Les APU Ryzen feront-ils aussi bien que les CPU Ryzen ? Commençons par répondre à cette question d'un point de vue applicatif, en comparant notamment les nouveaux 2200G et 2400G à leurs adversaires chez Intel en termes de positionnement tarifaire, les Core i3-8350K et i3-8100. Nous nous intéresserons ensuite plus spécifiquement aux performances de la partie graphique VEGA.

A ce propos, rappelons justement quelques éléments précis de contexte. Quelques jours après leur lancement, les Ryzen 3 2200G (4 coeurs / 4 threads) étaient disponibles autour de 100€ avec un ventirad fourni, le modèle Wraith Stealth. Parallèlement, les Ryzen 5 2400G (4 coeurs / 8 threads) atteignaient les 160€ environ, le package comprenant toujours un ventirad. Dans ces zones tarifaires, Intel propose d'abord son Core i3-8100 (4 coeurs / 4 threads) autour des 125€, puis son Core i3-8350K (4 coeurs / 4 threads), autour des 190€, les deux produits étant également livrés avec leur ventirad. Sur le papier, AMD présente déjà un léger avantage : à configuration de coeurs équivalente, les processeurs Ryzen 3 sont moins onéreux que leur concurrent (d'une vingtaine d'euros), tandis que la situation des i3-8350K est encore plus délicate : ils présentent à la fois un déficit de spécification (pas d'Hyperthreading) et un prix plus élevé (là encore d'une vingtaine d'euros) face aux Ryzen 5.

Intel compense-t-il ces positionnements par des performances plus intéressantes ? Oui et non. S'agissant du match qui oppose Ryzen 5 2400G et i3-8350K, la puce d'AMD se maintient au niveau de sa concurrente, et si les chiffres diffèrent évidemment d'un test à l'autre, on reste dans un débat équilibré, avec un écart global de moins de 5% en faveur d'Intel. En ce qui concerne l'affrontement Ryzen 3 2200G contre i3-8100 en revanche, la balance penche beaucoup clairement en faveur d'Intel. Cette fois, le Core i3 l'emporte sur presque tous nos benchmarks, et s'octroie un avantage de performances d'environ 13%.

Cependant, cette supériorité des produits Intel ne sera pas suffisante pour contrer un contexte qui leur sera toujours assez défavorable. En effet, rappelons qu'à l'heure actuelle, les seules plateformes capables d'accueillir les puces Coffee Lake sont des cartes mère basées sur le chipset Z370, le plus haut de gamme dans la hiérarchie Intel. Cela signifie qu'il sera assez compliqué de trouver un support pour son Coffee Lake à moins de 130€, alors que l'on peut trouver des plateformes AM4 très honorables pour 80€. 50€, c'est la moitié du prix d'un Ryzen 3 2200G, et c'est un argument que quelques points de performances supplémentaires vont avoir du mal à contrer.

Parallèlement, signalons que la consommation des puces Ryzen demeure tout à fait contenue, malgré les montées en fréquences appliquées par AMD. On constate par exemple qu'un Ryzen 3 2200G consomme significativement moins qu'un Ryzen 3 1300X, pour des fréquences et une configuration de coeurs équivalentes, tandis qu'un Ryzen 5 2400G est aussi énergivore qu'un Ryzen 5 1400, avec des fréquences pourtant supérieures.

Dernière remarque sur cette partie applicative : la mémoire. On s'y attendait, les processeurs Ryzen sont toujours très sensibles aux fréquences mémoires appliquées. Pour une même puce, selon qu'on l'associe à de la mémoire 2400 MHz ou 3200 MHz, les performances peuvent s'améliorer de manière très significative, sur des tests de compressions ou sur certains traitements comme Frybench ou Cinebench.

Au sortir de cette première session de tests applicatifs, et eu égard au contexte que nous exposions, les puces Ryzen G ressemblent à des coeurs à prendre. Mais les choses vont véritablement s'aggraver pour Intel lorsque l'on va commencer à parler calculs 3D. Si vous vous replongez dans notre récent dossier dédié aux performances vidéoludiques des PC d'entrée de gamme, vous constaterez que les iGP d'Intel (en tout cas, ceux que l'on retrouve le plus communément sur le marché) n'étaient guère taillés pour afficher autre chose que de la 2D. La partie graphique des APU Ryzen, elle, propose des performances qui correspondent à une GT 1030, si l'on prend le cas particulier du Ryzen 5 2400G. Nous vous invitons à consulter les graphiques ci-dessous pour le réaliser, mais l'écart est tout simplement énorme : presque un facteur 3 par rapport au HD 630 d'Intel. Concrètement, cela signifie qu'avec un simple Ryzen G, de nombreux jeux dits "mainstream" (League of Legends, Dota, Diablo III) seront parfaitement jouables avec un haut niveau de rendu, et que l'on pourra commencer à envisager le lancement de certains triple A récents, en échange toutefois de grosses concessions sur la qualité visuelle.

On note simplement qu'à l'instar de ce que nous relevions pour la partie applicative, l'efficacité des circuits VEGA dépendra de la mémoire associée : avec des barrettes certifiées 3200 MHz, on arrive effectivement à se maintenir au niveau d'une carte NVIDIA GT1030. Avec des barrettes moins hautes en fréquences (2400 MHz), on sera 5 à 15% en dessous, selon le moteur de jeu. On restera quoiqu'il arrive très au-dessus de l'expérience d'un iGP Intel.

Enfin, dernier point qu'il convenait de vérifier, l'évolutivité de la plateforme. Qu'il s'agisse du Ryzen 3 2200G ou du Ryzen 5 2400G, ils pourront supporter sans problème une carte graphique externe jusqu'à une GTX 1060, ou une RX 580, si l'on veut rester dans le giron d'AMD. Au-delà, en revanche, la charge que va faire peser le GPU sur le processeur risque de limiter le framerate dans de nombreux cas de figure.