On entend souvent que les machines dépendantes d’iGP Intel pour la gestion de l’affichage ne sont pas dimensionnées pour le jeu. On a toutefois souvent du mal à en situer les limites exactes. Soyons clairs : elles sont basses, vraiment très basses. A tel point que nous avons finalement été obligé de remonter assez loin dans le temps, pour trouver des titres 3D jouables sur ces configurations.

De par leurs tarifs très accessibles, les ordinateurs d’entrée de gamme représentent une grosse part du marché PC en volume. Et afin de débuter notre évaluation de ces configurations dans un contexte gaming, nous avons décidé de nous rapprocher de cette logique de masse, en commençant par tester les jeux les plus joués actuellement : on parle ainsi d’une dizaine de titres, soit issus du classement que la plateforme Steam publie quotidiennement, soit connus pour être particulièrement fréquentés, comme League of Legends ou Overwatch. Les résultats ont été plutôt décevants : sur notre NUC (Intel Core i3 / iGP HD 620 / 8 Go de RAM), seul LoL parvenait à proposer un framerate supérieur à 60 FPS, en 1080P, et avec un niveau de rendu optimal. Pour les autres, soit ce fameux cap n’était franchi qu’en réduisant drastiquement la qualité visuelle (1/3 des jeux testés, parmi lesquels Dota 2, Overwatch ou Rocket League), soit il n’était tout simplement pas atteignable (Cela représentait un autre tiers des jeux testés). Si l’on descend nos exigences de fluidité à 30 FPS, les choses s’améliorent légèrement, mais pas fondamentalement : des titres comme GTA V, Fallout 4, ou Warframe demeurent injouables. Autant vous dire que dans ces conditions, il n’était pas question de lancer les derniers triple A d’Ubisoft ou d’Electronic Arts, à moins de vouloir enchainer les mesures de framerate à un chiffre.

Histoire d’aller plus loin, nous sommes remontés un peu dans le temps. Nous avons ainsi mesuré les capacités de notre NUC sur de nombreux titres, que nous avons préalablement classés par année de parution. En 2009, par exemple, les joueurs PC ont connu une prériode plutôt riche, avec l’arrivée du premier Risen, du premier Dragon Age, du premier Borderlands, de Drakensang, ou du premier Batman Arkham. Des titres que notre NUC réussissait à faire tourner à peu près correctement en 1080P/30FPS. Le cap des 60 FPS ne pouvait quant à lui être atteint que dans 30% des cas.

Evaluation des performances du NUC NUC7 i3 BNH sur des jeux sortis entre 2009 et 2012

En prenant en référence des jeux appartenant à l’année suivante (2010), la situation se dégrade très fortement : pour prendre quelques exemples, impossible de toucher les 30 FPS en 1080P sur Mass Effect 2, Splinter Cell Conviction, Metro 2033, Prince of Persia : Les Sables Oubliés, ou ArmA II. Et pour ce qui est des 60 FPS, seul Civilization V (parmi 15 titres benchmarkés) les a affichés, avec cependant un niveau de rendu minimal. Bien sûr, on pourrait arguer que ces jeux restent lourds d’un point de vue calculs 3D, mais il convient de signaler qu’ils reposent sur des moteurs graphiques qui ont presque 8 ans, alors que l’iGP de notre NUC est de dernière génération (Kaby Lake GT2, pour rappel).

Comme vous pouvez vous en douter, les résultats que nous avons obtenus sur les années suivantes allaient dans le même sens. A partir de 2012 (année de sortie de Mass Effect 3, Borderlands 2, Far Cry 3 ou Les Royaumes d'Amalur : Reckoning), notre NUC ne faisait plus tourner que les titres ayant réellement de faibles exigences graphiques, comme Torchlight II, Don't Starve, ou Mark of the Ninja.

Evaluation des performances du Acer Spire 5 sur des jeux sortis entre 2009 et 2012

Pour l’instant, vous conviendrez qu’il est beaucoup question du mini PC NUC. Qu’en est-il des autres configurations à notre disposition ? Eh bien, leurs possibilités se sont inscrites dans la même ligne. Notre tour à base de CPU i7-4770K et de circuit Intel HD 4600 a par exemple montré ses limites en 30FPS/1080P dès que nous avons abordés des jeux de 2010. Des résultats qui n’étaient pas surprenants, dans la mesure où le nombre d’unités de calculs dédiées à la partie graphique est significativement moindre, par rapport à un iGP Kaby Lake GT2. Quant au cas du portable Acer Spire 5, il est plus intéressant. En effet, sur le papier, cet appareil dispose d’une puissance brute équivalente au NUC : Core i3 7100U / iGP HD 620 contre Core i5 7200U /iGP HD 620. Cependant, le portable d’Acer a fait montre de performances en retrait par rapport au petit PC de bureau. Une partie de cette différence a pu être corrigée, et s’explique par les profils d’alimentation, qui n’impliquent pas les mêmes fréquences de fonctionnement sur desktop et portable. Dans ce dernier cas, un profil « équilibré » conduit à une limitation de la fréquence de l'iGP, alors que la même dénomination se traduit par une fréquence maximale sur NUC (soit 1,1 GHz). Egalement, la bande passante de l’iGP est divisé par deux sur portable, la faute à l’intégration d’un bus 64bits, là où l’iGP du NUC profite d’un bus 128 bits.

Evaluation des performances de la carte NVIDIA GT710

Enfin, il reste un cas de figure à passer en revue, celui du PC équipé d’une carte graphique NVIDIA GT710. Là encore, d’instinct, on aurait tendance à imaginer qu’une carte graphique dédiée est gage d’une certaine puissance graphique. C’est d’ailleurs sans doute ce qu’espère vendre les enseignes, qui commercialisent ce type de machine. Il n’en est malheureusement rien, et pire, la démarche est parfois contre-productive. En moyenne, les capacités d’une GT710 à traiter des jeux 3D recoupent celles de notre couple i7-4770K / iGP HD4600. Et dans bien des cas, il vaut mieux avoir un iGP Intel de génération récente, qu’une carte de ce type. Dans bien des cas, mais pas dans tous. En effet, on conviendra que les iGP, comme les cartes GT de NVIDIA, trouvent rapidement leur limite, lorsqu'ils sont confrontés à des calculs vidéoludiques. Toutefois, les limitations ne se manifesteront pas toujours de la même manière.

Par exemple, et comme nous le soulignions plus haut, une carte GT710 dispose d’une mémoire dédiée, et de certains avantages sur les opérations de traitements des textures ou de rastérisation, par rapport à un iGP HD620. A contrario, le circuit Intel présente une bande passante plus importante. Dès lors, les performances en jeux pourront être favorisées sur l’un ou l’autre des systèmes, en fonction de la sensibilité des moteurs de jeux à tel ou tel critère technique. Pour vous donner un exemple concret, notre NUC Intel était par exemple largement devant ses concurrents sur League of Legends, mais se trouvait nettement dépassé par notre configuration en GT710 sous Assassin’s Creed 2. Dans le même esprit, on notera également que le support des puces d’entrée de gamme dans un cadre gaming n’est pas toujours aussi fiable que celui proposé par les pilotes Radeon ou GeForce. Ainsi, il n’est pas rare de tomber sur des bugs ponctuels d’affichage, voire, sur des impossibilités de démarrer un jeu, d’un système à l’autre.

Vous l’aurez compris, lorsque l’on parle de machines d’entrée de gamme, la pratique du jeu vidéo est évidemment un problème. Non seulement il est impossible d’y faire tourner les derniers jeux du marché, mais des titres qui datent parfois de 6,7,8 ans ne sont pas mieux lotis. Maintenant, la question est de savoir si l’on peut s’affranchir plus ou moins facilement de la faiblesse des performances 3D de ces machines. Ce sera tout l’objet des deux prochains chapitres de ce dossier, qui vont traiter des solutions matérielles et logicielles pour améliorer les choses.