Il est difficile de croire qu'Ico date de 2001. Techniquement, le jeu est sublime. Les animations des personnages débordent de sens, les effets de lumière sont somptueux et les ondulations (tissus, rideaux, robe de Yorda...) sont bluffantes. Les ombres et les textures sont également d'excellente facture, ce qui n'est pas pour nous déplaire. L'immersion dans cet univers médiévo-fantastique est donc totale et est même poussée lors des sauvegardes, où les deux amis font une petite sieste dans un canapé de pierre. L'environnement naturel qui nous est offert fait aussi preuve d'un romantisme prodigieux, tout en restant cohérent. La forteresse perd progressivement son caractère carcéral pour laisser place à des décors plus sauvages, et finalement plus accueillants que prévu. Arbres fruitiers, moulins abandonnés, ruisseaux, cascades et ponts maritimes forment un terrain de jeu digne d'un véritable paradis sur Terre.
Ico est une de ces rares expériences où l'on peut réellement profiter de l'ambiance sonore. Le titre étant foncièrement lent, le moindre son prend le temps de nous caresser l'oreille et d'apporter avec lui la pureté de la nature. Ce sont donc les cris des mouettes, les pépiements des moineaux, la houle des vagues et le bercement du vent qui font presque intégralement la bande-son. Par moments, le plaisir du silence pointe le bout de son nez et les seuls bruits perceptibles sont les appels laborieux d'Ico à sa seule semblable. Il est d'ailleurs agréable de constater que les langues parlées dans le jeu sont toutes fictives et à la frontière de l'abstrait. Enfin, quelques musiques adorablement justes surviennent aux passages les plus propices, telles que la chanson « You were there » composée par Mishiru Ochima.