Même si Capcom reste, d’un point de vue historique, le plus grand créateur de beat’em up, force est de constater que la réponse à notre question est non. Depuis 2009, Capcom n’a plus vraiment abondé le genre. Depuis 2009, Platinum Games a accouché de 8 beat’em up !! 8 en 6 ans, et tous de qualité. Ceci étant, on ne peut pas véritablement parler ici de vol de couronne, mais plus de transmission de couronne. Platinum Games s’est en grande partie construit sur la base de Capcom. Ses deux co-fondateurs ne sont autres qu’Atsushi Inaba et Hideki Kamiya, deux grands pontes de chez Capcom qui ont souvent travaillé ensemble, Inaba comme producteur, Kamiya comme directeur.
Gaming Live de Bayonetta 2
Aujourd’hui, le grand Kamiya est responsable des deux plus gros chefs d’œuvre de Platinum Games. Bayonetta se pose en excellente alternative aux Devil May Cry. The Wonderful 101, qui lui reprend la patte graphique de Viewtiful Joe (Kamiya continue de faire du Kamiya), est une vraie révolution dans le genre, et un titre à découvrir de toute urgence. Maintenant à la tête du projet Scalebound, Kamiya n’en rêve pas moins, un jour, d’une nouvelle collaboration avec Capcom. Citons-le, tout simplement :
Je peux honnêtement dire que s’il y a la moindre opportunité, qui ait du sens pour moi ou le studio, de travailler à nouveau avec Capcom, j’accueillerais vraiment cette opportunité. De tous les éditeurs, pas juste les éditeurs japonais ou leurs partenaires, je peux dire avec assurance que Capcom tient toujours une place très, très spéciale dans mon cœur et je les aime tendrement. C’est l’une de mes firmes préférées.
Et pourquoi je dis ça, c’est parce qu’ils m’ont vraiment aidé à me façonner tel que je suis aujourd’hui. J’ai passé un long laps de temps avec eux et ils m’ont aidé à devenir celui que je suis. Ils sont l’une des rares sociétés japonaises qui restent… vous savez, nous avons vu tellement d’autres sociétés fusionner, et être rachetées, et acquises mais ils restent le même Capcom tel qu’ils ont démarré. De voir cette force et cette puissance qu’est toujours Capcom aujourd’hui est très rassurant. Et cela montre la confiance, cela montre l’amour et la passion de ce qu’ils font. Donc j’aimerais vraiment accueillir l’opportunité de travailler avec Capcom à nouveau.
Je dois bien vous l'avouer, à titre personnel, j'en rêve aussi. Car Capcom aura aujourd’hui du mal à reprendre le flambeau. Avec ses très nombreuses licences et le désir des fans de les voir sans cesse remettre au goût du jour tel ou tel titre ou développer une suite pour tel ou tel autre, le beat’em up n’est plus qu’une toute petite partie chez eux. Platinum Games n’hésitent pas à sauter sur tous les projets qu’on leur tend. Ils ont compris que le beat’em up reste avant tout un genre de niche, et parviennent à sortir des titres à budget maîtrisé mais immédiatement funs à jouer.
Ce faisant, ils éclipsent les dinosaures que sont Capcom ou encore la Team Ninja, qui n’osent plus, pour leur part, développer eux-mêmes les suites de leurs propres beat’em up phares ! Capcom n’est plus le maître du beat’em up. Mais c’est bien logiquement son fils qui a repris le flambeau. Pour rester sur une note optimiste, des beat’em up Capcom, nous continuerons à en avoir. Ne serait-ce que parce que le désir de voir la suite de tel ou tel beat’em up chez les joueurs les pousseront à exaucer cette demande. On entend notamment en ce moment des rumeurs autour de la préparation d’un nouvel Onimusha.
Enfin, il est difficile de trouver chez Capcom un chef de projet qui n’ait jamais travaillé sur un seul beat’em up ou un seul jeu de combat. C’est leur ADN, qui transpire dans leurs autres productions. Nous avons parlé des Resident Evil, mais on aurait aussi pu disserter sur Dragon's Dogma. Cet ARPG puise sans vergogne dans l’expérience acquise par Hideaki Itsuno sur les trois DMC qu’il a dirigés.
Capcom est un dinosaure, mais il n’est pas en voie d’extinction. En attendant, c’est avec fierté et émotion que j’ai retracé leur œuvre dans le genre vidéoludique qui me passionne le plus au monde.