Une carte graphique de nouvelle génération comme la RX 480, c’est comme un bon vieux boss sur Dark Souls : on ne s’y attaque pas bille en tête en espérant que l’expérience et un certain bagage technique nous suffiront pour les maitriser. Au contraire : dans les deux cas, il faut étudier la bête, réfléchir à une approche, afin de s’éviter de pénibles déconvenues, une fois arrivé le temps des premières confrontations pratiques. Un travail de préparation qui occupera donc cette première partie de dossier.
Débutons par la base : comme les GPU Pascal, la puce Polaris 10 qui équipe la RX 480 repose sur un nouveau process de gravure FinFET. Toutefois, tandis que la marque noire et verte aura choisi de s’associer à TSMC pour fabriquer ses produits, AMD a préféré faire confiance à deux autres partenaires, Samsung et Global Foundries. Cela étant dit, le résultat final sera similaire : sur Pascal comme sur Polaris, le process de gravure utilisé permet mécaniquement de faire grimper le nombre d’unités de calcul, comparativement aux produits équivalents dans la génération précédente. La puce Polaris de la RX 480 dispose ainsi de 2304 Stream Processors, répartis dans 36 Compute Units, tandis que les R9 380 et 380X affichaient respectivement 1792 et 2048 SP. Toujours par rapport à ces deux cartes de la gamme R9 300, le nombre de TMU s’envole (144 unités contre 112 sur la R9 380) tandis que le nombre de ROPs reste stable, à 32 unités. Côté fréquences de fonctionnement, on reste sur des valeurs modestes au regard de ce que nous a proposé NVIDIA dernièrement, avec un GPU qui oscillera entre 1120 MHz et 1266 MHz. Par contre, difficile d’extrapoler au-delà des conséquences directes de ce logique travail de densification, puisqu’AMD n’aura pas été particulièrement didactique concernant les ajustements apportés sur les différents organes de son GPU. Des ajustements engendrés par l’avènement de la 4ème génération de l’architecture GCN (pour Graphic Core Next).
On notera toutefois que d’un point de vue global, AMD indique avoir misé sur une philosophie en particulier : celle de l’efficience maximale, en cherchant à anticiper et à éviter les traitements inutiles, autant qu’en s’assurant que les ressources de son GPU seront exploitées à leur plein potentiel. Citons quelques exemples d’améliorations qui vont dans ce sens : pour commencer, les processeurs de commandes vont intégrer une nouvelle technologie baptisée Quick Response Queue et se voir associer à de nouveaux ordonnanceurs matériels, ceci afin de mieux répondre aux exigences des dernières API DirectX 12 et Vulkan, et de gérer plus efficacement le traitement concomitant de tâches Graphics et Compute. Un plus dont AMD indique pouvoir profiter dans de nombreux cas de figure, dont la VR, en priorisant par exemple les tâches critiques du point de vue des problèmes de latence.
Sur le front de la bande passante également, AMD a fait évoluer son contrôleur mémoire de manière à pouvoir supporter des puces GDDR5 8 Gbps, pour une bande passante de base de 224 GB/s (un point sur lequel nous allons revenir plus bas), tandis que l’amélioration des algorithmes de compression permettra de l’autre côté, de réaliser de précieuses économies de bande passante. Enfin, on notera que quelques modifications toucheront aussi les processeurs géométriques, qui profiteront ainsi d’une technologie baptisée Primitive Discard Accelerator. Celle-ci va permettre d’éliminer très tôt du pipeline de rendu les triangles masqués d’une scène 3D. Cette liste d’exemple n’a évidemment rien d’exhaustif, et de nombreuses autres évolutions se cachent au niveau des shaders, du système de préchargement des données, ou du cache L2, le tout conduisant AMD à annoncer un gain brut de performances de 15% au niveau des CU, par rapport à la génération Hawaï (R9 290 / 290X), et une efficacité énergétique en net progrès.
Terminons cette revue des caractéristiques du produit en sortant du cadre de la puce pour adopter un point de vue plus global : la RX 480 dispose d’un PCB relativement court, mais elle affiche néanmoins un bon 25 cm de longueur, rallongée qu’elle est par la présence du blower. On notera par ailleurs que cette carte pourra profiter, selon les déclinaisons, de 4 à 8 Go de mémoire GDDR5, sur un bus 256 bits, et sera donnée pour une consommation « typique » de 150W, sachant que l’alimentation nécessitera le branchement d’un connecteur 6 broches supplémentaire. Enfin, côté connectique arrière, l’utilisateur disposera de trois sorties Display Port et d’une sortie HDMI. On en profitera pour signaler que le moteur vidéo autorise maintenant le support du HDMI 2.0b (ce n’est pas trop tôt, diront certains), du Display Port 1.3 HBR / 1.4 HDR, et du décodage et de l’encodage de contenu H.265 en 4K / 60 FPS (le HDR n’étant pris en charge que dans le premier cas).
À partir de là, il nous parait important de relever deux aspects, au milieu de ce flot descriptif : le premier, c’est que comparativement à ce que NVIDIA nous avait proposé avec sa nouvelle génération de cartes Pascal, AMD n’a pas mis en avant de technologie particulière afin de répondre à certains nouveaux besoins des joueurs. À titre d’exemple, NVIDIA a intégré de nouvelles unités de calculs dans son architecture, afin d’optimiser les rendus VR, de même qu’il a déployé Fast-Sync, ou s’apprête à proposer Ansel aux esthètes de la capture d’écran. Bien sûr, on pourra arguer que les unités SMP n’ont pour l’instant de valeur que leur apport potentiel, et que les développeurs de jeux VR pourraient très bien décider de ne pas embrasser cette technologie. Toutefois, cette dernière n’en offre pas moins, à l’image des autres nouveautés présentées, un certain nombre de perspectives intéressantes. C’est aussi cela, que l’on attend d’une nouvelle architecture, et c’est malheureusement ce qui semble faire un peu défaut sur cette RX 480, qui ne semble destiné à progresser que sur le pur rapport performances / watt. Et lorsque l’on rapproche cette impression, de la valeur de consommation annoncée, 150W, on ne peut que rester perplexe… 150 W, c’est certes un gros progrès par rapport à la R9 380 de référence (qui affichait une limite de consommation de 220W), mais c’est aussi en ligne avec ce que propose une GTX 970, soit une génération qui est déjà en fin de vie chez la concurrence.
Second point, abordé très succinctement quelques lignes plus haut : la question de la mémoire embarquée. En effet, la documentation fournie par AMD indique que les versions 4 et 8 Go de la RX 480 ne bénéficieront pas nécessairement de la même mémoire. La première intègrera ainsi de la mémoire Samsung GDDR5 8 Gbps, tandis que la seconde pourra se contenter de mémoire de moindre vitesse, 7 Gbps. Difficile de dire à ce stade, quelle influence ce choix va faire peser sur les performances de la version 4 Go… Toutefois, et même si AMD nous a confirmé que cette déclinaison « bridée » ne sera pas disponible pour l’instant, il conviendra, lorsque ce sera le cas, de ne pas se précipiter, avant d’avoir une idée précise de ses performances… Surtout sur ce créneau où le rapport performances / prix demeure capital. Et d’ailleurs, puisque l’on parle de performances, le temps est sans doute venu de voir ce que peut offrir une Radeon RX 480 8 Go en termes d’expérience graphique.
Derrière l’arrivée de la RX 480, AMD n’en oublie pas de continuer à réformer son offre logicielle. Les Radon Crimson Software vont donc connaître une évolution, notamment au niveau de leur interface d’overclocking. Précédemment baptisée AMD Overdrive, elle va être renommée en Radeon Wattman, et apporter un certain nombre de nouvelles fonctionnalités, comme un contrôle plus fin de la courbe de fréquence du GPU, un meilleur contrôle sur les paramètres de ventilation, une fenêtre de monitoring, et un nouveau système de récupération en cas de crash.