Arrivé à ce moment du texte, le lecteur est en droit de poser cette problématique: « Bon... Tout ça c’est bien gentil, mais quand est ce qu’on se met à parler de Fallout ? ». La réponse est : « tout de suite » suivi de « enfin presque »... Parce que Fallout c’est bien, mais ça perd de sa saveur si on ne sait pas vraiment d’où ça vient.
C’est à Brian Fargo que l’on doit la création de Fallout. Si ceci est juste un rappel, il est surtout bon de préciser que l’auteur avait déjà abordé le sujet du post-apo 9 ans plus tôt, dans le jeu « Wasteland », qu’il a co-développé.
Sorti en 1988 sur Commodore 64, Apple II, PC (DOS) et Macintosh, ce jeu décrivait un univers post-apocalyptique, dans lequel toute la région du sud ouest des USA avait été dévastée, ne laissant qu’un territoire poubelle hautement radioactif : le Wasteland. Le gouvernement fédéral créé alors un service d’investigations et de sécurité attaché à ce territoire qui, lorsqu’il y détecte des anomalies, envoie tout de suite un agent. C’est cet agent qu’incarne le joueur, et c’est dans la région de Las Vegas que se déroule l’intrigue du jeu, tournant autour des problèmes de mutations qu’engendrent les radiations des lieux.
Le propos de Wasteland n’était pas de refaire un jeu qui reprenne la ligne narrative de Mad Max 2. Finies les courses en voitures dans des déserts de boue avec 28 morts par accrochage, pour refus de priorité. L’idée était vraiment de raconter l’histoire d’un voyage fantastique dans une contrée meurtrie, qui panse ses blessures à grands coups de mutation.
On peut considérer que Fallout serait qu’une évolution de Wasteland. Mais même si les thèmes qu’il aborde sont similaire, la structure même du récit et surtout la nature du Héros font que les jeux sont très différents l’un de l’autre. Il faut voir, dans les deux premiers opus de la série, un véritable voyage initiatique. Le joueur incarne un personnage qui ne connait pas grand chose de l’univers dévasté dont il va parcourir les landes irradiées. L’intérêt est donc d’en apprendre autant sur le personnage que sur l’univers hostile qu’il traverse à travers son voyage. Le personnage est condamné à être nomade par essence, et ainsi littéralement « aspiré » dans l’aventure qu’il vit. Se poser dans une oasis de paix serait particulièrement contre-productif, et particulièrement dangereux au regard de l’hostilité du monde de Fallout.
Ceci étant dit, être nomade à tout prix n’est pas non plus une solution qui puisse garantir des nœuds dramatiques efficaces. Même dans « la Route » de Cormac McCarthy (2006), les protagonistes sont obligés de se « poser » et cesser de fuir, tant pour tenter de faire respirer le lecteur, que pour prendre un tant soit peu de recul vis-à-vis de leur condition dans un monde foudroyé. En matière de jeu, il est tout autant nécessaire de faire respirer le joueur, pour qu’il puisse prendre le temps de « réparer » son personnage, voire de l’améliorer pour qu’il puisse faire face plus efficacement aux prochaines épreuves qu’il devra affronter.
Cette idée de devoir placer des « zones de repos » sera notamment exploitée dans Fallout Tactics à travers l’installation de postes avancés, qui iront de plus en plus loin dans la carte du monde à explorer. Ceci étant dit, il ne faut pas oublier que Fallout Tactics reste, comme son nom l’indique, un jeu de tactique à proprement parler, même si son background puissant lui confère un aspect jeu de rôle indéniable. La question principale que l’on se pose, à propos de ce titre, est « pourquoi ne pas avoir choisi, justement, de proposer la construction des postes avancés afin de renforcer l’aspect tactique du jeu ?
Fallout Tactics
Ce n’est pas dans Fallout III et Fallout New Vegas que les réponses seront apportées, et encore moins dans le très oubliable Fallout Brotherhood of Steel, principalement orienté vers le jeu d’action. Brotherhood of Steel est à Fallout ce que Dragon Age 2 est à Dragon Age : une erreur.
Restent que Fallout III et New Vegas auront une approche très classique de ce qu’on attend d’un camp de base dans le cadre d’un jeu de rôle.