Longtemps privé de la merveilleuse série Tales of quasi-exclusivement réservée au Japon, le public européen peut désormais sécher ses larmes et regarder l'avenir de manière optimiste. Pour cause, Namco Bandai semble avoir compris que ses jeux de rôle très typés manga nous intéressent et a d'ores et déjà prévu une sortie en français de Tales of Xillia courant 2013. Les chances sont donc très grandes que sa suite tout juste sortie sur l'Archipel nous parvienne à son tour dans les années à venir.
Rares sont les suites directes au sein de la lignée des Tales of, d'autant plus quand les deux épisodes concernés paraissent à un an d'intervalle. Cela dit, le public bien renseigné s'y attendait et ne fut pas étonné de la sortie de ce Tales of Xillia 2, quelques mois à peine après son annonce au Tales of Festival 2012. En effet, nombreux sont ceux qui se rappellent du tournant un peu trop serré qu'avait pris Tales of Xillia premier du nom ainsi que le goût quelque peu amer qu'il avait laissé quant à son contenu annexe quasiment inexistant. Hideo Baba, producteur de la série, expliquait lui-même avoir dû précipiter le développement à cause des plannings prévus, privant l'opus de nombreux aspects parmi lesquels on relève l'avortement de deux personnages jouables. Pourtant, l'univers créé de toutes pièces par ce nouveau moteur graphique intégralement en 3D était riche, soigné, particulièrement beau et n'attendait qu'à être exploité davantage. La décision de combler cette « coquille vide » ne se fit pas attendre : Tales of Xillia 2 se déroule dans ce même monde de Rieze Maxia avec les mêmes personnages, un an après les évènements qui l'ont secoué dans le premier opus.
Le joueur est cette fois glissé dans la peau d'un nouveau personnage, Ludger Will Kresnik, agent spécial travaillant au nom d'une grande entreprise aux activités plutôt mystérieuses. Accompagné d'Elle Mel Mata, une jeune enfant perdue à la recherche de la légendaire Terre de Canaan, le jeune homme nous permet d'explorer davantage le continent d'Elempyos dont on ne pouvait jusqu'alors visiter que la capitale. L'occasion parfaite pour découvrir cette culture plus moderne que jamais dans laquelle les habitants vivent accrochés à leur téléphone portable, regardent la télé, cuisinent sur des plaques de cuisson électriques et prennent le train comme tout moyen de locomotion. Les péripéties de Ludger croiseront le chemin de Jude, Milla ainsi que de tous les héros de l'épisode initial qui se joindront progressivement au groupe afin de lui prêter main-forte dans sa mission première : détruire tous les mondes parallèles existants. Au programme, visite de failles spatio-temporelles à l'intérieur desquelles la réalité altérée est parfois bien différente de celle que l'on connaît, puisque les grandes lignes de l'histoire de Tales of Xillia s'y sont passées de toutes autres manières.
L'aventure prend donc place de manière intermittente entre le monde réel à parcourir et ces mondes secondaires dans lesquels des objectifs précis sont fixés. Afin de briser un rythme qui serait à force répétitif, les développeurs ont eu la bonne idée d'introduire un système de quêtes particulièrement bien pensé et surtout généreusement fourni. A n'importe quel moment, il est possible de consulter le tableau des missions sur lequel sont proposés plusieurs petits boulots allant de la récupération d'un objet à l'extermination de monstres, en passant par des rencontres dont la mise en scène est soigneusement scénarisée. Le contenu annexe qui manquait à l'opus initial est donc très clairement au rendez-vous puisque la durée de vie globale s'en retrouve doublée, voire triplée. Ces quêtes permettent d'ailleurs à notre agent secret de rembourser petit à petit la lourde dette de vingt millions de galds à laquelle il est soumis, grâce à une communication permanente via téléphone portable avec Nova, sa banquière tout attentionnée. Un excellent moyen d'apprendre aux jeunes joueurs à gérer et dépenser intelligemment leur argent en ces périodes de crise et d'austérité.
D'autres nouveautés majeures sont également au rendez-vous, puisque là où Tales of Xillia offrait la possibilité au joueur d'incarner au choix Jude ou Milla pour le déroulement de l'histoire, Tales of Xillia 2 permet une identification totale au personnage de Ludger. Ainsi, à la manière de Link dans la série Zelda, le héros est totalement muet (hormis les onomatopées) et c'est à nous de déterminer via de très nombreux choix l'orientation à donner à chaque conversation. Comme dans Tales of Symphonia, c'est surtout l'affinité avec les différents membres de l'équipe qui dépend de ce système de dialogues, bien plus que le déroulement du scénario qui ne s'en trouve que très peu affecté ; on recense tout de même plusieurs fins possibles au terme de l'aventure. L'autre innovation importante concerne les combats durant lesquels Ludger peut utiliser jusqu'à trois styles d'armes différents et plonger l'ennemi dans une dimension parallèle lui conférant des pouvoirs particulièrement destructeurs. Le principe instauré par Tales of Xillia des techniques liées entre deux personnages ne change pas d'un poil, et vue la jouabilité excellente qui s'en dégage, on comprend pourquoi !
Il est donc temps de répondre à la question grave qui remet en cause l'intérêt même de ce Tales of Xillia 2. Les trois quarts du temps de jeu se déroulent effectivement dans des environnements copiés-collés du premier opus, avec les mêmes personnages, contre les mêmes ennemis, face aux mêmes boss exterminés auparavant qui reviennent tous dans des univers parallèles... Indéniablement, Namco Bandai n'a pas lésiné sur le recyclage, et on en arrive à se demander si tout ce nouveau contenu n'aurait pas pu être un gros DLC qui aurait coûté au joueur deux à trois fois moins cher. La question est légitime, et pourtant, au fil des heures passées aux côtés de Ludger, on comprend clairement que non. Non, Tales of Xillia 2 n'est pas un « Tales of Xillia 1.5 » comme certains le craignaient. Non, il ne s'agit pas d'un DLC immense. Oui, cet épisode est un opus à part entière, instaurant des nouveaux mécanismes très efficaces, offrant une durée de vie titanesque, du contenu annexe de qualité et une myriade de clins d'œil caméos aux aînés de la série, tant et bien que l'on finit par penser qu'il s'agit peut-être tout simplement du meilleur Tales of sur la génération actuelle de consoles.
Là où Tales of Xillia se concentrait principalement sur la forme au détriment du fond, Tales of Xillia 2 s'impose comme complet à tous les niveaux. Jouissant des capacités graphiques et du système de combat époustouflant de son aîné, il y apporte une toute nouvelle aventure appuyée par un scénario exceptionnel dans lequel le joueur est plus impliqué que jamais, et surtout une pléthore de contenu divers et varié comme on en a rarement vu au sein de la série de Namco Bandai. C'est avec brio que l'éditeur prouve ainsi que presque dix-sept ans après sa naissance, la lignée des Tales of fait toujours partie des grands noms du jeu de rôle japonais. Dépêchez-vous de sortir Tales of Xillia chez nous, on veut déjà le second opus !