C’était l’un des points importants que nous avions relevés lorsque nous vous avions présenté dans le détail les nouvelles cartes RTX dans leur version Founders Edition : elles ont su conserver une indéniable qualité de construction, tout en reprenant à leur compte de nombreux arguments qui étaient auparavant l’apanage des modèles partenaires : système de ventilation axial, et overclocking d’usine notamment. De ce constat, une question émergeait : comment les Asus, Zotac ou MSI allaient-ils pouvoir justifier le supplément d’investissement qu’ils demandaient jusqu’à présent pour leurs produits customisés par rapport aux cartes officielles ? Nous allons tenter de trouver quelques éléments de réponse en étudiant de plus près le cas d'une GeForce RTX 2080 XRL8 OC Twin Fan signée PNY…

Et d’entrée, attaquons immédiatement le point qui nous a le plus chagriné : la fréquence de fonctionnement. Selon les informations que nous ont communiqué les équipes PNY, la RTX 2080 OC XLR8 Twin Fan est donnée pour une fréquence boost de 1815 MHz, soit un overclocking d'usine de 15 MHz par rapport à une RTX 2080 FE. C'est peu... Au point que l'on avait quelques doutes sur l'impact réel de ce bonus sur les performances. Deux jours d'essais plus tard, nos doutes se sont vérifiés, et plutôt deux fois qu'une : selon nos mesures, notre XLR8 OC tournait à 1849 MHz en moyenne, contre 1888 Mhz pour notre modèle Founders Edition.

Et très logiquement, les performances en jeu des deux cartes reflètent cette hiérarchie sur nos jeux de référence : elles se tiennent dans un mouchoir de poche, avec un léger avantage (1%) pour la carte de NVIDIA. Sur des titres plus récents, même musique : la XLR8 se fait presque toujours devancer, de très peu, mais la tendance est bien là. Enfin, on note que cette différence de fréquence se reporte également sur la capacité d’overclocking. Si la marge reste confortable dans le cas présent, avec une valeur overclockée et stabilisée de 1990 MHz, on reste en deçà des résultats obtenus sur la carte NVIDIA (2010 MHz, pour mémoire).

Nous sommes donc dans une situation où une carte custom qui est censée offrir 15Mhz de plus qu'un modèle Founders Edition sur le papier, se retrouve finalement avec 40 MHz de moins en pratique. Etonnant ? Pas tant que cela. Rappelons que les fréquences Boost des GPU NVIDIA sont sujets à des variations, qui dépendent du process du fabrication. Et par exemple, nos confrères de 01.net avaient testé un exemplaire de RTX 2080 FE légèrement moins performant que le nôtre. Certes, PNY aurait pu pousser son overclocking afin de sortir de cet intervalle de variation des fréquences qui reste intrinsèque aux GPU NVIDIA. Mais la marque au caméléon n'est pas exempt de reproches là dessus, elle qui pourrait décider d'appliquer des définitions plus claires et plus stables en la matière. Quoi qu'il en soit, tout cela fait quand même désordre.

Mais soit… Si la RTX 2080 XLR8 ne se détache pas par ses performances 3D, peut-être aurons-nous plus de chance avec la gestion des nuisances sonores ou des températures ? En tout cas, visuellement, rien ne le laisse présager. Le système de refroidissement est on ne peut plus classique, et se compose d’un large radiateur à ailettes, traversé par 5 caloducs, et relié au GPU par une base cuivre. Différents pads thermiques font quant à eux le lien avec les VRM, et les puces mémoire, et l’ensemble est ventilé par deux turbines de 85 mm de diamètre. Résultat après essais : en pleine charge, la carte de PNY maintient une température de croisière de 76°C, soit 2 degrés de plus que notre RTX 2080 Founders Edition. Quant à la question du bruit généré, la XLR8 est certes moins bruyante au repos, grâce à une vitesse de rotation de ses ventilateurs nettement plus basse (1000 RPM, contre 1500 RPM pour le modèle FE), mais elle se retrouve de nouveau distancée en charge, avec des nuisances mesurées à 48 dBA, contre 45 pour la RTX 2080 FE. Notez que l’on espérait aussi profiter d’un fonctionnement passif au repos : il n’en sera rien. Là encore, cela aurait pu constituer un point de différenciation avec la carte de NVIDIA.

Sans bonus de performances, ou marge d’overclocking supplémentaire… Sans même une gestion des constantes environnementales supérieures, gageons qu’il va être bien difficile de vous recommander ce modèle PNY : son PCB reprend à la lettre le design de référence NVIDIA avec un étage d’alimentation sur 8+2 phases et des sorties identiques sur le bracket arrière. En outre, si l’assemblage des différents éléments est propre, les matériaux de la version Founders Edition font quand même nettement plus qualitatifs : cartérisation plastique contre finition métal, un cache intégré pour le connecteur SLI et une backplate chez un fabricant et pas chez l’autre. Et si l’on ajoute l’absence de logiciel maison pour gérer, par exemple, l’OC ou le rétroéclairage de la bande lumineuse sous le logo, on finit par trouver que le produit PNY manque singulièrement de valeur ajoutée.

En vérité, si l’on met de côté les soucis de fréquences de fonctionnement, cette carte XLR8 met en lumière le problème que risquent de rencontrer de nombreux partenaires de NVIDIA : face à un modèle de référence aux finitions presque parfaites, et doté d’un système de refroidissement efficace, ces derniers vont avoir bien du mal à justifier les suppléments tarifaires qu’ils exigeaient auparavant pour leurs cartes. Dans le cas présent, et compte tenu des arguments que nous venons de soulever, la XLR8 devrait être commercialisée un ton en dessous de la Founders Edition. Or, il n’en est rien : sur les différents sites sur lesquelles on la trouve, la RTX 2080 XLR8 OC Twin fan est affichée entre 850 et 864€, soit un prix très légèrement supérieur à celui d’une version FE (à 849€). Il conviendra de voir si d’autres fabricants peuvent proposer des compromis plus justes, notamment en misant sur des systèmes de refroidissement plus imposants, sur 2,5 ou 3 slots. Mais s’agissant de ce modèle XLR8 OC Twin fan, sa carrière commerciale s’annonce tourmentée, comme sans doute celle de bon nombre de ses concurrentes d'ailleurs.