ça vous est déjà arrivé de vous croiser du regard dans une glace, et puis de pas vous identifier à ce que vous voyez ? L'étranger que vous êtes à vous-même devant, comme ça, ça vous frappe.

Vous sentir éprouvé, dépravé, exténué comme pris dans les gros engrenages d'un déterminisme bien vilain. Une voix du derrière, intérieure, avec de brefs moments de conscience de sa condition mais piégée et avançant vers un bout tout sombre, comme un automate.

Bon ça vaut pas grand chose parce que c'est de la pseudo-philosophie du sentiment, mais c'était comme une transe sur le moment. Ne surtout pas prendre tout cela pour un manifeste au nihilisme, y'a même une partie d'appréciation que j'ressentais pris dans ma transe.

Y'a pas à dire, mais c'est marrant de s'étonner, de ressentir de vivre comme tout cela avait jamais existé, d'aimer comme si on venait juste de l'inventer.
C'est énorme et c'est rien du tout à la fois. En considérant les hommes dans leur double condition, on commence tout d'un coup à mieux les comprendre.

Il avait dû l'entrevoir ça celui qu'a dit : "Rien de ce qui est humain ne m'est étranger. ".

Pour ma part, dans la question du rapport au corps, je suis partagé sur le fait que voir les autres physiquement, c'est oublier qu'on se considère d'abord comme un point de vue car on ne se voit pas soit même (hormis dans un miroir, bien sûr).

Pourtant, si la pensée naît du cerveau, et que l'on ressent la chaleur, la douleur, le plaisir, etc. avec son corps, alors on peut/doit dire non seulement j'ai un corps, mais aussi ""je suis un corps"", et on ne se le dit pas forcément spontanément.

En revanche, quand on voit les autres, on a souvent l'attitude inverse, consistant à les réduire facilement à leur aspect corporel, parce qu'on ne pense pas spontanément à leur for intérieur.
(je crois que c'est une partie du phénomène que Lévinas qualifiait de ""visage de l'autre"".)

C'est ce phénomène contradictoire qui me fascine : la tendance à oublier son propre corps, mais à juger l'autre sur son corps.

Je viens de trouver une citation de Beauvoir qui résume très bien cette intuition (mais j'espère que ce n'est pas HS par rapport à ton propos, en fait ?) :

"" On ne peut pas réaliser que les autres gens sont des consciences qui se sentent du dedans comme on se sent soi-même, dit Françoise ""

C'est tourmentant quand même cette barrière entre soi et soi et aussi soi et lui.

ça me rappelle Gone Girl, sur le couple “The primal questions of marriage,” he states, are: “What are you thinking? How are you feeling? What have we done to each other?”

Tu veux te marier avec moi edophoenix ?

Une demande en mariage philosophique Je ne peux résister ! Des fiançailles Husserliennes