Difficile, en effet, de concevoir qu'un tel titre ait pu voir le jour en 2011, tant sa conception se révèle datée. La pauvreté de la réalisation n'a d'égale que le manque d'efficacité de la narration qui nous projette dans une intrigue que l'on s'efforce de suivre alors que tout semble avoir été mis en œuvre pour nous faire lâcher prise. La totalité des dialogues tient sur un bloc de Post-it et les objectifs donnés sont tellement sommaires qu'on ne peut pas dire qu'ils brillent par leur clarté. Sur la version testée, les voix étaient même complètement buggées, mais nous n'en tiendrons pas vraiment rigueur car cela ne devrait se produire que sur certaines configurations de machines. Quant aux énigmes et à l'enquête en elle-même, elles ne nous auront pas non plus convaincus. Mais voyons déjà comment toute cette histoire a commencé.

Les faits débutent trois ans après l'éruption du Laki, un volcan islandais qui était en sommeil depuis des siècles. On ignore encore de quelle façon ce drame va se retrouver lié à notre aventure qui démarre avec un meurtre bien étrange commis dans l'enceinte du château de Versailles à l'époque de Marie-Antoinette, mais qu'importe. Le joueur est aidé dans son enquête par une grande cantatrice de l'époque nommée Josepha Duschek, dont la perspicacité l'aidera à démasquer les traîtres qui fomentent un complot dans le cadre de cette affaire, et à innocenter la reine. Le soft étant bien avare en explications, n'espérez pas voir tout cela développé au moyen de cut-scenes ou tout autre astuce narrative visant à étoffer l'intrigue. Même les rencontres avec les rares NPC se solderont par de très courts dialogues qui parviendront tout juste à nous mettre sur la voie du prochain indice. L'enquête n'est heureusement pas très compliquée, et même si on se demande parfois ce que le jeu attend de nous, quelques tâtonnements suffisent généralement à nous remettre en selle.

Et pourtant, le joueur doit faire preuve d'une véritable détermination pour aller au bout de l'aventure, tant l'enquête s'avère monotone et les énigmes peu inspirées. Outre les classiques indices à trouver dans le décor et à combiner entre eux, on se contente de nous servir des puzzles basiques à reconstituer et une flopée d'écrans d'objets cachés. En cas de souci, l'icône de lyre en bas de l'écran vous indiquera la réponse que vous cherchez, mais soyez prévenu que ne pourrez pas non plus en abuser. De temps à autre, un jeu des différences vient briser légèrement la monotonie de la progression, ou bien un casse-tête de blocs à déplacer que l'on peut zapper si on ne parvient pas à le résoudre. La surprise réside tout de même dans la présence de « courses » en carrosse en vue aérienne, qui méritent incontestablement le détour même si elles ne rendent pas vraiment service au jeu. Le but consiste à guider la calèche sur un parcours donné à l'aide du pointeur de la souris tout en accélérant lorsque c'est nécessaire, mais le résultat est pour le moins affligeant. Globalement, si Marie-Antoinette et les Disciples de Loki ne souffrait pas de grosses lacunes de conception qui nuisent au bon déroulement de l'aventure, nous pourrions presque imaginer que les jeunes joueurs sérieux pourraient avoir envie de s'y adonner. Malheureusement, on voit mal quelle frange de joueurs, parmi les férus du genre point'n click daignerait lui consacrer la poignée d'heures requise pour le terminer.