Voici l'histoire telle qu'on la connaît aujourd'hui. Tout commence dans les années 80, lorsqu'un certain Ken Kutaragi (en photo), futur papa de la Playstation, découvre la NES et sa puce sonore assez décevante à son goût. Alors qu'il travaille pour Sony, ce jeune ingénieur propose tout de même à Nintendo de créer une puce destinée à leur prochaine machine 16 bits. Chose qu'il fera dans le plus grand secret et qui rendra le patron de Sony furieux, une grosse colère qui sera finalement dissipée par la perspective des profits qui s'en dégageront. Particulièrement satisfait de cette collaboration, Nintendo propose à Kutaragi un nouveau partenariat qui conduira à la création d'un groupe de travail dédié chez Sony, malgré les réticences du constructeur. L'idée est de développer une nouvelle machine, 16 ou 32 bits, à base de CD-ROM. Plusieurs projets sont évoqués, une machine indépendante ou un add-on à la Super NES. C'est cette dernière idée qui sera retenue.
Mais un premier différent va opposer Nintendo et Sony. Afin de s'assurer de garder le contrôle de la production comme c'était le cas avec les cartouches, Nintendo tient à ce que les CD soient encastrés dans un cadre en plastique, à la manière d'une disquette, Sony préférant un système de cryptage anti-copie. La véritable question qui est en jeu est en fait de savoir qui aura le contrôle et les droits d'exploitation du support. En 1991, Nintendo réalise que le contrat qui le lie à Sony lui force la main : c'est Sony qui aura le pouvoir sur le support de jeu, une situation impossible pour Nintendo qui va subitement tourner le dos à son partenaire, littéralement en une nuit, pour s'associer avec l'autre co-créateur du CD. Nintendo lance Philips sur la piste du SNES CD-ROM pendant que Sony a toujours dans ses cartons la Play Station. Les menaces de procès volent dans tous les sens mais Nintendo promet de négocier avec Sony. Il est en effet impératif pour eux de conserver les droits d'exploitation de la puce sonore qui équipe la SNES. En échange de cette puce, Nintendo propose à Sony de poursuivre le développement de leur Play Station comme machine autonome mais disposant d'un port cartouche Super NES. Sony accepte mais finira par totalement repenser le concept pour l'orienter vers une nouvelle génération de machines pendant que son concurrent se dépatouille avec son projet d'add-on qui ne verra jamais le jour et une Ultra 64 qui n'avance pas. Nintendo aura des raison de regretter d'avoir mêlé Sony à ses affaires.