Vous rappelez vous de la voix du Duke qui commentait chacune de ses actions sur une planète Terre envahie par les extraterrestres ? Si ce n'est pas le cas, vous êtes peut-être un peu trop jeune pour ça. Le premier Duke Nukem est arrivé en 1991 sur PC. A l'époque l'équipe d'Apogee en avait fait un jeu de tir / plateforme tout ce qu'il y a de traditionnel. Enfin traditionnel, déjà le personnage incarné à l'écran revêtait les traits patibulaires d'un Schwarzenegger en pleine bourre. C'est avec Duke Nukem 3D qu'Apogee et 3D Realms ont fait du Duke un personnage légendaire du jeu vidéo. Revenu de l'espace dans Duke Nukem 2, dans Duke Nukem 3D, le Duke se retrouve dans un Los Angeles sorti du film de Carpenter : They Live (Invasion Los Angeles).
Les extraterrestres dominent le monde et pour faire le ménage on appelle le seul homme sur Terre capable de faire le ménage dans les couloirs grisonnants de la ville. La particularité de Duke Nukem en plus de proposer un arsenal bigarré d'armes originales ou classiques est bien sûr l'humour qui tapisse le jeu, comme une lame de fond puissante de sa narration. Jusque dans les toilettes, le Duke part chasser la vermine de l'espace. Jamais avare en onomatopées du meilleur genre, le blond à la mâchoire carrée garde sa fidèle passion pour les pépés bien roulées. Avec son gameplay calibré, son côté jeu de plateforme assumé, ses phases de jetpack grisantes, Duke Nukem 3D a irradié de son aura le genre du FPS. Burlesque, bien frappé, rock'n'roll, 3D Realms et Scott Miller qui fonda Apogee Software, ont révolutionné le genre. Plus tard Scott Miller participera au développement de Max Payne ou encore de Prey, preuve s'il en est du talent de ce développeur ayant commencé sa carrière en 1987 avec Kingdom of Kroz ou Was beyond the Titanic. Le jeune Miller, fils d'un ingénieur de la NASA (ayant notamment travaillé sur la mission Apollo et Gemini) expatrié en Australie commencera très vite à développer un don particulier pour la programmation.
C'est en recevant à la maison un Wang 2200 que Miller commencera à développer des jeux, d'abord en Basic puis très vite en ASCII. De retour aux Etats Unis, au Texas plus précisément, il il rencontrera George Broussard avec qui il montera Apogee. Dans les années 80, c'est le jeu d'arcade qui envahit le monde. Miller et Broussard sont des joueurs tellement doués qu'ils se mettent en quête d'écrire un livre traitant du sujet : Comment battre les bornes d' arcade. Ils mirent 6 mois à écrire leur ouvrage, mais entre temps beaucoup de bouquins du même genre sortirent. Le livre ne se vendra pas des masses, mais Miller trouvait enfin sa voie. Grâce à ce livre il trouve un petit job au Dallas Morning News et crée sa rubrique « Computer Fun ». La fin des années 80 rime aussi avec l'arrivée de machines sur le marché telles que l'atari ST, l'Amiga ainsi que de nouveaux éditeurs comme EA ou Infocom.
C'est avec la montée en puissance des Sharewares qu'Apogee, sa boite pu voir le jour. C'est aussi à ce moment qu'il se décide à contacter un certain John Romero, après qu'ID Software ait remarqué son travail sur un jeu : Dangerous Dave. Miller à cette époque ne fait pas dans la dentelle et se met en tête de contacter Romero, toujours à sa manière. Il envoya donc trois lettres en tout et pour tout à intervalle réguliers, ne voyant pas de réponses à ses deux premières missives. S'il changeait de nom à chaque à fois, il envoyait ces lettres depuis la même adresse. C'est à ce moment que Romero lui répondit : « Quel genre de fan cinglé es-tu ? Je vois que tes lettres me parviennent de la même adresse ». Romero n'oubliait pas de laisser son téléphone à Miller. La suite on la connaît, Duke Nukem 3D est aujourd'hui un jeu culte du jeu vidéo.