Fort de son expérience et de son succès, Capcom va commencer à enchainer les titres : un en 1992 puis carrément quatre en 1993. Nous allons revenir sur deux d’entre eux (Final Fight 2 et Dungeons and Dragons: Tower of Doom) plus tard pour définir ce qu’est le style Capcom avec les trois qu’il nous reste. Mais présentons-les d’abord.
Warriors of Fate, sorti donc en 1992, se passe en Chine au cours de la guerre des 3 royaumes (si vous avez un beat’em up qui se passe en Chine, ne cherchez pas, c’est pendant cette guerre-là). Jusqu’à 3 joueurs peuvent jouer simultanément, et incarner un personnage parmi 5 disponibles avec leurs propres coups. On retrouve les classiques grappler (gros catcheur avec plus de choppes que les autres), combattants agiles et rapides et combattants équilibrés. Petit point d’originalité, l’un d’entre eux se bat avec un arc. Les Knights of Valour d’IGS, sortis bien plus tard, se sont très certainement inspirés de ce jeu.
Cadillac and Dinosaurs, sorti début 93, propose de castagner du punk et du dinosaures dans l’univers merveilleux des chroniques de l’ère Xenozoïque, avec la merveilleuse Hannah Dundee et ses 3 compagnons. Probablement le beat’em up le plus classique de Capcom, ce jeu dispose de la move list classique complète du développeur sans le moindre extra. De fait, la pauvreté relative de son gameplay, proche de celui d’un beat’em up console de l’époque, et du fait que les 4 personnages se jouaient pratiquement tous de la même façon, ce titre n’est pas une pépite, et pourtant il jouit d’un capital sympathie non négligeable, certainement lié à l’univers assez atypique de la série américaine de comics. De plus, les armes à ramasser sont nombreuses et variées. Elles comprennent notamment des armes à feu bien réalisées et amusantes à utiliser.
The Punisher, sorti en avril 1993, permet d’incarner Frank Castle ou Nick Fury et d’aller régler son compte à la racaille locale. Doté d’un gameplay nerveux, précis et complet, et agrémenté de quelques phases de shoot parfaitement intégrées au milieu des scènes de combat au corps à corps, magnifié par une mise en scène dynamique et une animation sans faille, The Punisher est une petite perle de l’âge d’or du beat’em up à scrolling horizontal. On notera aussi la présence de just frame moves (la projection sautée, si elle est déclenchée à un moment bien précis, débouche sur un ralenti et plus de dégâts). Son principal défaut reste son manque de personnages jouables, limités à 2, qui plus est identiques en tout point (à 2-3 animations près). C'est un peu pauvre et ça limite le nombre de joueurs à... ben 2, du coup.
Tous ces jeux partagent une même base de gameplay : ce sont des beat’em up à scrolling horizontal jouables à plusieurs. On trouve sur la borne un joystick et deux touches, A pour frapper, B pour sauter. Les personnages ont tous un combo prédéterminé avec une ou plusieurs variantes juste avant le coup final qu’on effectue en faisant une direction + A. Ils ont tous la possibilité de dasher (ou courir ou rouler) et d’effectuer une attaque en dashant. Ils ont tous plusieurs attaques sautées. Ils ont tous au moins un coup spécial déclenché en faisant bas puis haut + A (touche de poing). On choppe l’adversaire en se dirigeant dessus. A partir de là, on peut le frapper où le projeter à gauche ou à droite de l’écran. On peut aussi annuler la choppe en appuyant sur B. Enfin A+B déclenche le Death Blow, une attaque qui touche à 360° autour du personnage mais surtout le rend invincible. En revanche, cette attaque lui fait perdre de la vie si et seulement si elle inflige des dégâts.
Ceci constitue en quelque sorte la pâte à pizza sur laquelle Capcom rajoute ensuite les spécificités propres à tel ou tel titre. Ce gameplay précis, riche, mais aussi immédiatement appréhendable, est une des grandes forces du développeur sur ce marché. Mais ces jeux font aussi preuve d’une grande qualité dans leur réalisation. Les sprites sont imposants, les animations sont détaillées. Au-delà de ça, ils restent fluides et les affrontements très dynamiques. Ils n'invitent pas à spammer certaines attaques pas plus qu'ils ne se veulent injustes et tous les titres de Capcom peuvent raisonnablement être terminés sans continu, l'objectif inévitable de tous les amateurs du genre, à partir du moment où le joueur a compris qu'éviter les coups prévaut sur le fait d'en donner. En 1993, plus personne ne peut contester l'avance de Capcom dans le genre du beat’em up.