A la mort de Black Isle, les fans de Fallout auraient bien vu le studio Troika Games récupérer leur licence fétiche. Ils grincent donc des dents lorsqu'elle échoit à Bethesda, promesse d'un troisième volet en 3D temps réel avec vue subjective. Les inquiétudes des fans sont relatives à l'abandon des combats tactiques au tour par tour, aux concessions propres au développement multisupport et surtout, à l'ambiance qui prévaudra dans le jeu. La saga des Elder Scrolls a beau être un modèle en matière de liberté, elle souffre d'un univers générique et quelque peu impersonnel, et surtout d'un ton très politiquement correct qui fait craindre le pire pour Fallout 3. Lorsque le jeu sort le 30 octobre 2008, les fans considèrent que leurs craintes étaient fondées : entre les mains de Bethesda, la licence a perdu de sa substance. A ce titre, il peut être intéressant d'effectuer le parallèle entre la série Fallout et la série Mad Max qui l'a inspirée. L'une comme l'autre trouvent leurs marques dans un premier épisode vite devenu culte, puis culminent dans une suite magistrale et sans concession, pour enfin s'ouvrir à un public plus large à l'occasion d'un troisième volet quelque peu édulcoré.

Fallout 3 propose un gameplay hybride qui emprunte autant à la saga des Elder Scrolls qu'à celle des Fallout : la représentation subjective, le monde ouvert de type bac à sable avec voyages rapides en option et le moteur de jeu (quelque peu vieillissant) sont hérités d'Oblivion ; mais c'est bien le système de règles S.P.E.C.I.A.L. typique de Fallout qui est reconduit, à quelques détails près. Les détails en question concernent l'obtention des talents, que vous gagnez à chaque niveau et non plus tous les 3 niveaux (ce qui rend la progression plus facile), mais aussi la disparition regrettable des traits de personnalité, qui enrichissaient l'expérience de jeu. Mais pour le reste, tout est là. La phase de création, qui vous permet de modeler votre avatar aussi bien sur le plan physique que statistique, se paie même le luxe d'adopter une forme originale: celle d'un tutorial scénarisé qui retrace la jeunesse de votre personnage à l'intérieur d'un abri antiatomique.

L'approche de Bethesda a contraint le studio a résoudre une équation délicate : comment combiner un système de jeu en temps réel avec les combats tactiques au tour par tour typiques de Fallout ? La solution, c'est le V.A.T.S.. Cet acronyme de Vault-Tec Assisted Targeting System désigne une aide à la visée qui permet d'interrompre l'action à tout moment pour cibler une partie précise de l'anatomie d'un adversaire, au prix de quelques points d'action qui se régénèrent avec le temps. Le système, qui rappelle le mode temps réel de Fallout Tactics, donne notamment la possibilité de ralentir ou de désarmer un adversaire. Les combats sont donc plus tactiques que dans un jeu de tir subjectif traditionnel. Même quand vous n'utilisez pas le V.A.T.S., votre réussite ne dépend pas uniquement de votre skill de joueur: vous pouvez manquer un ennemi que vous avez dans le viseur si vous êtes loin de lui et/ou que vous maniez une arme avec un faible score de compétence. Un tir, dans Fallout 3, c'est un jet de dés, ce que certains joueurs ont eu du mal à comprendre, préférant le taxer de mauvais FPS. Les vraies faiblesses du jeu sont à chercher ailleurs.

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