Yop

Je voudrais vous présenter une histoire que je commence tout doucement et qui mélangera des éléments de thriller, de fantastique (léger) et de conspirations. Le fonctionnement sera un peu particulier. Nous nous placerons exclusivement du point de vue du narrateur et personnage principal Pieter Lanovski qui vous fera part de ses pensées sous la forme d'un journal intime.

Il y aura un bref préambule (dont la première partie arrive ci dessous) où il expliquera vite fait ses motivations, pourquoi il est amené à écrire ce journal, etc. Globalement chaque entrée de journal sera assez courte (une ou deux pages word avec une police de taille 11 pour vous donner une idée).

Je trouve le format intéressant scénaristiquement mais c'est aussi, je ne vous le cache pas, que j'ai pas le temps d'écrire un roman structuré avec une profonde réflexion sur l'équilibre des chapitres et ainsi de suite donc ce procédé me semble pas mal. Enfin une dernière précision. Contrairement à beaucoup de romanciers ayant inventé un monde je vais pas vous expliquer par le biais de dialogues encyclopédiques charme terme un peu abscons. Au début vous serez déboussolés mais j'espère que la curiosité vous poussera à poursuivre pour savoir de quoi il retourne. Et donc, sans plus attendre, la partie 1 de l'introduction. Je sais que c'est un post assez court mais ça vous permettra de voir vite fait si le style vous convient et si ça attise un peu la curiosité ou pas du tout.

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INTRODUCTION
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D’abord je vous prie de pardonner ma narration d’amateur. Je n’ai pas été habitué à écrire et je ne me considère pas comme étant très cultivé. Cela peut paraître amusant puisqu’on nous inculque depuis le plus jeune âge que les lambdas sont un troupeau vagissant et dénué d’intellect et cependant je donnerais cher pour avoir le talent d’un Emile Zola afin de vous faire partager mes pensées en usant d’une plume plus travaillée. Mais je m’égare, et je ne me suis même pas présenté !

Je suis Pieter Lanovski, un gardien du troisième rang, né le 28 avril 2002. A l’instant où j’écris cette introduction nous sommes en 2064. C’est une pensée forte que celle qui m’envahit en songeant que cela fait déjà plus de six décennies que je sers le Cénacle et l’Excelsior. Mais, encore une fois en quelques lignes, je diverge. Poursuivons ce petit portrait. Ma spécialité est la régulation des lambdas. Oh bien sûr en tant que gardien j’ai été affecté au commandement de toutes sortes d’unités opérationnelles, mais si une chose m’a valu d’être toujours félicité et promu jusqu’au troisième rang, c’est la manière dont je sais solutionner les problèmes qui touchent aux lambdas en usant d’une violence aussi implacable que silencieuse. Peut-être êtes-vous surpris, cher lecteur anonyme ? Si les gardiens sont parmi les plus dévoués des Eveillés, ou des Conscients, que dire de ceux qui choisissent de s’occuper de la régulation, une tâche… déplaisante, pour beaucoup. Et pourtant c’est un tel homme qui transgresse l’un des interdits fondamentaux en vous tenant ces propos par le biais du journal intime à venir.

Sachez que je n’appartiens à aucune faction. Pour l’instant. A vrai dire jusqu’à il y a quelques semaines je me sentais sympathisant des Taureaux. Leurs conceptions politiques ainsi que le symbolisme lié à ce groupe m’attirait, comme de nombreux Conscients faisant partie de nos forces de maintien de l’ordre, pour tout dire. Mais je n’ai jamais sauté le pas. Même quand j’étais plus porté que maintenant sur les démonstrations de vénération envers le Système Caché, je ne me suis jamais impliqué dans la politique. Certains y ont vu une espèce de rejet de ma part et d’aucuns parmi mes supérieurs m’en ont tenu rigueur. Une chose assez paradoxale : si je ne m’intéressais pas à la politique c’est que je me croyais – que je me crois encore – trop sot pour fournir quelque avis de valeurs à la communauté des Eveillés et des Conscients qui forment notre Système Caché. Excès d’humilité plutôt que de sens critique pour ainsi dire, et ce n’est que ces dernières années, en développant ce sens critique à l’excès, que j’ai fini par éprouver du rejet pour notre société dissimulée.

Mais pour autant ne vous y trompez pas. Je suis un gardien. Quel que soit la tâche, je compte accomplir mon devoir en toute chose et avant toute autre considération. Ce journal intime, que vous lisez, constituera ma seule transgression par les actes. Je l’écris avant tout pour moi, pour faire refroidir cette infection sournoise qui prospère dans mon cœur et me pousse à douter du Système Caché et de ses dirigeants. Pour m’épancher. Je ne sais pas comment il a pu tomber entre vos mains ou être aspiré par la mémoire de votre appareil et cela, hélas, m’indiffère.

Les raisons de cette conduite inacceptable pour quelque Eveillé ou Conscient que ce soit, vous allez les découvrir. Voici comment nous allons procéder. Nous sommes le 19 juillet 2064 et je vais commencer par expliquer quelle fut la succession d’événements qui me mena au doute. Ensuite je résumerais les journées dignes d’intérêt dans des entrées datées.

Bien entendu il est fort possible, même très probable, que vous vous soyez arrêté aux premières lignes et que vous ayez couru vers le gardien le plus proche afin de dénoncer son collègue indigne. Sinon… vous risquez d’être ébranlé par votre lecture mais que puis-je donner comme assurance sinon ma parole ?

Ou peut-être êtes-vous un lambda ? L’idée seule est ridicule je l’avoue. Elle montre à quel point je me suis enfoncé dans ma maladie, dans ce trouble mental qu’est la sédition. Le simple fait de la formuler suffit presque à me faire stopper là mon projet à peine ébauché mais je ris plutôt de ma propre bêtise. Allons, camarade Conscient ou sage Eveillé, si vous êtes encore là, à me lire, vous ne pourrez pas dire que je ne vous aurais pas prévenu. Et peut-être que saurez, à la fin de votre lecture, ce qu’il convient de faire.

Alors c'est bien écrit, le vocabulaire est riche, j'ai pas vu de fautes, tout ça tout ça. Donc à première vue ton texte me plaît, et je n'ai rien à lui reprocher.

Maintenant si on se penche un peu plus vers le fond, je sais que tu as prévenus au début mais c'est vrai que toutes ces informations me perturbent un peu. J'espère que tout ça deviendra plus clair par la suite, car je pense lire tes prochains textes !

Merci bien.

Et oui je pense que tout deviendra, en effet, plus clair par après

Si je suis pas en soirée cette nuit je posterais sans doute les autres parties de l'introduction d'un seul coup, enfin à moins que j'ai beaucoup d'avis négatifs d'ici là x)

Comme le dit Serrix, on comprends pas grand chose meme si on devine qu il y plusieurs grandes puissances politique (Taureaux, Consciences et Eveilles ?) qui luttent pour le pouvoir mais dans l ombre...

Mais j aime bien ce genre d histoires conspirationniste

Par contre, Pieter a 62 ans mais sert depuis plus de 6 decennies le Cenacle et l Excelsior ? C est une erreur ou cela fait partie de ton histoire ?

Hey ! Tu vas voir tu vas voir, mais en tout cas tout ça n'est pas dit au hasard et je pense que dès que la suite de l'introduction arrivera vous comprendrez un petit peu mieux.

En tout cas ravi de susciter l'intérêt.

Et hum ce n'est ni vraiment une part de l'histoire ni vraiment une erreur, je voulais surtout dire que depuis sa naissance il est voué à obéir quoi, que dès la naissance il n'était que le serviteur de plus grands intérêts, tu vois le genre ?

Yep je vois

Ca donne envie de lire la suite en tout cas

J'aime beaucoup, même si on est un peu perdu dans les informations que tu nous donnes, je trouve que ça va quand même, ça donne vraiment envie de lire la suite

Alors ! Déjà je suis désolé pour cette attente mais entre diverses choses à faire pour les études + des responsabilités associatives + des soirées j'étais vraiment surbooké pourtant je comptais bien continuer ce début d'histoire. Et voici donc la suite et la fin de l'introduction, qui j'espère vous plaira

Alors il est possible qu'il y ait ici et là une ou deux petites contradictions de date/temporelles m'ayant échappé parce que j'ai changé d'orientation un peu brutalement mais je suis assez satisfait de l'ensemble cependant. Surtout que vous allez pouvoir en apprendre nettement plus sur l'univers. Bref sans plus attendre

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INTRODUCTION PARTIE 2
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Tout commença par une mission. L’élimination – le « traitement » pour employer le parler officiel – de Corentin Damasseau, le président de la République Française pour quelques millions de lambdas. Si vous êtes faites partie des Eveillés alors vous avez probablement voté la chose au Cénacle. En revanche si vous n’êtes, comme moi, qu’un Conscient, il y a fort à parier que vous ignorez les tenants et les aboutissants de ce qui fut une décision complexe. Moi-même je ne suis convenablement informé que grâce à ma fonction et à quelques relations aussi il ne me semble pas tout à fait inutile de vous poser le contexte. Tout d’abord, comme chacun sait, les différentes factions politiques du Cénacle, qu’il s’agisse des Taureaux, des Lions, des Requins, des Aigles, des Scorpions, des Méduses et autres courants jouent avec les nations lambda comme des pions sur un échiquier, chacun ayant sa préférence. C’est un état de fait qui perdure depuis des milliers d’années, depuis qu’il y a des Eveillés pour diriger les Conscients qui eux même dirigeant les lambdas, et il est fort remarquable de constater que l’équilibre qui s’était plus ou moins maintenu entre les factions principales ces derniers siècles s’est écroulé aussi brutalement.

Le consensus qui s’était jusque-là instauré entre l’aile la plus conservatrice du Cénacle, Lions, Scorpions, face aux progressistes du bloc Loups-Tigres-Condors était finalement assez simple. L’Occident – puis l’occident anglo-saxon spécifiquement – devait prendre la tête des nations lambda. On considérait qu’en en renforçant un petit nombre on pourrait plus aisément maîtriser toutes les autres. Toutefois après le Collapsus Américain de 2050 tout changea radicalement. Forcément : c’était le premier événement majeur de l’histoire de l’humanité – au sens large en y incluant les lambda, les Eveillés et les Conscients – que le Système Caché n’avait pas pu anticiper ou influencer.

Avec New York devenue inhabitable et Washington ravagée, il apparut aux marionnettistes de notre Cénacle qu’il fallait très vite changer de direction. Différents courants apparurent alors. Les Loups et les Scorpions, complétement décrédibilisés, furent expulsés du Cénacle lors du Choix des Eveillés qui a été avancé en 2050, leur perte d’influence profitant aux Taureaux, aux Méduses et aux Varans. Ce nouveau bloc, le TMV , proposa une nouvelle stratégie, à la fois retour aux sources et innovation. Recréer une véritable puissance européenne sous l’égide de la France qui serait de nouveau l’instrument privilégié du Système Caché, mais en même temps favoriser la puissance chinoise dont l’émergence avait été freinée pour un temps. Et, plus audacieux, faire en sorte de désolidariser les deux pôles afin de prévoir plus facilement les catastrophes pouvant affecter l’un ou l’autre. D’un côté un bloc fédération européenne, de l’autre un bloc chine, tous les autres pays étant répartis soit comme rivaux de puissance moindre pour l’un ou l’autre des deux pôles, soit comme étant assujettis, et des contacts limités entre le bloc Europe et le bloc Chine. Une sorte de rideau de fer mondial. L’Excelsior accepta la proposition, en modifia certains aspects et la « Doctrine Douglass », en référence au cénaclien des Méduses ayant proposé cette ligne le premier, fut adopté.

Et on peut observer avec quelle efficacité la chose s’est mise en place ces quatorze dernières années. Incidents diplomatiques du second sommet de Paris, catastrophe du Lue-Hen, la série d’annexions françaises apparues comme logiques en quelques années… Enfin je ne vais pas retracer l’ensemble des manœuvres de nos dirigeants pour manipuler les lambdas dans le sens souhaité, je n’ai pas le savoir pour cela, même si à mon avis ça ne manquerait pas d’intérêt. Non, maintenant que le décor est posé – et je suis contrit si vous étiez déjà pourvu d’assez de conscience politique pour trouver mes explications lamentablement enfantines – intéressons-nous plus avant au personnage de Corentin Damasseau, sur lequel je crois être bien placé pour m’exprimer étant son assassin. Non. Son chargé de traitement.

Damasseau, donc, était un lambda politique à tout point de vue ordinaire du moins en apparence. Il voulait le pouvoir, la gloire, les femmes et les ors des palais. Le Cénacle voyait d’un œil bienveillant son élection au sommet de l’état français, et donc, de la Fédération Ouest-Européenne. Donc il fut élu. Naturellement, comme tout dirigeant lambda d’importance, son esprit fut placé sous le contrôle du Système Caché quelques heures à peine après sa prise de fonction et tout sembla aller bien les premiers mois, exactement comme nos sagaces Eveillés du Cénacle l’avaient prévu. Sauf que, pour une fois, cela ne dura pas.

Peut-être avez-vous entendu parler des lambdas capables de résister au conditionnement spirituel imposé par nos mentalistes qui finissent par le vaincre au bout d’un temps ? Ils existent mais sont forts rares, de l’ordre de un sur dix millions. Je n’en avais, pour ma part, jamais rencontré, pas plus qu’aucun gardien de ma connaissance. De plus peu de gens savent qu’un second niveau de sûreté existe et qu’en cas de libération spontanée du lambda de son conditionnement psychique, sa mémoire concernant les ordres donnés par le Système Caché est effacée. Cela peut être altéré pour provoquer la mort plutôt que l’amnésie mais on emploie rarement des moyens aussi définitifs. Quoiqu’il en soit cette seconde sûreté n’avait jamais lâché. Armé de toutes ces informations que vous ne possédiez peut être pas, vous conviendrez qu’il est extrêmement peu probable qu’un lambda soit non seulement de nature à résister aux mentalistes mais capable d’atteindre une telle position parmi les siens qu’il finisse par avoir affaire directement à nous. Et il apparaît encore plus stupéfiant qu’il soit en outre capable de se défaire de la sécurité mémorielle.

Pourtant. Les Conscients placés un peu partout dans l’entourage de Damasseau constatèrent un changement progressif dans son attitude. Une méfiance accrue, déplacée, envers ses collaborateurs. Une nervosité inaccoutumée. Et puis il en vint à devenir totalement inaccessible aux suggestions mentales que nous glissions dans son esprit ! Et il semblait bien déterminé à détruire tout ce que nous lui avions permis d’édifier, illustrant parfaitement le proverbe « qui a un lambda se fie, devra s’attendre à un défi ». Oublieux que sans ses mystérieux contacts surnaturels il végéterait toujours dans les basses fosses de son parti, il commença à tout trahir, ses engagements signés avec d’autres puissances lambdas, à limoger des collaborateurs qu’il soupçonnait de faire partie du Système Caché.

Voilà pourquoi les Eveillés du Cénacle se réunirent et votèrent son exécution. Parce que, évidemment, Damasseau pouvait purger ses collaborateurs, il pouvait essayer de changer de politique quitte à provoquer des séismes médiatiques, mais pouvait il renvoyer tous ses gardes du corps au prétexte qu’une mystérieuse organisation internationale risquait de le supprimer sans être expédié immédiatement à l’asile, tout chef d’état qu’il soit ? C’est tout le génie de notre omniprésence. Pourtant il fallait bien admettre que Damasseau faisait preuve d’une certaine clairvoyance en influant autant que faire se pouvait sur sa protection rapprochée de façon à ne s’entourer que de quelques hommes sûrs en faisant passer la chose pour une réduction des frais de fonctionnement du service présidentiel. Et puis de toute façon le président de la France et co président de la Fédération Ouest-Européenne était particulièrement bien protégé pour un lambda.

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INTRODUCTION PARTIE 3
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Voilà pourquoi ce fut moi que l’on chargea de cette tâche. Moi, un gardien, mais un gardien du troisième rang. Certes réputé pour son efficacité et susceptible d’être promu – cela dit sans me jeter des fleurs. Mais troisième rang tout de même. Signe que, malgré l’habileté du lambda présidentiel, les têtes pensantes ne prenaient pas tout ceci pour une menace réelle. J’arrivais donc à Paris il y a trois jours, le 18 février 2064. J’ai toujours beaucoup apprécié cette cité, que nous, le Système Caché, avons fortement marquée de notre empreinte. L’ancien Hall aux Gisants qui commémore les Excelsiors défunts avant la construction de Sérénité, s’y trouve, l’un des de nos rares édifices à ne pas avoir été rapatriée en la Cité Eveillée une fois celle-ci édifiée. Et puis de nombreux bâtiments, symboles, tracés, évoquent nos symboles propres, qu’il s’agisse. Ainsi, les lambdas du 5éme arrondissement sont loin de se douter de ce qui dort tapis sous le square René Viviani, tandis que ceux de la Butte Chaumont seraient bien effarés d’entendre parler des tortures psychiques longtemps expérimentées à deux pas de chez eux, dont les échos viennent encore, des siècles après, troubler le sommeil d’enfants réceptifs.

Et pourtant je n’eus guère le temps de m’amuser ou de flâner. L’affaire était sérieuse. A peine arrivé à l’aéroport, où nous évitâmes comme de bien entendu tout contrôle et toute question – il m’est toujours assez agréable de voir les lambdas au regard bovin des forces de l’ordre procéder à mille contrôles sur les leurs tandis que nous transportons sur nous assez d’armes pour tenir un siège. L’équipe de « traitement » de « l’objectif », pour employer quelques euphémismes chers au Gardiennat Central, était constituée d’une dizaine de personnes. Trois m’attendaient sur place. Et l’un d’eux, le chef d’équipe sur lequel je venais exercer mon autorité provisoire, était un Eveillé.

J’en fus stupéfait. Et inquiet. Quoique gardien respecté et apprécié je ne suis qu’un Conscient. Je ne dispose d’autres pouvoirs que de celui de la soumission mentale à l’endroit des lambdas, que tous, dans le Système Caché, nous possédons à un degré ou un autre. Imaginez ma surprise de me retrouver face à un Eveillé, faisant partie de la caste qui nous dirige depuis des millénaires, disposant de pouvoirs supérieurs, affecté à une tâche aussi veule que la régulation de lambda. Et pourtant il se montra tout disposé à servir sous mes ordres, arguant que j’avais davantage d’expérience, que ma maîtrise des tactiques opérationnelles était supérieure à la sienne et qu’il s’effacerait pour ne jouer qu’un rôle d’observateur du Cénacle. Bien sûr c’était le rôle des gardiens. Être appelé pour diriger une opération délicate, toujours à l’assaut d’une tâche complexe nécessitant nos capacités particulières. Et pourtant qu’un Eveillé l’admette ainsi et me confie cette charge… C’est la première fois que j’ai senti que quelque chose clochait.

Nous nous rendîmes ensuite à l’hôtel Meurice, un palace ayant depuis longtemps notre préférence, grimés en hommes d’affaires étrangers, pour conférer. Ces moments m’amusent toujours. Dans un décor luxueux, la suite belle étoile, l’une des plus prestigieuses de la capitale, les lambdas imaginaient des discussions sur d’obscurs contrats et enviaient notre pouvoir financier s’exerçant dans l’ombre, sans imaginer une seconde que nous déclencherions un véritable raz de marée médiatique. Pour ces grooms de luxe nous n’étions que des riches comme les autres, incarnant le pouvoir, mais il était décidément fascinant de constater à quel point la perception de la puissance est différente de sa réalité concrète.
Je m’égare, cependant. Nous discutâmes donc du plan. Deux facteurs facilitaient nos plans : d’abord si le Palais de l’Elysée était un lieu où il serait difficile de traiter l’objectif, Matignon, autre lieu stratégique du pouvoir, nous était acquis. Nos agents étaient, pour ainsi dire, partout, jusqu’au Premier Ministre lui-même, récemment placé sous mentalisme. Ensuite malgré sa paranoïa, Damasseau n’avait pas pu écarter notre agent principal qui nous informait de tous ses déplacements. Le modus operandi serait donc simple : le faire venir à Matignon et de là, une fois entre nos griffes, si je puis dire, lui provoquer un arrêt cardiaque au caractère artificiel indétectable grâce aux méthodes dont nous avons le secret.

Aussitôt dit aussitôt fait. Nous investîmes les lieux à l’aube, usant de notre pouvoir de soumission pour accréditer nos déguisements de gardes, de fonctionnaires et d’huissiers en tout genre. Et notre attente commença. Lentement. L’objectif devait être sur zone à 16h et nous n’avions aucune raison de croire qu’il en serait autrement. Et pourtant ! À 15h20 précise, je reçus un appel de l’Eveillé, qui ne participait pas en personne à l’opération, dont la teneur était… étonnante. Damasseau se méfiait et ne comptait pas venir à ce qu’il percevait comme étant un piège : pire, il aurait rassemblé des preuves d’une nature inconnue qu’il compterait diffuser sur le réseau internet des lambdas, scénario prévu, que nous pouvions gérer mais qui déclencherait d’immenses complications. L’Eveillé m’ordonna, oui, m’ordonna, de faire route au plus tôt vers l’Elysée et de « tuer Damasseau » qui ourdissait sa manœuvre seul, dans ses appartements - on était loin des euphémismes – quel que soit le moyen !

Naturellement j’étais furieux. Je n’appréciais guère qu’on m’assure d’un soutien loyal et inconditionnel pour me poignarder dans le dos le moment venu et me donner des directives n’étant étayées par aucun fait, aucun rapport d’aucun agent, qui de mon point de vue sortaient tout droit du néant. Pourtant j’obéis. Que pouvais-je faire d’autre ? J’avais beau enrager, j’avais beau avoir un ordre officiel de prise de commande, j’avais été conditionné toute ma vie à obéir aux Eveillés et quand bien même j’aurais voulu me rebiffer, mon équipe n’aurait pas suivi. Sans compter qu’il pouvait certainement me contraindre à l’obéissance si ses pouvoirs étaient du domaine mental.

Donc nous arrivâmes à l’Elysée. Ce fut une opération sale, la pire que j’ai jamais mené, qui heurta profondément ma conscience professionnelle. Nous dûmes user d’artifices grossiers et brutaux pour manipuler la conscience du personnel, dont beaucoup garderaient des séquelles. Il se trouva que l’un des gardes du corps présidentiels était résistant au conditionnement et les deux mentalistes de notre équipe de frappe le tuèrent sans le vouloir. Dommage collatéral. Mais jamais je n’avais eu de dommage collatéral. Ma doctrine était de l'éviter à tout prix tant la chose était peu discrète et potentiellement problématique.

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INTRODUCTION PARTIE 4 (ET FIN)
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Pire. Quand enfin nous fûmes arrivés dans les appartements présidentiels, Damasseau était endormi dans son lit, les traits tirés par une tension nerveuse excessive et le stress constant. C’était la première fois qu’il cédait aux sirènes du sommeil depuis longtemps, assurément. A côté de lui sa femme. Endormie elle aussi, les bras passés autour du torse de son époux. Une étude complète de leur mode de vie ces derniers jours m’avait appris qu’ils étaient au bord de la rupture. Elle ne pouvait comprendre les initiatives les plus récentes de son mari, profondément sidérantes, ces purges dans le cabinet et dans l’administration, ces crises de colères semblant dénuées de tout fondement. Mais là, les yeux clos, une esquisse de sourire aux lèvres, la lambda semblait rassérénée de son emprise retrouvée, en apparence, sur son mâle.

Je ne comprenais pas. Où étaient ces preuves ? Où était cette presque révélation de nos activités ? Et pourtant quand la lambda, la « première dame », comme ils disent, se réveilla, nous n’avions déjà plus le choix. J’ordonnais de quelques signes dans un langage prévu pour cela à mes deux mentalistes d’exécuter le scénario B15. L’infiltration dans l’esprit d’une femelle lambda en vue de la pousser à une crise de folie haineuse dirigée contre son partenaire. Cela marcha à la perfection. Elle s’empara d’un ciseau à ongle et l’enfonça profondément dans la jugulaire de son mari, s’acharnant, s’acharnant, dans une explosion de sang, scène de cauchemar où les râles d’agonie disputaient aux glapissements rageurs. Et puis nous la fîmes se suicider.

C’était imparfait. Mauvais. Une exécution lamentable, catastrophique. Mais nous ne pouvions pas procéder à deux arrêts cardiaques simultanés ! Il n’y avait aucune probabilité pour que cela arrive. Pas plus que nous ne pouvions les truffer de plomb tous les deux ! Et effacer simplement la mémoire de la femme qui nous avait vu était très risqué puisque ce moment, associé à la mort de son mari, s’imprimerait profondément et risquerait de réapparaître à tout moment. Le scénario B15 était la meilleure solution puisqu’il permettrait, à l’aide de médicaments glissés ici et là, de rumeurs, de dossiers de santé ayant fuité, de prétendre que la première dame avait fait l’objet d’un traitement psychiatrique dans sa jeunesse et qu’elle souffrait de troubles de la personnalité jusque-là cachés sous sa façade placide. La machine de manipulation des masses du Système Caché, implacable, omniprésente ferait le reste.

Mais évidemment un tel fiasco ne pouvait être admis. A peine l’opération terminée et le point de rendez-vous rejoint, nous étions sommés de rentrer au plus vite à Sérénité pour nous expliquer devant un Cercle composé de six Eveillés du Cénacle, de différentes factions, et de l’Excelsior dès que les détails de ce tribunal qui n’en portait pas le nom seraient finalisés et qu’il serait prêt à s’occuper de nous. Cela un peu moins de soixante-douze-heures qu’on me fait mariner. Assigné à résidence. Et en me repassant les événements de cette journée catastrophique j’ai acquis une certitude : l’Eveillé nous avait menti ou lui avait menti mais assurément il y avait eu, à l’intérieur même du Système Caché, une félonie, car à ce stade ce ne pouvait être une simple erreur.

Et alors que je fulminais, que je trépignais, j’ai reçu aujourd’hui ma convocation formelle pour l’audience de demain devant le Cercle. Voilà pourquoi j’écris ce journal sur ce bloc de données crypté. Nos hauts responsables ne sont pas infaillibles. Une tromperie a eu lieu qui aurait pu gravement nous porter préjudice à tous, et si je ne revenais pas de cette audience je veux que vous, qui me lisez, vous le sachiez : si on vous parle un jour du « fiasco du 18 février », cherchez les vrais responsables plus haut.

Et si je reviens de cette audience, qu’il m’est donné l’opportunité de continuer cet écrit, je débuterais un journal précis, jour après jour, de ces déboires qui commencent.

Coucou!

Je fais un passage éclair, parce que je suis moi-même totalement surpassée par ma vie :p

Alors, un très joli vocabulaire, j'apprécie! Un style agréable à lire, fluide.
Peut-être serait-il intéressant de distiller les informations peu à peu plutôt que de (presque) tout révéler dans le premier chapitre? ça fait beaucoup ;)
J'ai aussi noté que certaines de tes phrases, bien qu’élégamment tournées, sont incroyablement longues °_° J'en ai vu une de 4 lignes!!!

J'essaierai de lire la suite plus tard, mais je ne fais plus de promesses... Il m'arrive trop peu souvent de les tenir.

Oh mais tu es loin de tout savoir dans ce premier chapitre (sachant que c'est bien une introduction et qu'ensuite ce seront des annotations de journée genre "1er Mai : blablalbalbla" qui seront plus courtes), le Système Caché de ces individus mystérieux te réserve des surprises

Pour la longueur des phrases je vais m'efforcer de la diminuer alors.

Merci de ton avis

Ai lu le préambule et plusieurs paragraphes du reste.

C'est agréable de lire un texte à la première personne, dans lequel il y a si peu de "je" (et qui parvient tout de même à nous maintenir dans la subjectivité du protagoniste !). C'est la marque de l'importance laissée à l'univers que tu décris (et c'est moins présomptueux que lorsqu'il y en a beaucoup, donc plus agréable à lire). La subjectivité est bien placée (on ne se retrouve pas, par exemple, dans les yeux de Guillaume en EPS, entrain de refaire son lacet, et qui s'apprête à draguer Bérangère en lui parlant de cours et en critiquant les profs)ce qui rend le tout relativement captivant, mais parce qu'il n'y a que très peu de référents concrets, et aucun discour direct, on a l'impression d'un solipcisme (c'est de ça dont parlait les autres, il me semble). Le Cénacle, l'Excelsior (et là je salue ton boulot au niveau du voca), tout ça flotte un peu dans le néant.
Il aurait sans doute été bon d'expliquer ce qui s'est passé avant 2064.

Quoiqu'il en soit, la grammaire et le style sont tout à fait corrects. La longueur des phrases ne me choque pas du tout. L'autre jour, je lisais du Kant, je suis tombé sur une phrase d'une page et demi, et ça ne m'a pas empêché de trouver ça très intelligent. Et encore une fois, l'histoire semble plutôt intéressante (bon après c'est peut être paradoxale de méler le sérieux et le mature de l'intrigue politique, au genre qu'est la science fiction).

C'est donc pas mal du tout et à 114 ans tu as largement le temps de t'améliorer... oh

Je retrouve un peu le même propos dans ton message que dans quelques remarques plus haut mais je tiens à dire que les explications ne sont pas figées. C'est à dire que là dans cette introduction ce n'est pas une "explication de l'univers pour les nuls" si je puis dire, ou un "guide de découverte". En fait l'Excelsior, le Cénacle, ce sont des puissances qui vont avoir un aspect plus concret et plus palpable au fur et à mesure du récit. Les explications seront vraiment distillées petit à petit, un peu comme dans un film original ou rpg d'univers originaux. Tout arrivera progressivement

En revanche je prévois peu de références à l'avant 2064 même s'il y en aura quelques unes.

Et merci de vos avis toujours très argumentés et construits

Bon je t'ai déjà dit ce que j'en pensais mais ça te fera un peu de pub ici

Donc je trouve ça très bien, j'aime l'aspect sournoiseries et complots qui se développe rien que dans ton introduction. J'ai hâte d'en comprendre plus sur la psychologie du personnage que tu nous ponds.

Lu.

La forme est clean, je n'ai rien à dire. Pour le fond...
- Je ne suis pas convaincu de la forme journal que tu vas présenter. Mais on verra, peut-être que mes doutes sont infondés.
- Le ton du narrateur, très orienté, me parait bien manichéen pour un type qui se rend compte que son système, son paradigme, est complètement pourrie (au sens propre).
- Certaines de ses réactions sont forcées, et font sortir du texte (ses réactions vis à vis des lambda... Je sais pas moi, c'est comme si tu te foutais de la vie du bétail ou des fourmis. Chose que personne ne fait me semble-t-il). Du coup, petit problème de crédibilité psychologique.

En revanche, l'intrigue peut-être sympa. Assez d'infos pour à peu près faire bosser notre imagination, en attendant d'en savoir plus...