Chère Nine,
Ici, à la cité Noire, tout va bien. Du moins, c'est ce qu'ils disent à la radio, personnellement je n'en sais rien puisque, tu le sais, je suis bloqué dans une Arène sombre. C'est d'ailleurs pour cette seule raison que j'apprécie ta lettre, elle me permet de me sortir de ce quotidien ennuyeux durant lequel les jours se ressemblent mais ne s'assemblent pas.
Par la fenêtre sans vitre de ma tour je peux voir ce fameux océan Google dont tu parles. Le savais-tu ? Google vient de l'expression "Google Earth" qui signifie en tchétchène "lagune déchaînée". Quant à Henry Goto, ce n'est qu'un mythe qui fût inventé après que cet Armagnac se soit noyé avec des dauphins dans cette eau déchaînée.
Après ces deux minutes de contemplation, je retourne à ma torpeur habituelle. Ping-Pong, barre à mine, échecs de dame en solitaire sont mes lots quotidiens. Parfois je joue aussi avec la mouette voyageuse qui m'apporte des nouvelles de l'au-delà. C'est ainsi que j'ai appris que l'entreprise de Yoshi avait coulée depuis ton départ. Voilà qui devrait te redonner un peu d'espoir en l'avenir.
Il y a toutefois eu un gros événement ici : les deux tours de la cité se sont unifiées pour devenir une tour grise. Cela a ému tous les habitants pendant une année : tu ne peux même pas imaginer, les gens courraient, criaient au miracle tout en pelant des mandarines, et j'ai pu admirer ce spectacle grâce à ma super-vision.
Mais je parle, je parle, et le temps passe. Je vois arriver un albatros porteur d'une missive, je vais donc t'abandonner ici pour lire ce courrier qui me vient probablement de mon cousin japonais. Tu sais, le chocolatier blanc dont je t'avais parlé le mois dernier.
Je pense beaucoup à toi,
Donphy
PS : N'oublie pas de me ramener un souvenir. J'aimerais bien par exemple une mangrove batave d'apple.