Le Japon compte 239 910 vraies "salles d'arcade", ou 250 000, si l'on compte tous les endroits où se trouvent des bornes, même s'il ne s'agit que d'un ou deux jeux d'arcade.

LES TYPES DE GESEN :

A-Les GéSen indépendants (espèce en voie d'extinction) :

a--Dagashi-Ya GéSen : petit café proposant des sodas nippons, aux couleurs fluo, et des sucreries et comportant une série de bornes d'arcade. Ces cafés minuscules étaient très à la mode il y a une vingtaine d'années. Ils sont gérés en famille et ne se trouvent plus désormais que dans des coins reculés du Japon, où ils constituent souvent la seule attraction locale pour les ados du coin. Certains sont équipés de petites bornes d'arcade avec une table basse pour déposer son verre ou son assiette de friandises à picorer tout en se faisant piler une énième fois par le boss de fin de niveau… Certains sont plus orientés "cafés" ou "bars", et s'adressent à une population plus âgée que les adolescents. Le meuble bas ("Cocktail Table") autour duquel s'asseyent jusqu'à 4 clients comporte en son sein la carte-mère d'un jeu d'arcade, et un écran posé au milieu, dont la face est tournée vers le haut et recouverte par une dalle de verre qui sert de table. Sur les côtés, 4 joysticks et boutons de contrôle sont présents. Tout en discutant, les clients peuvent jouer, l'image du jeu s'affichant à l'envers suivant l'endroit où est situé le joueur. On n'y trouve généralement que des jeux ultrapopulaires, mais qui remontent à quelques années.

b--Mini-GéSen : petite salle (5 à 10 bornes) indépendante, gérée souvent de façon familiale. Face à la concurrence des GéSen géants, elles s'en sortent soit parce qu'elles sont dans des coins éloignés du Japon où la concurrence n'existe pas, ou soit parce qu'elles ont un public d'adolescents fauchés, à qui elles proposent des parties à 20 ou 50 ¥/env. 0,15 à 0,30 € au lieu des habituels 100 ¥/env. 6,35 €. Les jeux ne sont pas aussi dinosaures que ceux des Dagashi-Ya, mais les plus récents doivent avoir au moins un an de retard sur l'actualité arcade. Là encore, il s'agit d'un style de salles en disparition, les enfants de la famille ne voulant pas reprendre l'activité de leurs parents, devenue économiquement très peu rentable. D'autres petites salles indépendantes existent, souvent situées dans les centres commerciaux un peu à l'écart, ou dans des parcs d'attractions. Les prix sont souvent de 10 yens la partie, et les jeux datent d'il y a quelques années.

c--Les business pour qui l'arcade n'est pas une source principale de revenu, ou n'est qu'un service rendu à leur clientèle : il existe au Japon une multitude de sociétés qui proposent des bornes d'arcades aux bambins de leurs clients, et accessoirement, qui leur procurent une source de revenue supplémentaire. Il s'agit des bornes placées dans les hôtels ou les Ryokans (auberges traditionnelles nippones), dans le hall de certains immeubles, dans des aéroports ou des supermarchés. On en trouve aussi dans des endroits plus insolites comme sur des bateaux reliant les petites îles japonaises aux îles principales, pour occuper les plus jeunes pendant la traversée ou dans certaines stations de ski… Ces bornes d'arcade jouent alors le rôle de nos baby-foot ou flippers. Mais elles sont souvent cantonnées aux plus jeunes et d'habitude, il y a rarement plus d'une machine ou deux.

Certains "parloirs", comme les Japonais les appellent, de Pachinko/Pachi-Slot proposent à leurs clients des jeux d'adresse ou de hasard faisant gagner des jetons, qui permettent de faire de nouvelles parties. Le Pachinko est un jeu qui a mauvaise réputation au Japon,car les Japonais en deviennent rapidement "accros" et qu'il a mauvaise réputation à cause de ses liens avec la pègre nippone. Les gangs de Yakuzas d'origine coréenne, plus violents que leurs homologues japonais quand ils se sont formés au Japon, contrôlent désormais le business très rentable des Pachinko. Le joueur de Pachinko doit essayer de diriger une bille de métal dans un enchevêtrement de clous pour la faire tomber au bon endroit. Le seul moyen de la contrôler est de doser la force avec laquelle la bille est projetée. A première vue, cela paraît impossible à contrôler, et le hasard semble jouer un rôle prédominant, mais il existe de nombreux "joueurs professionnels" de Pachinko, qui ne vivent que de cela. En effet, contrairement aux Medals Game des jeux d'arcade, qui font gagner des jetons que l'on ne peut utiliser que pour jouer à nouveau, le Pachinko (ou le Pachi-Slot, sa version plus moderne proche d'un jeu vidéo) permet de gagner des espèces sonnantes et trébuchantes. Les billes d'acier remportées sont échangées contre des pacotilles inutiles. Mais il suffit de sortir d'un Parloir de Pachinko et de faire moins de 3 minutes à pied pour trouver une échoppe minuscule qui vous échangera vos objets contre de l'argent liquide. C'est parfaitement illégal, et tout le monde est au courant. Mais le système fonctionne, car les apparences sont sauves, et tout le monde y trouve son compte, tant les clients que les forces de Police locales, discrètement rémunérées par les "Yâ-San" (Yakuza).

B-Les réseaux de GéSen :

a--Les GéSens dirigés par des entreprises qui mettent à leur tête des managers devant rendre des comptes est la direction qu'a pris le monde de l'arcade. Ces chaînes sont désormais principalement contrôlées par les grands éditeurs de jeux vidéo d'arcade (Sega Sammy, Konami, Bandai Namco, Square Enix Taito). L'acquisition d'un réseau de GéSen par les éditeurs de jeux d'arcade s'est faite tardivement, mais elle s'est révélée capitale. D'une part, elle leur donne un contrôle total sur toute la chaîne économique, depuis le développement du jeu jusqu'à la vente d'une partie, au consommateur. D'autre part, cela leur a permis de faire rentrer le GéSen dans les moeurs, de lui donner une respectabilité en créant des espaces de jeux fun et propres, à coups de milliards de yens, dans lesquels les enfants aussi bien que les jeunes femmes peuvent s'amuser sans crainte, quelle que soit l'heure de la journée. C'est Sega et Namco qui ont commencé à réfléchir sur l'intérêt de disposer de leur propre réseau de GéSen et, malgré les investissements massifs, à en créer. Au départ, il s'agissait d'une raison purement économique : avoir ses propres salles permettaient de faire des tests grandeur nature ("Loké", voir la partie sur les jeux dans ce dossier) des nouveaux jeux d'arcade par encore sortis afin d'avoir une idée des réactions du public dans différentes parties du Japon. Faire de tels tests dans ses propres salles d'arcade permet d'éviter que des informations aussi capitales que des bugs éventuels ou la recette rapportée par chaque borne en une journée ne se retrouvent chez les concurrents. On dit que le Président de Taito en 1987, a été mortifié de devoir s'incliner devant celui de Namco pour lui demander la permission de mettre en "Loké Tésuto" son Ninja Warriors dans un des GéSen contrôlés par cet éditeur, car Taito n'avait pas de GéSen. Après cet épisode, Taito commençait à créer son propre réseau de GéSen.

Les réseaux actuels de GéSen contrôlés par des éditeurs de jeux :

Sega Sammy :

-Sega : de nombreuses chaînes de GéSen portant différents noms dont Sega World et Club Sega

-Sammy : Amusement Services

Namco Bandai :

-Namco : De nombreuses chaînes de GéSen portant différents noms dont Play City Carrot, -Namco Land, Purabo...

-Banpresto gère aussi de nombreux GéSen dans l'archipel, sans qu'ils utilisent un nom commun

Square Enix Taito :

-Taito : Taito Station, Taito Inn, Say Taito...

Capcom :

-Plaza Capcom, Capco Circus, Nickel City...

Atlus :

-Tairiki Mû, Game Panic...

Konami :

-Chiruko Polt

b--Quelques entreprises privées continuent à gérer des GéSen. La plus connue, car elle fait partie des pionniers avec l'ouverture d'une salle à Shinjuku en 1971, est Adores. Les petits réseaux ne contrôlent souvent que quelques salles, et n'ont qu'une couverture régionale.