On joue, on joue encore, on joue toujours et cela jusqu'à l'épuisement. Le mieux placé pour répondre à la question « qu'est-ce qu'un jeu ? » semble être le joueur averti, voire le « hardcore gamer », mais quelle déception quand beaucoup se contenteront de seulement pointer du doigt une pile de jeux auxquels ils auront joué.
Partir des jeux vidéo, comme objets finis, desquels on va extraire une définition satisfaisante est une méthode difficile, étant donné que les genres sont très divers et que la production est abondante, et souvent problématique, car il faut être capable de repérer, avant même de s'être muni d'une définition, que certains objets sont des jeux vidéo... On peut alors partir d'une définition, d'un ensemble de règles minimum pour être sûrs qu'on ait bien affaire à un jeu, mais là encore la tâche n'est pas aisée. Du son, de l'image, des interactions homme / machine, un écran, une dimension «ludique» (quelle blague le mot est de la même famille), des règles qui contraignent et délimitent l'activité...
Le débat s'ouvre ici sur un dialogue entre Socrate (CdV) et Mario (Usul) qui tentent de traquer ce qu'est le jeu vidéo. Qu'est-ce qui se passe quand on passe du jeu de rôle papier, du jeu de plateau au jeu vidéo, qu'est-ce qui change quand on joue un rôle dans la société, un rôle au théâtre ou un rôle dans un jeu de simulation ? Joue-t-on encore dans le cadre d'une compétition ? C'est bien le problème du jeu vidéo : le terme « jouer » est polysémique, et les jeux vidéo exploitent plein de dimensions de ce « jouer » si bien qu'au final on a du mal à le saisir. Les anglais ont quant à eux deux termes pour le « jeu » français : « play » et « game », d'où les notions de « Game studies » et « Play studies ». A-t-on là une piste satisfaisante pour évaluer le statut du jeu vidéo ?