Vous êtes-vous déjà surpris en train de "sniffer" la pointe d'un marker pour respirer à pleines narines son odeur enivrante, presque hallucinogène ? Vous savez alors combien ce doux parfum peut monter à la tête et nous transporter dans un état second. Nul doute que le développement du jeu Max & the Magic Marker a laissé des traces chez les membres du studio Press Play puisque les revoilà avec un nouveau titre complètement barré et qui ferait presque passer les envolées de Van Damne pour des vérités de La Palice. L'introduction de Tentacles nous conduit dans le laboratoire du professeur Phluff, un étrange bonhomme humanoïde à la tête de dauphin. Celui-ci est en pleine recherche pour créer la créature la plus mignonne qui soit. Hélas, pendant ses travaux, le prof trouve dans l'un de ses échantillons un organisme aussi vilain que minuscule. Fou de rage, Phluff envoie tout balader. Littéralement. Les flasques, les fioles et les échantillons volent dans la pièce, et ce qui devait arriver arriva : Phluff avale par mégarde la fichue bestiole ! Le dauphin doit maintenant tout faire pour se débarrasser de l'organisme qui le ronge de l'intérieur...

Plutôt que de nous faire jouer Phluff, Press Play a choisi de nous donner le contrôle sur la créature, un petit monstre nommé Lemmy. Semblable à un œil globuleux entouré de quatre tentacules, l'intrus visite les différents organes de son hôte et tente de survivre aux défenses naturelles ainsi qu'aux multiples attaques que s'auto-inflige le professeur (des injections par exemple). Mine de rien, l'intérieur du dauphin est truffé de pièges. Entre des boyaux qui se contractent pour écraser la bestiole, ou des acides capables de la brûler, Lemmy n'a pas une seconde de libre pour profiter du voyage. Il y a même quelques ennemis à gober, et des boss plus coriaces à vaincre en usant d'un peu de malice. Ces péripéties s'étalent ainsi sur 40 niveaux, assez courts mais remplis de dangers à esquiver. C'est justement sur les déplacements que Tentacles mise son gameplay. En tapotant l'écran tactile, le monstre lance un tentacule sur l'endroit visé et s'y agrippe s'il s'agit d'une paroi. Le prochain tapotement enverra le prochain tentacule et ainsi de suite. On avance de la sorte avec pour consigne principale de bien choisir ses points d'encrage pour naviguer subtilement entre les pièges qui nous attendent sur le parcours. Plutôt agréable au départ, ce mode de déplacement souffre hélas d'un manque de précision qui rend les choses très compliquées, surtout lorsqu'il s'agit d'agir vite et de slalomer entre les obstacles. Vous me direz que c'est justement là tout le challenge du jeu. Ce n'est pas totalement faux, mais le manque de précision reste tout de même pénible dans bien des situations. Surtout que la caméra se bloque aussi parfois et qu'il est impossible de revenir sur ses pas pour tenter de mieux négocier tel ou tel passage.

Chaque niveau se construit plus ou moins de la même façon avec une section centrale réservée à un défi. Selon le niveau, il sera question de franchir la zone en temps limité, de ramasser toutes les pastilles ou de ne pas se faire toucher une seule fois. Sans revenir sur les problèmes de jouabilité, le challenge est de mise et monte crescendo au fil du jeu avec par exemple des courants gastriques prêts à vous désarçonner ou des parois explosives qui feront perdre la stabilité. Pour les joueurs les plus aguerris, un système d'étoiles permet de mesurer les performances sur chaque niveau. Réussir chaque défi ne suffit pas à obtenir trois étoiles, il faut en plus récupérer tous les "ramassables" sur le chemin et ne pas mourir en les collectant. Si les niveaux sont tous très courts (de une à deux minutes chacun), il faudra se montrer patient et / ou très agile pour obtenir les 120 étoiles.

Au final, on ne sait malheureusement pas bien que penser de Tentacles. D'un côté, nous sommes immédiatement happés par son univers décalé, mais nous sommes bien vite refroidis par la jouabilité imprécise et, disons-le aussi, le petit côté répétitif de l'affaire. Si les pièges se renouvellent régulièrement, et que de nouveaux ennemis sont introduits, la mécanique de jeu reste la même d'un bout à l'autre. On se retrouve à répéter les mêmes enchaînements de mouvements pour avancer en évitant les dangers ou négocier un virage entre deux rangées de piques. Même s'il ne s'agit pas tout à fait du même style de jeu, on se souvient par exemple de Mr. Slime Jr. sur DS qui exploitait plus ou moins le même concept mais se montrait aussi plus inventif en offrant plus d'interactions avec les bras du héros. Dommage que ce ne soit pas le cas ici. Pour en revenir à Tentacles, le mieux est peut-être encore de se limiter à de courtes sessions de jeu pour éviter la fatigue. Les niveaux s'y prêtent d'ailleurs parfaitement.