Poste 2-2

***

Desnake marchait dans la partie du QG de la Novem Katouseiji qu’il détestait le plus. Ces couloirs lugubres à peine éclairaient qui semblaient si infini quand on les parcourait tant la longueur était importante. Il ne comprenait pas pourquoi son patron avait fait installer ses quartiers ici.

Il entra dans une pièce après avoir frappé et trouva Shinzo Nagama assit dans son fauteuil en train de lire ce qui semblait une lettre. Sûrement un rapport envoyé par un des membres en mission. Peut-être Redjo. Mais quand il s’approcha il constata que l’écriture était plus délicate et féminine. Il avait une assez bonne mémoire pour ce genre de chose, seulement il ne reconnut pas cette écriture. Un agent extérieur ? Ou peut-être le membre invisible. Ce fameux neuvième membre dont personne ne connait l’identité hormis leur chef.

- Je t’écoute Desnake-kun, interpella Shinzo en scrutant le jeune homme de ses yeux bridés.
- Je reviens du temple situé près d’Aokigahara Jukai, annonça Desnake légèrement intimidé par le ton froid et distant de son interlocuteur. Faut dire qu’il s’était montré bien indiscret…
- Alors ?
- C’est bien le temple de Gobi.
- Parfait.
- Afin d’éviter d’éventuels gêneurs, j’ai détruit les Kanji qui faisaient allusion à ce Bijuu pour que nous puissions avoir la voie libre.
- Excellente initiative Desnake-kun, approuva Shinzo avec un sourire satisfait.
- Par contre et je le déplore, je n’ai pas trouvé la salle secrète où est enfermé l’outil de pouvoir et le sanctuaire de Gobi.
- C’est fâcheux, certes, mais nous avons au moins une piste intéressante concernant un Bijuu. Que cela prenne un peu plus de temps que prévu n’est pas si déplorable. Continue tes recherches.
- Bien.
- Et ne te limites pas seulement au temple. Dans la légende, Gobi s’est refugié dans un arbre millénaire. Il ne serait pas étonnant qu’il se trouve dans Aokigahara Jukai.
- Quel est votre priorité Nagama-sama, la fouille du temple ou de la forêt ?
- Hum… les deux le sont. Nous auront besoin de l’outil de pouvoir pour affaiblir Gobi. Je t’enverrai un autre membre qui s’occupera de la forêt. Tu es le plus qualifié pour décrypter ce temple. C’est dans tes gènes.
- Et je suis ravi que mes connaissances vous soient utiles, déclara Desnake en s’inclinant légèrement
- Bien. Tu peux retourner à ta tâche.

Desnake hésita un moment. Devait-il lui parler ou non de l’archéologue venue d’Europe ? Non pas qu’elle était d’une importance capitale pour la Novem Katouseiji, c’était même qu’un misérable détail, mais un détail intriguant. Cette fille avait une prestance pour commencer. Elle dégageait un petit quelque chose que les autres n’avaient pas. Et puis ce nom qui ressemble à la prêtresse San Sammah de la légende oubliée des Bijuus. A terme de ces quelques secondes de réflexions, il se dit que c’était une simple coïncidence. Inutile de déranger son patron avec une information aussi futile. Sanephar Sama n’était qu’une archéologue occidentale indigne d’intérêt. En revanche, il se servirait volontiers d’elle pour percer le mystère du temple de Gobi, car, il devait l’admettre, elle se débrouillait bien dans son domaine. Elle serait un outil appréciable.

***

Mega signa le registre des visites pour les patients de l’hôpital comme il le faisait depuis deux jours. L’infirmière lui indiqua, avec un sourire aimable, la chambre de son amie qu’il voulait aller voir. Il lui rendit son sourire en se gardant bien de lui dire que maintenant il connaissait le chemin.

Il étouffa un bâillement dans sa main. Il s’était levé tôt ce matin pour accompagner Neo et Neliel à l’aéroport. Ses deux amis avaient décidé de rendre une petite visite à la Limentsuki pour régler cette affaire des plus étranges. Au début, le brun aux yeux sombres n’était pas d’accord. Mais quand il avait manqué de s’évanouir de nouveau en prenant la main de Neliel, il s’était rendu à l’évidence ; la situation lui échappait. Peut-être que l’organisation qui veillait sur le Portail des Mythologies pourrait mieux les aider. En tout cas, il se demandait bien quand les phénomènes bizarres se lasseraient d’eux !

Il frappa à peine et entra dans la chambre. Là il trouva Sanephar en grande conversation avec Gamynator. Ce n’était pas tant que son amie d’enfance aille mieux. Elle avait déjà reprit connaissance la veille, au grand soulagement de Neliel. C’était qu’elle avait ses vêtements habituels, et non les hideux pyjamas de l’hôpital.

- Mais qu’est-ce que tu fabriques ? s’exclama Mega en la voyant fermer son petit sac.
- Ca se voit, non ? rétorqua Gamy avec un petit sourire amusé.
- Je sors ! affirma Sanephar.
- Les médecins t’ont dit que t’allais mieux et que tu pouvais y aller ?
- Pas exactement, non. J’ai signé une décharge de sortie.
- Ah non, t’abuse ! Faut attendre qu’ils te disent que tu ailles mieux.
- Mais je vais mieux ! Regarde, je suis en forme !!
- Moi je trouve qu’elle a raison, elle ne va pas rester à payer dans un lit d’hôpital si elle se sent bien.
- « Merci ton aide, Gamy. Mais ce qu’à eut Sanephar dépasse la médecine. Ah ces militaires ! » pensa Mega. Ils t’ont fait des recommandations ?
- Oui, je suis arrêtée pour trois jours et je te promets que je ferais attention, jura Sanephar avec une moue légèrement moqueuse.
- Ok, allez viens, je te ramène. Pas question de te laisser conduire, lança le brun avec un air sévère.
- Si tu veux, rit Sanephar.
- Bon, ben puisque c’est la fête entre vous, moi je vous laisse ! Ce n’est pas mon jour de congé contrairement à certains, dit-il en donnant une bonne accolade à Mega qui grimaça sur le coup.
- Mais faut que j’aille voir quelqu’un avant de rentrer, dit Sanephar, une fois Gamynator parti.
- Qui ça ? demanda le jeune journaliste d’un ton suspicieux.
- Un collègue.
- T’es pas arrêté là ?
- Ce n’est pas pour mon travail. Tu te souviens de la conversation qu’on a eue avec Neo ?
- Ce n’est pas le genre de choses qu’on peut oublier.
- Et bien je vais voir un expert sur la légende des Bijuus.

Sanephar rassembla ses affaires et sortit de la chambre, Mega sur ses talons. Elle tendit son papier signé à l’infirmière qui lui en fit signer d’autres en lui parlant d’autres détails. Une fois fait, elle sortit accompagnée de Mega.

- Et il a un nom cet expert ? demanda Mega.
- Desnake Toshirô.
- T’as pas déjà été le voir ?
- Si mais il a été surchargé et il a décalé notre rendez-vous…

Elle s’arrêta en fronçant ses sourcils. Mega lui jeta un œil et gronda que si elle resta en plein milieux du parking, elle allait finir par retourner à l’hôpital parce qu’une voiture lui aurait foncé dessus. Malgré la blague de son ami, Sanephar resta perplexe. Sans que Mega ne comprenne vraiment, elle demanda à voix haute :

- Je me demande si cet archéologue à un lien de parenté avec l’interprète que j’ai rencontré au temple japonais…

***

Neliel avait froid, très froid. Instinctivement elle pensa qu’elle aurait dû prendre son gilet. Elle se frictionna ses bras qui n’étaient couverts que d’un sweet-shirt noir surmonté de son habituel corset. Puis elle grimaça en regardant autour d’elle. Cet endroit, elle le connaissait bien maintenant. Elle rêvait souvent de ce lieu. C’était d’ailleurs le même rêve qu’elle avait le plus souvent fait. Son regard erra dans les rangées de pierres tombales qui s’alignaient en ligne droite devant elle. L’air était lourd et chargé d’une épaisse brume qui restait agglutinée au sol. Elle avança sur le sol dur et terreux, choisissant au hasard une allée. Elle se balada ainsi dans cet endroit sinistre au possible. Au fur et à mesure de ses pas, le froid se faisait plus mordant. Ce n’était pas sur sa peau qu’il faisait effet, mais à l’intérieur d’elle-même. Une étrange sensation qui s’ajoutait à cette impression intense de malaise.

Elle finit par déboucher dans un endroit où les pierres tombales se faisaient moins nombreuses jusqu’à devenir quasi-inexistantes. A la place, un caniveau sombre et lugubre se dressait devant elle. Un violent frisson parcourut Neliel et une oppression s’empara brusquement d’elle. Sa respiration augmenta à vue d’œil et elle continua sa progression pour reprendre contenance. Elle gravit les marches noires et examina la grille aux barreaux rouillés. Elle scruta l’intérieur de la petite bâtisse mais se heurta à l’obscurité. C’est seulement à ce moment là qu’elle remarqua une sorte de pictogramme sur le mur au-dessus d’elle qui brillait moyennement. Elle le détailla un moment, et ne comprenant pas sa signification, posa sa main sur la grille. Quand elle entra en contact avec le fer glacial de la barrière, le pictogramme brilla si intensément qu’elle fût aveuglée. Elle sentit une douleur à sa main et puis le noir l’engloutit.

Neliel se réveilla en sursaut et examina les alentours. Neo dormait tranquillement dans le siège à côté d’elle et les hôtesses allaient et venaient entre les allées de l’avion. Elle cligna des yeux et plongea sa main dans son sac pour sortir son bloc à dessin et son coffret. Elle dessina machinalement avec un fusain en repensant à l’étrange rêve qu’elle avait fait. Elle terminait par accentuer les ombres quand plusieurs gouttes de sang coulèrent sur son œuvre. C’est là qu’elle remarqua que sa manche était trempée et sa main couverte du liquide carmin de son organisme. Pourtant ce n’est pas tant la blessure de son rêve qui la choqua. C’est le dessin. Elle avait dessiné trait pour trait le caniveau, celui même qu’elle n’avait jamais réussit à reproduire alors qu’elle en rêvait depuis des mois. Ses yeux bleus métalliques tremblèrent devant l’exquis aux détails parfaits. Légèrement angoissée, elle se leva prestement, le ventre secoué par la nausée, pour laver sa main mêlée de sang et cheminot*.

• Cheminot est la composante de base du fusain. C’est la poudre noire graisseuse que vous avez sur les mains quand vous prenez un fusain.

Poste 3-2

***

Yesod ouvrit brusquement les yeux et se fit plus à son audition qu’à ses yeux qui ne lui étaient d’aucune utilité dans cet endroit plongé dans le noir. La respiration régulière à côté d’elle lui rappela qu’elle se trouvait dans une chambre d’hôtel avec sa jeune coéquipière, Rin. Aussitôt cette réflexion faite, son cœur reprit un rythme des plus calmes.

Aussi loin qu’elle se souvient, les nuits étaient un éternel enfer pour elle. Elle était insomniaque et se droguait aux psychotropes pour dormir et ne pas sombrer dans la folie qu’un manque de sommeil accumulé lui causerait. Même si les insomnies n’étaient pas les seuls raisons qui pourrait la conduire à une défaillance mentale. Et puis il y avait cette paranoïa. Yesod se méfiait de tout le monde. C’était plus un réflexe ordinaire, qu’un signe maladif, acquis avec un passé surchargé d’horreur. Yesod n’avait connu qu’une période d’havre de paix, celle avec les deux seuls hommes qu’elle avait aimé, et qui était bien loin désormais. Depuis, sa méfiance à la limite de la paranoïa était son quotidien et sûrement un des facteurs responsables de ses insomnies. Sacré cercle vicieux.

Elle se leva, s’habilla prestement dans l’obscurité et sortit de la chambre d’hôtel sans un regard pour Rin. Dehors, les premiers rayons du soleil perçaient doucement l’horizon. Le ciel avait un magnifique dégradé de couleurs chaudes et chaleureuses aux couleurs plus sombres de l’autre extrémité où le soleil se couchait habituellement. Elle observa ce spectacle quelques minutes, brève pause dans la journée qui s’annonçait, puis s’approcha d’un distributeur pour prendre un gobelet de café. Elle avala la répugnante caféine de ce café bas de gamme associé à des vitamines concentrées dans des gélules. Son cerveau emprunt de plusieurs mécanismes de protection évita soigneusement de penser que son quotidien était ponctué d’habitudes grotesques et affligeantes. Au fond d’elle, Yesod se trouvait pittoresque, mais elle se garda bien de se l’avouer explicitement. Encore un système de défense mental devenu automatique.

Ensuite elle courut pendant un moment. Cette activité lui permettait d’aérer son esprit que les médicaments ne permettaient pas de faire en profondeur. Une méthode naturelle bien plus efficace qu’une séance de thérapie psychologique pour elle. Puis elle rentra dans la chambre d’hôtel, ruisselante de sueur, où elle trouva Rin qui sortait de sa douche. La jeune fille l’accueillit avec un bonjour enjoué auquel elle répondit par un hochement de tête avant de prendre la salle de bain que sa coéquipière venait de quitter.

Dans la cabine de douche, elle laissa son corps se détendre sous le jet d’eau chaude vivifiant. Chaque parcelle de sa peau se vidait de la couche de sueur dont elle était recouverte et se décontractait naturellement. Durant son bref lavage quotidien, ses pensées allèrent vers Rin. Elle se demandait qu’est-ce que cette fille innocente faisait partit dans cette organisation malsaine. Elle n’avait pas sa place. Yesod n’avait cure au fond d’elle de ce questionnement futile. C’était une fois encore, un moyen de se changer les idées. A chacun ses méthodes.

Elle sortit de la douche, se sécha et enfila de nouveaux vêtements avec une rapidité peu commune. Elle sortit de la salle d’eau et trouva Rin devant un manga. Elle était allongée sur son lit, les yeux rivés sur la bande dessinée, ses pieds battants l’air. Son questionnement de quelques minutes revit surface. Se sentant observée, la jeune fille leva ses yeux azurs et lui fit un magnifique sourire. Elle rangea son livre et se leva en lui disant qu’elle était bientôt prête. Elle enfila ses chaussures et Yesod sortit pour l’attendre à la porte. Quand l’adolescente sortit à son tour, elle verrouilla la chambre et rendit les clés au comptoir. Elles se rendirent ensuite au petit fast food du coin et prirent un petit déjeuner. Yesod n’avait pas besoin de cette étape et la passait en règle générale. Elle tenait aisément jusqu’à midi. Mais ce n’était pas le cas de Rin, qui la première fois avait souffert d’une faim incommensurable. Alors que la demoiselle croquait ses tartines beurrées et contemplait avec son air d’adolescente en voyage le restaurant, Yesod buvait son café. Elle détailla la jeune fille et lui posa la question qui lui trottait dans la tête depuis la matinée :

- Pourquoi restes-tu dans la NK ?
- Hein ?!

Rin arrêta de mâcher et se tourna vers elle, les yeux écarquillés. Il était vrai que Yesod ne communiquait guère avec elle. D’autant plus que cette question devait paraître déplacée et mal venue… Et pourtant, une fois sa bouchée avalée, elle partit dans plusieurs hypothèses nullement gênée d’une telle question. Yesod fût quelque peu déconcertée même si elle ne le montra pas et écouta attentivement sa coéquipière.

- Enfin j’ai une troisième hypothèse… Je me demande si Nagama-sama ne me garde pas pour faire pression à mon cousin… Je sais que ça peut paraître absurde mais…
- Ca ne l’ait pas. C’est même sûrement ça.

La jeune fille la dévisagea interdite puis finit par baisser la tête et continua de manger dans le silence, méditant sur la réponse de la femme. Yesod ne chercha pas à la réconforter. D’une part parce qu’elle n’était pas douée pour cela, et d’autre part parce que cette fille ne survivrait pas si elle restait aussi naïve et innocente. Elle aurait pu lui dire d’une manière plus diplomate, afin de lui épargner un peu moins de souffrance, mais la personne qui voudra la nuire ne lui fera pas ce cadeau. Autant la préparer, car le monde était loin d’être aussi merveilleux qu’elle le pensait.

- Comment on va faire pour retrouver Crash ? demanda Rin en sortant du restaurant.
- On sait qu’il est ici ou passé par ici. On va commencer par interroger tous les hôtels.

Rin passa un bras sous celui de Yesod en souriant. Puis elle lui annonça d’une voix joyeuse :

- Je me suis dit qu’en faisant comme si qu’on était mère et fille, on passerait mieux pour des touristes et Crash ne se douterait de rien.

Ce fut au tour de Yesod de restait interdite aux dires de la demoiselle. Non pas que l’idée était mauvaise, c’était le fond qui la dérangeait. Une mère ?! De la mère que Yesod était, il ne lui restait que le nom…

***

Neo regardait Neliel avancer dans une cadence rapide. La demoiselle, qui semblait dans ses pensées et dans son monde un peu plus tôt, était maintenant tout à fait à l’aise. Si elle était restée muette et tendue durant le voyage, elle était désormais décontracté et presque souriante. Neo se doutait bien pourquoi. Ils étaient arrivés au Etats-Unis et Neliel les conduisaient vers le QG de la Limentsuki.

- Arrêtez-vous ! dit-elle d’une voix posée en sortant de la voiture du taxi jaune.

Elle sortit prestement, et Neo paya la course du taxi avant de rejoindre la jeune fille et prendre leurs bagages dans le coffre. Le jeune homme la suivit à travers les rues quand elle s’arrêta devant un immeuble tout à fait classique d’un point de vue extérieur.

Neo regarda Neliel évoluer dans l’environnement qui avait été le sien. L’image de l’adolescente qui s’était opposée à lui devant le Portail des Mythologies s’imposa durement dans son esprit. Neliel avait choisi sa sœur, et ne le regrettait sûrement pas. Mais elle ne devait pas être à l’aise dans cet autre univers si différent de l’ancien, avec des personnes différentes de celles qu’elle avait connu. C’est seulement maintenant qu’il comprit ce qu’elle avait enduré. Il n’y avait pas qu’une question de socialisation. C’était plus important que ça.

- Alors je vous ai manqué Monsieur Scot ! clama-t-elle en ouvrant la porte d’un bureau.

Neo la suivit plus mal à l’aise. Ironiquement, les rôles s’inversaient. C’était lui qui ne se sentait pas à sa place. L’impolitesse et la pseudo joie soudaine de Neliel l’intriguait. Etait-ce sa vraie personnalité ou encore une feinte ?

- Laissez-nous, Samantha, ordonna Scot.
- Bien, monsieur.
- Vous ne l’avez toujours pas virée ? demanda Neliel une fois la secrétaire parti.
- Neliel, gronda gentiment le dirigeant de la Limentsuki en s’approchant de la jeune fille.
- Ben quoi ? Je ne l’aime pas… Non ! Restez où vous êtes !! ordonna brusquement Neliel.

Scot resta interdit devant la réaction violente de l’ex-Gardienne. Neliel perdait rarement son sang-froid et pour qu’elle passe d’une humeur à l’autre si facilement était des plus inquiétant. Il regarda alors Neo, se rendant compte de sa présence.

- Scot, dit ce dernier en lui tendant la main.
- Ravie de vous revoir Neo White, même si j’aurais préféré que ce soit en d’autres circonstances.
- Nous n’en savons pas plus, enchaina directement le jeune homme. Comme je vous l’ai dit, toutes les personnes qui touchent Neliel s’évanouissent.
- En effet, c’est étrange… Neliel as-tu été en contact avec des artefacts ou…
- Sans vouloir vous vexer, je suis partie de la Limentsuki pour vivre une vie normale.
- C’est vrai…
- Monsieur ? interpela de nouveau la secrétaire en entrant après avoir frappé.
- Quoi dont ?
- Mme Katô souhaite vous parler.
- Dites-lui que je la verrais ultérieurement.
- Elle insiste. C’est une question de Jinchûriki.
- Jinchûriki ? répéta Neo. Vous connaissez cette légende ?
- Je préférais que nous évitions d’en parler.
- Non, répliqua Neo. Je dois vous parler également à ce sujet.
- Plus tard alors…
- Oh… deux Jinchûrikis ! Décidemment je me fais vieille ! J’en avais sentit qu’un seul. Le plus puissant.

Neo et Neliel se tournèrent vers la porte pour voir une femme âgée qui était devant la secrétaire. Cette dernière semblait être gênée que l’interlocutrice ait outre passé les ordres. Mais à ce moment là, Neo s’en moquait éperdument et dévisageait la femme qui le fixait également. Les yeux marrons de la personne âgée luisaient d’une lueur doucement moqueuse. Ca n’avait rien de péjoratif, comme si que la situation l’amusait plus qu’autre chose. Peut-être riait-elle simplement d’elle comme elle l’avait dit un peu plus tôt.
Elle fit quelques pas, s’aidant de sa canne, et une main tenant son dos légèrement courbé vers l’avant.

- Bah vous êtes qui vous ? Je ne vous ai jamais vu ! demanda impoliment Neliel.
- La Limentsuki vient juste de m’accorder l’hospitalité avant mon trépas, petite.
- J’ai un épisode ? demanda Neliel en regardant son tuteur.
- C’est un peu complexe… Pour faire bref, une organisation nommée Novem Katouseiji menacerait le Portail en convoitant neuf Bijuus, des démons japonais. Mme Katô vient nous apporter son aide ?
- Tiré par les cheveux votre histoire. Des démons ? Je veux bien croire pour les artefacts mais là vous allez loin ! Puis, et sans vouloir vous vexer, ajouta-t-elle en jetant un œil à la vieille dame, comment elle pourrait nous aider ?
- Moi non, en revanche le démon que j’ai peut vous aider. Mais tu devrais le savoir, tu en as aussi, jeune fille.
- Désolée mais je ne crois pas à cette histoire.
- Donne-moi ta main.
- Non.
- Si tu ne me crois pas, pourquoi as-tu peur de me donner ta main ? demanda la vieille dame avec une ironie moqueuse.

Neliel s’exécuta avec une lueur de défi dans les yeux. Mais l’appréhension qu’émanait la jeune fille était palpable. La vieille dame examina sous toutes les coutures la main pâlotte de Neliel et la demoiselle s’étonna qu’elle n’ait pas succombée comme les autres avant elle.

- Mon impression première est bonne. Tu portes bien un Bijuu en toi.
- Mais comment ? s’exclamèrent en chœur Neo et Scot qui comprenaient ce qu’il en retournait contrairement à Neliel.
- Comment je ne peux pas vous le dire. T’ais-t-il arrivé des choses inexplicables ces temps-ci, petite ?
- Oui… quand je touche des gens, ils s’effondrent.
- Il n’y a aucun doute là-dessus, c’est bien Nibi.
- C’est quoi ça ? demanda Neliel en fronça les sourcils.
- Le démon chat à deux queues. Jeune fille, tu as le pouvoir de la mort avec toi. Ton toucher peut tuer dès le moindre contact prolongé.
- Mais… commença Neliel, ses défenses mentales se réduisant peu à peu, depuis quand j’ai ça en moi…
- Ce n’est pas si dramatique. En cousant des runes sur ça, on peut réduire ton pouvoir, dit-elle en attrapant des gants qui dépassaient dans la poche de Neliel. Plus important, quand ton pouvoir s’est manifesté ?
- Quelques mois je dirais.
- Alors ça veut dire que soit on t’a implanté l’esprit de Nibi en toi récemment, soit le sceau qui empêche le démon de communiquer avec toi s’amenuisent.
- Un sceau ? répéta Neo.
- C’est comme un symbole…

Neo allait répliquer mais Neliel chercha frénétiquement dans son sac. Elle sortit son bloc note et le feuilleta. Elle le tendit à la vieille qui le prit délicatement. Sur une feuille blanche était dessiné un pictogramme.

- Je faisais des rêves bizarres la nuit mais quand je voulais dessiner ce que je voyais, je n’y arrivais pas. En revanche, ça je m’en souviens très bien. C’est la seule chose dont je me souvenais bien. Tout le reste était flou, expliqua Neliel alors que Neo la dévisageait étonné. Il n’était pas le seul avoir des visions nocturnes étranges.
- C’est une rune, un langage très ancien usé par les prêtres d’antan. Celle-ci est très complexe, elle m’est d’ailleurs inconnue. Sûrement un mélange de deux runes. Ma petite, as-tu une cicatrice sur toi dont tu n’as aucun souvenir de son apparition.
- Attendez… réfléchi-t-elle. Si ! Derrière l’oreille ! J’ai un truc bizarre.

La vieille femme l’examina sans plus tarder et son expression devint perplexe.

- C’est ici qu’on a ancré la rune. Je connais bien ces cicatrices.
- Vous êtes sûres ? demanda Scot qui ne savait plus quoi penser.
- Mais c’est mieux ainsi, continua Katô en ignorant le dirigeant de la Limentsuki. Vous allez pouvoir aller à la rencontre de vos ennuis.
- De quoi parlez-vous ? s’enquit Neo, perplexe.
- Cela vous concerne aussi Jinchûriki de Kyûbi. Votre survie et celle d’autres dépendent de votre bon vouloir. Vos vies sont maintenant en danger par une organisation qui veut s’approprier l’esprit que vous portez dans votre chair.

Neliel attrapa discrètement la main de Neo, oubliant quelques instants qu’elle redoutait ce contact. Ils étaient venus pour avoir des réponses. Ils se retrouvaient avec encore plus de question, et pas seulement…

Notes d’auteur :

- Le passé que Redjo m’avait demandé de travaillé. Le voici. Il est entré dans la NK pour venger son défunt père et parce qu’il est le fils d’un ancien camarade de Shinzo. Par ailleurs, ce n’est pas Neo qui a tué le père de Redjo mais le père de Neo (vous suivez ?). Mais ça, Redjo ne le sait pas…

- Idem pour DeSnake, j’ai donné la raison qui fait qu’il est dans la NK. C’est parce qu’il est de la famille du spécialiste sur la légende des neufs Bijuus.

- J’ai corrigé le OOC de Scot comme j’ai pu en vous expliquant pourquoi il était aussi tendu et colérique. J’espère que c’est réaliste.

- Un nouveau monde intérieur qui refléte à la fois l’hôte et le Bijuu. Par ailleurs, j’ai voulu accentuer la lubie de Neliel sur le dessin qui me permet d’exploit plusieurs subtilités.

- En fait, je me suis posée la question… ça serait normal que les membres respectifs des organisations abrègent le nom de l’organismes dans lequel ils sont, non ?

- Je n’aime pas la dernière scène dont j’ai eu beaucoup de mal à écrire. Par ailleurs, je me suis dit que ça serait mieux qu’un Jinchûriki donne les informations à Neo et Neliel. Pour ça la vieille femme aide bien. De plus, ça serait plus intéressant de lui faire vivre l’extraction. Enfin l’idée des runes m’est venue d’un roman intitulé « La Cité des Ténèbres ».

- J’ai réduit de beaucoup pour Bobipineman et modifié partiellement mon style d’écriture pour aller à l’essentiel. J’espère avoir réussie.

Ca se sent que tu as fait plus court (presque la moitié du précédent, selon mes estimations). Par contre, ce n'est pas gênant, on n'a pas l'impression que tu as trop coupé dans le récit pour faire plus court. Le terme donné par Gamy d'"optimal" est pas mal choisi.
Tiens, tant que j'y suis, je n'ai pas vu que Mega était étonné de la présence de Gamy...
Et toujours en réponse à ce post... c'est NEO, SANS ACCENT ! De même pour MEGA ! Merci...

Bon, revenons-en à nos moutons-pandas. Commençons avec les petites fautes :
- "C'est en mémoire pour son fondateur et pour son camarade" > en mémoire de
- "organisme japonais" > organisation !!
- "J'ai pu eu d'énergie" > Allons, allons... "plus eu" (bravo, tu as écris "eu" comme il faut ! ^^)
- "On sait qui sait ?" > qui c'est
- "Ce n'était pas tant que son amie d'enfance aille mieux." aille mieux qui l'étonait (il manque un bout de phrase)
- "J'ai un épisode ?" > Non, tu as juste raté un mot ^^ (raté)

A présent, le commentaire...

Dommage que le mystère de Nibi soit tombé dès le premier chapitre, parce qu'ici on voit que ça se dévoile petit à petit... En fait, tu n'aurais pas dû l'évoquer dans le chapitre 1. Je te félicite tout de même pour les explications distillées au compte-goutte tout au long du chapitre.

Bravo pour l'approfondissement des membres de la NK, tous autant qu'ils sont. Les pensées de Redjo, le dialogue entre DeSnake et Shinzo (je remarque au passage que tu as opté pour "DeSnake" en tant que nom de famille), la mission de Yesod et Rin. C'était cette dernière qui prenait le plus de place et en dévoilait par là même le plus sur ces deux personnes. Duo excellent, je le répète.

Cette explication sur l'humeur de Scot est tellement logique que si on ne savait pas que c'était une petite erreur de ta part dans le premier chapitre, on aurait pu croire que tu avais tout prévu !
"Si mal luné" > Joli jeu de mot ^^

Le rêve de Neliel est excellent, parce que pas trop réaliste justement. On sent vraiment l'étrangeté oppressante tout au long de celui-ci... Il est juste un peu long, pas en termes de mots mais de récit. Même quand on se réveille après un rêve, il n'a jamais l'air d'avoir été aussi long qu'ici. Maintenant, c'est peut-être moi qui interprète mal ou qui ai un sommeil bizarre...

La dernière scène n'est pas si mal que ça. Ca manque un peu de descriptions entre les dialogues mais rien de dramatique. J'ai hâte de voir l'extraction...

Et voilà, encor eun chapitre fait de main de maître, bien écrit, dont la longueur ne pourra plus être critiquée, et où l'histoire avance. Encore merci et bravo pour ce chapitre !

Tiens... Puis-je faire le suivant, à ce propos ?

PS : ce commentaire aurait pu être plus long mais voilà, j'ai été paresseux (et j'ai à faire). Désolé de ne peut-être pas avoir totalement rendu hommage à ton chapitre !

Excellent chapitre.

Oui les fautes que Neo t'a montré sont justes, moi ce qui m'a stupéfait ça a été "on sait qui sait ?" Mais bon se tromper est naturel.

Neliel possède donc en elle Nibi. Ca ne m'étonne pas, ce pouvoir va bien avec son caractère et son look sombre. Bien joué !

Redjo est donc dans la NK car il le fait pour venger son défunt père. Tout est pas mal, et le duo Yesod-Rin un bijou !

J'ai adoré ce chapitre.

Gamynator Tout d'abord, merci pour ton com's. Et pour répondre à ta question, Mega n'est pas étonné de la présence de Gamy, mais que Sanephar soit déjà sur pied et prête à quitter l'hôpital.

C'est tout une histoire de fuite et de traque entre les deux membres de la NK et Crash ^^

Neo_White Arf ! Qu'est-ce que je déteste oublier des mots ou rater des tournures de phrases !
Et ça existe un organisme !! Je le sais, je l'ai étudier (l'organisme de la Sécurité Social ça se dit, non mais !)

Et encore j'avais d'autres idées pour mettre des indices sur Nibi, mais il m'a fallut abréger.
Et oui, je le déplore, la dernière scène du chapitre 1 était de trop T_T

J'espère que Yesod était comme tu l'imaginais.

A vrai dire... cette explication sur l'humeur de Scot je l'avais déjà prévu pour le chapitre 1. Mais c'est avec vos commentaires que je me suis rendue compte que j'en avais trop fait. Scot aurait dû montrer des troubles de l'humeur mais pas tant que ça.

Un peu long ? Pourtant en terme de description, il me semblait avoir fait comme le rêve de Neo. Je tenais également à ce que vous visualisez bien le monde intérieur de Neliel...

Et je suis d'accord pour que tu fasses le chapitre suivant ^^

Merci vraiment pour ton com's détaillé ! Ca me fait vraiment plaisir.

P228 Bah pour la faute... c'est chiant, ce n'est pas la première fois que je la fait ^^' C'est par rapport au son. "Qui c'est" et "qui sait" ça se dit pareil. Ca doit être ça mon problème...

Pour le monde intérieur, je n'ai pas choisis un cimetière pour son look et sa personnalité sombre mais plus par rapport à son âme... M'enfin, ravie qu'il te plaise.

En tout cas, merci pour ton com's.

donc Neliel possède un Bijuu (celui de la mort en plus, chapeau !)

on apprend progressivement le passé des personnes de la NK, c'est bien

dommage que le chapitre soit moins long, j'étais un peu, comment dire, embêté que ça finisse trop vite, c'est fou comme les lignes défilent

j'ai aussi remarqué les mêmes fautes que Neo a reporté, tu n'as pas honte de faire des erreurs aussi... distraites ?

mais à part ces petits détails, merci pour ce chapitre Sanephar !

donc Neo s'occupe de la suite, c'est bien ça ?

"donc Neo s'occupe de la suite, c'est bien ça ?"
Si personne d'autre ne veut absolument le faire... Mais bon, si personne ne se propose d'ici demain après-midi, je prendrai ça pour un accord. (je vais avoir de moins en moins de temps pour écrire, alors je suis pas prêt à attendre des lustres, non plus).

après, moi je suis d'accord pour que tu fasses la suite !

Chapitre 5-1 terminé
Quoi Crash et P228 sont des juchikiri !

chapitre 2 terminer!

Oh mon dieu Neliel tue de ces propre main

Ho Sanephar tu ne me cesses de me surprendre

Good episode.

C'es sûr, c'est surprenant de voir que dès que Neliel touche une personne, celle-ci meurt directement. Dans MG, elle ne présentait pas ses symptômes, mais la façon dont tu as expliqué comment a t'-elle pu dénicher ce bijuu me semble intéressante.

Ah, le duo Yesod-Rin est terrible, j'adore ! Une grande femme sans émotions et impassible avec une ado souriante et pure.

Les pensées de mon cousin sont excellentes, et lui aussi semble dénué d'émotions.

Les petites fautes dans ce chapitre sont excusables car ce chapitre est une perle rare.

bobi non p228 est mort et Crash ne possède pas de Bijuu en lui, mais la NK croit le contraire, d'où cette poursuite

Zadabul la personne ne meurt qu'un contact prolongé, mais si c'est un petit contact rapide, c'est juste un malaise

Coucou!!

Super chapitre 2 Sanephar!!
Moi lorsque je lis les chapitres, je portes plus attention à l'histoire qu'aux fautes d'orthographes... Donc les erreurs que Neo a trouvé, je n'aurais même pas pu dire où elles étaient

Bobipineman La NK recherche Crash parce qu'avec sa forme de panda peut passer pour un Jinchuuriki... Je sais que se n'est pas tout le monde qui est habile avec le japonais... mais j'ai trouvé très marrante la manière que tu as écrit Jinchuuriki...

Bonne nouvelle pour tous... Je retourne à l'école le 20 Mai... (c'est une bonne nouvelle pour moi ça??? )

Salut Tsuki ! Tes passages sont rares mais toujours aussi plaisants !

Tiens, au fait, tu vas retourner à l'école pour la fin de l'année... Rassure-moi, ils vont reporter tes examens à après les vancances ? (pas que je te souhaite deux mois de stress, mais je vois mal quand tu pourrais les passer, sinon).

Tsuki, c'est un plaisir de te revoir parmi nous.

Neo Sinon, est-ce que les examens de fin d'année de 3ème sont diffiçiles ?

Ben on pass nos examen vers la fin mai (Tsuki je pense que tu est safe)

Tsuki bon retour parmis nous, mais tu t'es trompée, à la fin de Mythology Gate, le Portail rend la forme humaine à Crash, en récompense de son aide, mais bon, Crash trouve un moyen de râler

Neo_White Je vais faire mes examens de fin d'année en même temps que tout le monde... c'était pour rattraper mon retard sur les examens que j'avais manqué que j'avais des profs à la maison... mais selon eux (et selon mon niveau à l'école) je suis capable de passer mes examens en Juin...

bobipineman Je suis en secondaire 3... mais à partir du 9 Juin, j'ai un gel d'horaire pour mes exams.. je les passe
donc un peu après toi

crash-57 Je crois que je n'ai pas pu lire ce chapitre là... j'étais rendu là lorsque je suis tombée malade.. mais puisque tu dis que je me suis trompée... Mais il y a surement une autre raison au fait qu'elles recherchent Crash...On va le savoir dans les prochains chapitres..

Chapitre 2-2 terminé bon je vais lire la base 10 dans le Blabla de CMoM

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Chapitre 3 : Vide et silence
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(partie 1/4)

La vieille madame Katô demanda de manière particulièrement autoritaire que l'on prépare sans tarder le rituel d'extraction. Selon elle, la Novem Katouseiji ne reculerait devant rien pour récupérer les Bijûs. Au plus vite la Limentsuki en aurait un dans son camp, au mieux ce serait. Pendant que les préparatifs se faisaient, elle parla à Neliel de son Bijû, Nibi :

- On dit que Nibi a tout un temps accompagné un Dieu de la Mort. Il rassemblait les esprits des personnes décédées grâce à son troisième oeil qu'il a sur son front. C'est peut-être un charognard qui se repaît des morts, mais il est est aussi signe de mort pour les vivants. Malgré qu'il ne soit pas le plus puissant des Bijûs, il sait se battre et accumuler de l'énergie à chacune de ses victoires.
- Dites, c'est qui, votre Bijû ?
- Le mien ? C'est vrai, je ne te l'ai pas dit. Il s'agit de Shichibi, démon blaireau à sept queues. Il est maître dans l'art de la tromperie. Grâce à l'argile, il peut se métamorphoser pour tromper ses futures victimes.
- Sept queues ? Donc il est l'un des plus forts ! remarqua Neliel.
- C'est exact. Je ne pense pas que la Novem Katouseiji en ait de plus puissant à sa disposition, sinon ils auraient déjà tenté quelque chose. Ton ami là-bas, dit-elle en désignant Neo qui parlait avec Scot, il porte Kyûbi, le plus puissant de tous les Bijûs. Mais ce n'est pas une raison pour vous croire imbattables. Shichibi se sert de la ruse pour vaincre des adversaires en apparence plus forts, attendez-vous à ce que la Novem Katouseiji en fasse de même avec vous, ma petite.

Une question taraudait la jeune fille. Vu que la vieille femme n'en avait plus pour longtemps, mieux valait la poser maintenant. Elle se sentait à l'aise avec cette femme parce qu'elle avait ce côté désintéressé de la vie. Elle préférait mourir si cela pouvait apporter quelque chose de bon. En un sens, cette vieille femme était admirable, contrairement à d'autres vieilles personnes qui déprimaient ou pensaient saisir la mort de manière philosophique sans réellement réaliser de quoi il s'agissait.

- Pourquoi lui, pourquoi Nibi ? finit par demander Neliel.
- Tu te demandes s'il t'a choisie, n'est-ce pas ?

La jeune fille acquiesça et madame Katô répondit d'abord par un petit sourire distant.

- Je ne peux pas te l'assurer mais probablement pas. Par contre, quand les personnalités d'un Jinchûriki et de son occupant sont similaire, le pouvoir maîtrisable par l'hôte est plus important. Evite de trop entrer en symbiose avec lui ou tu perdras la raison.
- Je dois éviter de l'utiliser, c'est ça ?
- Dans la mesure du possible.
- Et alors, ses pouvoirs diminueront et je pourrai de nouveau vivre normalement.
- Ecoute, jeune fille... dit Katô d'un ton apaisant. Ce Bijû ne te quittera jamais, sauf quand tu mourras. C'est un lourd fardeau mais si tu prends de la distance par rapport à lui, il se pourrait que ce fardeau devienne plus léger.

Neliel hocha la tête en mordillant son poing. La vieille dame se voulait rassurante mais ne semblait pas particulièrement convaincue. Tant pis, c'était mieux que rien. De toute façon, elles faisaient déjà route vers la sortie. Scot voulut prendre le bras de la vieilles femme mais elle refusa en faisant une moue qui fit sourire Neo.

Le chef de la Limentsuki les mena jusqu'à une salle circulaire au centre de laquelle se dressait une sorte d'autel en pierre couvert d'un drap blanc. Il ne faisait aucun doute que c'est là que la vieille dame mourrait. Pas très engageant comme lieu de mort. Deux personnes attendaient, chacune vêtue d'une toge blanche.

- Je vous présente les deux prêtres qui participeront à la cérémonie, dit Scot. Moi-même y prendrai part mais je crois qu'il est mieux pour vous que vous restiez à l'écart.
- Il a raison, mes enfants, confirma madame Katô avant que les protestations ne surgissent.

Pendant que les deux compagnons sentaient la honte les envahir à des degrés différents, l'un des prêtres sortit l'Outil de Pouvoir apporté par la vieille femme. Il s'agissait d'une sorte de vase à ouverture courbée vers l'extérieur. Dessus étaient gravées sept fleurs de lotus. Il fut placé à la droite de la vieille femme qui s'allongea - non sans mal - sur l'autel. Elle poussa un soupir de soulagement une fois en place, tandis que Scot et les deux prêtres allèrent se placer sur des tabourets en pierre du côté de la tête de Katô, de sorte qu'elle ne voyait qu'un mur en face d'elle. Neliel vint lui dire au revoir, suivie par Neo, qui alla glisser un mot à Scot avant de sortir. On referma derrière eux en poussant une sorte de lourde porte circulaire. Madame Katô leur jeta encore un dernier coup d'oeil puis retourna à sa contemplation du plafond, celui-ci étant bientôt remplacé par le noir de ses paupières tandis qu'elle fermait les yeux.

- Combien de temps ça va durer ? demanda Neliel, qui regardait fixement la porte que l'on avait refermé.
- Je ne sais pas. Ils ne dormiront pas et forceront la sortie du Bijû par des rites pendant peut-être plusieurs jours.
- Et après ?
- Après, quoi ? dit Neo, ne comprenant pas où Neliel voulait en venir.
- Qu'est-ce qu'ils vont en faire ?
- Le garder, je suppose, en prévision du très probable affrontement avec la Novem Katouseiji. Pourquoi es-tu si intéressée ?
- Alors tu crois que le combat est inévitable ? embraya la jeune fille, ignorant la question de son interlocuteur.

Neo ne comprenait vraiment pas où elle voulait en venir. Elle, d'habitude si taiseuse, devenait loquace - bien qu'elle soit toujours aussi mystérieuse.

- Je suppose, répondit-il vaseusement. Mais on a encore le temps. Scot m'a dit que tu pouvais aller retrouver tes amis, alors profites-en. Vous avez sûrement beaucoup de choses à vous raconter.
- Et toi ?
- Je viendrai plus tard. Je ne voudrais pas faire l'intrus dans votre groupe.

Neliel dit simplement « D'accord » puis prit congé, allant rejoindre ses anciens compagnons Gardiens. Neo partit de son côté, incapable de rester en place : il devait marcher pour oublier. L'exercice physique avait l'avantage de vider l'esprit.

***

Yesod et Rin avaient fait le tour des hôtels, trouvant divers prétextes pour obtenir des informations sur un éventuel passage de Crash. L'un des hôteliers dit qu'il pensait bien avoir vu passer un homme aux yeux ambres, mais qu'il ne saurait pas en dire beaucoup plus. Rin ayant obtenu ces informations, Yesod loua la même chambre pour la nuit suivante. Malgré le passage de la femme de ménage, il resterait peut-être une trace de son passage ou un quelconque indice.

- Nada ! annonça la jeune femme qui avait fouillé la salle de bain.
- Rien ici non plus, répondit la plus âgée des deux femmes. Il a fait attention à ne pas laisser de traces.
- Qu'est-ce qu'on fait, alors ?
- Je propose qu'on reste ici encore une nuit.

Rin trouva étonnant que la leader du duo "propose" mais ne releva pas.

- Après tout, il ne pourra pas quitter le pays : les lignes aériennes et maritimes sont discrètement surveillées. Ou alors il devra se faire faire un faux passeport.
- Comment va-t-on le retrouver, alors ?

Yesod resta pensive puis dit simplement :

- On continuera à le pister.
- Mais on a fait tous les hôtels et on a rien trouvé !
- Je ne sais pas comment Nagama-sama s'est procuré des informations sur une organisation comme la Cognatron qui n'avait aucun dossier, mais il sera furieux si avec toutes ces infos, on arrive encore à rentrer bredouilles.
- D'accord... murmura Rin.

Elle se laissa tomber sur l'un des lits et Yesod la regarda d'un air vide quand soudain elle dit :

- Rin.
- Oui ?
- Regarde sur quoi tu es allongée.
- Un... lit ? dit-elle, ne sachant pas ce que sa partenaire attendait comme réponse.
- Pourquoi Crash aurait-il loué une chambre avec deux lits ?

C'était pourtant évident : ils n'avaient rien trouvé parce que Crash n'était pas venu là. Il manquait de moyens, alors pourquoi aurait-il pris la peine de gaspiller de l'argent ainsi ?

- Ce n'était pas Crash, conclut Yesod.
- C'est encore pire, alors ! S'il n'est pas allé dans un hôtel... Où est-il allé ?
- Il n'est pas assez bête pour être retourné au manoir. Attend, ordonna-t-elle tandis qu'elle fouillait dans son sac.

Elle en sortit un fichier beige qu'elle ouvrit. A l'intérieur, une série de documents inintéressants. Celui qu'elle voulait voir, c'était l'acte de propriété du manoir. De fil en aiguille, elle découvrit l'existence de deux autres propriétés possédées par la même personne : une cathédrale (en ruines, désormais) et une serre. Elle en fit part à Rin qui haussa un sourcil :

- Une serre ? Pourquoi faire ?
- Je n'en sais rien, mais nous n'allons pas tarder à le savoir. Suis-moi.

La jeune fille poussa un soupir discret mais suivit Yesod à l'extérieur.