Précédemment, lorsque nous devions évaluer une nouvelle génération de cartes graphiques, les choses étaient relativement simples : nos différents essais nous conduisaient à certains niveaux de performances qui, une fois comparés à ce qui se faisait sur le marché, nous poussait à vous conseiller ou pas les nouvelles venues. Avec les cartes Turing, les choses ne seront pas aussi tranchées. Ces dernières intégrent nombre de technologies novatrices, faisant appel aux principes d'IA, ou au rendu ray tracing, et ces technologies, si elles paraissent très prometteuses sur le papier, doivent encore faire leur preuve. Si on prend l'exemple du ray tracing, il pousse indéniablement la notion de réalisme graphique un cran plus haut, mais son coût d'un point de vue framerate est particulièrement lourd, si l'on prend le cas particulier de Battlefield V. Cela ne signifie pas que la technologie ne trouvera aucun débouché, mais cet état de fait jouera à coup sûr sur la vitesse avec laquelle les développeurs vont l'adopter.
En contrepartie, l'intégration des coeurs RT et Tensor a un coût direct bien actuel : les GPU Turing n'offrent pas autant de gains que les puces de série 10 en avaient offertes par rapport aux puces de série 9 sur les process de rendu traditionnels. Cela se ressent au niveau de l'efficacité énergétique, et des performances 3D dites "classiques", qui restent cependant en nette augmentation, convenons-en. Le coût est par ailleurs commercial, puisque les nouvelles cartes RTX 2080 et 2080 Ti sont lancées à des tarifs assez élevés : 849€ pour la première et 1259€ pour la seconde. Comme nous vous le disions, la situation est loin d'être simple, et c'est tout le défi de la transition que tente d'opérer NVIDIA.
Voilà pour les grandes lignes. Maintenant, voyons les choses d'un point de vue plus pragmatique : avec un prix de 849€, la GeForce RTX Founders Edition se cale sur le prix actuel moyen des GTX 1080 Ti (entre 700 et 990€, au moment où nous rédigeons ces lignes). Cependant, elle va offrir un système de refroidissement d'excellente facture, des performances un poil rehaussées, une marge correcte côté overclocking, et cerise sur le gâteau : si les technologies qu'elle embarque se trouvent réellement exploitées, ce que l'on espère, elle dispose encore d'un potentiel de progression indéniable, que ce soit en termes de performances (DLSS) ou de qualité d'affichage (ray tracing). Dans l'absolu, nous dirions que vous ne serez pas perdant en misant sur une RTX 2080 plutôt que sur une GTX 1080 Ti aujourd'hui... NVIDIA a plutôt bien joué son coup sur ce modèle. En revanche, cela peut paraitre évident, mais cela va toujours mieux en le disant : si vous possédez déjà une GTX 1080 Ti, et même une GTX 1080, donnez-vous le temps de la réflexion, notamment pour voir comment les nouvelles technologies mises en avant vont être exploitées. De même si vous jouez en 1080p, une RTX 2080 ne vous offrira que peu de plus-value.
Quant à la RTX 2080 Ti... Oui, elle est horriblement onéreuse. Mais c'est malheureusement le lot de tous les produits qui n'ont pas d'équivalent ailleurs : les performances de ce modèle sont aujourd'hui inégalées sur le marché, et elle aussi, a le potentiel d'aller encore plus loin si les technologies nouvelles qu'elles embarquent trouvent un écho chez les développeurs. Par ailleurs, elle propose un vrai gain de performances en 4K, pour ceux qui peuvent se permettre de jouer dans cette résolution élitiste.
Retenez tout de même que ces conclusions constituent bien une première approche, et que les cartes Turing ont encore beaucoup à dévoiler. A ce propos, signalons que si l'on pourra critiquer le fait que cette fois, NVIDIA n'offre pas "plus pour moins", on n'est de notre côté pas mécontent de voir que le constructeur s'engage sur des voies novatrices. Pour un fabricant leader dans son domaine depuis quelques années, ce n'est pas forcément habituel. Espérons que cela soit pour le meilleur.