Nous avons déjà longuement et à plusieurs reprises présenté l’architecture Ryzen sur laquelle vont en partie reposer ces nouveaux APU d’AMD. Aussi nous vous renvoyons vers ce dossier si vous souhaitez en avoir une vision détaillée. Ici, nous nous contenterons de pointer les spécificités des nouvelles puces, par rapport aux différents processeurs testés précédemment.
Pour rappel, dans la nomenclature AMD, un APU ou Accelerated Processing Unit est une puce qui embarque à la fois un CPU et un GPU, au sein du même packaging. On notera que techniquement, la grande majorité des processeurs Intel pourrait correspondre à cette appellation, puisqu’ils comprennent également une partie graphique, baptisée iGP, tandis que chez AMD, CPU et APU représentent deux familles de produits bien distinctes. Pour la partie processeur, les nouveaux APU Ryzen s’appuient bien évidemment sur l’architecture Zen en 14 nm que la marque a commencé à déployer en avril dernier. Dans le cas présent, on note cependant quelques choix techniques inédits. Ainsi, l’architecture Zen est considérée par ses géniteurs comme évolutive. Elle repose sur la mise en parallèle de modules CCX de 4 cœurs, chaque cœur étant alors associé à 512 Ko de cache L2 et 2 Mo de cache L3. En sus, un cœur peut accéder aux partitions L3 des autres, ce qui monte à 8 Mo la quantité de cache de chaque CCX. Derrière, AMD n’a plus qu’à dimensionner le nombre de modules CCX, le nombre de cœurs activés, et le système de bus interne les unissant (l'Infinity Fabric) pour composer ses gammes. Par exemple, un Ryzen 7 présente une configuration de deux CCX de 4 cœurs activés, tandis qu’un Ryzen 3 fonctionnera avec deux CCX de deux cœurs activés.
Avec les Ryzen 2400G et 2200G, AMD a pris le parti d'un nouveau compromis technique : ces APU ne comprendront qu’un seul bloc CCX de 4 cœurs. Un choix qui peut s’expliquer par la volonté de ne pas faire exploser la taille du die qui doit respecter le format AM4, tout en intégrant une partie graphique supplémentaire. La précédente configuration aurait impliqué la présence de cœurs désactivés, et donc, de place inutilement gâchée. On peut également arguer qu’AMD sera gagnant sur le dimensionnement de son système Infinity Fabric, dont la bande passante se verra alléger des communications inter-CCX. Et toujours dans un esprit de rationalisation, les équipes de Sunnyvale ont joué sur la quantité de cache L3, qui passe de 2 à 1 Mo par cœur.
En contrepartie de ces choix, AMD propose de nettes montées en fréquence, par rapport aux produits CPU purs : de 300 à 500 MHz, par rapport aux Ryzen 5 1400 et Ryzen 3 1200, selon que l’on parle de fréquence de base ou de fréquence Boost. À ce propos, signalons qu’AMD a fait évoluer sa gestion des fréquences des Ryzen G, passant son outil Precision Boost en version 2. Ce dernier conserve sa granularité de 25MHz, mais élargit le nombre de facteurs susceptibles d’influer sur son fonctionnement, lui permettant d’accroitre sa finesse de traitement. À la clé, on obtient des processeurs qui devraient fonctionner plus souvent et plus longtemps à leurs fréquences optimales.
Voilà pour la partie CPU, mais la grosse révolution des nouveaux APU, et ce qui devrait constituer leur attrait principal, c’est l’intégration d’un circuit VEGA. De prime abord, le choix de cette architecture peut apparaitre comme un choix par défaut. En effet, nous avons pu constater lors de nos tests des cartes Radeon 56 et 64 que si VEGA pouvait se montrer puissante en calcul 3D, cela se faisait au détriment de l’efficacité énergétique. L’architecture d'AMD accusait à ce niveau une bonne génération de retard par rapport à sa concurrente Pascal chez NVIDIA. Or, l’efficacité énergétique est un facteur important dans un APU, puisque ce dernier est soumis à de contraintes strictes de TDP. Cela étant dit, rappelons que nous sommes dans un contexte différent, celui d’un GPU qui n’est plus dirigé vers une puissance optimale, mais vers un compromis d’entrée gamme. D’autre part, les iGP d’Intel offrent si peu de performances 3D actuellement qu’il est fort possible que VEGA puisse trouver un espace d’expression.
Dénomination | Ryzen 5 2400G | Ryzen 5 1400 | Ryzen 3 2200G | Ryzen 3 1200 | Coffee Lake i5-8400 | Coffee Lake i3-8100 |
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Fréquence de base | 3.6 | 3.2 | 3.5 | 3.1 | 2.8 | 3.6 |
Fréquence Boost | 3.9 | 3.4 | 3.7 | 3.4 | 4.0 | 3.6 |
Coeurs physiques | 4 | 4 | 4 | 4 | 6 | 4 |
Coeurs logiques | 8 | 4 | 8 | 4 | 6 | 4 |
TDP | 65W | 65W | 65W | 65W | 65W | 65W |
Tarifs constatés | 160€ | 170€ | 100€ | 110W | 190€ | 120€ |
Quoi qu’il en soit, AMD a choisi deux configurations graphiques différentes, à associer avec ses puces 2400G et 2200G. Le GPU du Ryzen 5 dispose ainsi de 11 CU, et d’une fréquence de fonctionnement de 1250 Mhz, tandis que celui du Ryzen 3 embarque 8 CU et fonctionne à 1100 MHz. À titre de comparaison, la puce Polaris de la Radeon RX 580 regroupe un total de 36 CU. Au-delà des chiffres, nous vous renvoyons vers nos tests des cartes Radeon 56 et 64 pour une approche plus détaillée de l’architecture VEGA, sachant que tout ce qui est valable pour ces cartes l’est aussi pour la partie graphique des APU Ryzen.
Une configuration CPU finalement assez proche de ce que propose les Ryzen 3 et 5 existants, une association à un GPU qui sur le papier, pourrait donner de bien meilleurs résultats qu’un iGP Intel, le tout enrobé dans une enveloppe tarifaire intéressante… Pas de doute, ces APU ont de quoi donner quelques sueurs froides à Intel. Reste à voir ce que tout cela donne en pratique, ce que nous vous proposons de découvrir dans les pages qui suivent.