Une fois n’est pas coutume, nous ne commencerons pas par commenter les différentes valeurs de framerate obtenues par cette Radeon VII. Nous nous intéresserons plutôt aux données environnementales qu’elles dégagent (consommation, nuisances sonores), notamment parce qu’elles nous ont surpris à plus d’un titre.

Il est toujours difficile de poser un avis tranché sur une carte graphique qui vient d’être lancée sur le marché, et ce n’est pas les résultats environnementaux de la Radeon VII qui vont nous aider dans cette optique, puisqu’il y aura une bonne surprise, ainsi qu’une très mauvaise. Partons sur la bonne, qui concerne la consommation. Comme nous vous le disions précédemment, AMD avait peu communiqué sur cet aspect, et dans ce milieu, un silence équivaut généralement à un aveu de faiblesse. Considérant les hausses de fréquences, et les spécifications de la puce, nous nous attendions à une consommation assez proche de la Radeon 64. Elle sera en fait nettement meilleure, la Radeon VII exigeant en charge environ 260 Watts, tandis que la Radeon 64 pouvait exiger jusqu’à 296 Watts.

Un représentant de NVIDIA vous expliquera que c’est évidemment beaucoup trop, une RTX 2080 Founders Edition réclamant autour de 235 Watts à son plus haut, un chiffre qui passe à 209 Watts si l’on parle d’une RTX 2070 overclockée (Attention spoiler : la Radeon VII se situe entre ces cartes en termes de performances). Cependant, il faut voir d’où l’on part : La Radeon 64 affichait une consommation supérieure de 60% à la GTX 1080, pour des performances légèrement inférieures. Dans ce nouveau duel, les Radeon VII et RTX 2070 OC ne sont plus séparées que par un écart de 25%. Chacun jugera de l’impact qu’il donnera à ce critère, mais l’amélioration de la finesse de gravure a visiblement permis de faire quelques économies.

Mais tout n’est pas rose pour autant : si la Radeon VII efface une partie du retard d’AMD en matière d’efficacité énergétique, elle atteint des niveaux de nuisances sonores qui restent incompréhensibles à nos yeux, sur un lancement, et pour un produit aussi onéreux. C’est d’autant plus une surprise, que vu de l’extérieur, les caractéristiques du système de refroidissement de la Radeon VII semblaient solides : un large dimensionnement du bloc à ailettes, une triple ventilation pour aérer le tout… Et pourtant… La Radeon VII envoie 58 dBA selon notre protocole de test. Pour vous donner quelques éléments de comparaison, c’est 1 dBA de plus que la Radeon 64 qui était déjà catastrophique à ce niveau-là, mais qui disposait d’un système type « Blower ». Quant à la concurrence, une RTX 2080 Founders Edition ne dégage que 45 dBA en charge quand un modèle de RTX 2070 OC de chez Zotac, avec triple ventilation, descend à 43 dBA.

Ces chiffres sont d’ailleurs parfaitement en ligne avec la vitesse de rotation des ventilateurs associée à ces cartes : côté NVIDIA ou Zotac, on tourne grosso modo autour des 2000 rpm. Les turbines de la Radeon VII s’activent quant à elle à hauteur de 2900 rpm… CQFD. Et il y a pire : cette débauche d’énergie ne conduit même pas à des températures de fonctionnement du GPU particulièrement basses : à peine 77°C en charge et en boitier fermé. Ce sont là les températures de fonctionnement des GPU des RTX 2080 de référence, quand les modèles partenaires peuvent descendre bien en dessous des 70°C.

De deux choses l’une : soit la puce Vega 20 chauffe outrageusement, et le problème risque de perdurer sur les cartes que préparent des partenaires comme Asus ou Sapphire. Soit c’est le système de refroidissement qui est en mal d’efficacité, et c’est alors la stratégie de lancement d’AMD qui nous échappe. Car à quoi bon travailler sur une puce graphique compétitive, si c’est pour l’affubler d’une enveloppe qui va la desservir… NVIDIA a compris depuis plusieurs années que la puissance et les technologies déployées par un GPU sont aussi importantes que l’écrin dans lequel il va prendre place. Et c’est d’ailleurs ce constat (entre autres raisons) qui a conduit la marque à peaufiner ses designs Founders Edition. Avec la Radeon VII, impossible de vous la conseiller sur la base de ces prestations environnementales, alors que ses performances s’avèrent tout à fait honorables. On pourra bien sûr arguer que les modèles partenaires seront plus aboutis… Mais peut-on en être sûr ? Non… Il faut attendre, et dans cette période, les consommateurs garderont cette image d’une carte performante, mais trop bruyante, ou qui chauffe trop.