Quelle config pour pouvoir streamer confortablement ?

Intro

On voit souvent sur le net qu’il faut un PC puissant pour pouvoir streamer sans ralentissements. Et ce n’est pas juste une idée reçue qui se balade sur les forums. Vos composants, qui doivent déjà s’occuper de faire tourner votre jeu avec un maximum d’images par seconde, se retrouvent en plus avec la lourde tâche d’encoder un flux vidéo et de l’envoyer à une plateforme de stream. Un composant critique dans cette opération est le processeur, qui est souvent (mais pas forcément !) en charge de compresser la vidéo. La compression est indispensable, car sans ça la vidéo serait beaucoup trop lourde à diffuser, même avec une excellente connexion internet. Cette compression est réalisée par un encodeur : un programme qui va utiliser des algorithmes pour réduire la taille de la vidéo. L’encodeur le plus connu est le x264, qui utilise exclusivement le processeur de votre PC. En alternative, la carte graphique peut être utilisée pour se charger de l’encodage comme nous allons le voir ci-dessous, avec un autre encodeur : le NVENC. Toute cette théorie c’est bien joli, mais il va maintenant falloir passer au moment où vous allez perdre de l’argent (beaucoup d’argent si vous êtes motivés).

Processeur

Commençons avec le cerveau de votre PC, le processeur. Dans le cas où vous souhaitez l’utiliser pour encoder votre stream, il faudra partir sur un modèle puissant disposant de nombreux coeurs, lui permettant de gérer votre jeu et le stream confortablement. Le modèle le plus rentable est le Ryzen 7 3700X de AMD, avec ses 8 coeurs et un prix raisonnable (environ 390€ actuellement). Si votre budget est plus flexible, le Ryzen 9 3900X est encore plus performant avec ses 12 coeurs. Si toutefois vous privilégez l’utilisation de la carte graphique pour l’encodage, le modèle qui offre un excellent rapport performances/prix est le Ryzen 5 3600 disponible pour 240€ avec quand même 6 coeurs à disposition.

Carte graphique

La carte graphique n’est pas à négliger dans un PC dédié au stream, car c’est tout de même elle qui va principalement impacter le nombre d’images par seconde que vous aurez en jeu. Et c’est quand même mieux de pouvoir jouer avec un nombre d’images par seconde convenable, que ce soit pour votre confort, mais aussi pour celui de vos viewers. Le modèle rentable du moment est la GTX 1660 Ti de Nvidia, qui offre les performances d’une GTX 1070 pour moins de 300€. Si vous avez plus de budget, vous pouvez évidemment passer sur une RTX 2060 ou ses grandes soeurs, comme les nouvelles RTX SUPER.

NVENC

Comme nous le disions plus haut, il est possible d’utiliser votre carte graphique pour encoder votre stream, ce qui permet de soulager grandement votre processeur. La solution la plus intéressante est NVENC, proposée par Nvidia sur ses cartes graphiques depuis de nombreuses années dont la première version date des GTX 600 de 2012. Mais le x264 a toujours gardé le vent en poupe, car NVENC avait la mauvaise réputation d’offrir une magnifique bouillie de pixels à vos spectateurs. Une réalité qui a changé depuis les dernières cartes de la marque (RTX 20 et GTX 16, hors GTX 1650) avec lesquelles NVENC peut proposer une qualité vidéo similaire au x264. Nvenc permet d’empêcher les grosses chutes d'images par seconde typiques d'un processeur qui n’arrive pas à assumer la charge de travail demandée par l'encodage. Grâce à ce soulagement du processeur, il n’est plus nécessaire de passer sur un modèle plus onéreux comme le 3700X que nous avons conseillé plus haut. Un Ryzen 5 3600 devient une excellente alternative. Évidemment tout cela n’est pas magique non plus. La carte graphique doit quand même travailler pour effectuer cet encodage. Comptez une baisse de 3 à 5% de vos FPS, totalement négligeable face aux avantages de cette solution. Pour ceux qui seraient tentés par la solution équivalente d’AMD, celle-ci n’est, pour l’instant, pas très stable et pas aussi performante que NVENC de Nvidia.

Le reste du PC

Avoir un processeur et une carte graphique c’est une chose, mais il ne faut pas non plus négliger le reste du PC. La mémoire vive, qui est liée au processeur, ne doit pas être trop lente car cela pourrait limiter les performances de votre processeur. En ce moment, le plus rentable est de partir sur un kit 2x8 Go de DDR4 cadencées à 3200 MHz, les prix de la mémoire étant assez bas. Dans le cas où vous faites un PC très haut de gamme, passer sur un kit à 3600 MHz vous permettra de légèrement gagner en performances. Le reste des pièces n’aura pas d’impact sur les performances en jeu ou le rendu de votre stream. Une fois votre PC lancé, n’oubliez pas de garder les pilotes de la carte graphique à jour. Les nouvelles versions peuvent améliorer les performances dans certains jeux. Les autres pilotes n’auront pas d’impact sur votre framerate (images par seconde), il est donc inutile de les mettre à jour à moins que vous ayez des problèmes de stabilité.

Le coût non négligeable des 60 fps

La majorité des gros streamers sont passés aux lives en 60 images par seconde et vous serez peut-être tenté d’y passer aussi. Mais attention, cela n’est pas sans conséquences. En effet, si vous utilisez votre processeur pour l’encodage, celui-ci aura plus de travail, car il devra encoder deux fois plus d’images qu’auparavant. Nous avons fait le test avec un Intel Core i7 6800K en encodant à 6000 kbits/s (voir ci-dessous). Cette hausse d’utilisation du processeur pourra vite vous faire passer d’une expérience fluide pour vous et vos viewers à un jeu avec des chutes de framerate et un stream saccadé.

• 1080p à 30 FPS : 12,7% d’utilisation CPU
• 1080p à 60 FPS : 18,9% d’utilisation CPU

Le microphone

Maintenant que vous avez vu comment diffuser votre jeu de manière fluide, il va falloir lui donner un peu vie à commencer avec le doux son de votre voix. En fonction de votre budget, plusieurs solutions existent. Si vous ne pouvez pas trop investir et que vous n’avez pas encore de casque, les casques avec micro sont un bon choix. Ils disposent certes d’une petite membrane pour capturer le son, mais certains modèles sortent du lot avec une qualité audio suffisante pour faire du stream occasionnel, comme le Logitech G Pro (2ème génération) ou le Roccat Khan Pro (mais dont l’arceau est un peu fragile).

Si vous avez déjà un casque, le ModMic V5 vous plaira peut-être, avec son faible encombrement et une excellente qualité audio. Par contre, le prix est assez proche de la solution suivante. Pour la voix, on va généralement privilégier les micros à large membrane, qui arrivent très bien à capturer la voix avec un son de qualité. Vous pouvez trouver le Bird UM1 à 60€, mais il faudra l’accompagner d’un pied et d’un filtre anti-pop pour éviter la saturation liée au souffle. Si vous voulez aller plus loin et investir dans du matériel plus haut de gamme, on restera sur du micro large membrane, mais branché cette fois-ci en XLR au lieu de l’USB. Deux modèles éprouvés sont les Rode NT1A et le AT2035 d’Audio Technica. Spécificité de ces micros en XLR : un ampli fantôme de 48 volts est nécessaire pour qu’ils fonctionnent. L’interface audio Scarlett Solo en intègre une, en plus de faire office de carte son externe. Si vous avez plus de budget, passer sur un pied plus haut de gamme, comme le Rode PSA1, qui est un bon investissement. Comme précédemment, un filtre anti-pop sera indispensable.

La webcam, est-elle nécessaire ? Laquelle choisir.

Il n’est pas nécessaire d’avoir une webcam pour commencer à streamer. Que ce soit une question de budget ou si vous préférez rester anonyme, vous pourrez vous lancer et développer votre communauté. Mais montrer son visage sur son stream, en dehors de la perte d’anonymat, permet à votre communauté de vous reconnaître en tant que personne et non simplement via un logo. Le visage permet aussi de partager vos réactions et vos émotions, apportant un vrai plus à votre stream. Le minimum pour avoir une image correcte est la Logitech C270. Pour 30€, celle-ci filme en 720p avec une qualité correcte si la pièce est bien éclairée. Si vous comptez simplement incruster votre webcam sur un overlay, cela suffira.

Par contre, si vous comptez afficher l’image en grand sur votre stream, les limitations du capteur de ce modèle commenceront à se voir. Le bon compromis est la Logitech C920 et sa révision plus récente, la C922 Pro. Celle-ci peut vous fournir une image en 1080p avec un nombre d’images par seconde correct. Nous recommandons cependant de la configurer en 720p sur votre logiciel de stream pour l’intégrer à votre overlay. Cela vous permettra d’avoir une image plus fluide. On reste toujours chez Logitech pour le modèle le plus haut de gamme. Il faut dire que la marque est bien installée sur le marché des webcams. La Logitech Brio est l’un des rares modèles permettant d’obtenir une image en Ultra HD à 30 FPS. Mais le mode le plus intéressant est de passer la webcam en 1080p pour obtenir une vidéo à 60 FPS.

Comme nous le disions plus haut, ce n’est pas toujours idéal de choisir la résolution maximale de votre webcam. Souvent, les modèles 1080p n’ont pas un vrai capteur 1080p. Si vous affichez votre webcam en petit sur l’overlay, configurer la webcam en 720p vous permettra généralement d’avoir une image plus fluide, et la qualité vidéo perçue sera identique.

L'éclairage

L’éclairage est extrêmement important, surtout si vous utilisez une webcam qui dispose d’un petit capteur vidéo peu performant en faible luminosité. Un petit kit composé de deux Softbox (pour diffuser la lumière) n’est pas excessivement cher... dans les 60€ généralement pour quelque chose de correct. Dans le cas où vous souhaitez quelque chose de moins encombrant, deux panneaux LEDs accompagnés de deux supports pour les fixer au bureau prendront peu de place. Si vous avez budget illimité, Elgato propose un modèle pouvant être contrôlé via le PC et incluant un support de bureau... une solution à 200€.

Le fond vert, grosse upgrade ou encombrement inutile ?

Le fond vert ça rend bien. Correctement utilisée, cette technologie vous fait surgir dans l’univers du jeu que vous êtes en train de diffuser, faisant de vous un personnage à part entière de l’aventure. Ca vaut mieux que de montrer votre chambre en bazar à tout le monde. Ça rend bien soit, mais est-ce que c’est pratique ? La réponse est non. Le fond vert peut être une véritable galère à installer et à utiliser sur le long terme. Premièrement, il vous faudra de la lumière, beaucoup de lumière. Si le fond vert n’est pas parfaitement éclairé, des imperfections seront immédiatement visibles à l’image. Investissez dans un éclairage vraiment performant ou acceptez d’être continuellement entouré d'une sorte de “halo” vert qui collera à vos contours.

Il faut de la place. Tout le monde n'a pas l'espace nécessaire pour suspendre un fond vert au beau milieu de sa pièce et moins encore ont le luxe de pouvoir repeindre le mur qui se trouve derrière eux. Alors que le stream est une activité qui requiert à la base peu de place et qui peut être effectuée presque n'importe où, faire entrer le fond vert dans l'équation, c'est commencer à transformer la pièce de streaming en studio avec toutes les contraintes d'encombrement que cela entraîne. Elgato a commencé à commercialiser un fond vert rapide à ranger et à installer en plus d'être relativement lisse, mais on peut lui reprocher un certain manque de largeur.

C’est du temps de réglage en plus. Le fond vert ne fonctionne pas par magie. C’est un effet appelé “clé chromatique” (que vous trouverez sur votre logiciel de diffusion) qui rend le fond vert invisible. L’effet "clé chromatique" demande des réglages précis qui dépendent de la couleur exacte de votre fond vert, de la qualité de votre éclairage et de la couleur de la lumière dans laquelle baigne votre pièce. Problème, au fur et à mesure de la journée, la lumière du jour change de couleur. Après quelques heures la clé chromatique n’est plus correctement configurée et le fond vert réapparaît progressivement autour de vous ruinant la qualité de votre image. Solution évidente à ce problème : fermer les volets ou jouer dans une pièce sans fenêtre. Considérant le temps passé par certains streamers devant leurs écrans, se priver totalement de lumière du jour n’est pas conseillé.

Si vous êtes vraiment déterminé et que vous en avez la possibilité, optez plutôt pour le fond vert mural, celui-ci étant bien plus “lisse” que la version tissue, il renverra la lumière de façon plus uniforme, permettant un rendu plus net. Le streamer qui aura choisi de se passer de fond vert ne connaîtra aucune de ces difficultés, sa pièce ne sera pas encombrée et il pourra lancer son live en un instant sans avoir à refaire ses réglages. Ses obligations se limiteront à s’assurer qu’il a le minimum de lumière nécessaire pour que sa webcam renvoie une image propre, et éventuellement à aménager un peu sa pièce de streaming pour ne pas montrer un décor trop vide ou au contraire, trop désordonné.