On aurait trouvé une rime rigolote pour l'annoncer avec plus de légèreté, mais décidément 2016 semble vouloir sonner avec « changement ». Comme nous vous le disions à la page précédente, Nintendo s'apprête à ouvrir un nouveau chapitre de sa longue vie. Mais ils ne seront pas les seuls à subir quelques métamorphoses. Côté Xbox, l'année 2016 s'annonce compliquée.
En janvier, dans le premier numéro des Fichiers Xbox (notre dossier mensuel, dédié à l'actualité de la Xbox One), l'auteur du dossier, qui n'est autre que la même personne se chargeant de ce dossier-ci présent, pointait du doigt l'étrange politique éditoriale de Microsoft et de sa division Xbox. Depuis la mise en ligne de ce papier, l'arrivée de Quantum Break sur PC a été officialisé. Une annonce qui a fait grand bruit et qui a été suivi de rumeurs prévisibles mais posant de nombreuses questions. Pèle mêle, on a entendu que Forza Motorsport 6 pourrait débarquer sur PC, que Gears of War 4 serait probablement du voyage, avec le très attendu Scalebound. Notez que pour ce dernier, on s'y attendait un peu et ces dernières rumeurs ont forcé les dirigeants de Microsoft à s'exprimer sur la question.
Avec notamment deux acteurs : Phil Spencer, bien entendu, mais aussi Aaron Greenberg. Si l'un comme l'autre assurent que Microsoft est plutôt content des résultats de la Xbox One, personne n'aime être le numéro deux. Surtout lorsque l'on s'appelle Microsoft, et que l'on est l'une des entreprises les plus puissantes du monde. Ces derniers jours, beaucoup de joueurs ont commenté cette actualité, souvent en riant, parfois en moquant, tandis que les fans de la marque Xbox ont monté en hâte leurs premiers murs de défense. Mais même chez eux, la division règne : d'un côté, il y a les joueurs qui estiment que la One perd ses exclus, et qui regrettent d'avoir acheté la machine. De l'autre, ceux qui au contraire affirment que cela n'est pas un problème, et que « plus on est de fou, plus on rit ». Les arguments des deux camps peuvent être entendus.
Un public qui ne comprend pas
À la vue de cette zizanie, les cadres de Xbox ont manifesté une certaine perplexité, ne comprenant pas vraiment ce que les joueurs Xbox perdaient dans l'affaire. Comme Phil Spencer, qui a réagit à l'interjection d'un fan, sur Twitter :
@The_CrapGamer You cancelled a pre-order for a game you want to play because someone else get's to play the game on Windows?
— Phil Spencer (@XboxP3) February 11, 2016
« C'est triste à dire, mais j'ai annulé ma précommande de Quantum Break, comme j'ai dit que je le ferai. Vous n'avez pas été franc sur ce sujet. »
Vous avez annulé la précommande d'un jeu auquel vous voulez jouer, parce que d'autres personnes pourront y jouer sur PC ?
L'échange qui suit témoigne du manque de compréhension qui existe entre l'entreprise américaine et les joueurs, avec d'un côté un groupe de personnes ayant une vision froide, pragmatique mais pertinente du jeu vidéo, et de l'autre des joueurs manifestement trop investis, trop passionnés. Quand Spencer se justifie en disant que Xbox et Microsoft cherchent avant tout à proposer aux joueurs le meilleur endroit pour jouer, et surtout pas à « créer des murs » (entre les joueurs, donc), son allocutaire répond d'une manière presque enfantine. Ce qui donne, en caricaturant à peine « ouais mais c'est pas juste, déjà ils payent pas pour jouer en ligne mais en plus ils ont nos jeux, vous punissez les joueurs Xbox ». Surréaliste.
Très clairement, Microsoft entamera cette année une sorte de métamorphose qui devrait rapprocher Xbox et PC. Au centre de cette quasi-fusion, un noyau bouillant, à peine né, en perpétuelle évolution : Windows 10. Selon la firme de Redmond, il sera leur dernier système d'exploitaiton, un OS mis à jour jusqu'à la fin des temps et auquel pourront se greffer de nombreux programmes. Autour de Windows 10 gravitent désormais la One et son interface OneCore, dérivée de Windows 10 et qui bénéficient de certaines de ses fonctions, à commencer par DirectX 12. Mais également les smartphones et tablettes. Tout ce petit monde compose désormais l'éco-système Windows 10 et forme un tout que Microsoft voudrait indivisible. Et ça, c'est l'avenir. L'avenir pour le jeu PC, bien entendu, mais aussi le jeu console, puisque désormais PC et consoles de salon sont liés.
Le cloud, le futur de Microsoft ?
Nous vivons actuellement les premières heures de cette union. Si certains se demandent, plus encore qu'auparavant, à quoi bon posséder une Xbox One, Microsoft a déjà la réponse. Oui, Recore, Quantum Break, Fable Legends sont disponibles sur PC. Mais avec la Xbox One, ils proposent aux joueurs une machine simple d'utilisation et au rapport qualité/prix imbattable. Certes, la moustache d'Aiden Gillen sera moins détaillée sur One, mais vu le prix, qui s'en plaindra vraiment ? D'autant que Microsoft n'a pas encore détaillé tout son plan, concernant Windows 10 et la Xbox One. En son sein, cette dernière porte désormais un enfant qui fera bientôt grand bruit : DirectX 12 devrait permettre une meilleure optimisation des jeux et pourra soutenir les prochaines technologies de Microsoft, à commencer par le cloud-computing. Le nouveau Crackdown, présenté à la gamescom 2015, en sera la principale vitrine technique. Plus que le jeu en lui-même, c'est la technologie se cachant derrière qu'il faudra étudier, et si elle se montre concluante, elle pourrait bien être généralisée et appliquée à d'autres jeux. La One (et ses petites sœurs, qui finiront bien par pointer le bout de leur nez) pourrait voir ses capacités démultiplier, et ainsi, c'est toute une façon de penser et d'envisager nos consoles de jeu qui serait à revoir.
Avec la puissance du cloud, c'est le cycle de vie de ces machines bon marché qui serait remis en question : aujourd'hui, les consoles sont remplacées lorsque leurs technologies sont jugées obsolètes. Avec le cloud-computing, cette question ne se poserait plus. Ou alors, plus vraiment, car rappelons que les joueurs seraient alors tributaires de leur connexion internet, et de son débit. Mais le sujet attire, on l'a bien vu. Sony joue les petits chimistes avec Gaikai et son PS Now, et la NX semble tutoyer la question... mais si les deux entreprises ont des forces, elles n'ont pas le même profil que Microsoft, qui, résolument, est un des poids lourds de la high-tech. Outre ses centres de recherche et développement qui turbinent nuit et jour, l'entreprise dispose déjà de dizaines de milliers de serveurs de par le monde, et de ressources dont on mesure mal l'importance. Car si Xbox tâtonne actuellement, il ne faut pas oublier que derrière se trouve un géant, sans qui le monde de l'informatique et du jeu vidéo serait bien différent aujourd'hui.
Bref ce qui est certain c'est que Microsoft et Xbox sont en train de faire leur mue et l'avenir n'est pas particulièrement inquiétant : les technophiles s'en pourlèchent déjà les babines, l'E3 2016 devrait être des plus intéressants. Les joueurs répondront-ils présents ? C'est une toute autre question.