Il est surprenant de constater que le jeu techniquement le plus abouti présenté au X05 soit un titre qui ne sortira que courant 2006. Après s'être présenté depuis l'E3 comme un jeu d'action plutôt musclé et nerveux, Gears Of War tenait à nous montrer une autre facette de sa personnalité, car sous des dehors de brute se cache une âme sensible et délicate. C'est un niveau évoquant un mélange entre Doom 3 et Resident Evil que nous a dévoilé Epic dans une démo privée, un niveau qui ne sera pas unique en son genre et qui nous apprend que celui que l'on prenait pour un bon gros shooter qui tache saura jouir d'une mise en scène efficace. Démarrant dans une forêt sous un orage violent, cette mission d'exploration fleure bon la paranoïa. Quelles sont ces formes que l'on aperçoit à peine lorsqu'un éclair zèbre le ciel ? Formes accompagnées de bruits inquiétant qui, immanquablement, proviennent de cette sorte d'ancienne usine que l'on est précisément chargé d'inspecter. Les abord sont pourtant calmes, de même que l'intérieur, quoique... Une forme s'agite et soudain, la caméra jusque là gentiment posée sur votre épaule fonce droit devant pour vous montrer un cadavre peu avenant. Il ne faudra pas longtemps avant de tomber sur les responsables du carnage contre lesquels va s'engager un affrontement corsé à travers les couloirs de cette fabrique. Combat qui se prolongera sur un circuit de fonderie. Une séquence éminemment linéaire puisque vous serez placé dans un réceptacle à métal fondu posé sur des rails.
Gears Of War emprunte de multiples artifices afin de créer l'ambiance et de se donner un style très cinématographique. En dehors des inévitables petits scripts, on apprécie surtout les jeux de caméra. Comme le fait King Kong dans un genre très différent, le passage de l'action aux cut-scene se fait avec une grande transparence, même si des effets dramatiques sont fréquemment ajoutés. Dans le cas présent, leur but était de souligner le caractère horrifique des découvertes macabres.
Epîc fut bien inspiré de dévoiler ce nouvel aspect de son jeu quand justement l'un des seuls points d'inquiètude à son propos pouvait se nicher dans une action à la nervosité outrancière. Mais cette courte démo axée sur l'ambiance est également une bonne occasion de constater les progrès réalisés par les développeurs. Ainsi, le moteur, toujours aussi sublime, du jeu semble-t-il s'être débarrassé du frame rate chaotique qui sautait aux yeux à l'E3. Gears Of War reste en ce qui me concerne, le véritable porte parole technique de la Xbox 360 et très certainement un hit en puissance, même si on peut déjà parier que nous pleurerons tous sur son level design et son gameplay linéaire... Oui, on se plaint déjà.