Lenna : Eh bien, soyons franche. Je ne sais pas définir l´amour.
JP : C´est une définition pourtant assez simple.
Lenna : Eh bien, donnez-la moi, Jean-Pierre, puisque vous êtes si fort !
JP : L´amour est une donnée de l´esprit. C´est-à-dire un court-circuit sensitif qui rentre dans l´oeil, éclaire une partie déterminée d´une des deux hémisphères de votre cerveau, et qui prend le temps de mûrir dans votre organisme. Comme un frisson, le cerveau distille les informations du court-circuit à travers tout le corps si bien que l´on peut devenir fou, oui, fou d´amour. Maladie terrible pour le genre humain mais et qu´on n´est pas prêt de guérir. J´avoue cependant que le stade de la folie, en matière d´amour, n´arrive que dans les cas les plus irréversibles car souvent, la distillation à travers le corps ne s´accomplit pas avec toute l´efficacité d´une tumeur de la rate. Bien souvent, en particulier chez les mâles, l´électricité ne parcoure que le tronc et le bassin, trouvant sa limite dans les testicules. C´est aussi ça, l´amour. Et c´est l´amour le plus répandu. Celui qui fait plus mal à la bite qu´au cerveau lorsqu´il disparaît. Le malheur en amour, c´est quand la victime aimée a le malheur de ne pas vous aimer en retour, c´est-à-dire, pour que vous compreniez mieux, que le courant ne passe pas, que la liaison satellite entre les deux masses corporelles - qui peuvent être femme-homme, femme-femme, homme-homme, castor-femme, etc... - est inactive et, parfois, n´a aucune chance de devenir active un jour. C´est terrible car pour le bourreau aimant, la rupture de courant ou l´absence de courant qui caractérise sa non-relation avec l´être qu´il désire - désir, c´est-à-dire sentiment chimique visant à vouloir nettoyer les amygdales de la victime aimée - peut être pour lui l´amorce d´une phase terminale qui le mène à la folie, voire à la mort. On peut ainsi établir les véritables raisons des multiples tentatives d´autodestruction que l´on trouve chez de nombreux adolescents et adolescentes. Ouverture des veines, prise excessive de cachets rose bonbon, auto-noyage dans le jacuzzi de maman, ou pour plus de finesse, étouffement de la tête après l´avoir coincée dans le fond de la cuvette des chiottes et avoir actionné la chasse d´eau, pendaison dans la salle de bain, éclatement volontaire du crâne contre le miroir des vestiaires, électrocution au grille-pain, automutilation progressive - un grand classique ! -, grève de la faim, de la soif, du travail, du sommeil, grève de la vie en somme. Et les adolescents sont réputés pour avoir de l´imagination en matière de suicide - processus chimique d´arrêt personnel et volontaire des fonctions vitales de l´organisme -. On trouve des cas de morts désirées également chez certains poissons, et autres animaux pensants tel que les bibliothécaires, souvent vieilles filles, ou les professeurs de mathématiques. Mais ce qui est remarquable - c´est-à-dire à remarquer - c´est lorsque la liaison électrobionique s´établit entre bourreau et victime qui, dès lors, intervertissent leurs rôles et deviennent égaux, victime devenant bourreau, et vice et versa. Dès cet instant, c´est un jeu à la Touché-Coulé qui se met en place. Celui qui mettra l´autre plus au-dessus que l´un remportera la partie de l´amour. Cela peut durer, voire se détériorer. Mais on n´atteint finalement l´amour véritable que lorsque ce jeu prend fin et que, avec toute la scientificité possible, on se satisfait, on se nourrit, on vit, et on aime vivre, avec la certitude que la présence géométriquement déterminée de la masse corporelle de l´autre, sa viande en quelque sorte, est active. Si ta présence est ma présence, alors nous ne formons qu´une seule présence, tout en demeurant indépendants et chimiquement différenciés. Voilà ce qu´est, non-exhaustivement, l´amour.
Lenna : C´est ce que vous appelez "une définition pourtant assez simple" ?? ?
JP : N´importe quel présentateur de télévision la comprendrait sans problème ^^ !
- FIN DU FLASH BACK HYPOTHETIQUE *
Lorsque Lenna se réveilla, elle perçut des formes écarlates qui remuaient au-dessus de sa tête. Il lui fallut peu de temps pour se rendre compte qu´il s´agissait de...
à vs!