Soyons clair : on ne se lance pas dans la construction d’une borne d’arcade, c’est-à-dire, dans une commande de matériel pour plusieurs centaines d’euros, sans un minimum de précautions, surtout lorsque l’on n’a pas ou peu d’expérience en la matière. Car si le format général parait immuable (un meuble à l’intérieur duquel on va poser un écran, des contrôles, et quelques cartes électroniques), le diable se cache comme souvent dans les détails.
Afin de bien réussir un projet de construction, quel qu’il soit, il convient d’en étudier en amont tous les tenants et les aboutissants. Et s’agissant d’une borne d’arcade, cela va consister principalement à délimiter le périmètre de son utilisation : va-t-on s’orienter vers un modèle large pour deux joueurs, ou s’agira-t-il d’une plateforme qui ne servira que notre propre envie de nostalgie ? Va-t-on se limiter à de vieux jeux, ou doit-on prévoir un système plus polyvalent ? Auquel cas il faudra envisager l’intégration d’un vrai PC comme moteur et d’un écran moderne comme afficheur… Et sans parler des multiples possibilités auxquelles les novices que nous sommes ne peuvent pas penser… Et pour répondre à toutes ces interrogations, il n’y a pas trente-six solutions : il faut se lancer dans la recherche d’informations et de témoignages. Nombreux sont ceux qui sont passés par là avant nous et ont partagé leurs expériences, leurs difficultés et leurs bons plans, avec parfois des tutoriels très détaillés. Pas de quoi transformer un pur néophyte en spécialiste, mais assez pour mettre en confiance quant aux difficultés à venir d’une part, et pour poser quelques bases techniques d’autre part.
Ces recherches, nous les avons menées comme tout un chacun, et parmi nos références préférées, nous vous conseillons cette petite sélection d’amateurs qui vous donnera un bon aperçu de ce qui vous attend : les sites Easyclic-info.com ou AlexCool.app proposent ainsi d’excellents tutoriels afin de se mettre dans le bain. Le premier s’oriente plus sur de l’assemblage d’éléments préfabriqués, quand le second décrit une construction plus personnelle, entre récupération de meubles et utilisation d’éléments personnalisés.
Reculer... Pour mieux sauter
Également, les Forums HSPlay.fr ou Gamoover.net, outre leurs dossiers explicatifs, vous permettront de discuter avec nombre d’amateurs qui ont à la fois de l’expérience, et une envie de la partager. Les acteurs de ces plateformes ont ainsi répondu cordialement à toutes nos questions, même celles qui pouvaient leur paraitre évidentes, quant aux possibilités de chaque système de jeu, des différents contrôles et des différents types d’écrans.
Ce travail de reconnaissance, indispensable, va vous permettre de coucher sur le papier la liste des éléments matériels dont vous aurez besoin afin de monter votre borne : les différents panneaux de bois qui vont composer le boitier, l’écran et ses caractéristiques principales, les boutons, les sticks, les composants du système audio, la plateforme « hardware » et son logiciel de gestion. Rien de bien difficile en apparence, si ce n’est que plus vous entrerez dans les détails, plus les choses se compliqueront. Par exemple, changer la taille de l’écran implique d’adapter celle de la caisse. De même, un panel deux joueurs avec 6 boutons ne demandera pas la même largeur qu’un panel avec deux fois 8 boutons, pour des questions évidentes de place et de confort. Moins évident mais tout aussi réel, le choix de l’environnement faisant tourner vos jeux va affecter directement le choix de l’écran. Un Street Fighter 5 comme un Tekken 6 auront bien meilleure allure sur un afficheur 16/9 récent quand les titres antérieurs à l’an 2000 se contenteront aisément d’un système au format 4/3, LCD ou cathodique. Et ces types d’écrans n’imposant par ailleurs pas le même encombrement, ils pourront aussi influencer le format de la caisse. On tourne un peu en rond, mais en clair, il faut savoir où l’on va et ce à quoi l’on veut jouer. En ce qui nous concerne, on vous recommandera plutôt de réfléchir de l’extérieur vers l’intérieur : d’abord, figer le format de bornes que l’on souhaite, et le nombre de joueurs et de boutons. Et une fois que ces points seront éclaircis, les questions de l’écran et du système embarqué trouveront rapidement des réponses.
Et en voici la preuve avec un cas concret, celui de NOTRE propre projet. Concernant le format, nous avions une idée assez précise de nos besoins : un système pour deux joueurs, intégrant une configuration classique de 6 boutons. La base, comme diraient certains…
Deux salles, deux ambiances, comme on disait à l'époque
En fait, c’est plutôt sur le moteur interne que les hésitations se faisaient plus présentes avec d’un côté, l’envie de Kracou de craquer pour un système puissant et très polyvalent, basé sur un PC ou une console moderne, et de l’autre, la sagesse d’Oliveroidubocal, portée par la nécessité de respecter certaines contraintes budgétaires, en optant pour un environnement qui resterait axé rétrogaming, et qui nous permettrait de jouer dans de bonnes conditions à l’ensemble des jeux consoles et arcade jusqu’à la fin des années 90. Qu’à cela ne tienne ! En bons journalistes curieux, nous avons finalement décidé d’explorer les deux options. Dès lors et vous allez vite le constater, ce dossier va prendre régulièrement deux directions : tandis qu’une partie de nos retours d'expérience seront dédiés à la solution dite « Raspberry Pi » (c’est Oliveroidubocal qui s’en chargera), une autre s’attachera à détailler les péripéties qui ont mené à la construction d’une borne que nous appellerons modestement « Retro MasterRace » (l’œuvre de Kracou). Évidemment, les deux orientations techniques sont assez différentes sur le fond, mais nous vous conseillons de les parcourir comme un tout, afin de mieux vous familiariser avec l’ensemble des éléments auxquels vous allez devoir penser.