Salutations à vous

Je fais un deuxième texte, court encore. Bonne lecture !

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L'horloge tourne. Tic-tac. Le bruit uniforme de cet objet terrifiant sonne le glas d'une vie. Une fin de vie dans la poussière et la crasse, une vie gouvernée par la simple pression psychologique du couteau à portée de main, d'une existence menée par la peur de mourir, l'envie de tuer.

L'odeur du fer blanc et rouge lui revenait en mémoire, comme un sabre fraîchement posé sur une plaie ouverte. Une odeur de cadavre putride, de sang, d'armes. L'odeur de la guerre. La sensation d'une existence amère. Amère et difficile à digérer. Et le sel de ses larmes.

La poussière baladée dans ce carré aux murs oppressants se posaient sur son corps, las, assis sur le banc. Les particules se déposaient sur son être lourd et sans âme, sur cette carcasse déchue de la société. Ses yeux se tournaient là où il était assis. Le banc des accusés. Le banc de la faucheuse.

Il passa sa main sur le bois du banc et sembla apprécier le contact nouveau avec le vieux bois. Il soupira. Un soupir de haine, de tristesse, de lamentation. On ne savait pas trop. Il ne savait pas ce qui était le plus dur ; mourir brutalement ou assis dans la poussière, rejeté dessus.
Parce qu'il savait son heure proche. Dans moins d'une demie-heure.

Tic-tac. Le temps tourne inlassablement. L'ennui gagnait l'homme. Sali comme sa barbe, il paraissait plus vieux que la moyenne. Sûrement ce temps passé enfermé. Il était devenu un homme aigri et solitaire. Mais certainement pas sénile. Il savait son heure proche. Elle arriverait. Tic-tac, le temps tourne. Plus que dix minutes.

Le chant de l'homme, sa voix, paraissait enrouée mais bien présente, à travers ces murs de briques, seul quelques notes passaient et remplissait l'air. Des notes aiguës et faibles mais audibles, un chant de désespoir...ou de renaissance ? Au passage, l'homme écrivit sur le mur une note de musique : "End of Sin".

Ce fut la dernière trace de l'homme. Tic-tac. L'horloge s'arrêta. Le prisonnier de son destin vit la lumière pour la dernière fois. Ses sens oblitérés, seul un bruit de fond, de moutons hurlants, parvenait à ses oreilles de bête. Couché au sol, il entrevit, comme il l'avait observé pendant une majeur partie de sa vie aux contacts de ses victimes, le métal froid de la fatalité. Et il observa son bourreau, le regard gelé comme l'âme d'un meurtrier. Et bientôt, il se coucha éternellement dans la boue et la poussière.