une autre personne que celle qu'il avait vu charger misérablement vers lui quelques minutes auparavant.

Mais, même s'il ignorait comment expliquer ce qu'il avait devant les yeux, une bonne part de lui s'en réjouissait. Enfin, les Dieux avaient placé sur sa route un combattant que sa force et sa vitesse seules ne pouvaient défaire. Un adversaire digne de son plein potentiel...
À peine ces pensées lui traversaient-elles l'esprit que son opposant se jetait de nouveau sur lui.

Malgré la distance les séparant, Renji fut sur lui dans la seconde suivant son début de course. Il taillada le coude du bréton d'un revers invisible de rapidité, contournant la garde de son épée comme si celle-ci n'avait jamais existé. Pensant avoir affaire au coutelas du chat, l'Astre attendit que sa main se trouva en bout de course et que son épaule tendue. Certain que l'amplitude de son mouvement l'empêchait de faire usage immédiat de son bras, le hors-la-loi frappa d'estoc. Sa lame fendit l'air avec un vrombissement vengeur, si rapide qu'un homme ordinaire aurait succombé avant même de la voir venir.

En constatant que son sang ne perlait pas sur la pointe d'une dague, mais au bout des griffes de l'ennemi, l'Astre interrompit son assaut aussi vite que ses réflexes surhumains le lui permirent.
Il fut bien trop lent.

Maniée par son autre main, la dague de Renji s'enfonça jusqu'à la garde dans son biceps droit, produisant un long son de succion. La douleur explosa dans son crâne alors que le sang jaillissait de son bras en un torrent pourpre, réveillant du même coup en lui une colère brûlante.
Tandis qu'une grimace tout droit sortie d'Oblivion morcellait ses traits dissimulés en un portrait plus horrifique qu'il ne l'était déjà, les flammes, les étincelles et les monceaux de givre jaillirent sans crier gare. Subitement, un flot de magie incontrôlable naquit entre ses doigts serrés par la rage comme un geyser de puissance éthérée, s'échappant du creux de sa main en un torrent d'énergie si indomptable que l'air alentour se mit à vibrer sous la puissance du déchaînement élémentaire. La neige a ses pieds s'évapora dans une explosion de vapeur brûlante, regela en plein air, et explosa avec un crissement strident sous le passage d'une horde d'arcs électriques.

Cette fois, la recrue ne put amortir le choc. Frappée à bout portant par la décharge magique, il fusa comme un boulet de canon jusqu'à rejoindre ses camarades au sol dans un nuage gelé de cendres et de poussière. Un gémissement d'incompréhension souleva sa poitrine au bout de quelques secondes, assurant à ces derniers que la vie ne l'avait pas encore quitté.

Désormais, Nahkriin n'avait plus rien de calme.
Tenant son membre empalé avec une vigueur forcenée, il s'avançait déjà vers eux d'un pas ravageur, laissant derrière lui une série d'empreintes incandescentes dans le sol. La maille de ses jambes crépitait de façon erratique à mesure que de larges lignes dorées la parcouraient en tous sens, couvrant l'atmosphère d'un grondement perpétuel. À travers les fentes rectangulaires de son masque, une puissante lueur bleutée jaillissait avec inconstance, couvrant sa gorge d'un collier de lumière.
Une chose était certaine : il ne s'amusait plus.

Brusquement, le félin se redressa, ahuri. Son regard hagard se tourna vers ses deux compagnons terrassés, puis vers l'homme furieux se rapprochant inexorablement d'eux. Une douleur sourde martelait son crâne, comme si son cerveau cherchait à pousser ses yeux hors de leurs orbites. De nouveau, il dévisagea Nemira et Rurick, le visage figé en une expression d'hésitation profonde.

- Où suis-je ?

- Le choc l'a désorienté, lâcha Rurick. Nemira, on fiche le camp.

- Courez, lâcha le khajiit. Regagnez la ville au plus vite.

- Tu vas bien ? murmura le nordique, en se levant, titubant encore des coups encaissés plus tôt.

- Partez ! réitéra la recrue en bondissant sur ses appuis avec une énergie toute relative. Je vais le retenir...

Plus loin, le rire de Sirius venait de couvrir le son de la foudre courant sur son corps. Ce n'était plus du tout le ricanement narquois et assuré qu'il avait émit à plusieurs reprises depuis leur rencontre, mais un gloussement hystérique, teinté de folie sanguinaire.
S'il n'avait jamais véritablement fait face à un adversaire suffisamment formidable pour ressentir ce genre de choses, Renji se sentait aujourd'hui véritablement écrasé par son opposant, comme s'il se tenait face à un pouvoir transcendant le domaine humain. Bien sûr, il existait une flopée de mages talentueux en Tamriel, mais penser que sa route avait croisé celle d'un tel homme aurait suffit à faire courir un frisson le long de son dos s'il n'avait pas été convaincu que sa mort était question d'une poignée de secondes.

Sirius tendit le bras vers eux. Immédiatement, un froid mordant s'empara des trois amis. Les poils de Rurick se hérissèrent en une fraction de seconde, alors que le pelage de Renji se couvrait de flocons de givre gros comme un poing fermé. Au même instant, un sillon de cristaux minuscules se dessina entre eux et la paume de l'Astre, avant de brusquement gagner en volume, dévorant le sol dans un fracas de verre brisé.

Heureusement pour les deux amis, Nemira réagit au quart de tour. Agrippant ses camarades par le col, elle bondit de côté avec la vivacité d'un guépard, les mettant hors de portée du sortilège en préparation. L'air lui-même sembla se fendre, alors qu'un orbe de glace d'un mètre de diamètre se matérialisait à l'endroit ou ils s'étaient tenus une seconde plus tôt. Le souffle émanant de la sphère était si froid qu'une intense douleur envahit les jambes du khajiit, qui hurla de douleur comme si un millier d'aiguilles chauffées à blanc avaient pénétré ses mollets. Le jeune nordique serra les dents en suffoquant, alors que toute sensation de toucher quittait la partie basse de son corps. Quand Nemira les lâcha finalement, ils roulèrent au sol dans un tintamarre de métal et de mailles.

À peine conscient de son atterrissage, Renji se redressa, pour voir Rurick cracher une gerbe de sang en s'écroulant au sol.
Écarquillant les yeux de stupeur, le felin se tourna vers son camarade, et identifia immédiatement la cause de son état : une longue pointe de bleutée était fichée en haut de sa poitrine, seulement quelques centimètres sous sa gorge. Figées dans un imposant carcan de glace, ses jambes ne semblaient quant à elles pas disposées à se séparer.

La recrue n'en attendit pas plus. Lame en main, il bondit vers Nahkriin, résolu à défendre son ami vulnérable.
Voyant son acolyte charger en dépit du déséquilibre des forces, Rurick se redressa d'un coude.

- Imbécile, tu veux mourir ?! cria-t-il en dépit de la douleur. Reste en retrait !

- Je vais bien ! lui jeta le khajiit en roulant sur le côté pour éviter une première stalactite fusant vers lui.

Cet instant de relâchement était plus que suffisant pour précipiter la mort d'un homme se mesurant à l'Astre.

Un moment, le bréton se tenait devant lui, les bras encore tendus suite à son dernier sortilège. L'instant suivant, une seconde salve meurtrière jaillissait de ses paumes. Cinq, dix, vingt lances de givre semblèrent se jeter sur lui pour le déchiqueter, comme une meute de prédateurs animés par une volonté commune. Hagard, Renji réalisa qu'il ne serait jamais assez vif pour esquiver à temps. Il clos les paupières, chargeant de toutes ses forces vers une mort certaine.

La première chose qu'il vit en rouvrant les yeux fut un panneau de bois fonçant sur lui à toute allure.
Lancé dans sa course, le chat percuta la cloison de tout son poids, et sentit son corps vibrer comme une corde de harpe. Son front s'écrasa contre le sol dans un bruit sourd, le laissant gémissant contre les dalles de pierre qui le couvraient.

- J'ai comme l'impression que nous l'avons interrompu au milieu de quelque chose, lâcha une voix grave et familière.

- Est-ce que votre ami s'en sortira ? fit quelqu'un d'autre. Si j'en crois vos dires, nous avons affaire à un redoutable combattant...

Une troisième et dernière personne fit écho aux deux premières :

- Vous avez ma parole. L'incantation a duré suffisamment longtemps pour qu'il se prépare.

Renji connaissait ces trois timbres. L'esprit encore embrumé par la surprise et le choc qu'il venait de subir, il bascula sur le dos.

Il reconnu tout d'abord le plafond du cellier de Jorrvaskr et sa voûte de pierre caractéristique. Puis les visages de Rigel, Shazam et Sheik lui apparurent, le sonnant comme un coup de massue.
Les quatre hommes restèrent ainsi pendant plus de dix secondes, parfaitement muets.

Soudain, Shazam éclata de rire.

- Si tu voyais ta tête, mon garçon ! Eh bien, surpris de nous revoir si vite ?

- Que... s'est-il passé ? bredouilla la recrue, qui comprenait de moins en moins ce qui lui arrivait. Est-ce-que je suis en train de rêver ?

- Foutu magie, voilà ce qu'il s'est passé, grogna l'Orsimer en tournant les talons. Bien, puisque tout est réglé ici, allons régler leur compte à ces ahuris là-dehors !

La main de Rigel se posa sur son épaule.

- Reste ici, Sheik.

L'orque s'arrêta.

- À quoi bon ?

- Je sais que Fjol et Ja'Hiza sont là-bas, mais ils sont en vie. De plus, si j'en crois Shazam, ce n'est plus qu'une question de secondes avant que notre ennemi ne soit défait.

Pendant que les deux Compagnons déliberaient, le rougegarde tendit une main au khajiit, l'aidant à se relever. À peine sur pieds, ce dernier sentit le monde tanguer autour de lui, comme s'il s'était tenu sur un bateau traversant une tempête maritime.

- Cette sensation a de quoi donner le vertige, n'est-ce pas ? sourit le vampire d'un ton rassurant en l'observant tituber. Ne t'en fais pas, tu n'auras probablement pas à la revivre de sitôt.

- Je ne comprends pas... Un instant, j'étais face à Sirius, et celui d'après...

- Neverar a employé un sortilège puissant pour te mettre en sécurité. Ne t'en fais pas, la suite nous...

- Tu as bien dit Sirius ?

Le ton de Rigel avait été aussi tranchant que le fil d'un rasoir. Bondissant presque aux côté du forgeron, le bréton saisit le chat par les épaules, et plongea deux pupilles acérées dans les siennes.

- Répond-moi. Tu as dit Sirius ?

Renji déglutit. Le Compagnon ne paraissait pas dans son état normal.

- C'est très important, Renji. Maintenant, j'ai besoin d'une réponse rapide de ta part. As-tu la moindre idée de qui il est ? Des risques en jeu pour chacun d'entre nous ?

La rythme d'élocution du bréton était si soutenu que la moitié des mots échappa aux sens encore ralentis du félin. Il n'aurait jamais pu se douter qu'à la surprise d'être en vie au milieu des siens s'ajouterait celle de voir son Héraut dans de tels états. D'ordinaire d'un calme exemplaire et presque inhumain, Rigel semblait plongé dans un transe si intense qu'il semblait presque être un autre homme. En une seconde, ses mains tremblaient déjà d'une émotion qu'il n'aurait su départager entre la rage et l'inquiétude, et ses yeux paraissaient plus être ceux d'un illuminé que d'un homme sain d'esprit.

- RÉPONDS-MOI ! éructa le Héraut.

Paralysé, Renji bafouilla avec confusion.

- O-oui, Sirius ! I-il menait les assaillants ! Je...

- Parfait, lança-t-il en courant vers les escaliers du sous-sol sans même attendre la fin de sa phrase. Cela change absolument tout ! Sheik, avec moi, Shazam, charge-toi des blessés en haut. Dépêchez-vous !!!

- Tu l'as entendu, soupira le rougegarde. Viens m'assister. Nous avons du pain sur la planche, et tu as amplement rempli ton rôle sur le champ de bataille.

Hébété, la recrue tendit une main en signe d'interruption.

- Attendez, quels blessés ? Ne me dites pas... L'ennemi est entré en ville ?

- Pas exactement. Suis-moi, tu comprendra bien vite !

Il voulut lui dire d'attendre, mais le rougegarde était déjà en route. Encore vacillante, la recrue se lança à la suite de son supérieur, et gravit les marches quatre à quatre, peinant à maintenir la cadence vigoureuse imposée par le forgeron.

Lorsqu'il pénétra dans le grand hall, ce qu'il vit le cloua sur place.

D'ici, le son des cloches était assourdissant, conférant à l'atmosphère une teinte sinistre. Partout sur le sol, les chaises et les tables, les boissons renversées et les monceaux de parchemins traînaient négligemment dans un désordre des plus totaux. Plusieurs banquettes avaient été déplacées contre la porte arrière de la salle, sur laquelle des marques de choc creusaient profondément le bois millénaire. De l'autre côté, le soleil matinal s'engouffrait dans la pièce par l'ouverture béante des battants grands ouverts, révélant avec exactitude les moindres détails de la scène qui s'y était déroulée.

Avachis sur leurs sièges, allongés au sol comme des pantins désarticulés ou adossés contre la table de banquet, une quarantaine de Compagnons gisaient là, sans émettre aucun bruit ni signe de vie.

Message édité le 20 mai 2019 à 18:02:58 par TheEbonyWarrior
TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 31
20 mai 2019 à 18:03:15

<><><>

Nemira asséna une claque magistrale à son camarade. Outré, Rurick ouvrit de grands yeux.

- Mais ça va pas ?

- Tu préfères t'endormir et mourir de froid ici et maintenant ? Bien, alors tais-toi et contente-toinde respirer convenablement. Je te rappelle que tu as un glaçon à la place des pieds et que tes côtes sont dans un sale état.

Le nordique maugréa en massant son visage rougit, maintenant fermement son autre main contre la stalactite le traversant de part en part. La blessure ne saignait pas à cause du froid, mais elle mettrait des mois à guérir, si tant est qu'il parvienne à rentrer vivant à Blancherive.

- Renji, souffla-t-il. Où est Renji ?

- Parti.

- Merde. Cet enfoiré pourrira en Oblivion dès que je...

- Non. Je veux dire qu'il est "parti".

- Parti... Tu veux dire que... Mais... où est-il allé ?

Le regard de Nemira pivota sur la gauche, en direction d'une chose que le nordique était incapable de se tourner pour voir.

- Je l'ignore... murmura-t-elle. Mais une chose est sûre, quelqu'un a prit sa place, et ce n'est pas tout à fait un inconnu...

Plus loin, Sirius dévisageait avec froideur la silhouette longiligne se tenant au cendre du tumulte. Lorsque son sortilège avait atteint sa cible, une brève lueur avait éclairé le nuge de débris projetés par l'explosion. Mais celui dont le visage venait d'émerger des volutes glaciales n'avait rien d'un khajiit. C'était un Altmer. Et son visage était bien connu du malfrat.
Névérar s'avança hors de la zone d'impact du sort, laissant tomber son large manteau noir sur la terre glacée derrière lui. Aucune trace d'impact sur son corps ou ses vêtements. Pourtant, pas de doute : il avait touché ce qui se trouvait devant lui. Soit le khajiit gisait derrière lui, le corps en lambeaux, soit son sauveur avait bel et bien contré son assaut. Rien d'étonnant, après tout : un haut-elfe désarmé sur un champ de bataille était un mage ou un homme mort, et celui-ci semblait encore bien vivant.

Ayant quelque peu repris contrôle de lui-même, le bréton rit avec un amusement feint.

- Déjà de retour ! Quel mauvais vent vous ramène vers la morsure de ma lame ?

- Désolé d'avoir tant tardé... répondit l'elfe de sa voix terriblement familière. Mon intention n'était nullement de vous faire attendre.

- Vous fûtes long à vous montrer, et pourtant bien rapide à intervenir. Sans votre intervention providentielle, notre chaton préféré aurait trouvé une mort à la hauteur de sa misérable existence ! Sa carcasse givrée repose-t-elle quelque part près de vous ?

Quand l'espace les séparant fut tout à fait dégagé, l'Astre plissa les yeux, intrigué. Nul trace du félin.

- Allons... où est donc votre petit protégé ?

- Il m'a rejoint, et je l'ai également rejoint, dit l'elfe d'un ton neutre. N'attendez rien de plus de ma part.

- Vous parlez maintenant par énigmes... Je commence à croire qu'il me faut faire de votre mort une affaire personnelle !

Un éclair surgit de la paume du Mer, dont le regard et le ton se durcirent.

- À présent, reprenons là où nous l'avions laissé ce misérable semblant de combat que vous m'avez livré.

Comme ravivée par l'animosité soudaine de Névérar à son égard, la colère de Nahkriin ressurgit en réponse, explosant de chaque pore de son être comme des entrailles d'un volcan grondant. La glace couvrit son armure d'une pellicule de givre aveuglante de blancheur, et un halo électrique couronna son masque de jaune.

Il tendit les mains, les veines du front gonflées par l'effort, alors que l'énergie affluait dans ses mains.
En son for intérieur, une étincelle illumina les ténèbres de son esprit. Cette étincelle se courba en une torsade bleutée, avant de gagner en volume jusqu'à envahir son crâne.
Une spirale de givre se matérialisa devant lui, et se referma sur son axe en progressant de bas en haut jusqu'à former une longue torsade de glace. Ouvrant les yeux, il saisit la pique à mains nues, insensible à la morsure du froid, et la projeta d'un geste impeccable.

Confondue en un vague trait d'azur par la vitesse, la lance fusa en ligne droite vers Névérar, sans sembler affectée par la gravité.
Lorsqu'elle sembla à deux doigts d'atteindre l'elfe, celui-ci leva brusquement le bras.
Un rayon de lumière fusa de son doigt, si brillant que le monde sembla se scinder en deux. Les recrues situées derrière lui se couvrirent les yeux tant bien que mal, alors que la rétine de Sirius se couvrait de noir, touchée de face par le flash.
Plongé dans l'obscurité, le bréton dressa une barrière mentale pour se protéger. Il sentit l'air se distordre autour de lui en signe de succès, tandis que la ligne blanche rémanente gravée sur sa vision là où il avait aperçu le projectile pour la dernière fois se dissipait. La seconde d'après, il était de nouveau prêt à combattre, et s'assura en une fraction de seconde qu'aucun de ses trois adversaires n'avait bougé.

Une douleur intense déchira sa cuisse lorsqu'il voulut avancer. Grognant, il plaqua une main contre sa jambe, et sentit le sang inonder ses doigts.

Lorsqu'il baissa les yeux, il vit qu'un trou de quelques millimètres de diamètre s'était formé à même sa chair, traversant son membre de part en part en creusant un cercle parfaitement rond dans sa jambière.

Étonné, il releva la tête vers l'Altmer.

Sa stalactite était figée au milieu de l'air, à seulement quelques centimètres de la poitrine du mage. Le visage tordu par un sourire calme, ce dernier pencha la tête de côté et effectua une mimique interrogatrice.

- Alors ? C'est tout ?

Sept craquements retentirent. Dans une sphère de quelques mètres autour de l'Astre, tout se teinta de bleu, alors que des fissures semblaient se dessiner à même le vide. L'air se condensa en refroidisant violemment, causant cette fois un grand fracas assourdissant de puissance.

- Alors nous verrons bien ce que tu as dans le ventre, elfe !!! rugit le criminel, la gorge solidifiée par une hargne inimaginable, tandis qu'une multitude de piques jaillissaient du néant pour embrocher son adversaire.

Puis ce fut le silence.

Trois secondes s'écoulèrent sans qu'un mot ne soit échangé. Uniformément figés par la stupeur, Rurick, Nemira et Sirius demeurèrent pétrifiés.

Autour du bréton, tout avait disparu. La neige, l'herbe et les cendres s'étaient volatilisées sans crier gare, laissant le sol nu et froid l'accueillir lorsqu'il tomba à genoux.
La glace, la foudre, et tout autre forme de magie qui s'était tenue sous son contrôle venait de s'évanouir brusquement. Son armure s'était effacée, pour être remplacée par la robe de mage aux teints sombres qu'il avait révélé plus tôt. Devenu fade, l'éclat métallique de son masque n'émettait plus la moindre lumière, et seul l'obscurité noire et pénétrante occupait les orbites rectangulaires du faciès figé.

De son côté, Névérar n'avait pas bougé. Ou plutôt, personne ne l'avait vu faire. Les pieds écartés et fermement ancrés dans le sol, l'Altmer avait les mains tendues vers les cieux, immobile. Des kilomètres plus haut, la couche nuageuse avait été dissipée en un cercle parfait. Au centre, une lueur rouge brillait avec la force de mille soleils.

D'un ton trahissant la déception, l'elfe lança :

- Je vous avait affirmé être un médiocre épeiste, Sirius. Je n'ai pas menti. Et, imbécile que vous êtes, m'avez dit désarmé, négligeant le fait que le corps est une arme des plus formidables.

Un filet de sang noir et poisseux se fraya un chemin le long la joue du bréton et s'échappa de son masque, souillant le sol de son empreinte rougeâtre. Sirius tenta de se lever une première fois, sans succès. Sa tête le lançait terriblement. Il réessaya en prenant appui d'une main sur sa jambe épargnée, mais ses forces l'abandonnèrent, comme si chacun de ses muscles refusait de fournir le moindre effort supplémentaire. Suffoquant en raison d'un inexplicable manque d'air, il ôta son masque, pour toiser l'elfe d'une paire d'yeux injectés de sang.

- Qu'est-ce que tu as fait ? articula-t-il d'une voix aride à peine audible tandis qu'une goutte d'hémoglobine s'échappait de la comissure de ses lèvres.

Au regard que lui lança son opposant, l'Astre comprit mieux comment il avait pu confondre cet homme avec celui qu'il respectait tant. Car Névérar avait le regard d'un roi, le regard d'un être destiné à régner dès la naissance sur ceux qui l'entouraient. Il sut alors qu'il avait été trop imprudent, et la frustration emporta jusqu'à sa douleur avec elle.
Frappant du poing contre le sol, il mobilisa toute l'étendue de ses dernières forces pour matérialiser une flamme au creux de sa paume.

Rien. Pas un souffle d'énergie, pas une étincelle. Pas le moindre changement.

L'Altmer sourit.

- Oh Sirius, vous êtes un enfant. Vous écrasez les fourmis en vous persuadant que cela vous rend fort... Mais il vous reste à réaliser que votre vie ne représente guère plus aux yeux des dieux que celles de ces insectes aux votres. Ces dieux, les plus lucides d'entre tous, nous ont octroyé un formidable cadeau dont vous vous êtes montré indigne toute votre vie durant. Un lien vers leur royaume. Un aperçu de la liberté infinie qui nous attend parmi les étoiles, à travers cet astre radieux qui nous illumine et nous insuffle la vie. Et ce lien qui nous connecte en permanence est la merveille la plus inestimable qu'il nous ait été donné d'obtenir depuis la création. Vous, en revanche... Vous vous êtes, dans votre orgueil, approprié ce cadeau dont vous n'êtes que l'intermédiaire.

- De quoi parle-t-il ? chuchota Rurick entre deux quintes de toux. Pourquoi ne l'achève-t-il pas ?

Nemira secoua la tête.

- Inutile. C'est fini.

Névérar s'approcha du criminel d'un pas magistral, sans même baisser les yeux dans sa direction. Il se pencha finalement vers lui, saisit sa tignasse noire emmêlé par le givre et la sueur, et plongea ses pupilles nacrées dans le bleu mordant des siennes.

- Alors, vous vous demandez ce que j'ai fait ? Laissez-moi vous le dire...

Et, s'approchant de son oreille, l'elfe triomphant lui sussura les mots qu'il n'était pas près d'oublier :

- J'ai rompu une à une les attaches qui vous liaient à vos dieux et vos ancêtres. Je vous ai privé de votre panthéon, de votre spiritualité, de votre vitalité fondamentale et des artifices sans lesquels vous ne seriez jamais parvenu là où vous vous tenez. Je vous ai puni.

Et, comprenant que plus jamais un sortilège ne jaillirait de ses mains, Sirius hurla.

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 31
20 mai 2019 à 18:05:36

Hop :noel:

Khenarthi Khenarthi
MP
Niveau 9
21 mai 2019 à 10:23:10

Oooh :cute:

Lorkhaj Lorkhaj
MP
Niveau 31
21 mai 2019 à 18:34:16

Tu es le bienvenu camarade :hap:

Khenarthi Khenarthi
MP
Niveau 9
21 mai 2019 à 19:29:34

Tu régale :hap:

ThelVadam ThelVadam
MP
Niveau 10
21 mai 2019 à 21:32:19

J'essaierai de recommencer à lire cet été.

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 31
22 mai 2019 à 00:32:12

Le 21 mai 2019 à 21:32:19 ThelVadam a écrit :
J'essaierai de recommencer à lire cet été.

Oho ! Une belle analyse en perspective, je gage :bave:
J'en profite pour dire que mes promesses quant au visionnage de la seconde partie de ton LP tiennent toujours puisque je viens de finir les cours :oui:

Message édité le 22 mai 2019 à 00:32:33 par TheEbonyWarrior
ThelVadam ThelVadam
MP
Niveau 10
22 mai 2019 à 10:44:03

Tu avais dit exactement la même chose il y a un an https://image.noelshack.com/fichiers/2016/24/1466366197-risitas10.png

C'est pas du donnant donnant hein, je lis parce que j'ai envie, tu dois regarder pour la même raison.

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 31
22 mai 2019 à 11:13:41

L'envie n'est jamais vraiment partie mais le temps lui a fait défaut.
Je fonctionne d'une façon qui m'empêchait jusqu’à présent de le faire puisque je n'avais pas trop le temps d'écrire et que je me disais dès lors que je songeais à mater tes RP : "Hey, mais si tu as du temps pour regarder des LP sur youtube ou lire des fics, autant l'utiliser pour écrire non ?"

Maintenant que j'ai le temps de faire l'un comme l'autre, rien ne m'arrêtera plus https://image.noelshack.com/fichiers/2017/21/1495725496-1494165223-macroned30.png

Message édité le 22 mai 2019 à 11:13:53 par TheEbonyWarrior
EsZanN EsZanN
MP
Niveau 25
12 juin 2019 à 17:24:22

:up:

Pseudo supprimé
Niveau 10
12 juin 2019 à 17:35:03

Le 21 mai 2019 à 21:32:19 ThelVadam a écrit :
J'essaierai de recommencer à lire l'année prochaine

EsZanN EsZanN
MP
Niveau 25
13 juin 2019 à 20:51:36

Le 15 octobre 2018 à 12:31:50 ThelVadam a écrit :
Putain, quand y'en a plus, y'en a encore https://image.noelshack.com/fichiers/2018/42/1/1539591688-1480115887-eee.png

A cause de Jean-Krengaard, je ne vais pas avoir le temps de lire ce chapitre avant de partir mais j'essaie de le faire dans la semaine :ok:

Tu me fais penser que je vais devoir réparer mon Skyrim si je veux commencer ce foutu Let's Play un jour, j'ai bientôt un an de retard nom d'une pipe !

PS : La relecture fait du bien, il y a des modifications assez drastiques par rapport à l'ancienne fic mais c'est toujours aussi plaisant. :hap:

DébutPage précedente
1  ... 56789101112131415  ... 26»
Page suivanteFin
Répondre
Prévisu
?
Victime de harcèlement en ligne : comment réagir ?
Infos 0 connecté(s)

Gestion du forum

Modérateurs : Annihilus, EsZanN
Contacter les modérateurs - Règles du forum

Sujets à ne pas manquer

Meilleures offres
Achetez vos jeux au meilleur prix :
- Dispo sur PC - 9.49€
ONE 20.05€ PC 39.99€ 360 44.99€ PS4 48.98€ Switch 63.98€ Switch 134.58€
Marchand
Supports
Prix
La vidéo du moment