Ceux qui accusent le jeu vidéo d'être un média violent n'ont simplement pas su où diriger l'œil. Il suffit pourtant d'admirer la beauté pure d'Aquaria et la générosité sans limite des perles indépendantes pour y voir un média pacifiste, si ce n'est artistique. Aquaria transmet des émotions rares et transpire la passion de ses créateurs. Quoi d'autre à prouver ?
Développé par les américains Alec Holowka (musique) et Derek Yu (game design, graphisme) du studio indépendant Bit Blot, Aquaria est publié en 2007 sur PC et 2011 sur iPad. En 2010, les développeurs décident de partager le code source du jeu afin de permettre à la communauté de mettre la main à la pâte. Aquaria est sans aucun doute l'un des plus encensés des jeux indépendants, et il gagne d'ailleurs le prix du jeu de l'année à l'IGF 2007.
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Il faut savoir que le chef d'œuvre de Bit Blot s'axe principalement sur la contemplation. On est complètement lâché dans un monde sous-marin, « Aquaria », et c'est à nous de découvrir l'histoire de Naija, la naïade que l'on contrôle, au fil de l'aventure. La narration est donc la tête de proue du jeu, au même titre que l'ambiance aquatique, tout bonnement hors du temps. Du genre action-aventure mais surtout exploration, Aquaria s'inspire grandement du level design à la « Metroidvania ». Il faut ainsi récolter des capacités pour pouvoir débloquer les entrées du monde, et continuer. Ici, lesdits pouvoirs sont en fait les chants de Naija qui, entonne des séries de notes ayant chacune une capacité spécifique telle que déplacer des objets, invoquer un bouclier, une arme, etc... Car oui, des ennemis sont tout de même présents dans Aquaria, ce qui donne d'ailleurs lieu à des joutes dignes d'un shoot'em up ! Mais, globalement, Aquaria est un jeu qui détend. Nager est d'une telle fluidité qu'on se prend sans difficulté au jeu de l'exploration, en cherchant divers objets qui serviraient à cuisiner, ou simplement en brassant parmi les poissons ou autres cétacés. Il faut dire aussi que le jeu nous y invite, tant sa 2D est réussie. Les décors sont sublimes et les sprites sont presque aussi beaux que ceux d'un jeu Vanillaware. Même traitement pour les musiques langoureuses, mélodieuses, qui prennent aux tripes. Enfin, la voix de Naija, dotée d'un accent britannique du meilleur goût, est à saluer. En jouant le rôle de la narratrice, elle nous accompagne tout du long avec douceur et poésie, ce qui ne dénature pas le moins du monde le crédo de ce merveilleux jeu qu'est Aquaria.