Nous y voilà : voici le moment fatidique où nous allons découvrir si les faiblesses des premiers Ryzen étaient architecturales, auxquelles cas quelques optimisations process ne seront pas suffisantes pour permettre à AMD de revenir sur les puces Coffee Lake, ou si la firme de Sunnyvale tient réellement une gamme de produits sur laquelle ses équipes vont pouvoir miser sur le long terme.

Il y a plusieurs enseignements à tirer de ce premier match qui rappelons-le, oppose principalement les Core i7-8700K aux Ryzen 7 2700X. Pour commencer, on constate que sur les applications monothreadées, qui nous permettent de mesurer les performances lorsqu'un seul coeur est sollicité, les nouvelles puces d'AMD comblent en partie, voire totalement dans certains cas, le retard que les CPU Ryzen de première génération accusaient sur les puces Intel. Cela augure du meilleur pour la marque de Sunnyvale puisqu'à tarif équivalent, elle propose systématiquement de plus grandes capacités de traitement que son adversaire (plus de coeurs, plus de threads).

Et cette première constatation trouve un écho logique quelques essais plus tard. Avec 2 coeurs et 4 threads de plus que le Core I7-8700K, la puce Ryzen 7 2700X égale sa concurrente dans le pire de cas, et la dépasse largement dans le meilleur. Pour vous donner quelques ordres de grandeur, le "flagship" d'Intel se fait notamment distancer de 17% sous Handbrake, de 39% sous Cinebench, et de 20% sous Corona. Là encore, histoire de vous rafraichir la mémoire, la différence entre Ryzen 7 1800X et i7-8700K était quasiment nulle, si l'on dégageait la moyenne de l'ensemble de nos résultats applicatifs de l'époque. A contrario, aujourd'hui, le Ryzen 7 2700X prend 12% à son concurrent le plus direct.

Évidemment, difficile de nier au vu de ces résultats qu'AMD a fait du bon travail... Pourtant, les efforts produits par la firme ne seront pas le seul levier qui lui aura permis de briller dans cet énième affrontement. En effet, lorsque nous testons de nouveaux processeurs, nous repassons certains produits concurrents sur notre banc de test, afin de vérifier que les hiérarchies établies précédemment n'ont pas bougé pour une raison X ou Y. Une étape de validation visiblement judicieuse, puisqu'elle nous aura permis de noter une baisse générale des performances des processeurs Intel, par rapport à notre dernier relevé de mesure.

Et quoique cette tendance paraisse assez exceptionnelle, elle n'a pas mis longtemps à s'expliquer : nos derniers tests sur la gamme Coffee Lake dataient ainsi de novembre dernier. Or, les failles Spectre et Meltdown sont passés par là depuis, et ont engendré des vagues de correctifs qui sont petit à petit venus éroder les performances des produits Intel. À ce titre, nous vous conseillons fortement la lecture de ce dossier de nos confrères du site Hardware.fr, qui détaille par le menu les implications des différents patches appliqués en contremesure des failles Spectre et Meltdown : en substance, les puces Intel peuvent perdre de 2,5 à 5% de performances, et dans le contexte que nous décrivons ici, c'est loin d'être négligeable.

Ces premières tendances au niveau applicatif vont-elles se répercuter dans le domaine vidéoludique, grande faiblesse des précédentes puces Ryzen ? Absolument ! Là encore, AMD refait une grande partie de son retard, et sur nos tests qui visent à mettre en exergue les limitations que pourraient imposer le CPU sur le GPU, les gains des produits AMD de seconde génération sont flagrants sur des titres comme Watch Dogs 2, Rise of the Tomb Raider ou Gears of War 4. Très logiquement, dans des conditions de jeu plus réalistes, où l'influence du CPU est moins marquée, le framerate dégagé par une configuration à base de i7-8700K est souvent équivalent à celui d'une configuration en Ryzen 7 2700X. Souvent, mais pas systématiquement... Dans certains cas, Intel conserve une légère supériorité. Mais ce nouvel équilibre qui s'est défini entre le 2700X et le 8700K suffit-il pour faire du processeur Intel un choix incontournable pour les joueurs ? Nous ne le pensons plus.

Ainsi, on parle bien souvent d'une différence de quelques FPS en pratique : 87 contre 99 FPS sur Rise of the Tomb Raider, par exemple, un jeu qui représente le pire des cas (et donc, plutôt l'exception). Or, si la différence est là, reconnaissons qu'elle ne modifie pas fondamentalement l'expérience de jeu. D'autre part, des essais complémentaires ont montré qu'une légère augmentation de la fréquence mémoire (tous nos tests ont été réalisés avec une fréquence mémoire DDR4 de 2133MHz) permettra au processeur 2700X de gagner les derniers points de framerate qui lui manquent. A contrario, le Core i7-8700K ne peut profiter d'une marge équivalente, puisque la puce permet déjà d'exploiter pleinement une GTX 1070 ou une GTX 1080. A partir de là, le seul cas où l'intégration d'un i7-8700K pourrait prendre du sens pour un joueur, serait celui d'une association à une carte d'un calibre supérieure, une GTX 1080 Ti. Mais seulement si l'on parle d'une activité vidéoludique centrée sur le 1080p. Or, la GTX 1080 Ti est clairement un produit taillé pour le 1440p, voire le 2160p, et ces résolutions diminueront mécaniquement l'influence réelle du CPU sur le framerate.

EVALUATION DES PERFORMANCES CPU EN STREAMING

	Ryzen 7 1800X	Ryzen 7 1700	Core i7 8700K	Core i7 7700K	Core i9 7900X	Ryzen 7 2700X
The Witcher 3
Battlefield 1
Watch Dogs 2

(Remarque : La qualité de diffusion est notée sur une échelle à 4 niveaux : rouge, orange, vert clair et vert foncé. La couleur rouge correspond à un stream entrecoupé de nombreuses déconnexions et pertes de frame, tandis qu'une couleur vert foncé indiquera une diffusion parfaite)

Au vu de ces résultats, on comprend que le Ryzen 7 2700X sera une plateforme idéale pour qui voudra profiter au mieux de ses jeux, voire les diffuser sur des plateformes comme Twitch. Sur ce plan, i7-8700K et Ryzen 7 1800X proposaient des prestations similaires. Le Ryzen 7 2700X, quant à lui, gagnera légèrement en capacité de stream, grâce aux gains de performances mesurées en encodage vidéo.

Maintenant que le gros du débat est tranché, intéressons-nous quelques instants aux aspects consommation, au refroidissement et aux possibilités d'overclocking. Sans surprise au vu de la hausse de fréquences, la consommation s'envole sur cette seconde génération atteignant 208 Watts sur notre configuration à base de Ryzen 7 2700X. En comparaison, la consommation d'un PC sous i7-8700K reste à 173 Watts. Dans le même esprit, l'overclocking est envisageable, mais la marge de manoeuvre disponible reste similaire à ce que l'on avait connu sur les Ryzen 7 1800X : nous ne sommes pas parvenus pour notre part à monter au-delà de 4250 MHz sur notre exemplaire de Ryzen 7 2700X, lorsque tous les coeurs étaient sollicités.

Enfin, un mot sur le radiateur Wraith Prism. Livré avec le CPU, il aura la capacité de le refroidir afin de ne pas brider ses performances. Pour autant, le fonctionnement de ce ventirad sera loin d'être optimal : vous pourrez ainsi faire une croix sur le mode silencieux, tandis que le mode performance sera réellement bruyant. Quant aux températures mesurées en charge, elles sont assez élevées (jusqu'à 93°C). Dans ce cadre, on vous conseillera plutôt de passer sur un système de refroidissement mieux dimensionné. Attention toutefois : ce qui est valable pour le 2700X ne l'est pas forcément pour le Ryzen 5 2600X, comme vous allez d'ailleurs pouvoir le lire sur la page suivante.