C'est maintenant entendu : si les cartes Vega sont bien au niveau de performances attendues, c'est au prix de compromis techniques qui sont difficilement acceptables dans l'état actuel du marché. Toutefois, en parallèle du développement de Vega, AMD a apporté pas de mal de modifications sur son offre logiciel, et il convenait de voir si ces dernières pouvaient peser positivement dans la balance.
Commençons par l'outil Wattman, qui permet de pousser les cartes Radeon au-delà de leurs limites d'usine. ce dernier, qui est maintenant pleinement intégré aux pilotes Radeon Crimson, autorisera l'utilisateur à modifier la fréquence mémoire, la fréquence GPU, la régulation de la ventilation, les tensions appliquées au GPU, ou les limites de consommation. Par contre, impossible de toucher à la température de consigne maximale du GPU, qui restera fixée à 85°C.
On ne va pas s'étendre bien longtemps sur le cas de la carte Vega 64 : pour les raisons abordées sur la page précédente, la carte n'offrira aucun gain de performances tangibles, lorsque l'on poussera ses paramètres de fonctionnement. Elle sera limitée soit par sa température de consigne de 85°C et la faible efficacité de son système de refroidissement, soit par sa limite générale de consommation. Le seul moyen d'obtenir quelques améliorations consiste à diminuer le voltage du GPU, de manière à limiter la puissance consommée, mais nous n'avons malheureusement pas eu le temps d'aller jusque là. Et quand bien même : les cartes GTX 1080 sont tellement à l'aise sur cet aspect overclocking, que le match parait perdu d'avance.
S'agissant de la Radeon RX Vega 56, le tableau est un peu plus positif. La puce étant moins puissante, elle est naturellement moins contrainte à la fois par son alimentation, et par ses limites thermiques. Le simple fait de monter les limites de consommation permet déjà d'avoir quelques gains en jeu de 1 à 3%, auquel il faudra ajouter une seconde couche d'amélioration de 1 à 3%, lorsque l'on pousse les fréquences GPU et mémoire (en plus d'augmenter la ventilation, malheureusement, pour contrebalancer la limite de température). Clairement, si les versions customisées des Radeon RX Vega 64 ne devraient pas faire de magie, celles des Radeon RX Vega 56 pourraient offrir quelques compromis intéressants.
Derrière Wattman, les pilotes Radeon Crimson proposent deux outils qui parleront spécifiquement aux joueurs : ReLive et FreeSync. Pour mémoire, ReLive est l'équivalent de service ShadowPlay disponible chez NVIDIA. Il utilise les possibilités du moteur d'encodage des Radeon pour fournir une solution d'enregistrement et de streaming temps réel de vos sessions de jeu. Après plusieurs sessions de tests, ReLive nous est apparu comme une solution honnête, qui n'arrive toutefois pas encore au niveau de ShadowPlay. Tout d'abord, nous avons rencontré un premier blocage sous Twitch : lorsque nous sortions des profils préétablis, la plateforme de diffusion semblait bien voir que nous streamions, mais n'affichait qu'un écran noir à nos viewers (tout va bien, ils n'étaient que trois). Peut-être un souci ponctuel et spécifique lié aux cartes Vega... Mais de manière plus générale, ShadowPlay offre un supplément de convivialité, en permettant notamment de modifier les caractéristiques de son stream directement via l'overlay, en pleine session de jeu. Pour effectuer les mêmes paramétrages sous ReLive, il faut malheureusement revenir au bureau Windows. Dans le même esprit, ShadowPlay offre une palette d'options un poil plus complète.
Par contre, la bonne surprise était à aller chercher du côté de FreeSync. Nous avons ainsi eu l'occasion de réaliser divers simulations grâce à la démonstration "Eolienne" qu'AMD a développée pour illustrer les bienfaits de sa technologie, ainsi que divers essais pratiques sur des jeux comme Skyrim Special Edition, Overwatch, The Witcher 3, ou Rise of the Tomb Raider, et il faut reconnaître qu'il nous a été impossible de différencier une quelconque différence de qualité entre FreeSync et G-Sync. Que ce soit sur le très classieux Asus Designo MX34VQ (3440x1440 sur 100Hz), ou sur le plus raisonnable Iiyama G-MASTER GB2888 (3840x2160 sur 60Hz), l'image est toujours restée propre et fluide, sans effet de rémanence, et ce quel que soit le niveau de paramétrages graphiques appliqués à nos jeux. Un avantage qui ne sauvera clairement pas la Radeon RX Vega 64, mais qui pourra certainement profiter à la Radeon RX Vega 56, lorsque celle-ci se sera dotée d'une enveloppe plus efficace.
Enfin, terminons ce tour d'horizon par les fonctionnalités liées à la réduction de la consommation d'énergie. Dans l'absolu, les outils Radeon Chill ou le contrôle FRCT se sont montrés efficaces, réduisant parfois nettement la consommation à la prise de notre configuration de test (impossible malheureusement, de vous donner des chiffres précis : Radeon Chill, notamment, se base sur une gestion très dynamique, et nous n'avons pas l'équipement pour réaliser un monitoring complet de la consommation, juste un contrôle ponctuel). Toutefois, nous aurions apprécié que leur intégration soit proposée en plus-value à une solide efficacité énergétique, et non comme un patch, pour limiter la casse en quelque sorte. On notera cependant d'un point de vue plus général qu'AMD a plutôt bien travaillé depuis la première révision de ses pilotes "Crimson Edition", avec des efforts et des améliorations visibles (les vestiges des anciens pilotes Radeon qui pouvaient apparaitre parfois ça et là ont par exemple complètement disparu), et il est plaisant de constater que la firme considère enfin l'écosystème logiciel de ses cartes comme un véritable levier de plus-value.