Déjà sorti il y a un an sur iOS, Year Walk se pointe sur PC avec quelques menues différences, certains puzzles ayant par exemple été modifiés et secondés par un système d'indices venant à la rescousse des joueurs qui se seraient perdus dans un titre qui n'hésite pas à les laisser se débrouiller seuls dans les bois. En outre, le contenu de l'application companion de la version mobile est ici intégré directement sous la forme d'une mini encyclopédie apportant moult détails sur les créatures du folklore suédois que vous serez amené à rencontrer. Ce sont en effet les traditions scandinaves qui servent de terreau à Year Walk, à commencer par la pratique ancestrale qui lui donne son nom, une retraite spirituelle durant laquelle le pratiquant, isolé et silencieux, marche seul la nuit en quête de révélations sur l'avenir. Une sorte de pèlerinage à la rencontre des esprits et créatures des forêts, toutes vous livrant leurs secrets dans l'encyclopédie. On se distrait et on se cultive avec Year Walk.

Rêveries du promeneur solitaire

C'est à cette marche que Year Walk vous invite en vous larguant au milieu d'une forêt monochrome et enneigée, découpée en plusieurs zones. Chaque zone correspond à un tableau au sein duquel on peut se déplacer de gauche à droite, des chemins permettant de passer de l'une à l'autre. Sans tutoriel ni narration ou autre artifice, Year Walk parvient à vous mettre sur la voie et laisse s'installer une progression naturelle dans cet environnement ouvert rempli de mystérieuses inscriptions gravées sur des arbres ou des stèles de pierre. Commence alors un voyage qui va d'énigme en énigme que l'on doit percer à jour par ses propres moyens (même si le nouveau système d'indices saura se montrer salutaire pour certains) en faisant preuve d'un bon sens de l'observation, de mémoire et d'un minimum de logique. Garder un bout de papier et un stylo sous le coude ne sera d'ailleurs pas du luxe pour y griffonner une ou deux runes à l'occasion. Certaines énigmes sont plus tordues que d'autres, allant jusqu'à jouer sur les mots pour compliquer la tâche du joueur, mais même lorsqu'il vous laisse un peu pantois, Year Walk ne se montre jamais frustrant.

L'angoisse à la suédoise, ça n'est pas que les meubles en kit

Car outre sa capacité à stimuler les méninges, le jeu de Simogo sait également titiller la curiosité et happe le voyageur dans son atmosphère étrange. Avec sa direction artistique un peu naïve et son animation aux nuances de stop motion, Year Walk dresse un portrait de carte postale assez charmant de cette forêt suédoise enneigée dans laquelle on s’attendrait presque à voir débarquer le Père Noël. Du moins, jusqu'à l'arrivée de détails angoissants, parfois glauques, une trace de sang, des sons étranges, une musique angoissante, sans parler évidemment des créatures folkloriques aux airs terrifiants et de quelques flashes horrifiques. Cette ambiance pesante s'associe à une quête mystérieuse dont la finalité nous échappe mais qui suscite une curiosité féroce et une véritable envie d'aller plus loin.

A ce titre, sans chercher à spoiler ou à ruiner la surprise, sachez que vous ne connaîtrez le véritable fin mot de l'histoire que si vous faites l'effort de rester devant votre écran jusqu'à la fin des crédits afin de prendre part à un nouveau jeu de piste. Vous découvrirez alors un tout autre sens à l'aventure. Et vous ne regretterez pas les quelques euros investis dans cette production venue du froid que l'on réservera toutefois aux joueurs les plus patients et bons lecteurs de la langue de Shakespeare, indispensable à la compréhension des textes accompagnant le jeu et éclairant son background.