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Sujet : 2044 (titre provisoire?)

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Ragryu Ragryu
MP
Niveau 10
10 septembre 2014 à 20:37:01

"En 2030, l'Europe est rongée par une vague de criminalité sans précédent et les forces de l'ordre sont débordées. En France, le gouvernement met alors en place un état policier et ferme les frontières afin de contrer plus efficacement ces soulèvements. Des sociétés privés militaires voient le jour sous ce joug policier et vivent du chaos de cette petite guerre. Plusieurs années plus tard , les forces de polices et leurs dirigeants ont plein pouvoir et assurent la protection des citoyens. C'est dans ces jours sombres que Victor Deckan, capitaine de police, assiste à la mort de son mentor et décide d'enquêter sur celle-ci.

Nous sommes en 2044."

:cd: Un bout du 1er chapitre. :cd:

27 Février 2044 ; 23h51 : De tristes retrouvailles.

La chaussée était recouverte de gadoue, mélange de neige fondue et de boue. Une fluide circulation éclaboussait les rares passants, des fêtards ou des dealers, les rues étaient loin d'être sûres à cette heure tardive. Un camion de livraison était stationné en face d'une épicerie, un chauffeur barbue somnolait les mains sur le volant, observant secrètement d'un œil alerté les piétons. En effet, ce qu'il transportait était loin d'être de la viande morte, mais ni plus ni moins une unité de police. Trois hommes, un tas d'ordinateurs et une odeur de friture emplissait le coffre. Les écrans offraient un défilé d'images caméras, aucune rue n'était épargnée dans les environs et la reconnaissance faciale permettait l'identification de n'importe qui, en à peine une seconde, qu'il soit connu des services de police ou non. Aujourd'hui, une simple naissance ou un renouvellement de carte d'identité vous donnait un aller simple vers les fichiers des forces de l'ordre. Soudainement, un signal sonore retentit depuis l'un des moniteurs causant l'excitation de son responsable qui referma sa veste et réajusta son oreillette-micro.
- On l'a coincé, s'exclama-t-il tout en pianotant sur son clavier. Merde, il est juste à côté, la ruelle derrière l'épicerie ! Vite !
Rapidement, les deux autres hommes se levèrent, et enfilèrent un casque avant d'enfoncer la double-porte du camion et de filer par la ruelle, l'arme au poing, sous la surveillance avisé du chauffeur qui porta une main discrète à son oreille et tapota sur le volant, dont il émanait une faible lumière.
- Le commandant Besson prend la relève, déclara la voix du barbu dans les écouteurs des deux hommes. Il tient à vous diriger. Commandant, c'est à vous.
Une voix au timbre grave lui répondit, douce et charmeuse :
- Merci lieutenant. Capitaine Deckan, lieutenant Chollet, donnez-moi la vision.
Les deux officiers cherchèrent du doigt la petite caméra de leur casque et l'activèrent, le commandant confirma alors l'arrivée de l'image sur son écran. Il n'émit plus aucun son alors qu'ils contournaient l'épicerie et débouchaient sur le local poubelle. Une ruelle étroite s'enfonçait dans le pénombre à leur gauche, le commandant leur ordonna d'y pénétrer. Leurs chaussures s'enfonçaient dans le sol boueux, donnant un bruit de succion à leur démarche rapide. Au fur et à mesure qu'ils avançaient, les portes se fermaient, les gens rentraient chez eux et les fenêtres étaient violemment claquées. Les rares personnes qu'ils croisaient les toisaient d'un œil noir, presque une habitude à avoir dans les quartiers difficiles comme celui-là. Cependant, rien ne perturbait la concentration des deux hommes qui continuaient d'évoluer dans les allées de plus en plus sombres et sinueuses. Au loin, des cloches sonnaient minuit, puis plus rien ne vint perturber l'ouïe des policiers. Une rue étroite les empêchèrent d'avancer côte à côte et Victor Deckan prit la tête. A ce moment là, un coup de feu déchira la nuit.

Voilà, qu'en pensez vous pour le moment ? Des conseils ? Vos premières impressions sur le scénario ? :)

TKSWildkiller TKSWildkiller
MP
Niveau 6
10 septembre 2014 à 23:23:29

Ya un peu d'american nightmare, et pas mal d'advanced warfare, mais sinon ça va

Ragryu Ragryu
MP
Niveau 10
11 septembre 2014 à 18:05:33

Alors American Nightmare je l'ai pas encore vu, mais je vois pas trop la référence (ptête l'état policier?) mais Advanced Warfare, nouveau Call Of Duty si je ne m'abuse ? Alors là non pas du tout !! :(
Tout du moins, je n'ai jamais pensé à ces réalisations et je ne l'ai même pas vu personnellement donc. ^^

Merci. :)

Ragryu Ragryu
MP
Niveau 10
13 septembre 2014 à 15:34:19

D'autres avis ou vous préfériez que je finisse le chapitre entier et que je le poste ?
Je cherchais à créer un sentiment de suspense. :hap:

Ragryu Ragryu
MP
Niveau 10
22 septembre 2014 à 23:00:28

:cd: Chapitre 1 terminé :cd:

27 Février 2044 ; 23h51 : De tristes retrouvailles.

La chaussée était recouverte de gadoue, mélange de neige fondue et de boue. Une fluide circulation éclaboussait les rares passants, des fêtards ou des dealers, les rues étaient loin d'être sûres à cette heure tardive. Un camion de livraison était stationné en face d'une épicerie, un chauffeur barbue somnolait les mains sur le volant, observant secrètement d'un œil alerté les piétons. En effet, ce qu'il transportait était loin d'être de la viande morte, mais ni plus ni moins une unité de police. Trois hommes, un tas d'ordinateurs et une odeur de friture emplissaient le coffre. Les écrans offraient un défilé d'images caméras, aucune rue n'était épargnée dans les environs et la reconnaissance faciale permettait l'identification de n'importe qui, en à peine une seconde, qu'il soit connu des services de police ou non. Aujourd'hui, une simple naissance ou un renouvellement de carte d'identité vous donnait un aller simple vers les fichiers des forces de l'ordre. Soudainement, un signal sonore retentit depuis l'un des moniteurs causant l'excitation de son responsable qui referma sa veste et réajusta son oreillette-micro.
- On l'a coincé, s'exclama-t-il tout en pianotant sur son clavier. Merde, il est pas loin du tout, la ruelle derrière l'épicerie ! Vite !
Rapidement, les deux autres hommes se levèrent, et enfilèrent un casque avant d'enfoncer la double-porte du camion et de filer par la ruelle, l'arme au poing, sous la surveillance avisée du chauffeur qui porta une main discrète à son oreille et tapota sur le volant, dont il émanait une faible lumière.
- Le commandant Besson prend la relève, déclara la voix du barbu dans les écouteurs des deux hommes. Il tient à vous diriger. Commandant, c'est à vous.
Une voix au timbre grave lui répondit, douce et charmeuse :
- Merci lieutenant. Capitaine Deckan, lieutenant Chollet, donnez-moi la vision.
Les deux officiers cherchèrent du doigt la petite caméra de leur casque et l'activèrent, le commandant confirma alors l'arrivée de l'image sur son écran. Il n'émit plus aucun son alors qu'ils contournaient l'épicerie et débouchaient sur le local poubelle. Une ruelle étroite s'enfonçait dans le pénombre à leur gauche, le commandant leur ordonna d'y pénétrer. Leurs chaussures s'enfonçaient dans le sol boueux, donnant un bruit de succion à leur démarche rapide. Au fur et à mesure qu'ils avançaient, les portes se fermaient, les gens rentraient chez eux et les fenêtres étaient violemment claquées. Les rares personnes qu'ils croisaient les toisaient d'un œil noir, presque une habitude à avoir dans les quartiers difficiles comme celui-ci. La routine, c'était de détester les forces de l'ordre. Cependant, rien ne perturbait la concentration des deux hommes qui continuaient d'évoluer dans les allées de plus en plus sombres et sinueuses. Au loin, des cloches sonnaient minuit, puis plus rien ne vint perturber l'ouïe des policiers. Une rue étroite les empêchèrent d'avancer côte à côte et Victor Deckan prit la tête. A ce moment là, un coup de feu déchira la nuit. Les hommes n'avaient pas besoin de réfléchir, ils foncèrent vers l'avant, en quête de celui qui avait tiré. Cependant, deux voies se proposèrent à eux : une rue s'enfonçait encore plus loin dans le pénombre et une autre donnait vers une cour, ils levèrent la tête : ils se tenaient là où leur cible avait été filmée à peine deux minutes plus tôt. Le lieutenant Chollet jura :
- Merde , cria-t-il en jetant un regard à son coéquipier.
Deckan eut une sueur froide, il ne pouvait pas se permettre de le perdre maintenant, après ces journées passées dans la camionnette ce serait l'échec de trop, il ne pouvait pas tenir plus longtemps sur place, il lui fallait agir.
- 10-85, s'exclama-t-il vers son coéquipier. Je veux que tout le quartier soit encerclé, je pars à droite, seul. Je me fous de l'avis de Besson, ajouta-t-il alors que son équipier semblait vouloir protester. On a plus le temps : c'est maintenant ou jamais.
Les deux amis se fixèrent un instant, une légère hésitation scintillait dans les yeux de Chollet, mais la détermination qu'il lisait dans le regard de son partenaire lui enleva tout doute, puis il soupira avant de lui faire signe de déguerpir.
- Rattrape-le, conclut-il avant d'avancer sur sa gauche vers la cour, sa voix faisant place au silence alors que les deux hommes s'éloignaient l'un de l'autre. Central, ici Chollet, je veux un 10-85 ! Je répète un 10-85, on encercle tout le...

Victor Deckan progressait d'une rapide foulée dans le dédale de rues qui se dévoilait devant lui. Dans sa tête, de noires pensées se bousculaient. Il repensait à ce qu'avait dit Besson quand il lui avait confié l'affaire, à contrecœur :
- Aurez-vous le cran de l'abattre si nécessaire, Deckan ? Ou le laisserez-vous partir, faisant de vous un traître ? Je connais les liens que vous avez tissé avec le capitaine Gauthier, vous avez fait équipe longtemps, alors que vous n'étiez que lieutenant... Je suis navré que vous insistiez autant pour avoir l'affaire, mais je ne peux vous refuser cela. Ne me décevez pas, avait-il conclu en tendant le dossier à Deckan quelques semaines plus tôt.
Quand il y pensait, l'idée d'abattre Christian Gauthier le répugnait. Ce n'était pas le fait de tuer un homme qu'il repoussait mais bien évidemment de loger une balle dans le corps de son ami, le voir souffrir. Cet homme qui fut comme un père pour lui, semblait aujourd'hui un étranger. C'était pendant son enquête qu'il s'était aperçu qu'il ne le connaissait pas aussi bien qu'il l'eut crût. Comment expliquer qu'un homme avide de justice comme lui ait pu rejoindre le groupe Pureté ? Cet amas de terroristes technophobes, défenseurs du « vrai être humain », un homme dépourvu d'implants et de prothèses. Ironie du sort, beaucoup de gens les soutenaient, surtout chez les plus pauvres, incapables de se payer le moindre membre mécanique. Dans cette nouvelle ère, la notion de bien et de mal n'avait jamais semblé aussi floue qu'aujourd'hui.
En 2033, le groupe Pureté avait fait explosé un hôpital militaire, des centaines de civils et de militaires tués. Deux mois plus tard, quatre de leurs membres se faisaient exécutés sur la chaîne de télévision publique. Était-ce mal de les avoir condamnés à mort, ou était-ce bien d'avoir vengé toutes ces vies innocentes ? Pour Deckan, les forces de polices étaient là pour ce genre de problèmes : faire ce mal pour le bien commun. Même si cela impliquait de la famille, ou ce qui s'en rapprochait. Gauthier l'avait lui même dit à l'époque, il le voyait encore relevé ses yeux de son journal alors qu'il sirotait un café tout en lisant le dernier numéro du Parisien et répondre à sa question enfantine, produit des quatre années d'endoctrinement à l'école des officiers : « Qu'est-ce la justice pour vous, monsieur ? » :
- Tout d'abord, arrête tout de suite les « monsieur », gamin, et appelle moi Christian, avait-il commencé avant de baisser les yeux vers sa revue. Attends donc, et ne sois pas impatient, tu comprendras vite ce qu'est la justice aujourd'hui.
- Mais, comprendre quoi mon...Christian, avait alors rétorqué Victor, curieux.
Gauthier n'avait pas répondu tout de suite, c'était seulement après un long silence perturbé par sa radio qui indiquait une urgence, qu'il répliqua, le regard légèrement absent alors qu'il ajustait sa ceinture :
- La justice c'est faire abstraction de soi-même et s'offrir comme rempart face au crime.

Ragryu Ragryu
MP
Niveau 10
22 septembre 2014 à 23:00:39

Victor trébucha et s'arrêta momentanément pour reprendre son souffle, perdu dans ses pensées et grogna, ce n'était pas le moment pour lui de remuer le passé et surtout de s'arrêter après si bon chemin. Un coup de feu retentit à nouveau, plus proche. Deckan jura et désactiva la sécurité de son arme en faisant glisser son doigt sur le dos de l'arme. Il courut alors le plus rapidement possible vers la source de la détonation et tomba nez à nez avec un cadavre. L'homme était un arabe, la vingtaine, affalé au sol, le regard fixe, un revolver à la main. Le pauvre n'avait sûrement jamais eut le temps de se défendre, son sweat à capuche était tâché de sang et la balle l'avait traversé pour finir sa course dans le mur, logé dans un impact au dessus de lui. Il avait été pris par surprise, le policier ne vérifia même pas son pouls et progressa alors vers la rue qui terminait sur un local. Derrière les murs qui s'élevaient face à lui, on entendait des voitures klaxonner. Alors qu'il avançait l'arme levée, il perçut des voix provenant de la porte entrouverte, malgré le brouhaha de la circulation. Il pénétra alors dans le pièce, en hurlant aux deux silhouettes qui se dessinaient :
- Police !
Les deux individus apparaissent à présent nettement à Victor. L'un était Christian Gauthier, des poches sous les yeux, la joue gauche gonflée et rougie, les cheveux grisonnants et ce même regard bleu où se profilait cette éternelle étincelle d'intelligence. Quant à l'autre individu, c'était lui le plus mystérieux : son visage était caché par un casque, son corps enveloppé d'une veste de cuir et il portait un pantalon de motard. Finalement, il pointait une arme sur Gauthier, à peine inquiété par celle tournée vers lui. Victor portait son regard sur ce dernier, qui le fixait lui aussi à travers son casque. Il s'exprima, d'une voix extrêmement grave, vraisemblablement modifiée :
- Mr. Deckan, s'exclama-t-il presque enjoué. J'en suis presque triste, mais je viens de finir mon entretien. Navré que vos retrouvailles soient aussi courtes.
Et sans sommation, il tourna son arme vers Gauthier, mais il ne tira pas. Deckan ne perdit pas de temps et appuya sur la détente à multiples reprises, cependant aucune balle ne fonça vers l'inconnu et aucune détente ne se fit entendre. L'instrument meurtrier, cette fois-ci, n'accomplit pas sa basse besogne, alors qu'elle était plus que nécessaire à ce moment-là. Deckan, apeuré, horrifié, se tourna alors vers son acolyte, son mentor, son ami et sprinta jusqu'à lui.
- C'est la fin, annonça le motard.
Victor était juste derrière Gauthier, qui ne bougeait pas, comme résolu à mourir. Il se tenait droit face à la mort, il n'avait pas dit un mot depuis l'entrée de son compagnon quelques secondes auparavant.
- Non, Non, Non, hurla Deckan, le cœur battant.
Trois détonations coupèrent les paroles de Deckan, comme un point entre les mots. Les projectiles fusèrent et pénétrèrent le quinquagénaire.Gauthier, criblé de balles, atterrit dans les bras du policier. Victor, les yeux embués de larme fixa son mentor, dont les iris brillaient de vie pour la dernière fois. Il n'y eut aucune parole, seulement des pleurs de la part de Deckan. L'étranger avait quitté les lieux. Et les bottes des forces d'intervention martelaient le pavé de la ruelle, le lieutenant Chollet débarqua dans la pièce, accompagné de plusieurs policiers armés et équipés de gilets pare-balles. Il constata la mort de Christian, et il sombra lui aussi dans un silence peiné puis posa sa main sur l'épaule de Deckan, secoué par les sanglots.

Dehors, la pluie avait repris.

ProustDuballey ProustDuballey
MP
Niveau 6
23 septembre 2014 à 20:58:25

j'apprécie assez, y'a de l'idée, y'a de la littérature, y'a quelque chose.

Ragryu Ragryu
MP
Niveau 10
24 septembre 2014 à 12:54:59

Merci beaucoup. :)
Oui, j'ai essayé d'être au mieux possible. Je trouve néanmoins la fin du chapitre un peu bâclée ! ^^

Ragryu Ragryu
MP
Niveau 10
05 octobre 2014 à 15:54:33

:cd: Chapitre 2 terminé. :cd:

02 Mars 2044 ; 14h17 : Dernier rapport.

- Christian Gauthier, repose en paix. La vie ne dure qu'un instant, notre amour est éternel. Amis, connaissances, parents proches… Nous ne t'oublierons pas. Nous t'aimons à jamais…
Le prêtre se racla la gorge, la voix rouée et les larmes lui montant aux yeux. Le père Grégoire était le prête familiale, du haut de ses soixante-dix neuf ans, il avait vu Christian naître, il avait enterrer ses parents et Élise, la femme de Gauthier et à présent il le mettait en terre, alors qu'il aurait espéré partir avant lui. C'était une dure épreuve pour le vieil homme.
- Puisse...Puisse le Seigneur t'ouvrir ses portes, déclara-t-il finalement après quelques secondes, Amen.
- Amen, répéta l'assemblée.
D'un seul mouvement, les gens se levèrent et commencèrent à se diriger vers le cimetière. Les porteurs, quatre policiers en uniformes, des proches de Christian transportèrent le cercueil. Victor et Chollet étaient parmi eux, ils avaient tout deux la casquette de policier fermement ancrée sur leur tête et leurs médailles étincelaient. Après la découverte du cadavre, et le témoignage de Deckan, les forces de polices étaient restées indécises sur les motivations de Gauthier. Beaucoup pensaient qu'il n'avait jamais trahi la police et qu'en agent double, il avait tenté d'infiltrer le groupe terroriste Pureté. Les hauts-placés, allant de le même sens, avaient finalement déclaré le commandant lavé, et l'avait promu commissaire, à titre posthume. « Une maigre consolation. » avait déclaré Deckan, accablé par cette perte. Surtout que la décision n'était que temporaire, l'enquête étant en cours. Quant à Chollet, il n'avait pas beaucoup parlé depuis, il avait insisté auprès de Victor pour aller voir la fille de Christian, et lui annoncer la mauvaise nouvelle. La jeune femme, endurcie depuis la mort de sa mère, n'avait pas lâché un sanglot en publique, mais d'après les dires de Chollet, elle avait été inconsolable lorsqu'il était venu la voir. La pluie avait cessé dans la nuit, et le sol du cimetière était boueux. Les porteurs progressèrent prudemment jusqu'au trou creusé pour Gauthier. Le cercueil sous terre, chacun prit une petite pelle de terre pour symboliquement enterré le défunt en la reposant sur le coffre mortuaire. Puis lorsque tous furent passés, les porteurs finirent de boucher le trou funèbre. Les adieux étaient finis.

Dans la demi-heure qui suivit la mise en terre, la plupart des invités avaient quitté le cimetière. Victor et Chollet étaient restés, observant les dernières personnes restantes aborder Anna, la fille de Christian, et lui présenter leurs condoléances. Elle avait porté ses cheveux bruns en un chignon et elle gardait de son père les yeux bleus étincelant d'intelligence, elle adressait à chacun un sourire triste, sans un mot, écoutant leurs paroles réconfortantes puis serrait leurs mains chaleureuses. Chollet se tourna vers son ami, des cernes énormes sous les yeux, une barbe de trois jours ornant son visage :
- Je te laisse lui parler, Victor. Besson veut me voir ce soir, et j'aimerais passer dormir chez moi, je suis navré.
Deckan acquiesça et prit l'homme dans ses bras, le tapotant dans le dos.
- Il n'y a pas de soucis, répondit-il tout en se détachant de son coéquipier, Tu passes tes journées au poste à étudier les dossiers de ses anciennes affaires, tu mérites quelques heures de repos. Je te vois demain.
Chollet gratta sa barbe noire et lui fit au revoir de la main, il s'avança vers Anna, lui prit les mains et échangea quelques mots avec elle. Puis il la salua et il quitta le cimetière. La jeune femme se retourna, et aperçut Victor, puis elle se plaça dos à lui, face à la tombe de son père. Le capitaine de police avait les mains dans les poches de son manteau, la fatigue le rendant incapable de réfléchir à une façon de l'aborder. Il soupira légèrement et se frotta les yeux. « Demander à une femme qui vient de perdre son père en cavale depuis deux semaines, accusé de trahison et de coopération avec des terroristes, si il n'a pas pris contact avec elle et par tout hasard laissé des choses chez elle. Quelle idée de merde, je vais me faire sérieusement rembarrer. » pensa-t-il, nerveux. Finalement, il se décida à avancer vers elle, les bras pendants. A un mètre d'elle, il l'observa. Elle fixait la tombe, l'air impassible, comme si elle regardait celle d'un inconnu.
- Anna.
Elle sembla sursauter, puis elle regarda Deckan, soudainement attristée. Victor, lui, regardait ses pieds, gêné. Il se demanda si elle le reconnaissait, elle devait à peine avoir quatorze ans la dernière fois. Puis elle prit la parole :
- Allons chez moi, monsieur Deckan, j'habite pas loin en voiture.
Prit au dépourvu par l'invitation d'Anna, Victor ne sut que répondre. Remarquant son gêne, elle décida de prendre le pas vers la sortie du cimetière, en accordant tout d'abord un dernier regard à la tombe. L'homme fit de même, rongé pas un certain regret de ne pas plus se recueillir.

Ragryu Ragryu
MP
Niveau 10
05 octobre 2014 à 15:55:04

Pendant le voyage, Deckan regarda par la fenêtre, évitant de croiser le regard d'Anna. Il se sentait honteux. Honteux de ne pas avoir pu trouver son père avant, il pensait qu'il aurait pu le sauver, empêcher tout ça. Victor repensait sans cesse à son arme de service. Pourquoi n'avait-elle pas pu tirer ? Les dysfonctionnements étaient rares, surtout sur des armes de la police, toutes de dernier cri. Tout ce que pouvait faire Victor, c'était attendre la résolution de l'enquête, le commissaire Besson avait insisté pour que l'homme prenne du repos, Deckan n'étant donc pas en charge de l'affaire. Anna se gara sur un parking privé, juste à côté du groupe de résidences qui comprenait sa maison. Le moteur électrique arrêta de ronronner, stoppant les rêveries du policier. Ils sortirent de la voiture d'un même mouvement et claquèrent leurs portières. Pendant le trajet vers la porte d'entrée, le même silence les accompagnait. Anna ouvrit la porte et pénétra dans la demeure, ses talons claquant contre le parquet.
- Trésor ? C'est Maman, annonça-t-elle alors qu'elle enlevait sa veste.
Un gamin, les mêmes yeux bleus, la bouche ouverte, débarqua en courant dans l'entrée et sauta dans les bras de sa mère en poussant un cri de joie, un sourire naissant sur ses lèvres. Sa mère le leva jusqu'à son visage et lui fit un bisou sur la joue, puis l'enfant aperçu Victor et son visage se décomposa, reconnaissant l'uniforme.
- Le policier va encore te faire pleurer, questionna-t-il, effaré.
Sa mère le reposa sur le sol et se pencha vers lui, accroupie.
- Non, Thomas, il est là pour discuter entre adultes. Et tu ne veux pas embêter les adultes ?
Le gamin fit non de la tête, et courut vers la salle de jeux. Sa mère soupira et se releva puis elle se tourna vers l'homme et lui proposa d'enlever sa veste, l'air étant bien moins frais dans la maison qu'à l'extérieur. Victor déclina, jugeant qu'il se sentirait plus confortable ainsi, et ils se dirigèrent vers la cuisine.
- Un café, proposa-t-elle.
Victor observa la machine, et accepta avec plaisir la boisson. Un café pourrait l'éveiller et pallier à son manque de sommeil. La femme inséra deux capsules dans les fentes à cet usage, et elle pressa le bouton où figuraient deux petites tasses. Des tasses firent leur apparition et du café chaud coula instantanément dans celles-ci. Anna posa le sucrier et un du lait sur la table, puis se dirigea vers l'appareil pour prendre les deux tasses. Deckan jouait avec son briquet dans sa poche, le fermant et le refermant, pensif et il remarqua un cendrier où figuraient une dizaine de mégots et une fine couche de cendre,. La jeune femme déposa les deux tasses sur la table, l'une en face de Deckan et l'autre à son opposé, où elle prit place sur une chaise. Elle remarqua le regard que portait le policier au cendrier et le léger bruit que produisait son briquet lors de sa fermeture.
- Le filtre à air est installé, vous pouvez fumer, lui dit-elle.
Victor releva les yeux, un peu dérangé, puis sans un mot il sortit son paquet de cigarettes et en porta une à sa bouche, il prit ensuite son briquet et l'ouvrit dans un déclic commun à tous les Zippos, marque du briquet qu'il possédait, et il alluma finalement le tube de tabac. Après quelques taffes, il ferma les yeux, évacuant son stress puis il s'éclaircit la gorge.
- Toutes mes condoléances, Anna.
Elle resta silencieuse face à cette phrase qu'elle entendait maintenant depuis presque une semaine, inlassablement. Puis comme à tous elle lui adressa un sourire triste.
- Sa mort semble autant vous atteindre que moi, lui répondit-elle.
- Christian était comme un père pour moi, rétorqua Victor.
Un silence gêné s'installa entre les deux personnes. Deckan se sentit stupide, dire cela à sa fille génétique… Il tira comme un forcené sur sa cigarette. Un léger clic détonna dans la cuisine annonçant la mise en marche du filtre à air. Il écrasa sa cigarette, puis sorti un petit cube qu'il posa sur la table. Il posa son doigt sur ce dernier et l'objet émit un son avant d'émettre une légère lumière bleue. La femme observa le phénomène, intéressée. Deckan eut un moment d'hésitation, puis il pressa à nouveau le cube, la lumière s'arrêta instantanément.
- Ceci est un cube de données audiovisuelles, on l'utilise pour stocker nos réflexions, nos discussions...et les interrogatoires. C'est comme un journal, conclu le policier.
Victor gratta sa barbe naissante, observant la réaction de la fille de Gauthier. Son visage ne laissait paraître aucune émotion. Elle ne semblait pas énervée, ou irritée par la tournure que prenait les événements. Elle déclara alors simplement, à la surprise de l'homme :
- Je comprends. Ne perdons pas de temps, faisons-le.
Victor la fixa quelques instants, hébété. Puis il lui sourit légèrement, la remerciant silencieusement. « Elle est bien la fille de son père, elle a la tête sur les épaules. » pensa-t-il.
- Ce cube m'appartient, c'est-à-dire que ce qui suit n'arrivera pas entre les mains de mes supérieurs, sauf si je le juge nécessaire. Voyez-ça comme une simple discussion...
Finalement, il tendit la main vers le cube et le mit en route une bonne fois pour toute.
- Nous sommes le 02 Mars 2044, il est…, commença-t-il en observant sa montre numérique, 16h53.
Il leva les yeux vers Anna, incertain, et elle lui fit signe de continuer, sûre d'elle.
- J'interroge Anna Gauthier, fille légitime de Christian Gauthier. Journaliste, vingt-trois ans. Marié, un enfant.
Encore une fois, il chercha l'approbation de la femme, mais cette fois il la formula à l'oral :
- Vous confirmez ?
- Je suis divorcé, je suis seule avec Thomas, déclara-t-elle.
Le policier hocha la tête de haut en bas, cherchant ses mots. Il lui fallait tout d'abord savoir si Christian était entré en contact avec sa fille avant ou pendant sa cavale, et donc à quand remontait sa dernière visite.
- A quand remonte la dernière fois où vous avez vu votre père, questionna-t-il.
La journaliste sembla réfléchir, elle se mordilla les lèvres.
- Il est venu le 13 Février, au soir. Il était très tard, vers minuit probablement. C'était la nuit de l'orage.
Le cœur de Deckan ne fit qu'un tour, et l'excitation balaya toute fatigue en lui. Le 13 Février, c'était la veille de sa désertion ! Peut-être avait-il laissé un indice ici ?
- A ce moment-là, depuis quand n'était-il pas venu ici ?
Cette fois-ci, Anna réagit au quart de tour, répondant du tac au tac.
- Il était venu pour Noël puis à de nombreuses reprises pendant le mois de Janvier, cela n'était pas arrivé depuis cinq ans, c'est à dire pour la naissance de Thomas , finit-elle la voix un peu brisée.
Victor croisa ses mains, pensif et préféra attendre que la femme se calme avant de parler à nouveau. Subitement, Gauthier se décidait à rendre visite à sa fille, après des mois d'absence. Il avait prévu son coup ? Ou avait-il simplement voulu rattraper le temps perdu ? Simple coïncidence ? Toutes ces questions animaient l'esprit fatigué de Deckan, mais l'envie de savoir l'avait réveillé, et il se sentait énergétique. Le café y était aussi peut-être pour quelque chose, il porta la tasse à ses lèvres et en prit une longue gorgée. Anna semblait moins bouleversée, et il posa une dernière question tout en posant sa tasse :
- Vous a-t-il donné quelque chose ? N'importe quoi, un cadeau, un jouet pour votre fils ? Même le plus simple des objets peut avoir ses secrets.
- Non, répondit-elle catégorique.
Victor acquiesça : « Voilà qui met fin à cette séance de questions-réponses. ». Il délia ses mains et prit le cube entre ses doigts puis le rangea dans la poche de sa veste. Il se leva, sa tasse à la main et finit de boire son contenu d'un trait. Il s'adressa à la femme qui s'était levée pour vider le cendrier dans la poubelle :
- Je vous remercie, désolé d'avoir abordé le sujet aussi rapidement.
Elle posa le cendrier près de l'évier, puis se retourna vers le policier, et en s'adossant au plan de travail, tout en croisant les bras.
- Je vous dis que je comprenais, monsieur Deckan. Il vous faut autre chose à présent, demanda-t-elle, pressée d'en finir.
- Serait-ce trop demandé d'utiliser vos toilettes ?
La femme haussa les épaules et fit un signe de la tête en parlant :
- A l'étage, vous trouverez pas vous-même.
Le policier la remercia d'un signe de tête et monta les escaliers, alors que la femme se dirigeait vers la salle de jeux, en quête de son fils.

Ragryu Ragryu
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Niveau 10
05 octobre 2014 à 15:55:22

L'homme descendit les escaliers, un peu déçu de ce qu'il avait tiré de la fille Gauthier. Il pensait réellement que Christian aurait laissé quelque chose ici, un indice, une preuve de son innocence… Mais tout ce qu'il avait récupéré ici, c'était le témoignage de sa fille abattue. Alors qu'il débarquait dans le séjour, Anna était là, debout, un dossier à la main.
- Vous vouliez me parler d'autre chose, demanda-t-il.
- En effet, j'ai menti, déclara-t-elle immédiatement.
Victor ne chercha pas à cacher sa surprise, et il commença à sortir son cube de données, afin d'enregistrer ses paroles. La femme l'intima immédiatement de ne pas faire ceci par quelques pas en avant, afin de porter sa main vers sa poche.
- Non, s'exclama-t-elle, n'enregistrez pas ce qui va suivre. Je connais ces engins-là, c'est si facilement piraté… Prenez juste ce porte-documents, mon père l'a laissé quand il est venu le 13. Je pense qu'il vous sera utile, je ne l'ai pas ouvert, je ne veux pas savoir ce qu'il y a dedans.
Puis sans qu'il ait l'occasion de protester, elle lui mit le dossier entre les mains. L'homme l'observa un instant puis déglutit. Non mécontent, il posa sa main sur l'épaule d'Anna :
- Merci, déclara-t-il avant de prendre son manteau et de l'enfiler par dessus sa veste.
Deckan s'avança vers la porte d'entrée, le visage soucieux malgré ce cadeau bienvenu. Il prit la poignée dans sa main, puis se figea un instant, sur le pas de la porte. Finalement, il se tourna vers Anna, la bouche ouverte alors qu'il amorçait sa question :
- Pourquoi m'avoir donné ce dossier ? Je suis de la police, si jamais il y a des choses qui compromettent Christian là-dedans…
Anna, les cheveux à présent détachés le coupa d'un geste de la main, puis croisa ses bras tout en se posant contre le mur.
- Mon père est mort, Victor, commença-t-elle l'appelant par son prénom, Qu'importe si son nom est souillé, ce dossier doit vous revenir.
Sa voix n'indiquait aucune hésitation, mais son regard trahissait le fond de sa pensée. Victor baissa les yeux, indécis face à la décision à prendre, et il posa son regard sur le porte-documents fermé où il était écrit de la main de Christian « Dernier rapport. ». Victor sourit intérieurement en pensant à son mentor qui n'avait jamais rien laissé au hasard : « Il savait depuis le début qu'il ne reviendrait pas de cette affaire… vieux gribou.» se dit-il. Il se racla la gorge, les yeux se fermant de fatigue, l'excitation passée et croisa le regard d'Anna, ses iris lui rappelant sans cesse le vieux policier.
- Je vous remercie de votre confiance, finit-il par dire, lui témoignant une fois de plus sa reconnaissance.
Il ouvrit finalement la porte, et sortit dehors. Quelques voitures passèrent, au bout du parking, alors qu'il descendait les marches qui donnaient sur l'extérieur, un gamin passa en vélo et Victor le regarda, distrait. Une voix tremblante l'interpella :
- Il m'a dit de vous le donner si jamais vous veniez, c'est lui qui vous faisait confiance, dit-elle entre deux sanglots, Et je pense que je peux vous accorder la mienne.
Victor se retourna, ému, il n'avait parlé à personne de sa peine et les pleurs d'Anna l'avait fait resurgir, il voulait la prendre dans ses bras et la consoler, comme Gauthier l'aurait fait, comme un père. Il aurait souhaiter jurer qu'il éluciderait l'affaire et laverait tout soupçon qui pesait sur Christian. Mais la porte se refermait déjà, comme une barrière entre l'orpheline et l'homme.

Ragryu Ragryu
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Niveau 10
05 octobre 2014 à 15:55:39

:cd: Voilà, bonne lecture. :) :cd:

Ragryu Ragryu
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Niveau 10
29 juillet 2016 à 12:13:31

02 Mars 2044 ; 21h03 : Du repos mérité.

L'ascenseur s’élevait vers les hauteurs de l'immeuble dans un léger vrombissement. Deckan s'y trouvait seul, une cigarette dans la main. Il fixait le dossier qu'Anna lui avait donné et le frottait machinalement des doigts qui le tenaient. La fumée était suspendue dans les airs, comme interloquée par l'homme. Le policier avait l'impression de ne pas avoir dormi depuis des semaines. Il se tenait contre la paroi, ses jambes supportant difficilement son poids. Il porta son regard exténué sur le miroir qui occupait tout le mur opposé, et son aspect le fit grimacer. Ses cheveux en bataille lui apparaissaient comme de la paille. Ils étaient asséchés et désordonnés. Il avait un regard sombre et sa barbe naissante encadrait une bouche gercée de toute part par le froid. Il regarda sa montre, anxieux et s'aperçut qu'il s'était passé à peine deux heures depuis qu'il était parti de chez Anna. Après l'avoir quitté, il s'était dirigé vers le métro, la troupe incessante de travailleurs l'avait dissuadé d'entrer dans la mêlée humaine et il s'était décidé finalement à rentrer à pieds. La marche lui avait fait du bien, repoussant la fatigue hors de lui, il n'avait fait qu'avancer. Néanmoins, il s'était imaginé qu'en forçant l'effort physique et en rejetant les complaintes de ses muscles, il refoulerait ses pensées et ses regrets. Il n'en fût rien.
Une sonnerie mit fin à ses interrogations et les doubles portes s'ouvrirent à sa droite, dévoilant un homme en costume qui le toisa d'un regard méprisant. Il fixait la cigarette d'un œil noir, exaspéré. Deckan, distrait, regarda derrière l'épaule de l'individu, et remarqua sur le mur une affiche représentant une cigarette barrée. Il était indiqué en gras : « Fumer dans votre appartement, pas dans le couloir, merci. ». Victor s'éclipsa rapidement et s’éloigna des portes coulissantes de l'ascenseur. Il passa sa carte dans la fente prévue pour celle-ci et la porte de son logement s'ouvrit. Il pénétra à l'intérieur et elle se ferma derrière-lui, dans un sifflement à peine perceptible. Son logis faisait partie d'une des nombreuses tours aménagées pour les hauts-fonctionnaires. Plus l'on montait dans celles-ci, plus les appartements étaient luxueux. Aux premiers étages s'entassaient les agents de police et leurs familles. Ensuite les appartements gagnaient en espace tout comme en luxe. En tant que capitaine, Victor n'était pas à plaindre du tout, et il ne pouvait qu’imaginer à quels avantages les commissaires et les plus hauts gradés avaient le droit. A son étage se trouvaient d’autres policiers de son grade et certains cadres, comme l'homme au regard méprisant qu'il avait croisé. Il jeta sa cigarette dans un cendrier et celle-ci fut instantanément absorbée. Le récipient semblait alors comme neuf, sa surface lisse comme un miroir. Le trentenaire décida de faire un brin de toilettes, il accrocha son manteau mouillé à un cintre et le mit à pendre dans une armoire, qu'il ferma. Il pénétra dans la salle de séjour, une baie vitrée géante lui donnait vue sur Paris. Pendant un instant il fut absorbé par le spectacle qui se présentait devant lui : les lumières étincelantes, l'agitation, le brouhaha incessant des véhicules. Puis avec une télécommande, il changea la teinte de la vitre afin d'être isolé du monde extérieur et de son tumulte. Il posa le dernier rapport de Christian sur sa table de chevet, afin d’y jeter un œil plus tard puis se défit de sa montre. Il jeta sa cravate et sa chemise par terre et il fit de même avec son pantalon et ses chaussures en entrant dans la salle de bain. Face à la glace, il s'observa un instant : loin d'être très dessiné, il possédait simplement un physique athlétique. Il n'avait pas de compagne, et pourtant son air de mauvais garçon était loin d'être dénué de charme. Il lui arrivait cependant de ramener dans son appartement une conquête d'un soir ou une collègue qui lui avait tapé dans l’œil. Ses relations avec les femmes allaient parfois plus loin mais toutes ses histoires se soldaient par la même rengaine stéréotypée : « Ton boulot prend trop de place, j'ai l'impression de ne pas compter ». Cela l'attristait mais que pouvait-il y faire ? Il avait pourtant l'impression de s'investir, et il ne comprenait jamais sincèrement où il avait échoué, quel était son faux pas et elles partaient avant qu'il n'ait trouvé quoi dire. Parfois, il pensait en rigolant que les femmes étaient les affaires les plus compliquées où se fourrer et à élucider. En grognant, il se dévêtit et pénétra dans la douche. L'eau chaude lui fit grand bien, et ses muscles fatigués se décrispèrent. Il se sentait enfin détendu, et il se félicita d'être rentré. Quelques minutes passèrent pendant lesquelles Deckan somnola, pensif. Les deux mains appuyées contre le mur mouillé, il leva finalement son regard vers le miroir embué qu’il voyait à travers la vitre de la douche.
- Chaîne 23, volume 18, articula Victor.
Le miroir redevint clair et une image se dessina sur celui-ci. Une journaliste se tenait à présent au milieu de celui-ci. La bannière défilante en bas de l’écran indiquait : « La manifestation des augmentés dans les rues de Paris tourne au désastre : 13 morts. ».
- …police n’a pas encore communiqué sur les évènements. Il semblerait que l’un des manifestants ait agressé un agent de police en charge de disperser les protestants, ce qui aurait engendré une lutte entre policiers et augmentés. Une fois de plus, ces actions déstabilisent la crédibilité des revendications des augmentés dont la plus grande part ne peuvent s’offrir les traitements médicaux requis pour garantir l’acceptation des augmentations par le corps humain.
- Merci Irène Mercier pour avoir couvert l’évènement sur place. A présent, nous recevons en plateau..., commença le présentateur en studio que Deckan n’écoutait plus.
Il mit fin à sa douche et enroula une serviette autour de sa taille. Il soupira en s’appuyant face à son évier et prit le blaireau après avoir éteint l’écran. Il ne voulait plus entendre de mauvaises nouvelles. Victor porta son regard sur son image : il avait bien meilleur mine à présent. Néanmoins, ses traits étaient encore tiraillés par la fatigue. Il appliqua alors de la mousse sur sa barbe puis entreprit de se raser.
- Fait chier, jura-t-il alors qu’il sentait le rasoir le couper.
Il prit soin de finir prudemment, alors que le sang coulait abondamment dans l’évier. « Voilà ce qui arrive quand on ne veut pas se mettre à la page et acheter un rasoir électrique dernier cri. » songea-t-il en crispant les dents alors qu’il se rinçait le visage. Il tata l’endroit où il s’était blessé et sentit la coupure. Victor récupéra une boîte de pansements et une compresse sous l’évier, puis il se dirigea vers son lit, se plaçant face à la fenêtre.
Il posa la boîte sur sa table de chevet où figuraient déjà une bouteille de whisky entamée et des somnifères éparpillés. Il hésita un instant en s’asseyant puis il prit la bouteille et dévissa le bouchon. « Est-ce que je vais encore avoir besoin de me droguer pour dormir ce soir ? » se demanda-t-il en appliquant de l’alcool sur sa compresse. Un rictus déforma son visage pensif lorsqu’il appliqua le désinfectant sur sa coupure. Il prit ensuite soin de bien mettre le pansement tout en lorgnant la bouteille d’alcool à portée de main. Il passa ses doigts sur son visage fraichement rasé puis se décida à prendre la bouteille. La première gorgée passa difficilement et il en prit une deuxième. Quelques minutes passèrent durant lesquelles la bouteille était régulièrement portée à ses lèvres. Alors que les gorgées s’accumulaient, Deckan fixa le pansement rougissant dans la vitre en face de lui. C’était une vilaine coupure, néanmoins la douleur s’estompait avec le sentiment d’ivresse qui le gagnait. Il posa la bouteille et s’allongea en croisant ses bras derrière sa tête. Il avait cessé de penser et cela lui allait : ces derniers jours, il n’avait fait que ça. Il s’était torturé à comprendre pourquoi son mentor avait retourné sa veste. En rentrant chez lui, le rapport et l’entretien avec sa fille avaient intégré le fil de ses préoccupations. « A quoi bon ? Le dossier contient sans doute des éléments contre lui. Ce qu’il a pu faire par le passé pour la police sera oublié. Il sera l’homme qui a comploté contre le gouvernement » se dit-il, pessimiste.
- Imbécile…, souffla-t-il en s’endormant.

Des coups répétés réveillèrent Victor. Il crût d’abord à un mauvais rêve et changea de position. Encore une fois, on frappa à la porte.
- Victor !?
Celui-ci ouvrit les yeux : il ne rêvait pas, c’était certain à présent. Il soupira en fixant le plafond, l’espace d’un instant. Son regard se reporta ensuite vers sa montre, près du dossier, et il rampa sur le matelas jusqu’à celle-ci. Il était à peine neuf heures. Il grogna en se relevant alors que l’on toquait fortement à nouveau. Il ne portait qu’un boxer mais il se traîna vers l’entrée en prenant une cigarette. Il pianota sur un écran et la porte coulissa, laissant apparaître Alex Chollet.
- C’est pas trop tôt, Victor, s’exclama-t-il.
- Je dormais, rétorqua Victor en allumant sa cigarette. Allez, entre.
- Tu sens l’alcool, remarqua le lieutenant, et qu’est-ce que t’as foutu ? Tu t’es coupé ?
Victor haussa les épaules et lui fit signe d’avancer dans la pièce en tirant sur sa cigarette. Les deux hommes s’avancèrent dans l’appartement alors que la porte se refermait. Dans un claquement, elle se verrouilla automatiquement. Victor invita Alex à s’asseoir au bar et les deux hommes y prirent place.
- Que me vaut l’honneur de ta visite, ironisa-t-il, légèrement énervé d’avoir été tiré de son sommeil.
Alex serra les poings pendant un instant puis se frotta le crâne.
- J’ai été écarté, putain, répondit-il.
Victor leva un sourcil et tira une taffe.
- Rien d’étonnant, dit-il en crachant la fumée, On savait tous les deux qu’on était sur la sellette. On était trop proche de Christian.
L’autre homme fit « non » de la tête.
- Non, non. C’est pas ça, je sens que quelque chose ne va pas.
Il prit une pause et se leva pour aller chercher de l’eau. Il prit une gorgée en s’adossant à l’évier.
- Ecoute, Besson m’a convoqué dans son bureau et m’a donné le choix. Je pouvais rester sur l’affaire ou bien aller aux archives. Mais j’ai bien senti qu’il fallait que j’accepte d’être écarté, s’énerva-t-il.
Victor écoutait à présent d’une oreille attentive. Il faisait confiance au flair de son ami qui ne l’avait jamais déçu. C’était d’ailleurs grâce à lui qu’ils avaient pu retrouver la trace de Christian. Quand il sentait qu’il y avait quelque chose de louche, il valait mieux le croire sur parole.
- Il m’a nommé Capitaine.
Victor fût interloqué un instant. Il resta quelques secondes, bouchée bée. Une cendre tomba sur le bar.
- Tu es devenu Capitaine pour avoir accepté d’être enfermé aux archives, s’étonna-t-il.
- Ouais, ça sent vraiment pas bon, répondit Alex.
Habituellement, les policiers étaient placés aux archives en fin de carrière, quand les jeunes officiers de police débarquaient et qu’il fallait faire de la place. Pour un policier de l’âge d’Alex, être placé aux archives était généralement signe qu’on ne plaisait pas aux supérieurs. C’était l’un des traitements les plus enviables dans ce genre de situations. Il fixa son compagnon qui semblait pensif.
- A quoi tu penses, demanda Victor à son coéquipier.
- Toi aussi, tu vas être écarté . J’ai l’impression qu’ils nous achètent. Je pense qu’ils ne voulaient pas que je foute mon nez dans ce qu’on a sur Christian. Quant à toi, ils ne vont pas t’envoyer sur le terrain, c’est certain.
Victor porta son regard vers le mur. Il mit sa cigarette dans un bol sale devant lui. Effectivement, Alex avait raison. Si on choisissait de l’écarter, il serait dans les bureaux, pas sur le terrain. C’est là qu’il excellait, dans les rues.
- Remarque, si jamais on me propose de devenir Commandant…, il fit mine de songer.
- Tu serais prêt à refuser. Tu as cette affaire dans la peau, n’est-ce pas, questionna Alex.
Victor resta silencieux. Il n’avait pas tort : il était prêt à s’opposer à être écarté. Il voulait arriver au bout de l’histoire. Bien qu’il n’ait pas les mêmes intuitions que son compagnon, il sentait que ce vieux bougre de Gauthier était tombé sur quelque chose. Quelque chose de si important, qu’il avait été forcé de partir.
Alex se releva en ajustant son manteau. Victor récupéra sa cigarette dans le bol encrassé et tira une taffe. Son ami le fixait, un peu dégoûté.
- Sinon, la fille de Christian a donné une piste, demanda-t-il.
Le fumeur ne savait pas quoi répondre. « Dois-je lui parler du dossier ? Peut-être devrais-je d’abord l’étudier avant de dire quoi que ce soit. Après tout, elle n’a pas voulu me le donner alors que je l’interrogeais avec le cube » se questionna-t-il.
- Non, rien de nouveau par rapport à ce que tu as pu en tirer la dernière fois.
Les deux hommes se jugèrent du regard. Victor espérait que son ami s’en contenterait. Il n’aimait pas devoir lui mentir mais il le jugeait nécessaire. Alex continua à le regarder. Finalement, il soupira en baissant les yeux puis se frotta la nuque.
- Merde. J’espérais qu’on obtiendrait une piste, se lamenta-t-il.
Alex se dirigea vers la sortie, les mains dans les poches de son trench. Il passa sa main dans ses cheveux avant de pointer celle-ci vers Victor.
- J’allais oublier : le Commissaire Besson te veut dans son bureau à midi, commença-t-il pendant qu’il franchissait le seuil de la porte qui venait de coulisser, ça te laisse le temps de réfléchir à ta réponse.
Le lieutenant lui sourit. Victor le lui rendit et s’appuya contre le mur.
- Merci, Alex. On ira au bout de tout ce merdier, répondit-il.
- J’espère bien, grogna son ami en partant vers l’ascenseur.
La porte se referma. Victor s’étira puis dépassa le bar pour s’avancer vers son lit. Les draps étaient sens dessus dessous. Le policier croisa les bras et il porta son regard vers le dernier rapport de son ami disparu.
- Ouais. On ira jusqu’au bout, se dit-il en avançant la main vers le dossier.

Message édité le 29 juillet 2016 à 12:14:04 par Ragryu
Ragryu Ragryu
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Niveau 10
21 février 2017 à 11:58:01

03 Mars 2044 ; 09h17 : Une question de confiance.

La tasse éclata au sol, déversant le peu de café qu’il restait dedans. Victor se leva précipitamment en jurant. Un malencontreux geste de la main avait poussé le récipient hors du bar. Face à lui, le dossier était ouvert. Ses pages étaient éparpillées sur la table. Il n’y en avait qu’une dizaine, plus quelques photos. Pourtant, Victor le lisait encore et encore depuis environ une heure. Il jura de nouveau en voyant la tasse par terre et le sol constellé de morceaux de porcelaine qui trempaient dans le café. Cela ne faisait qu’accentuer sa colère et sa fatigue de ne pas comprendre ce que cachait le rapport du défunt commandant. En effet, le dossier ne menait à rien.
Les photos étaient au nombre de trois. Elles étaient chacune numérotées et à leur dos figurait des noms. Probablement pour identifier les personnes présentes dessus. Néanmoins, Victor était certain qu’ils n’étaient que des pseudonymes. Ils portaient toujours des masques qui venaient couvrir la majeure partie de leur visage. Certains arboraient une casquette ou un chapeau. Il était donc impossible de les retrouver dans les dossiers de la police ou de lancer une recherche dans le réseau de caméras installées dans Paris et sa banlieue. Ce qui interloquait le plus Victor, c’était la façon dont les photos avaient été prises. Les personnes présentes prenaient la pose et, quand on pouvait le voir, souriaient directement à la caméra. Les clichés ressemblaient à ceux que feraient une bande de potes voulant immortaliser leurs aventures. Concernant les pages du rapport, il n’y avait que des dates et des noms, la plupart du temps les mêmes que sur les photos. A part ça il n’y avait aucune indication de lieu et les photos pouvaient avoir été prises dans n’importe quel appartement miteux de la région. On reconnaissait Gauthier sur certains clichés car il arborait le même manteau que le soir de sa mort. Il n’était jamais à l’écart, toujours bien intégré au groupe, en train d’enlacer quelqu’un ou de serrer fermement une main. Voilà ce qui décontenançait le plus Deckan : l’attitude de son ami sur les photographies. « Qu’est-ce que tu foutais, vieil homme ? » se dit-il en fixant un cliché où Christian avait la main posé sur le crâne d’un individu plus petit, comme s’il lui frottait les cheveux affectueusement. « Une femme ? » s’imagina Deckan en retournant le papier où il figurait « Christian et David ». Victor ressentit comme une pointe de jalousie à l’idée que son mentor ait pu prendre quelqu’un d’autre sous son aile. Ou plutôt que Christian ait pu entretenir une relation semblable à la leur avec une autre personne. Une jalousie qui tenait plus de celle que ressentirait un garçon, délaissé par ses parents après la venue d’un nouveau-né.
Victor rejeta la photo sur le comptoir et recula afin d’évaluer les dégâts : la tasse avait parfaitement éclaté, ne laissant que de gros morceaux de porcelaine bien groupés. Une mer de café s’était formée et continuait lentement à s’étendre vers les pieds de l’homme. Victor appuya sur un bouton mural où une icône de balai figurait. Un robot sortit alors du mur et entreprit de se diriger là où la tasse s’était brisée. Pendant qu’un léger vrombissement emplissait la pièce principale, Victor se dirigea vers la salle de bains afin de faire un peu de toilettes avant de se rendre aux bureaux. Il avait déjà meilleure mine qu’hier même si l’alcool lui pesait légèrement sur le crâne et l’estomac. Il n’y avait plus rien à voir avec l’homme dans l’ascenseur maintenant qu’il était rasé et qu’il s’était lavé. Il songea à ce que Besson voulait lui dire. Le jeune capitaine de police était certain qu’il s’apprêtait à l’écarter de l’affaire. « Les archives… C’est le dernier endroit où j’ai envie de me retrouver » songea-t-il en se rinçant le visage.
En un instant la pièce plongea dans le noir, arrachant Victor à ses songeries. Victor entendit un cri de surprise dans le couloir. L’immeuble entier était à présent dans la pénombre. D’instinct, Victor ouvrit un tiroir où s’étalait des serviettes, plongea la main entre deux d’entre elles et en sortit une arme : il ne voyait pas d’autre raison au piratage de l’immeuble qu’une intrusion. Il désactiva la sécurité en glissant son doigt le long de l’arme et une légère lueur verte vint confirmer qu’elle était prête à tirer. Soudainement, de la musique résonna dans tout l’étage et même tout l’immeuble. Elle émanait de tous les appareils capables de diffuser du son connectés au réseau du bâtiment : télévisions, enceintes, miroir-écrans. Pourtant, la glace devant laquelle se trouvait Victor ne diffusait aucun son mais elle s’illumina légèrement. Victor la fixa, intrigué et une phrase apparut alors : « Pas beaucoup de temps. Quitte l’immeuble. Va au café « La Loutre ». Va au bar et demande le portable. Seul. ». Elle resta une quinzaine de secondes affichée et le miroir s’assombrit. Puis, la même musique que dans le reste de l’immeuble démarra. Victor resta quelques instants complètement immobile, la bouche entrouverte. Enfin, il détala hors de la salle de bains. Il se dirigea vers l’entrée de l’appartement et enfila son manteau. Il y glissa son arme après avoir soigneusement réactivé la sécurité puis alla pianoter à l’écran qui contrôlait la porte. Au moment où il s’apprêtait à confirmer l’ouverture, il se ravisa et tourna les talons pour aller vers le bar. Là, il rassembla les feuilles et les photos qui s’éparpillaient et après les avoir remises dans le dossier, il le glissa sous son matelas. Finalement, il s’élança hors de l’appartement.
Dans le couloir, quelques personnes s’étaient rassemblées et discutaient en arborant une mine sérieuse. Victor les dépassa et passa devant la cage d’ascenseur où se trouvaient deux hommes en uniforme de technicien. L’un d’eux était au téléphone et s’énervait contre celui qu’il avait au bout du fil :
- Comment ça vous ne pouvez pas relier l’ascenseur au générateur interne ? Ecoutez-moi bien : j’ai cinq personnes de coincées dans cet ascenseur-là et il y en a une vingtaine d’autres sur les autres lignes, alors faites votre foutu boulot qu’on puisse tous les sortir de là avant dix heures ! Sinon, c’est vous qui allez faire une descente de vingt mètres pour leur dire de patienter !
Victor ouvrit la porte de service qui donnait sur des escaliers. Il songea quelques instants à la trentaine d’étages qu’il avait à descendre puis il regarda sa montre. « Bientôt 9h30… Il faut que je fasse vite » se dit-il. Il commença alors à dévaler les escaliers accompagné par la musique qui continuait à être diffusée dans tout le bâtiment.

Message édité le 21 février 2017 à 12:00:53 par Ragryu
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