Ce quatrième opus de la série n'est autre que la suite directe de Tales of Destiny, sorti en 1997 sur PlayStation. Bien qu'il ne fut pas spécialement le meilleur des trois aînés de la série, notamment à cause du moteur graphique Super Nintendo un peu daté qu'il utilisait, il reste le chouchou, le préféré des Japonais, et ce grâce au tournant très scénaristique qu'il a su emprunter. Appuyé par des dialogues doublés omniprésents entre des personnages travaillés, Tales of Destiny contait la quête de Stan et de ses trois compagnons qui, chacun possesseur d'une épée vivante nommée Swordian, sauvèrent le monde d'un mystérieux complot directement lié à la guerre antique ayant eu lieu mille ans auparavant. C'est surtout le personnage de Lion, très charismatique et proie des cruautés du destin, qui avait déchaîné la passion des joueurs. L'occasion était donc idéale pour les développeurs de prendre les fans par les sentiments en leur concoctant une suite aux petits oignons. Et puisqu'il est bon de le rappeler, ce Tales of Destiny 2, sorti uniquement au Japon, est différent de Tales of Destiny II, nom donné à la version américaine de Tales of Eternia sur PlayStation.

L'histoire se déroule dix-huit années après le premier opus. La paix règne depuis la destruction de l'Œil d'Atamoni par Stan et Rutee qui se sont unis pour donner naissance à un fils, Kyle, qui fête alors ses quinze printemps. Ce dernier n'a qu'une idée en tête : suivre les traces de son père et devenir comme lui un grand héros. C'est ainsi que débordant d'enthousiasme et de naïveté, il se lance à l'aventure ignorant qu'en réalité, Stan est décédé depuis de nombreuses années, victime de la hache d'un mystérieux assassin. Les péripéties ne tardent pas à le rattraper puisque Kyle fait la connaissance de Reala, une jeune fille née d'une lens géante (un minerai source d'énergie) dont l'unique but est de trouver un vrai héros. Leur chemin rencontrera également celui d'un taciturne épéiste à l'identité masquée qui répondra au surnom de Judas... Commence alors une véritable quête dans laquelle nos compagnons se rendent compte que la religion en place réserve un sombre destin à la planète. Tout comme dans Tales of Phantasia, de nombreux voyages dans le temps sont au programme afin de remédier aux mystérieux agissements de la vierge Elrane...

Autant le dire clairement : le scénario de Tales of Destiny 2 est excellent. Impossible de rêver mieux comme suite, tant elle magnifie l'histoire mise en place dans Tales of Destiny, à laquelle elle reste d'ailleurs très intimement liée. En effet, grâce aux voyages temporels notamment dans le passé, les deux aventures sont sans cesse entremêlées avec une logique et une cohérence à couper le souffle. Kyle se rend par exemple mille ans en arrière, durant la fameuse guerre contre Dycroft et y fait la rencontre de Dimlos, d'Atwight, et de tous les autres Swordians, alors qu'ils étaient encore des humains. Cerise sur le gâteau, les scénaristes ont sublimé la « légende Lion » en reprenant ce personnage toujours plus classe mais aussi toujours plus tourmenté. L'aventure est illustrée par de nombreuses cinématiques qui, bénéficiant du style graphique très particulier de Mutsumi Inomata, sont un délice visuel tant elles regorgent de poésie. Elles permettent au fil du jeu d'appréhender l'évolution de Kyle, qui ne cesse de gagner en maturité, notamment sur son visage qui passe de celui d'un gamin prétentieux à celui d'un adulte aux lourdes responsabilités.

L'aventure se déroule sous la forme traditionnelle des jeux de rôle japonais : on parcourt une carte du monde qui donne accès à de nombreuses villes à visiter et à de multiples donjons à explorer, permettant bien sûr l'avancée du scénario. Leur aspect visuel permet de retrouver ce qui avait fait le succès de Tales of Eternia, c'est-à-dire de véritables tableaux en guise d'environnements dans lequel notre personnage se déplace tout en 2D. Diverses énigmes sont mises en avant, relativement simples, qui savent se renouveler et ont la qualité de ne pas taper sur les nerfs des joueurs. La map, quant à elle, n'est pas franchement jolie. Tout en 3D, elle facilite cependant les déplacements sur les continents soumis à quelques effets météorologiques sympathiques. De nombreux moyens de locomotion sont mis à disposition, comme le bateau ou encore l'IXY Vossler, un appareil aérien disponible à la toute fin du jeu. On apprécie grandement que cette carte du monde ne soit pas une copie conforme de celle du premier opus, puisqu'en plus des villes désormais familières, on y découvre une palette de nouveaux lieux, notamment dans le futur et dans le passé.

Evidemment, l'innovation majeure qu'apporte Tales of Destiny 2 est la refonte du système de combats propre à la série qui évolue d'opus en opus. Intitulé TT-LMBS pour Trust & Tactical Linear Motion Battle System, le système ressemble essentiellement à ce qui était proposé dans Tales of Eternia : des combats en 2D dans lesquels le groupe des quatre héros affronte plusieurs ennemis en temps réel, sans interruption de l'action lorsqu'un sort est lancé. Bien entendu, on profite toujours d'une pluie d'effets spéciaux et d'un dynamisme mis en valeur par la silhouette des personnages constamment dédoublée. Outre les classiques points de vie et de magie, on a affaire ici une autre particularité de cet opus, les points de spirits. Primordiale au cours des rixes, cette jauge symbolise en quelque sorte l'endurance des combattants, puisqu'elle se vide au fur et à mesure que ces derniers se meuvent, qu'il s'agisse d'un simple déplacement, d'une attaque normale ou d'une technique spéciale. C'est donc incessamment qu'il faut surveiller ses « SP », dont l'épuisement est synonyme d'incapacité à mener le combat, en faisant de petites pauses durant lesquelles c'est aux alliés de diriger l'offensive.

Les points de spirits sont par ailleurs la base d'un système évolutif peu commun. A chaque technique peut être assigné un « enchant », qui prend effet immédiatement après la réalisation de l'attaque en question. Gourmande en SP, cette méthode donne ainsi l'accès à une myriade d'effets différents. Outre le simple fait d'enchaîner avec un autre coup, elle permet aussi de booster les statistiques du personnage (force, agilité...), ou bien d'infliger une altération d'état à l'ennemi. Son utilisation devient ultime lorsque le héros rentre en Spirits Blaster, une sorte de transe en combat, grâce à laquelle on peut déchaîner les fameux hi-ougis, dont les illustrations ont d'ailleurs été changées dans cette version PSP. Disponibles jusqu'au nombre de cinq par personnage, ces bottes suprêmes sont aussi sublimes que rares à effectuer. On raconte même que leur puissance serait telle que le masque de Judas s'en briserait, dévoilant ainsi sa véritable identité... Quoi qu'il en soit, les hi-ougis sont également l'affaire des grands boss du jeu puisqu'ils disposent eux aussi de mises en scène spéciales ; c'est notamment le cas du terrible Barbatos qui déversera toute sa rage contre le joueur si ce malheureux a l'audace d'utiliser le moindre objet...

A côté de cela, on retrouve les petites spécialités récurrentes à la série Tales of. Les saynètes qui mettent en scène des conversations entre les protagonistes du groupe sont quelque peu différentes. Disponibles à n'importe quel moment de l'aventure, elles n'encadrent plus le portrait des interlocuteurs dans un carré mais présentent toute la partie supérieure de leur corps, c'est-à-dire de la ceinture à la tête. De la sorte, on a droit à une palette plus variée de mouvements et donc à des discussions davantage animées, toujours soutenues par des doublages de très grande qualité. La pléthore de titres à collectionner pour chaque personnage est toujours d'actualité, tandis qu'on recense plusieurs mini-jeux sympathiques et surtout variés. Au final, Tales of Destiny 2 réussit tout simplement un sans-faute : excellente suite scénaristique à l'opus préféré des Japonais, le titre instaure sa dose de bonnes nouveautés qui assurent l'évolution permanente de la série. Ce portage sur PlayStation Portable sort d'ailleurs quelques mois à peine après le remake PS2 de Tales of Destiny : les récents fans n'ont donc aucune excuse pour ne pas déguster les deux épisodes de ce conte mythique !