Les têtes dans les nuages
2019 rime avec neuf, et force est de constater que cette année a vu l’apparition de nouvelles têtes en plus de noms qui devraient, pour certains, rester. Stadia, Switch Lite, Xbox All-Digital, Apple Arcade… les grands du multimédia et du jeu ont à la fois livré du hardware et des services. Pendant que les étoiles scintillent et que le champagne crépite, nos regards se tournent vers le Nuage. Google a prouvé que la technologie du 100% streaming fonctionnait, sans pour autant rencontrer de succès commercial, du moins pour le moment. Se sentant agressés par ce géant vorace de la Silicon Valley, Sony et Microsoft se sont acoquinés en signant un accord historique. Le constructeur japonais est ainsi autorisé à utiliser les infrastructures Cloud du concurrent américain pour le développement de ses services. En parallèle, le PlayStation Now intègre désormais plus de “AAA” et voit son prix fondre, tandis que le xCloud continue de se démocratiser via une bêta qui va s’étendre à d’autres pays du globe (dont la France) en 2020.
Cette année, nous avons également assisté au renouvellement des dirigeants à la tête de Nintendo et de Sony. En effet, Reggie Fils-Aimé (directeur de Nintendo of America) et Shawn Layden (président des studios Worldwide chez Sony) ont tous les deux été remplacés respectivement par Doug Bowser et Hermen Hulst. Sur la photo des VGA 2018 diffusée l’année dernière, seul Phil Spencer (vice-président du gaming chez Microsoft) est resté fidèle au poste. Du côté des fortes têtes, Tim Schafer a signé pour faire de son studio Double Fine un first party de Microsoft, et Ted Price a définitivement rapproché son entreprise Insomniac Games de Sony. Les futures Xbox et PlayStation sont dans toutes les têtes, et les constructeurs se préparent afin de proposer des têtes d’affiche. Cette année, Nintendo a brillé par les excellentes ventes de sa Switch malgré l'affaire du Joy-Con Drift qui prend de l'ampleur. Un succès qui a permis de faire bondir généreusement la valorisation boursière de la firme de Kyoto (+50% par rapport à l’année dernière).
Mon top 5 de 2019 :
- == Control ==
- == Gears 5 ==
- == Luigi's Mansion 3 ==
- == Super Mario Maker 2 ==
- == Resident Evil 2 (2019) ==
Notre Video-test de Control
Mon coup de cœur : Les jeux reviennent au cœur des débats
Une année qui a vu la sortie de Shenmue III et l’annonce d’un nouvel Half-Life n’est forcément pas une année comme les autres au niveau du software. En 2019, nous avons beaucoup parlé des services avec le PS Now, le Game Pass ou encore Apple Arcade. Il ne faut pas oublier que sans jeu, il n’y a aucune raison de payer un abonnement donnant accès à un catalogue. Comme l’a prophétisé Jim Ryan de Sony, le contenu est donc plus que jamais important, que l’on y accède via une console de jeux ou un autre périphérique. Cette année, Microsoft comme Sony ont acquis de nouveaux studios pendant que Nintendo continue tranquillement son aventure Switch. Malgré les versions “Pro” et “X” des consoles, le discours s’oriente vers les studios. Microsoft a donné du temps supplémentaires aux équipes derrière Forza Motorsport pour que le prochain épisode parte sur de nouvelles bases. Gears 5 a réussi à intégrer du multi local comme en ligne pour chacun de ses modes de jeu, et Halo Infinite bénéficie d’un nouveau moteur (le Slipspace Engine) afin de mieux “rebooter” la saga, selon 343 Industries. Nous jugerons évidemment sur pièce mais les intentions nous paraissent louables et particulièrement orientées vers le plaisir des joueurs.
Mon coup de gueule : Les jeux de création de jeux se heurtent à un mur
Il est toujours surprenant de constater à quel point la création peut attirer dans un Minecraft ou un Fortnite , et à quel point elle peut repousser dans un Project Spark ou un Dreams. Disponible depuis le mois d’avril, l’Early Access de Dreams n’a attiré que 100 000 curieux. Il est trop réducteur d’expliquer ce désintérêt par le simple fait que le titre ne s’adresserait finalement qu’à une niche. En fait, les développeurs redoublent d’efforts pour démontrer que ce “logiciel” est pensé pour tout le monde. Néanmoins, l’approche jusqu’au-boutiste de l’aspect “fais-le toi-même” entre forcément en conflit avec l’envie de concevoir quelque chose rapidement de l’utilisateur lambda. Dreams préfère s’inspirer des moteurs professionnels plutôt que de proposer un langage immédiatement compréhensible, qu’il est extrêmement difficile à imaginer, avouons-le. Project Spark voyait en chaque joueur un créateur, et en chaque créateur un joueur. Au final, les joueurs n’ont pas voulu creuser les outils de développement, et les créateurs n’ont pas réussi à fournir un contenu suffisamment intéressant pour inspirer le tout-venant. Media Molecule a jusqu’au 14 février 2020 pour trouver comment respecter sa promesse initiale, à savoir “rendre la création de jeux aussi accessible et plaisante que d’utiliser une caméra, une guitare, ou un stylo”.