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Il ira vivre quelque part, en ville. Il inspirait juste à la tranquillité et à la stabilité avant de penser à d'autres projets. Il traversa diverses ruines, il y rencontra diverses personnes, pas toujours hostiles. Parfois, il apportait même son aide, comme cette jeune femme qui désirait retrouver un artefact quelconque dans un vieux tombeau qui puait la moisissure. Si à la base il comptait s'emparer de l'artefact en question et d’assommer la donzelle, il avait amassé bien assez d'or pour lui laisser son casque. Il n'était pas spécialement beau, en plus.
Ses projets furent interrompus dans le bon sens du mot par un vieillard. Des rumeurs disaient que ce vieux propriétaire de ferme était un ancien sympathisant de l'Aube mythique. Fondée ou non fondée, c'était un prétexte suffisant pour tuer le vieux dans son sommeil et s'approprier sa ferme. Drarayne en était satisfait. Il se débarrassa du corps dans la rivière la plus proche et s'y installa, lui et son or, qu'il gardait toujours bien à l'abri dans un coffre piégé au sein des ruines Dwemers. Les coffres enchantés n'étaient pas chose courante en Bordeciel, alors qu'en Morrowind, ils étaient légion. Si un de ces abrutis de Nordique tombait sur le coffre, il ne pourrait pas aller bien loin. C'était une situation des plus agréables, et des plus sûres.
Drarayne vécu paisiblement en ces lieux pendant trois cent ans.
Quand ses fonds commençaient à manquer, il attrapait sa dague et son arc Dwemer puis partait avec quelques réserves de nourritures et d'épais vêtements en fourrure pour explorer quelques tertres glacés. L'or revenait assez vite, que ce soit de ce qu'il trouve ou de ce qu'il vendait. Le marché noir appréciait particulièrement les objets Dwemers, surtout les armes. Et ce n'est pas ce qui lui manquait.
Il apprit également à manier les armes avec un Nordique. Il l'avait rencontré lors d'une de ses escapades au sein d'un tertre, alors que le bonhomme était aux prises avec un gros Draugr. Quelques flèches plus tard, l'affaire était réglée. Le Nordique était là pour récupérer une épée laquelle, selon ses dires, "n'appartenait qu'au vrai peuple de Bordeciel", ou quelques sotties dans le genre. Peu intéressé l'idée de récupérer une longue lame, Drarayne n'y prêta pas beaucoup d'attention. Ayant toutefois remarqué sa maitrise du combat armé de deux haches, plus efficace que ce qu'il avait déjà pu voir jusqu'à maintenant, il demanda au natif s'il pouvait lui enseigner l'art du combat, moyennant finances. Le balourd rechigna à l'idée d'enseigner à un étranger, un elfe venu piller un haut lieu Nordique vieux de plusieurs millénaires, en plus. Mais il lui devait peut être la vie, et il ne pouvait refuser quelques septims quotidiens, lui qui avait une fillette à nourrir sur Vendeaume.
Alors ils s’entrainèrent pendant trois ans. Drarayne aimait le chiffre trois.
Avec le temps, les deux apprirent à se connaitre, sans toutefois révéler leur nom. Drarayne l’appelait "le gros", le Nordique l’appelait "Le gris", parfois "le renfrogné". Voir les deux à la fois. Le Dunmer apprit ainsi le maniement de lames dans ses deux mains. En échange, en plus d'argent, le Nordique lui posait parfois quelques questions sur Morrowind, et sur les Tribuns. Il avait, disait-il, quelques ancêtres qui avaient participé à la conquête de cette province, et il connaissait la terrible puissance des trois faux dieux Dunmers. Alors Drarayne lui en parlait, du moins, pour ce qu'il en savait. Il n'avait jamais réellement prêté de crédit au Tribunal.
Drarayne leur préférait Azura, Boethiah et Mephala. Surtout Mephala.
Les choses se bousculèrent d'un jour à l'autre. Lors d'une de leurs séances d'entraînement, ils se firent attaquer par des Impériaux. Ils étaient nombreux, et bien équipés. Dans cette situation, il se serait certainement mis à courir, comme autrefois. Mais il préféra partir du principe que ça fait aussi parti de ses exercices et engagea le combat, comme son compagnon d'arme. Ils purent en tuer quatre quand le gros se pris une flèche dans le genou. Drarayne savait que de toute façon, c'était terminé. Après avoir tué quelques gardes, et encerclés comme ils l'étaient, il n'y avait pas d'issu de toute façon.
Il apprit plus tard que le gros était un Sombrage, l'un de ces nordiques qui revendiquaient l'indépendance de Bordeciel. Drarayne fut arrêté avec lui, et considéré comme son complice. Il avait tué, lui aussi, dans tous les cas, ça revenait au même. Les deux devaient être exécutés la semaine suivante à Helgen avec ce que les impériaux appelaient "un belle grosse trouvaille". Soit. Drarayne fit le point dans sa cellule. S'il devait mourir, ça ne le dérangeait pas plus que ça. Il avait bien vécu, pour un Dunmer normalement destiné à n'être qu'un paysan sur les pentes noires du Mont écarlate. Ses pensés allaient à sa patrie, qu'il avait quitté meurtri dans la plus grande lâcheté et le désintéressement le plus total, et qu'il ne reverrait plus jamais comme il l'avait connu, même dans la mort, après l'année rouge. Alors qu'il advienne ce qui adviendra.
La suite, vous la connaissez grosso modo. Tout ce que je peux te dire, c'est que ses talents en furtivité le conduire à intégrer la confrérie noire assez rapidement, puis la guilde des voleurs. Aussi, bien des années plus tard, dans le mage Telvanni Neloth lui propose de rejoindre la maison Telvanni sur Solstheim, il l'invita cordialement à se reposer un peu. De telles sottises dans la bouche d'un mage aussi puissant manquent cruellement de crédibilité.